[32] λβʹ. Τῇ δὲ εἰσαύριον ἀποπορευόμενον ἰδόντες κεραμέες
τινες κάμινον ἐγκαίοντες κεράμου λεπτοῦ, προσεκαλέσαντο
αὐτόν, πεπυσμένοι ὅτι σοφὸς εἴη· καὶ ἐκέλευόν σφιν ἀεῖσαι,
φάμενοι δώσειν αὐτῷ τοῦ κεράμου καὶ ὅ τι ἂν ἄλλο ἔχωσιν.
ὁ δὲ Ὅμηρος ἀείδει αὐτοῖς τὰ ἔπεα τάδε ἃ καλέεται
Κάμινος·
εἰ μὲν δώσετε μισθὸν ἀείσω ὦ κεραμῆες·
δεῦρ´ ἄγ´ Ἀθηναίη καὶ ὑπείρεχε χεῖρα καμίνου,
εὖ δὲ μελανθεῖεν κότυλοι καὶ πάντα μάλευρα,
φρυχθῆναί τε καλῶς καὶ τιμῆς ὦνον ἀρέσθαι,
πολλὰ μὲν εἰν ἀγορῇ πωλεύμενα, πολλὰ δ´ ἀγυιαῖς,
πολλὰ δὲ κερδῆναι, ἡμῖν δὲ δὴ ὥς σφι νοῆσαι.
ἢν δ´ ἐπ´ ἀναιδείην τρεφθέντες ψεύδε´ ἄρησθε
συγκαλέω δ´ ἤπειτα καμίνῳ δηλητῆρας,
Σύντριβ´ ὁμῶς Σμάραγόν τε καὶ Ἄσβετον ἠδέ γ´ Ἄβακτον,
Ὠμόδαμόν θ´ ὃς τῇδε τέχνῃ κακὰ πολλὰ πορίζοι.
πεῖθε πυραίθουσαν καὶ δώματα, σὺν δὲ κάμινος
πᾶσα κυκηθείη κεραμέων μέγα κωκυσάντων.
ὡς γνάθος ἱππείη βρύκει, βρύκοι δὲ κάμινος
πάντ´ ἔντοσθ´ αὐτῆς κεραμήϊα λεπτὰ ποιοῦσα.
δεῦρο καὶ ἠελίου θύγατερ πολυφάρμακε Κίρκη·
ἄγρια φάρμακα βάλλε, κάκου δ´ αὐτούς τε καὶ ἔργα.
δεῦρο δὲ καὶ Χείρων ἀγέτω πολέας Κενταύρους,
οἵ θ´ Ἡρακλείους χεῖρας φύγον, οἵ τ´ ἀπόλοντο·
τύπτοιεν τάδε ἔργα κακῶς, τύπτοι δὲ κάμινον,
αὐτοὶ δ´ οἰμώζοντες ὁρῴατο ἔργα πονηρά.
γηθήσω δ´ ὁρόων αὐτῶν κακοδαίμονα τέχνην.
ὃς δέ χ´ ὑπερκύψῃ, περὶ τούτου πᾶν τὸ πρόσωπον
φλεχθείη, ὡς πάντες ἐπίσταιντ´ αἴσιμα ῥέζειν.
| [32] XXXII. Le lendemain il sortit. Des potiers de terre l’ayant aperçu tandis qu’ils
faisaient chauffer leur four, ils l’invitèrent d’autant plus volontiers à entrer chez eux,
qu’ils n’ignoraient pas qu’il était plein de talents. Ils le prièrent de leur chanter
quelques-unes de ses poésies, et lui promirent de reconnaître sa complaisance en lui
faisant présent de quelques-uns de leurs vases, ou de toute autre chose qui serait en
leur pouvoir. Il leur chanta donc ces vers qu’on appelle le Fourneau : « Potiers, si vous
m’accordez la récompense promise , je vous chanterai ces vers. Accourez à me voir,
Pallas, protégez ce fourneau. Que tous les cotyles, que toutes les corbeilles se
couvrent d’un beau noir, soient cuits à propos, et rapportent à leur maître un prix
considérable. Qu’il s’en vende beaucoup au marché, beaucoup dans les rues ; que le
profit en soit grand. Puissiez-vous, déesse, m’accorder de croître ainsi en sagesse !
« Mais si, sans pudeur, vous cherchez à me tromper, j’invoque sur votre fourneau
toutes les pestes: Syntrips, Smaragos, Asbetos, Abactos et Omodamos, qui portent à
cet art les coups les plus funestes. Que le fourneau, que la maison soient la proie des
flammes, et que, dans le trouble occasionné par l’incendie, on n’entende que les
gémissements et les cris plaintifs des potiers. Tel le frémissement du cheval tel soit
celui du fourneau lorsque les vases volent en éclats. Fille du Soleil, Circé, célèbre par
vos enchantements, répandez vos poisons sur les potiers et sur leurs ouvrages. Et
vous aussi, Chiron, amenez avec vous grand nombre de centaures, et ceux qui ont
échappé aux coups d’Hercule, et ceux qui ont péri en combattant contre lui ;
puissent-ils briser tous ces ouvrages ! Puisse le fourneau tomber sous vos coups, et
les potiers, en se lamentant, être témoins de cet affreux spectacle ! Je me réjouirai
cependant de leur triste malheur. Quiconque se baissera pour considérer de plus près
cet incendie ; qu’il ait le visage saisi par la flamme afin que tout le monde apprenne à
ne point commettre d’injustices. »
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