[300] ἐχθαίρῃ, φιλέῃ δέ σ' ἐυστέφανος Δημήτηρ
αἰδοίη, βιότου δὲ τεὴν πιμπλῇσι καλιήν·
λιμὸς γάρ τοι πάμπαν ἀεργῷ σύμφορος ἀνδρί.
τῷ δὲ θεοὶ νεμεσῶσι καὶ ἀνέρες, ὅς κεν ἀεργὸς
ζώῃ, κηφήνεσσι κοθούροις εἴκελος ὀργήν,
305 οἵ τε μελισσάων κάματον τρύχουσιν ἀεργοὶ
ἔσθοντες· σοὶ δ' ἔργα φίλ' ἔστω μέτρια κοσμεῖν,
ὥς κέ τοι ὡραίου βιότου πλήθωσι καλιαί.
ἐξ ἔργων δ' ἄνδρες πολύμηλοί τ' ἀφνειοί τε·
καὶ ἐργαζόμενοι πολὺ φίλτεροι ἀθανάτοισιν.
310 {ἔσσεαι ἠδὲ βροτοῖς· μάλα γὰρ στυγέουσιν ἀεργούς}.
ἔργον δ' οὐδὲν ὄνειδος, ἀεργίη δέ τ' ὄνειδος.
εἰ δέ κε ἐργάζῃ, τάχα σε ζηλώσει ἀεργὸς
πλουτεῦντα· πλούτῳ δ' ἀρετὴ καὶ κῦδος ὀπηδεῖ.
δαίμονι δ' οἷος ἔησθα, τὸ ἐργάζεσθαι ἄμεινον,
315 εἴ κεν ἀπ' ἀλλοτρίων κτεάνων ἀεσίφρονα θυμὸν
εἰς ἔργον τρέψας μελετᾷς βίου, ὥς σε κελεύω.
αἰδὼς δ' οὐκ ἀγαθὴ κεχρημένον ἄνδρα κομίζει,
αἰδώς, ἥ τ' ἄνδρας μέγα σίνεται ἠδ' ὀνίνησιν.
αἰδώς τοι πρὸς ἀνολϐίῃ, θάρσος δὲ πρὸς ὄλϐῳ.
320 χρήματα δ' οὐχ ἁρπακτά, θεόσδοτα πολλὸν ἀμείνω.
εἰ γάρ τις καὶ χερσὶ βίῃ μέγαν ὄλϐον ἕληται,
ἢ ὅ γ' ἀπὸ γλώσσης ληίσσεται, οἷά τε πολλὰ
γίγνεται, εὖτ' ἂν δὴ κέρδος νόον ἐξαπατήσῃ
ἀνθρώπων, αἰδῶ δέ τ' ἀναιδείη κατοπάζῃ·
325 ῥεῖα δέ μιν μαυροῦσι θεοί, μινύθουσι δὲ οἶκον
ἀνέρι τῷ, παῦρον δέ τ' ἐπὶ χρόνον ὄλϐος ὀπηδεῖ.
Ἶσον δ' ὅς θ' ἱκέτην ὅς τε ξεῖνον κακὸν ἔρξῃ,
ὅς τε κασιγνήτοιο ἑοῦ ἀνὰ δέμνια βαίνῃ
κρυπταδίης εὐνῆς ἀλόχου, παρακαίρια ῥέζων,
330 ὅς τέ τευ ἀφραδίῃς ἀλιταίνεται ὀρφανὰ τέκνα,
ὅς τε γονῆα γέροντα κακῷ ἐπὶ γήραος οὐδῷ
νεικείῃ χαλεποῖσι καθαπτόμενος ἐπέεσσιν·
τῷ δ' ἦ τοι Ζεὺς αὐτὸς ἀγαίεται, ἐς δὲ τελευτὴν
ἔργων ἀντ' ἀδίκων χαλεπὴν ἐπέθηκεν ἀμοιϐήν.
335 ἀλλὰ σὺ τῶν μὲν πάμπαν ἔεργ' ἀεσίφρονα θυμόν.
Κὰδ δύναμιν δ' ἔρδειν ἱέρ' ἀθανάτοισι θεοῖσιν
ἁγνῶς καὶ καθαρῶς, ἐπὶ δ' ἀγλαὰ μηρία καίειν·
ἄλλοτε δὲ σπονδῇσι θύεσσί τε ἱλάσκεσθαι,
ἠμὲν ὅτ' εὐνάζῃ καὶ ὅτ' ἂν φάος ἱερὸν ἔλθῃ,
340 ὥς κέ τοι ἵλαον κραδίην καὶ θυμὸν ἔχωσιν,
ὄφρ' ἄλλων ὠνῇ κλῆρον, μὴ τὸν τεὸν ἄλλος.
