[23] Τὸ δὲ λοιπὸν γένος τὸ ἐν τῇ Εὐρώπῃ διάφορον αὐτὸ ἑωυτέῳ ἐστι, καὶ
κατὰ τὸ μέγεθος καὶ κατὰ τὰς μορφὰς, διὰ τὰς μεταλλαγὰς τῶν ὡρέων, ὅτι
μεγάλαι γίγνονται καὶ πυκναὶ, καὶ θάλπεά τε ἰσχυρὰ καὶ χειμῶνες καρτεροὶ,
καὶ ὄμβροι πολλοὶ, καὶ αὖθις αὐχμοὶ πολυχρόνιοι, καὶ πνεύματα, ἐξ ὧν
μεταβολαὶ πολλαὶ καὶ παντοδαπαί. Ἀπὸ τουτέων εἰκὸς αἰσθάνεσθαι καὶ τὴν
γένεσιν ἐν τῇ ξυμπήξει τοῦ γόνου ἄλλην καὶ μὴ τῷ αὐτέῳ τὴν αὐτέην
γίγνεσθαι, ἔν τε τῷ θέρει καὶ τῷ χειμῶνι, μηδὲ ἐν ἐπομβρίῃ καὶ αὐχμῷ·
διότι τὰ εἴδεα διηλλάχθαι νομίζω τῶν Εὐρωπαίων μᾶλλον ἢ τῶν Ἀσιηνῶν· καὶ
τὰ μεγέθεα διαφορώτατα αὐτὰ ἑωυτοῖσιν εἶναι κατὰ πόλιν ἑκάστην· αἱ γὰρ
φθοραὶ πλείονες ἐγγίγνονται τοῦ γόνου ἐν τῇ ξυμπήξει ἐν τῇσι μεταλλαγῇσι
τῶν ὡρέων πυκνῇσιν ἐούσῃσιν ἢ ἐν τῇσι παραπλησίῃσι καὶ ὁμοίῃσιν. Περί τε
τῶν ἠθέων ὁ αὐτὸς λόγος· τό τε ἄγριον καὶ τὸ ἄμικτον καὶ τὸ θυμοειδὲς ἐν
τῇ τοιαύτῃ φύσει ἐγγίγνεται· αἱ γὰρ ἐκπλήξιες πυκναὶ γιγνόμεναι τῆς γνώμης
τὴν ἀγριότητα ἐντιθέασιν· τὸ δὲ ἥμερόν τε καὶ ἤπιον ἀμαυροῦσιν· διότι
εὐψυχοτέρους νομίζω τοὺς τὴν Εὐρώπην οἰκέοντας εἶναι ἢ τοὺς τὴν Ἀσίην· ἐν
μὲν γὰρ τῷ αἰεὶ παραπλησίῳ αἱ ῥᾳθυμίαι ἔνεισιν, ἐν δὲ τῷ μεταβαλλομένῳ αἱ
ταλαιπωρίαι τῷ σώματι καὶ τῇ ψυχῇ· καὶ ἀπὸ μὲν ἡσυχίης καὶ ῥᾳθυμίης ἡ
δειλίη αὔξεται, ἀπὸ δὲ τῆς ταλαιπωρίης καὶ τῶν πόνων αἱ ἀνδρεῖαι. Διὰ
τοῦτό εἰσι μαχιμώτεροι οἱ τὴν Εὐρώπην οἰκέοντες, καὶ διὰ τοὺς νόμους, ὅτι
οὐ βασιλεύονται ὥσπερ οἱ Ἀσιηνοί· ὅκου γὰρ βασιλεύονται, ἐκεῖ ἀνάγκη
δειλοτάτους εἶναι· εἴρηται δέ μοι καὶ πρότερον. Αἱ γὰρ ψυχαὶ δεδούλωνται
καὶ, οὐ βούλονται παρακινδυνεύειν ἑκόντες εἰκῆ ὑπὲρ ἀλλοτρίης δυνάμιος.
Ὅσοι δὲ αὐτόνομοι, ὑπὲρ ἑωυτέων γὰρ τοὺς κινδύνους αἱρεῦνται καὶ οὐκ
ἄλλων, προθυμεῦνται ἑκόντες καὶ ἐς τὸ δεινὸν ἔρχονται· τὰ γὰρ ἀριστεῖα τῆς
νίκης αὐτοὶ φέρονται· οὕτως οἱ νόμοι οὐχ ἥκιστα τὴν εὐψυχίην ἐργάζονται.
Τὸ μὲν οὖν ὅλον καὶ τὸ ἅπαν οὕτως ἔχει περί τε τῆς Εὐρώπης καὶ τῆς Ἀσίης.
| [23] Quant au reste des Européens, ils diffèrent entre eux par la forme et
par la stature, parce que les vicissitudes des saisons sont intenses et
fréquentes, que des chaleurs excessives sont suivies de froids rigoureux ;
que des pluies abondantes sont remplacées par des sécheresses très
longues, et que les vents multiplient et rendent plus intenses les
vicissitudes des saisons. Il est tout naturel que ces circonstances
influent dans la génération sur la coagulation du sperme, qui n'est pas
toujours la même, en été ou en hiver, pendant les pluies ou pendant la
sécheresse. C'est, à mon avis, la cause qui rend les formes plus variées
chez les Européens que chez les Asiatiques, et qui produit pour chaque
ville une différence si notable dans la taille des habitants. En effet, la
coagulation du sperme doit subir des altérations plus fréquentes dans un
climat sujet à de nombreuses vicissitudes atmosphériques, que dans celui
où les saisons se ressemblent à peu de chose près, et sont uniformes. Le
même raisonnement s'applique également aux moeurs. Une telle nature donne
quelque chose de sauvage, d'indocile, de fougueux ; car des secousses
répétées rendent l'esprit agreste et le dépouillent de sa douceur et de
son aménité. C'est pour cela, je pense, que les habitants de l'Europe sont
plus courageux que ceux de l'Asie. Sous un climat à peu près uniforme,
l'indolence est innée ; au contraire, sous un climat variable, c'est
l'amour de l'exercice pour l'esprit et pour le corps. La lâcheté s'accroît
par l'indolence et l'inaction ; la force virile s'alimente par le travail
et la fatigue. C'est à ces circonstances qu'il faut rapporter la bravoure
des Européens et aussi à leurs institutions, car ils ne sont pas gouvernés
par des rois comme les Asiatiques ; ceux qui sont soumis à des rois sont
nécessairement très lâchés, ainsi que je l'ai déjà dit plus haut, car leur
âme est asservie, et ils ne s'exposent point volontiers pour augmenter la
puissance d'un autre. Ceux au contraire qui sont gouvernés par leurs
propres lois, affrontant les dangers pour eux-mêmes et non pour les
autres, s'y exposent volontiers et se jettent dans le péril. Eux seuls
recueillent l'honneur de leurs victoires. Ainsi les institutions
n'exercent pas une minime influence sur le courage. Voilà en somme ce
qu'on peut dire d'une manière générale, de l'Europe comparée en Asie.
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