[12,50] τάφρον ἐποτρύνων διαβαινέμεν· οὐδέ οἱ ἵπποι
τόλμων ὠκύποδες, μάλα δὲ χρεμέτιζον ἐπ᾽ ἄκρῳ
χείλει ἐφεσταότες· ἀπὸ γὰρ δειδίσσετο τάφρος
εὐρεῖ᾽, οὔτ᾽ ἄρ᾽ ὑπερθορέειν σχεδὸν οὔτε περῆσαι
ῥηϊδίη· κρημνοὶ γὰρ ἐπηρεφέες περὶ πᾶσαν
55 ἕστασαν ἀμφοτέρωθεν, ὕπερθεν δὲ σκολόπεσσιν
ὀξέσιν ἠρήρει, τοὺς ἵστασαν υἷες Ἀχαιῶν
πυκνοὺς καὶ μεγάλους δηΐων ἀνδρῶν ἀλεωρήν.
ἔνθ᾽ οὔ κεν ῥέα ἵππος ἐΰτροχον ἅρμα τιταίνων
ἐσβαίη, πεζοὶ δὲ μενοίνεον εἰ τελέουσι.
60 δὴ τότε Πουλυδάμας θρασὺν Ἕκτορα εἶπε παραστάς·
Ἕκτορ τ᾽ ἠδ᾽ ἄλλοι Τρώων ἀγοὶ ἠδ᾽ ἐπικούρων
ἀφραδέως διὰ τάφρον ἐλαύνομεν ὠκέας ἵππους·
ἣ δὲ μάλ᾽ ἀργαλέη περάαν· σκόλοπες γὰρ ἐν αὐτῇ
ὀξέες ἑστᾶσιν, ποτὶ δ᾽ αὐτοὺς τεῖχος Ἀχαιῶν,
65 ἔνθ᾽ οὔ πως ἔστιν καταβήμεναι οὐδὲ μάχεσθαι
ἱππεῦσι· στεῖνος γάρ, ὅθι τρώσεσθαι ὀΐω.
εἰ μὲν γὰρ τοὺς πάγχυ κακὰ φρονέων ἀλαπάζει
Ζεὺς ὑψιβρεμέτης, Τρώεσσι δὲ ἵετ᾽ ἀρήγειν,
ἦ τ᾽ ἂν ἔγωγ᾽ ἐθέλοιμι καὶ αὐτίκα τοῦτο γενέσθαι,
70 νωνύμνους ἀπολέσθαι ἀπ᾽ Ἄργεος ἐνθάδ᾽ Ἀχαιούς·
εἰ δέ χ᾽ ὑποστρέψωσι, παλίωξις δὲ γένηται
ἐκ νηῶν καὶ τάφρῳ ἐνιπλήξωμεν ὀρυκτῇ,
οὐκέτ᾽ ἔπειτ᾽ ὀΐω οὐδ᾽ ἄγγελον ἀπονέεσθαι
ἄψορρον προτὶ ἄστυ ἑλιχθέντων ὑπ᾽ Ἀχαιῶν.
75 ἀλλ᾽ ἄγεθ᾽ ὡς ἂν ἐγὼ εἴπω πειθώμεθα πάντες·
ἵππους μὲν θεράποντες ἐρυκόντων ἐπὶ τάφρῳ,
αὐτοὶ δὲ πρυλέες σὺν τεύχεσι θωρηχθέντες
Ἕκτορι πάντες ἑπώμεθ᾽ ἀολλέες· αὐτὰρ Ἀχαιοὶ
οὐ μενέουσ᾽ εἰ δή σφιν ὀλέθρου πείρατ᾽ ἐφῆπται.
80 ὣς φάτο Πουλυδάμας, ἅδε δ᾽ Ἕκτορι μῦθος ἀπήμων,
αὐτίκα δ᾽ ἐξ ὀχέων σὺν τεύχεσιν ἆλτο χαμᾶζε.
οὐδὲ μὲν ἄλλοι Τρῶες ἐφ᾽ ἵππων ἠγερέθοντο,
ἀλλ᾽ ἀπὸ πάντες ὄρουσαν, ἐπεὶ ἴδον Ἕκτορα δῖον.
ἡνιόχῳ μὲν ἔπειτα ἑῷ ἐπέτελλεν ἕκαστος
85 ἵππους εὖ κατὰ κόσμον ἐρυκέμεν αὖθ᾽ ἐπὶ τάφρῳ·
οἳ δὲ διαστάντες σφέας αὐτοὺς ἀρτύναντες
πένταχα κοσμηθέντες ἅμ᾽ ἡγεμόνεσσιν ἕποντο.
