[22] Ἔτι τε πρὸς τουτέοισιν εὐνουχίαι γίγνονται οἱ πλεῖστοι ἐν Σκύθῃσι,
καὶ γυναικεῖα ἐργάζονται, καὶ ὡς αἱ γυναῖκες διαλέγονται ὁμοίως· καλεῦνταί
τε οἱ τοιοῦτοι ἀνανδριεῖς. Οἱ μὲν ἐπιχώριοι τὴν αἰτίην προστιθέασι θεῷ,
καὶ σέβονται τουτέους τοὺς ἀνθρώπους καὶ προσκυνέουσι, δεδοικότες περὶ
ἑωυτέων ἕκαστοι. Ἐμοὶ δὲ καὶ αὐτέῳ δοκέει ταῦτα τὰ πάθεα θεῖα εἶναι καὶ
τἄλλα πάντα, καὶ οὐδὲν ἕτερον ἑτέρου θειότερον οὐδὲ ἀνθρωπινώτερον, ἀλλὰ
πάντα ὅμοια καὶ πάντα θεῖα· ἕκαστον δὲ ἔχει φύσιν τῶν τοιουτέων, καὶ οὐδὲν
ἄνευ φύσιος γίγνεται. Καὶ τοῦτο τὸ πάθος, ὥς μοι δοκέει γίγνεσθαι, φράσω·
ὑπὸ τῆς ἱππασίης αὐτέους κέδματα λαμβάνει, ἅτε αἰεὶ κρεμαμένων ἀπὸ τῶν
ἵππων τοῖσι ποσίν· ἔπειτα ἀποχωλοῦνται καὶ ἕλκονται τὰ ἰσχία οἳ ἂν σφόδρα
νοσήσωσιν. Ἰῶνται δὲ σφᾶς αὐτέους τρόπῳ τοιῷδε· ὁκόταν ἄρχηται ἡ νοῦσος,
ὄπισθεν τοῦ ὠτὸς ἑκατέρην φλέβα τάμνουσιν· ὅταν δὲ ἀποῤῥυῇ τὸ αἷμα, ὕπνος
ὑπολαμβάνει ὑπὸ ἀσθενείης, καὶ καθεύδουσιν· ἔπειτα ἀνεγείρονται, οἱ μέν
τινες ὑγιέες ἐόντες, οἱ δ' οὔ. Ἐμοὶ μὲν οὖν δοκέει ἐν ταύτῃ τῇ ἰήσει
διαφθείρεσθαι ὁ γόνος· εἰσὶ γὰρ παρὰ τὰ ὦτα φλέβες, ἃς ἐάν τις ἐπιτάμῃ,
ἄγονοι γίγνονται οἱ ἐπιτμηθέντες· ταύτας τοίνυν μοι δοκέουσι τὰς φλέβας
ἐπιτάμνειν. Οἱ δὲ μετὰ ταῦτα, ἐπειδὰν ἀφίκωνται παρὰ γυναῖκας, καὶ μὴ οἷοί
τε ἔωσι χρέεσθαι σφίσιν, τὸ πρῶτον οὐκ ἐνθυμεῦνται, ἀλλ' ἡσυχίην ἔχουσιν·
ὁκόταν δὲ δὶς καὶ τρὶς καὶ πλεονάκις αὐτέοισι πειρωμένοισι μηδὲν
ἀλλοιότερον ἀποβαίνῃ, νομίσαντές τι ἡμαρτηκέναι τῷ θεῷ ὃν ἐπαιτιῶνται,
ἐνδύονται στολὴν γυναικείην, καταγνόντες ἑωυτέων ἀνανδρείην· γυναικίζουσί
τε καὶ ἐργάζονται μετὰ τῶν γυναικῶν ἃ καὶ ἐκεῖναι. Τοῦτο δὲ πάσχουσι
