[200] Αἰδὼς καὶ Νέμεσις· τὰ δὲ λείψεται ἄλγεα λυγρὰ
θνητοῖς ἀνθρώποισι· κακοῦ δ' οὐκ ἔσσεται ἀλκή.
202 Νῦν δ' αἶνον βασιλεῦσιν ἐρέω φρονέουσι καὶ αὐτοῖς·
ὧδ' ἴρηξ προσέειπεν ἀηδόνα ποικιλόδειρον
ὕψι μάλ' ἐν νεφέεσσι φέρων ὀνύχεσσι μεμαρπώς·
205 ἣ δ' ἐλεόν, γναμπτοῖσι πεπαρμένη ἀμφ' ὀνύχεσσι,
μύρετο· τὴν ὅγ' ἐπικρατέως πρὸς μῦθον ἔειπεν·
“Δαιμονίη, τί λέληκας; ἔχει νύ σε πολλὸν ἀρείων·
τῇ δ' εἶς, ᾗ σ' ἂν ἐγώ περ ἄγω καὶ ἀοιδὸν ἐοῦσαν·
δεῖπνον δ', αἴ κ' ἐθέλω, ποιήσομαι ἠὲ μεθήσω.
210 ἄφρων δ', ὅς κ' ἐθέλῃ πρὸς κρείσσονας ἀντιφερίζειν·
νίκης τε στέρεται πρός τ' αἴσχεσιν ἄλγεα πάσχει.”
Ὣς ἔφατ' ὠκυπέτης ἴρηξ, τανυσίπτερος ὄρνις.
213 Ὦ Πέρση, σὺ δ' ἄκουε δίκης, μηδ' ὕϐριν ὄφελλε·
ὕϐρις γάρ τε κακὴ δειλῷ βροτῷ· οὐδὲ μὲν ἐσθλὸς
215 ῥηιδίως φερέμεν δύναται, βαρύθει δέ θ' ὑπ' αὐτῆς
ἐγκύρσας ἄτῃσιν· ὁδὸς δ' ἑτέρηφι παρελθεῖν
κρείσσων ἐς τὰ δίκαια· Δίκη δ' ὑπὲρ Ὕϐριος ἴσχει
ἐς τέλος ἐξελθοῦσα· παθὼν δέ τε νήπιος ἔγνω.
αὐτίκα γὰρ τρέχει Ὅρκος ἅμα σκολιῇσι δίκῃσιν.
220 τῆς δὲ Δίκης ῥόθος ἑλκομένης, ᾗ κ' ἄνδρες ἄγωσι
δωροφάγοι, σκολιῇς δὲ δίκῃς κρίνωσι θέμιστας.
ἣ δ' ἕπεται κλαίουσα πόλιν καὶ ἤθεα λαῶν,
ἠέρα ἑσσαμένη, κακὸν ἀνθρώποισι φέρουσα,
οἵ τε μιν ἐξελάσωσι καὶ οὐκ ἰθεῖαν ἔνειμαν.
225 οἳ δὲ δίκας ξείνοισι καὶ ἐνδήμοισι διδοῦσιν
ἰθείας καὶ μή τι παρεκϐαίνουσι δικαίου,
τοῖσι τέθηλε πόλις, λαοὶ δ' ἀνθεῦσιν ἐν αὐτῇ·
εἰρήνη δ' ἀνὰ γῆν κουροτρόφος, οὐδέ ποτ' αὐτοῖς
ἀργαλέον πόλεμον τεκμαίρεται εὐρύοπα Ζεύς·
230 οὐδέ ποτ' ἰθυδίκῃσι μετ' ἀνδράσι λιμὸς ὀπηδεῖ
οὐδ' ἄτη, θαλίῃς δὲ μεμηλότα ἔργα νέμονται.
τοῖσι φέρει μὲν γαῖα πολὺν βίον, οὔρεσι δὲ δρῦς
ἄκρη μέν τε φέρει βαλάνους, μέσση δὲ μελίσσας·
εἰροπόκοι δ' ὄιες μαλλοῖς καταϐεϐρίθασιν·
235 τίκτουσιν δὲ γυναῖκες ἐοικότα τέκνα γονεῦσιν·
θάλλουσιν δ' ἀγαθοῖσι διαμπερές· οὐδ' ἐπὶ νηῶν
νίσσονται, καρπὸν δὲ φέρει ζείδωρος ἄρουρα.
οἷς δ' ὕϐρις τε μέμηλε κακὴ καὶ σχέτλια ἔργα,
τοῖς δὲ δίκην Κρονίδης τεκμαίρεται εὐρύοπα Ζεύς.
