HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Homère, L'Iliade, chant X

Vers 150-199

  Vers 150-199

[10,150] βὰν δἐπὶ Τυδεΐδην Διομήδεα· τὸν δὲ κίχανον
ἐκτὸς ἀπὸ κλισίης σὺν τεύχεσιν· ἀμφὶ δἑταῖροι
εὗδον, ὑπὸ κρασὶν δἔχον ἀσπίδας· ἔγχεα δέ σφιν
ὄρθἐπὶ σαυρωτῆρος ἐλήλατο, τῆλε δὲ χαλκὸς
λάμφὥς τε στεροπὴ πατρὸς Διός· αὐτὰρ γἥρως
155 εὗδ᾽, ὑπὸ δἔστρωτο ῥινὸν βοὸς ἀγραύλοιο,
αὐτὰρ ὑπὸ κράτεσφι τάπης τετάνυστο φαεινός.
τὸν παρστὰς ἀνέγειρε Γερήνιος ἱππότα Νέστωρ,
λὰξ ποδὶ κινήσας, ὄτρυνέ τε νείκεσέ τἄντην·
ἔγρεο Τυδέος υἱέ· τί πάννυχον ὕπνον ἀωτεῖς;
160 οὐκ ἀΐεις ὡς Τρῶες ἐπὶ θρωσμῷ πεδίοιο
εἵαται ἄγχι νεῶν, ὀλίγος δἔτι χῶρος ἐρύκει;
ὣς φάθ᾽, δἐξ ὕπνοιο μάλα κραιπνῶς ἀνόρουσε,
καί μιν φωνήσας ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
σχέτλιός ἐσσι γεραιέ· σὺ μὲν πόνου οὔ ποτε λήγεις.
165 οὔ νυ καὶ ἄλλοι ἔασι νεώτεροι υἷες Ἀχαιῶν
οἵ κεν ἔπειτα ἕκαστον ἐγείρειαν βασιλήων
πάντῃ ἐποιχόμενοι; σὺ δἀμήχανός ἐσσι γεραιέ.
τὸν δαὖτε προσέειπε Γερήνιος ἱππότα Νέστωρ·
ναὶ δὴ ταῦτά γε πάντα φίλος κατὰ μοῖραν ἔειπες.
170 εἰσὶν μέν μοι παῖδες ἀμύμονες, εἰσὶ δὲ λαοὶ
καὶ πολέες, τῶν κέν τις ἐποιχόμενος καλέσειεν·
ἀλλὰ μάλα μεγάλη χρειὼ βεβίηκεν Ἀχαιούς.
νῦν γὰρ δὴ πάντεσσιν ἐπὶ ξυροῦ ἵσταται ἀκμῆς
μάλα λυγρὸς ὄλεθρος Ἀχαιοῖς ἠὲ βιῶναι.
175 ἀλλἴθι νῦν Αἴαντα ταχὺν καὶ Φυλέος υἱὸν
ἄνστησον· σὺ γάρ ἐσσι νεώτερος· εἴ μἐλεαίρεις.
ὣς φάθ᾽, δἀμφὤμοισιν ἑέσσατο δέρμα λέοντος
αἴθωνος μεγάλοιο ποδηνεκές, εἵλετο δἔγχος.
βῆ δἰέναι, τοὺς δἔνθεν ἀναστήσας ἄγεν ἥρως.
180 οἳ δὅτε δὴ φυλάκεσσιν ἐν ἀγρομένοισιν ἔμιχθεν,
οὐδὲ μὲν εὕδοντας φυλάκων ἡγήτορας εὗρον,
ἀλλἐγρηγορτὶ σὺν τεύχεσιν εἵατο πάντες.
ὡς δὲ κύνες περὶ μῆλα δυσωρήσωνται ἐν αὐλῇ
θηρὸς ἀκούσαντες κρατερόφρονος, ὅς τε καθὕλην
185 ἔρχηται διὄρεσφι· πολὺς δὀρυμαγδὸς ἐπαὐτῷ
ἀνδρῶν ἠδὲ κυνῶν, ἀπό τέ σφισιν ὕπνος ὄλωλεν·
ὣς τῶν νήδυμος ὕπνος ἀπὸ βλεφάροιιν ὀλώλει
νύκτα φυλασσομένοισι κακήν· πεδίον δὲ γὰρ αἰεὶ
τετράφαθ᾽, ὁππότἐπὶ Τρώων ἀΐοιεν ἰόντων.
190 τοὺς δ γέρων γήθησεν ἰδὼν θάρσυνέ τε μύθῳ
καί σφεας φωνήσας ἔπεα πτερόεντα προσηύδα·
οὕτω νῦν φίλα τέκνα φυλάσσετε· μηδέ τινὕπνος
αἱρείτω, μὴ χάρμα γενώμεθα δυσμενέεσσιν.
ὣς εἰπὼν τάφροιο διέσσυτο· τοὶ δἅμἕποντο
195 Ἀργείων βασιλῆες ὅσοι κεκλήατο βουλήν.
τοῖς δἅμα Μηριόνης καὶ Νέστορος ἀγλαὸς υἱὸς
ἤϊσαν· αὐτοὶ γὰρ κάλεον συμμητιάασθαι.
τάφρον δἐκδιαβάντες ὀρυκτὴν ἑδριόωντο
ἐν καθαρῷ, ὅθι δὴ νεκύων διεφαίνετο χῶρος
[10,150] Ils allèrent chez le fils de Tydée, Diomède; ils le
trouvèrent hors de sa baraque, près de ses armes. Autour de
lui ses compagnons dormaient, le bouclier sous la tête.
Leurs piques se dressaient, le talon planté en terre, et,
au loin, leur bronze brillait, comme l'éclair de Zeus le