Σκυθέων οἱ πλούσιοι, οὐχ οἱ κάκιστοι, ἀλλ' οἱ εὐγενέστατοι καὶ ἰσχὺν
πλείστην κεκτημένοι, διὰ τὴν ἱππασίην· οἱ δὲ πένητες ἧσσον· οὐ γὰρ
ἱππάζονται. Καίτοι ἐχρῆν, ἐπεὶ θειότερον τοῦτο τὸ νόσευμα τῶν λοιπῶν
ἐστιν, οὐ τοῖσι γενναιοτάτοισι τῶν Σκυθέων καὶ τοῖσι πλουσιωτάτοισι
προσπίπτειν μούνοισι, ἀλλὰ τοῖσιν ἅπασιν ὁμοίως, καὶ μᾶλλον τοῖσιν ὀλίγα
κεκτημένοισιν, οὐ τιμωμένοισιν ἤδη, εἰ χαίρουσιν οἱ θεοὶ καὶ θαυμαζόμενοι
ὑπ' ἀνθρώπων, καὶ ἀντὶ τουτέων χάριτας ἀποδιδόασιν. Εἰκὸς γὰρ τοὺς μὲν
πλουσίους θύειν πολλὰ τοῖσι θεοῖσι, καὶ ἀνατιθέναι ἀναθήματα, ἐόντων
χρημάτων, καὶ τιμᾷν, τοὺς δὲ πένητας ἧσσον, διὰ τὸ μὴ ἔχειν, ἔπειτα καὶ
ἐπιμεμφομένους ὅτι οὐ διδόασι χρήματα αὐτέοισιν· ὥστε τῶν τοιουτέων
ἁμαρτιῶν τὰς ζημίας τοὺς ὀλίγα κεκτημένους φέρειν μᾶλλον ἢ τοὺς πλουσίους.
Ἀλλὰ γὰρ, ὥσπερ καὶ πρότερον ἔλεξα, θεῖα μὲν καὶ ταῦτά ἐστιν ὁμοίως τοῖσιν
ἄλλοισιν· γίγνεται δὲ κατὰ φύσιν ἕκαστα· καὶ ἡ τοιαύτη νοῦσος ἀπὸ τοιαύτης
προφάσιος τοῖσι Σκύθῃσι γίγνεται οἵην εἴρηκα. Ἔχει δὲ καὶ κατὰ τοὺς
λοιποὺς ἀνθρώπους ὁμοίως. Ὅκου γὰρ ἱππάζονται μάλιστα καὶ πυκνότατα, ἐκεῖ
πλεῖστοι ὑπὸ κεδμάτων καὶ ἰσχιάδων καὶ ποδαγριῶν ἁλίσκονται, καὶ λαγνεύειν
κάκιστοί εἰσιν. Ταῦτα δὲ τοῖσί τε Σκύθῃσι πρόσεστι, καὶ εὐνουχοειδέστατοί
εἰσιν ἀνθρώπων διὰ τὰς προειρημένας προφάσιας, καὶ ὅτι ἀναξυρίδας ἔχουσιν
αἰεὶ, καὶ εἰσὶν ἐπὶ τῶν ἵππων τὸ πλεῖστον τοῦ χρόνου, ὥστε μήτε χειρὶ
ἅπτεσθαι τοῦ αἰδοίου, ὑπό τε τοῦ ψύχεος καὶ τοῦ κόπου ἐπιλαθέσθαι τοῦ
ἱμέρου καὶ τῆς μίξιος, καὶ μηδὲν παρακινέειν πρότερον ἢ ἀνανδρωθῆναι. Περὶ
μὲν οὖν τῶν Σκυθέων οὕτως ἔχει τοῦ γένεος.