240 πολλάκι καὶ ξύμπασα πόλις κακοῦ ἀνδρὸς ἀπηύρα,
ὅς κεν ἀλιτραίνῃ καὶ ἀτάσθαλα μηχανάαται.
τοῖσιν δ' οὐρανόθεν μέγ' ἐπήγαγε πῆμα Κρονίων
λιμὸν ὁμοῦ καὶ λοιμόν· ἀποφθινύθουσι δὲ λαοί.
{οὐδὲ γυναῖκες τίκτουσιν, μινύθουσι δὲ οἶκοι
245 Ζηνὸς φραδμοσύνῃσιν Ὀλυμπίου· ἄλλοτε δ' αὖτε}
ἢ τῶν γε στρατὸν εὐρὺν ἀπώλεσεν ἢ ὅ γε τεῖχος
ἢ νέας ἐν πόντῳ Κρονίδης ἀποαίνυται αὐτῶν.
Ὦ βασιλῆς, ὑμεῖς δὲ καταφράζεσθε καὶ αὐτοὶ
τήνδε δίκην· ἐγγὺς γὰρ ἐν ἀνθρώποισιν ἐόντες
| [200] il ne restera plus aux mortels que les chagrins dévorants,
et leurs maux seront irrémédiables.
202 Maintenant je raconterai aux rois une fable que leur
sagesse même ne dédaignera point. Un épervier venait de
saisir un rossignol au gosier sonore et l'emportait à travers
les nues ; déchiré par ses serres recourbées, le rossignol
gémissait tristement ; mais l'épervier lui dit avec arrogance : "Malheureux ! pourquoi ces plaintes ? Tu es au pouvoir du
plus fort ; quoique chanteur harmonieux, tu vas où je te
conduis ; je peux à mon gré ou faire de toi mon repas ou te
rendre la liberté." Ainsi parla l'épervier au vol rapide et aux
ailes étendues. Malheur à l'insensé qui ose lutter contre un
ennemi plus puissant ! privé de la victoire, il voit encore la
souffrance s'ajouter à sa honte.
213 O Persès ! écoute la voix de l'équité, et abstiens-toi de
l’injure, car l'injure est fatale à l'homme faible ; l'homme de
bien ne la supporte pas facilement : accablé par elle, il
tombe sa victime. Il est un chemin plus noble qui mène à la
justice. La justice finit toujours par triompher de l’injure.
Mais l'insensé ne s'instruit que par son propre malheur.
Horcus poursuit avec ardeur les jugements iniques. La
justice s'indigne et frémit partout où elle se voit entraînée
par ces hommes, dévorateurs de présents, qui rendent de
criminels arrêts. Couverte d'un nuage, elle parcourt en
pleurant les cités et les tribus des peuples, apportant le
malheur à ceux qui l'ont chassée et n'ont pas jugé avec
droiture. Mais ceux qui, rendant une justice égale aux
étrangers et à leurs concitoyens, ne s'écartent pas du droit
sentier, voient fleurir leur ville et prospérer leurs peuples ;
la paix, cette nourrice des jeunes gens, régna dans
leur pays, 228 et jamais Jupiter à la large vue ne leur envoie la
guerre désastreuse. Jamais la famine ou l'injure n'attaque
les mortels équitables : ils célèbrent paisiblement leurs
joyeux festins ; la terre leur prodigue une abondante
nourriture ; pour eux, le chêne des montagnes porte des
glands sur sa cime et des abeilles dans ses flancs ; leurs
brebis sont chargées d'une épaisse toison et leurs femmes
mettent au jour des enfants qui ressemblent à leurs pères ;
236 toujours riches de tous les biens, ils n'ont pas besoin
de voyager sur des vaisseaux, et la terre fertile les nourrit
de ses fruits. Mais quand des mortels se livrent à l'injure
funeste et aux actions vicieuses, Jupiter à la large vue leur
inflige un prompt châtiment : souvent une ville entière est
punie à cause d'un seul homme qui commet des injustices
et des crimes ; du haut des cieux, le fils de Saturne
déchaîne à la fois deux grands fléaux, la peste et la famine,
et les peuples périssent ; leurs femmes n'enfantent plus et
leurs familles décroissent par la volonté de Jupiter, roi de
l'Olympe, qui détruit leur vaste armée, renverse leurs murailles
ou punit leurs vaisseaux en les engloutissant dans la mer.
248 Rois ! Vous aussi, redoutez un pareil châtiment, car les
Immortels, mêlés parmi les hommes,
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