[12,250] αὐτίκ᾽ ἐμῷ ὑπὸ δουρὶ τυπεὶς ἀπὸ θυμὸν ὀλέσσεις.
ὣς ἄρα φωνήσας ἡγήσατο, τοὶ δ᾽ ἅμ᾽ ἕποντο
ἠχῇ θεσπεσίῃ· ἐπὶ δὲ Ζεὺς τερπικέραυνος
ὦρσεν ἀπ᾽ Ἰδαίων ὀρέων ἀνέμοιο θύελλαν,
ἥ ῥ᾽ ἰθὺς νηῶν κονίην φέρεν· αὐτὰρ Ἀχαιῶν
255 θέλγε νόον, Τρωσὶν δὲ καὶ Ἕκτορι κῦδος ὄπαζε.
τοῦ περ δὴ τεράεσσι πεποιθότες ἠδὲ βίηφι
ῥήγνυσθαι μέγα τεῖχος Ἀχαιῶν πειρήτιζον.
κρόσσας μὲν πύργων ἔρυον, καὶ ἔρειπον ἐπάλξεις,
στήλας τε προβλῆτας ἐμόχλεον, ἃς ἄρ᾽ Ἀχαιοὶ
260 πρώτας ἐν γαίῃ θέσαν ἔμμεναι ἔχματα πύργων.
τὰς οἵ γ᾽ αὐέρυον, ἔλποντο δὲ τεῖχος Ἀχαιῶν
ῥήξειν· οὐδέ νύ πω Δαναοὶ χάζοντο κελεύθου,
ἀλλ᾽ οἵ γε ῥινοῖσι βοῶν φράξαντες ἐπάλξεις
βάλλον ἀπ᾽ αὐτάων δηΐους ὑπὸ τεῖχος ἰόντας.
265 ἀμφοτέρω δ᾽ Αἴαντε κελευτιόωντ᾽ ἐπὶ πύργων
πάντοσε φοιτήτην μένος ὀτρύνοντες Ἀχαιῶν.
ἄλλον μειλιχίοις, ἄλλον στερεοῖς ἐπέεσσι
νείκεον, ὅν τινα πάγχυ μάχης μεθιέντα ἴδοιεν·
ὦ φίλοι Ἀργείων ὅς τ᾽ ἔξοχος ὅς τε μεσήεις
270 ὅς τε χερειότερος, ἐπεὶ οὔ πω πάντες ὁμοῖοι
ἀνέρες ἐν πολέμῳ, νῦν ἔπλετο ἔργον ἅπασι·
καὶ δ᾽ αὐτοὶ τόδε που γιγνώσκετε. μή τις ὀπίσσω
τετράφθω ποτὶ νῆας ὁμοκλητῆρος ἀκούσας,
ἀλλὰ πρόσω ἵεσθε καὶ ἀλλήλοισι κέλεσθε,
275 αἴ κε Ζεὺς δώῃσιν Ὀλύμπιος ἀστεροπητὴς
νεῖκος ἀπωσαμένους δηΐους προτὶ ἄστυ δίεσθαι.
ὣς τώ γε προβοῶντε μάχην ὄτρυνον Ἀχαιῶν.
τῶν δ᾽, ὥς τε νιφάδες χιόνος πίπτωσι θαμειαὶ
ἤματι χειμερίῳ, ὅτε τ᾽ ὤρετο μητίετα Ζεὺς
280 νιφέμεν ἀνθρώποισι πιφαυσκόμενος τὰ ἃ κῆλα·
κοιμήσας δ᾽ ἀνέμους χέει ἔμπεδον, ὄφρα καλύψῃ
ὑψηλῶν ὀρέων κορυφὰς καὶ πρώονας ἄκρους
καὶ πεδία λωτοῦντα καὶ ἀνδρῶν πίονα ἔργα,
καί τ᾽ ἐφ᾽ ἁλὸς πολιῆς κέχυται λιμέσιν τε καὶ ἀκταῖς,
285 κῦμα δέ μιν προσπλάζον ἐρύκεται· ἄλλά τε πάντα
εἴλυται καθύπερθ᾽, ὅτ᾽ ἐπιβρίσῃ Διὸς ὄμβρος·
ὣς τῶν ἀμφοτέρωσε λίθοι πωτῶντο θαμειαί,
αἱ μὲν ἄρ᾽ ἐς Τρῶας, αἱ δ᾽ ἐκ Τρώων ἐς Ἀχαιούς,
βαλλομένων· τὸ δὲ τεῖχος ὕπερ πᾶν δοῦπος ὀρώρει.