Τὸν φιλέοντ' ἐπὶ δαῖτα καλεῖν, τὸν δ' ἐχθρὸν ἐᾶσαι·
τὸν δὲ μάλιστα καλεῖν, ὅς τις σέθεν ἐγγύθι ναίει·
εἰ γάρ τοι καὶ χρῆμ' ἐγχώριον ἄλλο γένηται,
345 γείτονες ἄζωστοι ἔκιον, ζώσαντο δὲ πηοί.
πῆμα κακὸς γείτων, ὅσσον τ' ἀγαθὸς μέγ' ὄνειαρ.
ἔμμορέ τοι τιμῆς, ὅς τ' ἔμμορε γείτονος ἐσθλοῦ.
οὐδ' ἂν βοῦς ἀπόλοιτ', εἰ μὴ γείτων κακὸς εἴη.
εὖ μὲν μετρεῖσθαι παρὰ γείτονος, εὖ δ' ἀποδοῦναι,
| [300] travaille si tu veux que la Famine te prenne
en horreur et que l'auguste Cérès à la belle couronne,
pleine d'amour envers toi, remplisse tes granges de
moissons. En effet, la Famine est toujours la compagne de
l'homme paresseux ; les dieux et les mortels haïssent
également celui qui vit dans l'oisiveté, semblable en ses
désirs à ces frelons privés de dards qui, tranquilles,
dévorent et consument le travail des abeilles. 306 Livre-toi avec
plaisir à d'utiles ouvrages, afin que tes granges soient
remplies des fruits amassés pendant la saison propice.
C'est le travail qui multiplie les troupeaux et accroît
l'opulence. En travaillant, tu seras bien plus cher aux dieux
et aux mortels : car les oisifs leur sont odieux. Ce n'est
point le travail, c'est l'oisiveté qui est un déshonneur. Si tu
travailles, les paresseux bientôt seront jaloux de toi en te
voyant t'enrichir ; la vertu et la gloire accompagnent la
richesse : ainsi tu deviendras semblable à la divinité. II
vaut donc mieux travailler, ne pas envier inconsidérément
la fortune d'autrui et diriger ton esprit vers des occupations
qui te procureront la subsistance : voilà le conseil que je te donne.
317 La mauvaise honte est le partage de l'indigent. La
honte est très utile ou très nuisible aux mortels. La honte
mène à la pauvreté, la confiance à la richesse. Ce n'est
point par la violence qu'il faut s'enrichir, les biens donnés
par les dieux sont les meilleurs de tous. Si un ambitieux
s'empare de nombreux trésors par la force de ses mains ou
les usurpe par l'adresse de sa langue (comme il arrive trop
souvent lorsque l'amour du gain séduit l'esprit des hommes
et que l'impudence chasse toute pudeur), les dieux le
précipitent bientôt vers sa ruine ; sa famille s'anéantit et il
ne jouit que peu de temps de sa richesse. 327 Il est aussi
coupable que celui qui maltraiterait un suppliant ou un
hôte, qui, monté en secret sur la couche d'un frère,
souillerait sa femme d'embrassements illégitimes,
dépouillerait par une indigne ruse des enfants orphelins ou
accablerait d'injurieux discours un père parvenu au triste
seuil de la vieillesse. Jupiter s'irrite contre cet homme et lui
envoie enfin un châtiment terrible en échange de ses iniquités.
335 Mais toi, que ton esprit insensé s'abstienne de
semblables crimes. Offre, selon tes facultés, des sacrifices
aux dieux immortels avec un coeur chaste et pur, et
brûle en leur honneur les cuisses brillantes des victimes.
Apaise-les par des libations et par de l'encens quand tu vas
dormir ou lorsque brille la lumière sacrée du jour, afin qu'ils
aient pour toi une âme bienveillante et que tu achètes
toujours le champ d'autrui sans jamais vendre le tien.
342 Invite ton ami à tes festins et laisse là ton ennemi ; invite
surtout l'ami qui habite prés de toi, car s'il t'arrive quelque
accident domestique, tes voisins accourent sans ceinture,
tandis que tes parens se ceignent encore. Un mauvais
voisin est un fléau autant qu'un bon voisin est un bienfait.
C'est un trésor que l'on rencontre dans un voisin vertueux.
II ne mourra jamais un de tes boeufs à moins que tu n'aies
un méchant voisin. Mesure avec soin tout ce que tu
empruntes à ton voisin ;
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