père. Le héros dormait, couché sur la peau d'un boeuf
rustique; sous sa tête s'étendait un tapis brillant. S'approchant
de lui, Nestor, l'écuyer Gérénien, l'éveilla, en lui poussant du
pied le talon; et il le pressa et le gourmanda en face :
« Éveille-toi, fils de Tydée, pourquoi ronfler ainsi toute
la nuit? N'entends-tu pas que les Troyens sont sur la
hauteur de la plaine, près des vaisseaux? Que petite est
la distance entre eux et nous? » A ces mots, Diomède
s'arracha tout de suite au sommeil, et, s'adressant à
Nestor, lui dit ces mots ailés :
« Tu es terrible, vieillard, ton effort jamais ne se
relâche. N'y a-t-il donc personne d'autre, des fils d'Achéens
plus jeunes, pour éveiller chacun des rois en allant par
tout le camp? Mais toi, rien ne t'arrête, vieillard ! »
Nestor, l'écuyer Gérénien, répondit :
« Oui, tout ce que tu dis, ami, est juste. J'ai des fils
irréprochables, j'ai aussi des soldats nombreux, dont l'un
pourrait aller appeler les rois. Mais une très grande
nécessité presse les Achéens. Aujourd'hui, pour eux tous,
c'est sur le tranchant d'un rasoir que s'équilibrent ou le
plus funeste désastre, ou la vie. Mais va chez le rapide
Ajax et le fils de Phylée et fais-les lever, — car tu es plus
jeune, — puisque tu as pitié de moi. »
Il dit. Diomède vêtit ses épaules de la peau d'un grand
lion fauve, qui lui tombait jusqu'aux pieds, et prit sa
pique; il alla, fit lever ces guerriers, et les ramena.
Quand ils furent au milieu des gardes rassemblés, ils
ne trouvèrent pas leurs chefs endormis. Ils veillaient, en
armes, tous assis. Comme les chiens, autour des moutons,
montent une garde pénible, dans l'enclos, au bruit d'un
fauve courageux qui, par la forêt, descend à travers les
montagnes : grand est le tumulte, contre lui, des hommes
et des chiens, et pour eux le sommeil est perdu; de même
le sommeil profond était perdu pour les paupières des
gardes, dans la nuit dangereuse : car vers la plaine, sans
cesse, ils se tournaient, à tout indice pouvant annoncer
l'arrivée des Troyens. Le vieillard, heureux à cette vue,
les encouragea {leur adressant ces mots ailés}
« Continuez ainsi, mes enfants, à veiller; que nul ne
succombe au sommeil, de peur que nous ne devenions un
sujet de joie pour nos ennemis. »
Ayant dit, il franchit le fossé, suivi de tous les rois des
Argiens appelés au conseil. Mérion et le brillant fils
de Nestor les accompagnaient, invités par eux-mêmes à prendre
part à ce conseil. Ayant traversé le fossé profond, ils s'assirent
en un lieu pur, où une place apparaissait nette de cadavres;


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Dernière mise à jour : 2/03/2006