[100] ἄλλα δὲ μυρία λυγρὰ κατ' ἀνθρώπους ἀλάληται·
πλείη μὲν γὰρ γαῖα κακῶν, πλείη δὲ θάλασσα·
νοῦσοι δ' ἀνθρώποισιν ἐφ' ἡμέρῃ, αἳ δ' ἐπὶ νυκτὶ
αὐτόματοι φοιτῶσι κακὰ θνητοῖσι φέρουσαι
σιγῇ, ἐπεὶ φωνὴν ἐξείλετο μητίετα Ζεύς.
105 οὕτως οὔτι πη ἔστι Διὸς νόον ἐξαλέασθαι.
Εἰ δ' ἐθέλεις, ἕτερόν τοι ἐγὼ λόγον ἐκκορυφώσω
εὖ καὶ ἐπισταμένως· σὺ δ' ἐνὶ φρεσὶ βάλλεο σῇσιν.
ὡς ὁμόθεν γεγάασι θεοὶ θνητοί τ' ἄνθρωποι.
Χρύσεον μὲν πρώτιστα γένος μερόπων ἀνθρώπων
110 ἀθάνατοι ποίησαν Ὀλύμπια δώματ' ἔχοντες.
οἳ μὲν ἐπὶ Κρόνου ἦσαν, ὅτ' οὐρανῷ ἐμϐασίλευεν·
ὥστε θεοὶ δ' ἔζωον ἀκηδέα θυμὸν ἔχοντες
νόσφιν ἄτερ τε πόνων καὶ ὀιζύος· οὐδέ τι δειλὸν
γῆρας ἐπῆν, αἰεὶ δὲ πόδας καὶ χεῖρας ὁμοῖοι
115 τέρποντ' ἐν θαλίῃσι κακῶν ἔκτοσθεν ἁπάντων·
θνῇσκον δ' ὥσθ' ὕπνῳ δεδμημένοι· ἐσθλὰ δὲ πάντα
τοῖσιν ἔην· καρπὸν δ' ἔφερε ζείδωρος ἄρουρα
αὐτομάτη πολλόν τε καὶ ἄφθονον· οἳ δ' ἐθελημοὶ
ἥσυχοι ἔργ' ἐνέμοντο σὺν ἐσθλοῖσιν πολέεσσιν.
120 {ἀφνειοὶ μήλοισι, φίλοι μακάρεσσι θεοῖσιν.}
αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ τοῦτο γένος κατὰ γαῖ' ἐκάλυψε,
τοὶ μὲν δαίμονες ἁγνοὶ ἐπιχθόνιοι καλέονται
ἐσθλοί, ἀλεξίκακοι, φύλακες θνητῶν ἀνθρώπων,
{οἵ ῥα φυλάσσουσίν τε δίκας καὶ σχέτλια ἔργα
125 ἠέρα ἑσσάμενοι πάντη φοιτῶντες ἐπ' αἶαν,}
πλουτοδόται· καὶ τοῦτο γέρας βασιλήιον ἔσχον.
Δεύτερον αὖτε γένος πολὺ χειρότερον μετόπισθεν
ἀργύρεον ποίησαν Ὀλύμπια δώματ' ἔχοντες,
χρυσέῳ οὔτε φυὴν ἐναλίγκιον οὔτε νόημα.
130 ἀλλ' ἑκατὸν μὲν παῖς ἔτεα παρὰ μητέρι κεδνῇ
ἐτρέφετ' ἀτάλλων, μέγα νήπιος, ᾧ ἐνὶ οἴκῳ.
ἀλλ' ὅτ' ἄρ' ἡϐήσαι τε καὶ ἥϐης μέτρον ἵκοιτο,
παυρίδιον ζώεσκον ἐπὶ χρόνον, ἄλγε' ἔχοντες
ἀφραδίῃς· ὕϐριν γὰρ ἀτάσθαλον οὐκ ἐδύναντο
135 ἀλλήλων ἀπέχειν, οὐδ' ἀθανάτους θεραπεύειν
ἤθελον οὐδ' ἔρδειν μακάρων ἱεροῖς ἐπὶ βωμοῖς,
ἣ θέμις ἀνθρώποις κατὰ ἤθεα. τοὺς μὲν ἔπειτα
Ζεὺς Κρονίδης ἔκρυψε χολούμενος, οὕνεκα τιμὰς
οὐκ ἔδιδον μακάρεσσι θεοῖς, οἳ Ὄλυμπον ἔχουσιν.