| [22] Une autre observation à faire, c'est qu'on rencontre parmi les
Scythes beaucoup d'impuissants qui s'occupent aux travaux des femmes et
qui ont le même timbre de voix qu'elles. On les appelle "anandries"
(efféminés). Les naturels attribuent ce phénomène à un dieu ; ils vénèrent
et adorent cette espèce d'hommes, chacun craignant pour soi {une pareille
calamité}. Quant à moi, je pense que cette maladie est divine aussi bien
que toutes les autres, qu'il n'y en a pas de plus divines et de plus
humaines les unes que les autres ; mais que toutes sont semblables et que
toutes sont divines ; chaque maladie a une cause naturelle et aucune
n'arrive sans l'intervention de la nature. Je vais indiquer maintenant ce
qu'il me semble de l'origine de cette maladie. L'équitation produit chez
les Scythes des engorgements aux articulations, parce qu'ils ont toujours
les jambes pendantes. Chez ceux qui sont gravement atteints, la hanche se
retire et ils deviennent boiteux. Ils se traitent de la manière suivante :
quand la maladie commence, ils se font ouvrir les deux veines qui sont
près des oreilles. Après que le sang a cessé de couler, la faiblesse les
assoupit et les endort ; à leur réveil, les uns sont guéris, les autres ne
le sont pas. Je présume que c'est justement par ce traitement que la
semence est altérée, car près des oreilles il y a des veines qui rendent
impuissant lorsqu'elles sont ouvertes ; or, je pense qu'ils coupent
précisément ces veines. Lorsque, après cette opération, ils ont commerce
avec une femme et qu'ils ne peuvent accomplir l'acte, d'abord ils ne s'en
inquiètent point et restent tranquilles ; mais si après deux, trois ou
plusieurs tentatives, ils ne réussissent pas mieux ; s'imaginant que c'est
une punition d'un dieu qu'ils auraient offensé, ils prennent les habits de
femme, déclarent leur éviration (impuissance), se mêlent avec les femmes
et s'occupent aux mêmes travaux qu'elles. Cette maladie attaque les riches
et non les classes inférieures ; {elle attaque} les plus nobles, les plus
puissants par leur fortune, parce qu'ils vont à cheval ; {elle épargne}
les pauvres par cela même qu'ils ne vont point à cheval. Si cette maladie
était plus divine que les autres, elle ne devrait pas être exclusivement
affectée aux nobles et aux riches, mais attaquer indistinctement et plus
particulièrement ceux qui possèdent peu de chose et qui, par conséquent,
ne font point d'offrandes, s'il est vrai que les dieux se réjouissent des
présents des hommes et qu'ils les récompensent par des faveurs ; car il
est naturel que les riches usant de leurs trésors, fassent brûler des
parfums devant les dieux, leur consacrent des offrandes et les honorent ;
ce que les pauvres ne sauraient faire, d'abord parce qu'ils n'en ont pas
le moyen, ensuite parce qu'ils se croient en droit d'accuser les dieux de
ce qu'ils ne leur ont pas envoyé de richesses. Ainsi les pauvres plutôt
que les riches devraient supporter le châtiment de pareilles offenses.
Comme je l'ai déjà observé, cette maladie est donc divine comme toutes les
autres ; mais chacune arrive également d'après les lois naturelles, et
celle-ci est produite chez les Scythes par la cause que je viens de lui
assigner. Elle attaque aussi les autres peuples, car partout où
l'équitation est l'exercice principal et habituel, beaucoup sont
tourmentés d'engorgements aux articulations, de sciatique, de goutte, et
sont inhabiles aux plaisirs de l'amour. Ces infirmités sont répandues chez
les Scythes, qui deviennent les plus impuissants des hommes, et par les
causes déjà signalées, et parce qu'ils ont continuellement des culottes et
qu'ils passent à cheval la plus grande partie du temps. Ainsi, ne portant
jamais la main aux parties génitales, et distraits par le froid et la
fatigue des jouissances sexuelles, ils ne tentent la copulation qu'après
avoir perdu entièrement leur virilité. Voilà ce que j'avais à dire sur la
nation scythe.
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