οἳ μὲν ἅμ᾽ Ἕκτορ᾽ ἴσαν καὶ ἀμύμονι Πουλυδάμαντι,
οἳ πλεῖστοι καὶ ἄριστοι ἔσαν, μέμασαν δὲ μάλιστα
90 τεῖχος ῥηξάμενοι κοίλῃς ἐπὶ νηυσὶ μάχεσθαι.
καί σφιν Κεβριόνης τρίτος εἵπετο· πὰρ δ᾽ ἄρ᾽ ὄχεσφιν
ἄλλον Κεβριόναο χερείονα κάλλιπεν Ἕκτωρ.
τῶν δ᾽ ἑτέρων Πάρις ἦρχε καὶ Ἀλκάθοος καὶ Ἀγήνωρ,
τῶν δὲ τρίτων Ἕλενος καὶ Δηΐφοβος θεοειδὴς
95 υἷε δύω Πριάμοιο· τρίτος δ᾽ ἦν Ἄσιος ἥρως
Ἄσιος Ὑρτακίδης, ὃν Ἀρίσβηθεν φέρον ἵπποι
αἴθωνες μεγάλοι ποταμοῦ ἄπο Σελλήεντος.
τῶν δὲ τετάρτων ἦρχεν ἐῢς πάϊς Ἀγχίσαο
Αἰνείας, ἅμα τῷ γε δύω Ἀντήνορος υἷε
| [12,50] les pressant de franchir le fossé.
Mais les chevaux aux pieds rapides ne l'osaient pas.
Ils hennissaient, debout sur le bord élevé, effrayés par
ce fossé large. Ni le franchir, d'un bond, en s'approchant
du bord, ni le traverser n'était facile. Car un talus escarpé
partout s'y dressait, des deux côtés, et le haut en était
garni de pieux pointus, que les fils d'Achéens y avaient
plantés, serrés et hauts, comme défense. Il n'était pas
facile à un cheval, traînant un char rapide, d'y pénétrer;
mais les fantassins cherchaient avec ardeur à le faire.
Alors Polydamas dit à l'audacieux Hector, en s'approchant :
« Hector, et autres chefs des Troyens et des alliés,
nous sommes fous de pousser à traverser le fossé nos
chevaux rapides. Il est bien dangereux à franchir, car des
pieux pointus s'y dressent, et, près d'eux, le mur achéen.
Il n'est pas du tout possible d'y descendre, ni d'y combattre
sur nos chars : c'est un lieu étroit, où nous serions
mis à mal, je crois. Certes, si, franchement hostile aux
Achéens, Zeus haut-tonnant doit les anéantir et venir
au secours des Troyens, moi aussi je voudrai bien que
la chose se fît sur-le-champ, et que, sans renom, ils périssent,
loin d'Argos, ici, ces Achéens ! Mais s'ils font volte-face,
s'ils reprennent l'attaque en partant de leurs vaisseaux,
et que nous tombions sur ce fossé profond, il ne
restera plus de nous, je crois, même un messager pour
retourner à la ville, par suite de la volte-face des Achéens.
Allons, voici ma proposition, et suivons-la tous : les chevaux,
que nos serviteurs les retiennent au bord du fossé;
et nous, à pied, couverts de nos armes, derrière Hector
marchons tous, en masse. Les Achéens ne nous attendront
pas, s'il est vrai que le fil qui marque leur fin est déjà fixé. »
Ainsi parla Polydamas; et Hector goûta ce conseil salutaire.
Aussitôt de son char, avec ces armes, il sauta à
terre. Les autres Troyens non plus ne restèrent pas en
l'air, sur leurs chars, mais se jetèrent tous à bas, à
l'exemple du divin Hector. A son écuyer, chacun ordonna
de retenir les chevaux, en bon ordre, sur le bord du fossé;
et les combattants, eux, se divisèrent, se regroupèrent.
et, rangés en cinq corps, suivirent leurs chefs.
Les uns allèrent avec Hector et l'irréprochable Polydamas.
C'étaient les plus nombreux et les meilleurs, ceux
qui désiraient le plus forcer le rempart et combattre sur
les vaisseaux creux. Kébrion, troisième chef, les suivait
car, pour garder son char, ce n'était pas Kébrion, mais
un inférieur qu'avait laissé Hector. Le second corps avait
pour chefs Pâris, Alcathoos et Agénor; le troisième, Hélénos
et Deïphobos semblable à un dieu, tous deux fils de
Priam; et il y avait un troisième chef, le héros Asios,
Asios fils d'Hyrtacos, que d'Arisbè, avaient amené de
grands chevaux fauves, des bords du Selleïs. Le quatrième
corps avait pour chef le brave fils d'Anchise, Énée, et,
avec lui, les deux fils d'Anténor,
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