140 αὐτὰρ ἐπεὶ καὶ τοῦτο γένος κατὰ γαῖ' ἐκάλυψε,
τοὶ μὲν ὑποχθόνιοι μάκαρες θνητοῖς καλέονται,
δεύτεροι, ἀλλ' ἔμπης τιμὴ καὶ τοῖσιν ὀπηδεῖ.
Ζεὺς δὲ πατὴρ τρίτον ἄλλο γένος μερόπων ἀνθρώπων
χάλκειον ποίησ', οὐκ ἀργυρέῳ οὐδὲν ὁμοῖον,
145 ἐκ μελιᾶν, δεινόν τε καὶ ὄϐριμον· οἷσιν Ἄρηος
ἔργ' ἔμελεν στονόεντα καὶ ὕϐριες· οὐδέ τι σῖτον
ἤσθιον, ἀλλ' ἀδάμαντος ἔχον κρατερόφρονα θυμόν,
{ἄπλαστοι· μεγάλη δὲ βίη καὶ χεῖρες ἄαπτοι
ἐξ ὤμων ἐπέφυκον ἐπὶ στιϐαροῖσι μέλεσσιν.}
| [100] Depuis ce jour, mille calamités
entourent les hommes de toutes parts : la terre est remplie
de maux, la mer en est remplie, les maladies se plaisent à
tourmenter les mortels nuit et jour et leur apportent en
silence toutes les douleurs, car le prudent Jupiter les a
privées de la voix. Nul ne peut donc échapper à la volonté
de Jupiter. Si tu le veux, je te ferai un autre récit plein de sagesse et
d'utilité ; toi, recueille-le au fond de ta mémoire.
108 Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble,
d’abord les célestes habitants de l'Olympe créèrent l'âge
d'or pour les mortels doués de la parole. Sous le règne
de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels
vivaient comme les dieux, ils étaient libres d'inquiétudes,
de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les
affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient
sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se
réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux
et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme
enchaînés par un doux sommeil.
116 Tous les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient
leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la
terre eut renfermé dans son sein cette première
génération, ces hommes, appelés les génies terrestres,
devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des
mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises
actions, et, enveloppés d'un nuage, parcourent toute la
terre en répandant la richesse : telle est la royale
prérogative qu'ils ont obtenue.
127 Ensuite les habitants de l'Olympe produisirent une seconde
race bien inférieure à la première, l'âge d'argent qui
ne ressemblait à l'âge d'or ni pour la force du corps ni pour
l'intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l'enfant,
toujours inepte, croissait, durant cent ans, dans la maison
natale. Parvenu au terme de la puberté et de l'adolescence,
il ne vivait qu'un petit nombre d'années, accablé de ces
douleurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hommes
ne pouvaient s'abstenir de l'injustice ; ils ne voulaient pas
adorer les dieux ni leur offrir des sacrifices sur leurs pieux
autels, comme doivent le faire les mortels divisés par
tribus. Bientôt Jupiter, fils de Saturne, les anéantit,
courroucé de ce qu'ils refusaient leurs hommages aux dieux
habitants de l'Olympe. Quand la terre eut dans son sein
renfermé leurs dépouilles, on les nomma les mortels
bienheureux ; ces génies terrestres n'occupent que le
second rang, mais le respect accompagne aussi leur mémoire.
143 Le père des dieux créa une troisième génération d'hommes
doués de la parole, l'âge d'airain, qui ne ressemblait en rien
à l’âge d'argent.
Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et
terribles, ne se plaisaient qu'aux injures et aux sanglants
travaux de Mars ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la
terre, et leur coeur impitoyable avait la dureté de l'acier.
Leur force était immense, indomptable, et des bras
invincibles s'allongeaient de leurs épaules sur leurs
membres nerveux.
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