290 οὐδ᾽ ἄν πω τότε γε Τρῶες καὶ φαίδιμος Ἕκτωρ
τείχεος ἐρρήξαντο πύλας καὶ μακρὸν ὀχῆα,
εἰ μὴ ἄρ᾽ υἱὸν ἑὸν Σαρπηδόνα μητίετα Ζεὺς
ὦρσεν ἐπ᾽ Ἀργείοισι λέονθ᾽ ὣς βουσὶν ἕλιξιν.
αὐτίκα δ᾽ ἀσπίδα μὲν πρόσθ᾽ ἔσχετο πάντοσ᾽ ἐΐσην
295 καλὴν χαλκείην ἐξήλατον, ἣν ἄρα χαλκεὺς
ἤλασεν, ἔντοσθεν δὲ βοείας ῥάψε θαμειὰς
χρυσείῃς ῥάβδοισι διηνεκέσιν περὶ κύκλον.
τὴν ἄρ᾽ ὅ γε πρόσθε σχόμενος δύο δοῦρε τινάσσων
βῆ ῥ᾽ ἴμεν ὥς τε λέων ὀρεσίτροφος, ὅς τ᾽ ἐπιδευὴς
| [12,250] à l'instant, frappé par ma lance, tu perdras la vie. »
Ayant ainsi parlé, il marcha le premier, et les autres
le suivirent avec un cri merveilleux. Alors Zeus foudroyant
envoya des monts de l'Ida une bourrasque de vent, qui
droit sur les vaisseaux porta la poussière; d'autre part,
il engourdissait l'esprit des Achéens, et accordait la
gloire aux Troyens et à Hector. Ceux-ci, confiants dans
les prodiges et la force du dieu, tentaient de rompre le
grand mur des Achéens. Ils tiraient les poutres en saillie,
renversaient les parapets, disloquaient, avec des leviers,
les piliers boutants que les Achéens avaient, en avant
du mur, enfoncés dans la terre, pour soutenir le rempart.
Ils les faisaient sauter, espérant qu'ainsi le mur
des Achéens serait rompu. Mais les Danaens ne leur
livraient pas encore le passage. De leurs boucliers de cuir
ils garnissaient les parapets, et tiraient de là sur les
ennemis, qui s'avançaient au pied du mur.
Les deux Ajax encourageaient les combattants sur le
rempart, allant de tous côtés exciter l'ardeur des Achéens.
Par leurs paroles, flatteuses avec l'un, dures avec l'autre,
ils exhortaient tous ceux qu'ils voyaient lâcher tout à fait la lutte :
« Amis ! pour qui, parmi les Argiens, est remarquable,
pour qui est médiocre, pour qui est mauvais soldat,
(car tous les hommes ne se valent pas à la guerre), pour
tous il y a maintenant du travail. Vous-mêmes, vous
le reconnaissez. Que nul ne se tourne en arrière, vers les
vaisseaux, en entendant crier l'ennemi. Jetez-vous en
avant, et encouragez-vous l'un l'autre, pour voir si
Zeus olympien, foudroyant, nous donnera, après avoir
repoussé l'outrage, de faire fuir l'ennemi vers la ville. »
Ainsi les deux Ajax, criant à l'avant, excitaient au
combat les Achéens. La neige tombe en épais flocons,
un jour d'hiver, quand Zeus le prudent se met à neiger,
montrant aux hommes ces projectiles qui sont aussi les
siens. Il endort les vents, et verse la neige, jusqu'à ce
qu'elle couvre les cimes des hautes montagnes, les sommets
avancés, les plaines couvertes de lotus et les travaux
féconds des hommes. Au bord de la mer blanchissante
elle tombe aussi, sur les ports et les côtes
abruptes. Là, la vague, en s'avançant, la repousse, mais
tout le reste est recouvert, quand s'appesantit ce que
Zeus fait pleuvoir. Ainsi des deux côtés les pierres
volaient, nombreuses, les unes contre les Troyens, les
autres des Troyens contre les Achéens, et frappaient; et
sur tout le rempart leur bruit montait.
Cependant les Troyens et l'iIlustre Hector n'auraient
pas encore, alors du moins, brisé la porte du mur et sa
longue barre, sans Sarpédon, que son père, Zeus le prudent,
lança contre les Argiens, comme un lion contre des
boeufs aux cornes recourbées. Aussitôt il se couvrit d'un
bouclier bien équilibré, beau, fait de bronze forgé;
l'ouvrier en bronze l'avait donc forgé, et à l'intérieur
avait cousu de nombreuses peaux de boeuf, avec des
baguettes d'or appliquées sur le fond circulaire. Se couvrant
de ce bouclier, et brandissant deux lances, Sarpédon s'avança
comme un lion nourri dans les montagnes,
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