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[9,95] τούτου δὴ ὁ Δηίφονος ἐὼν παῖς τοῦ Εὐηνίου ἀγόντων Κορινθίων ἐμαντεύετο τῇ στρατιῇ. ἤδη
δὲ καὶ τόδε ἤκουσα, ὡς ὁ Δηίφονος ἐπιβατεύων τοῦ Εὐηνίου οὐνόματος ἐξελάμβανε ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα
ἔργα, οὐκ ἐὼν Εὐηνίου παῖς.
| [9,95] XCV. Déiphonus était fils de cet Événius : les Corinthiens l’avaient
mené avec eux ; il faisait dans l’armée les fonctions de devin. J’ai
pourtant ouï dire aussi que Déiphonus s’était emparé du nom
d’Événius, et que, parcourant la Grèce, il rendait des oracles à prix
d’ardent, quoiqu’il ne fût pas son fils.
| [9,96] τοῖσι δὲ Ἕλλησι ὡς ἐκαλλιέρησε, ἀνῆγον τὰς νέας ἐκ τῆς Δήλου πρὸς τὴν Σάμον. ἐπεὶ δὲ
ἐγένοντο τῆς Σαμίης πρὸς Καλαμίσοισι, οἳ μὲν αὐτοῦ ὁρμισάμενοι κατὰ τὸ Ἥραιον τὸ ταύτῃ
παρεσκευάζοντο ἐς ναυμαχίην, οἳ δὲ Πέρσαι πυθόμενοι σφέας προσπλέειν ἀνῆγον καὶ αὐτοὶ πρὸς
τὴν ἤπειρον τὰς νέας τὰς ἄλλας, τὰς δὲ Φοινίκων ἀπῆκαν ἀποπλέειν. βουλευομένοισι γάρ σφι
ἐδόκεε ναυμαχίην μὴ ποιέεσθαι· (2) οὐ γὰρ ὦν ἐδόκεον ὅμοιοι εἶναι. ἐς δὲ τὴν ἤπειρον ἀπέπλεον,
ὅκως ἔωσι ὑπὸ τὸν πεζὸν στρατὸν τὸν σφέτερον ἐόντα ἐν τῇ Μυκάλῃ, ὃς κελεύσαντος Ξέρξεω
καταλελειμμένος τοῦ ἄλλου στρατοῦ Ἰωνίην ἐφύλασσε· τοῦ πλῆθος μὲν ἦν ἓξ μυριάδες, ἐστρατήγεε
δὲ αὐτοῦ Τιγράνης κάλλεϊ καὶ μεγάθεϊ ὑπερφέρων Περσέων. (3) ὑπὸ τοῦτον μὲν δὴ τὸν στρατὸν
ἐβουλεύσαντο καταφυγόντες οἱ τοῦ ναυτικοῦ στρατηγοὶ ἀνειρύσαι τὰς νέας καὶ περιβαλέσθαι ἕρκος
ἔρυμά τε τῶν νεῶν καὶ σφέων αὐτῶν κρησφύγετον.
| [9,96] XCVI. Les sacrifices que fit Déiphonus pour les Grecs étant favorables,
la flotte partit de Délos, et cingla vers Samos. Quand ils furent arrivés
aux Calames dans cette île, ils jetèrent l’ancre près de l’Héræum ou
temple de Junon, et se disposèrent à un combat naval. Les Perses,
ayant appris que la flotte des Grecs venait à eux, mirent aussi à la
voile pour s’approcher du rivage, et permirent aux Phéniciens de se
retirer : car il avait été résolu dans un conseil de ne point livrer bataille
sur mer, parce qu’ils ne se croyaient pas égaux en force aux Grecs. Ils
naviguèrent donc vers le continent, afin de se mettre sous la protection
des troupes de terre qui campaient à Mycale, et qui, faisant partie de
l’armée, avaient été laissées en cet endroit par ordre de Xerxès pour
garder l’Ionie. Elles montaient à soixante mille hommes, et étaient
commandées par Tigrane, le plus bel homme et de la plus haute taille
qu’il y eut parmi les Perses. Les généraux de la flotte barbare avaient
résolu de tirer leurs vaisseaux sur le rivage pour les mettre sous la
protection de l’armée de terre, et de faire autour un rempart, tant pour
les défendre que pour s’en faire à eux-mêmes un lieu de retraite.
| [9,97] ταῦτα βουλευσάμενοι ἀνήγοντο. ἀπικόμενοι δὲ παρὰ τὸ τῶν Ποτνιέων ἱρὸν τῆς Μυκάλης ἐς
Γαίσωνά τε καὶ Σκολοπόεντα, τῇ Δήμητρος Ἐλευσινίης ἱρόν, τὸ Φίλιστος ὁ Πασικλέος ἱδρύσατο
Νείλεῳ τῷ Κόδρου ἐπισπόμενος ἐπὶ Μιλήτου κτιστύν, ἐνθαῦτα τὰς τε νέας ἀνείρυσαν καὶ
περιεβάλοντο ἕρκος καὶ λίθων καὶ ξύλων, δένδρεα ἐκκόψαντες ἥμερα, καὶ σκόλοπας περὶ τὸ ἕρκος
κατέπηξαν, καὶ παρεσκευάδατο ὡς πολιορκησόμενοι καὶ ὡς νικήσοντες, ἐπ᾽ ἀμφότερα ἐπιλεγόμενοι
γὰρ παρεσκευάζοντο,
| [9,97] XCVII. Cette résolution prise, ils levèrent l’ancre. Lorsqu’ils furent
arrivés près du temple des Euménides, sur le territoire de Mycale, et
de l’embouchure du Gæson et du Scolopoéis, où il y a un temple de
Cérès Éleusinienne, bâti par Philistus , fils de Pasiclès, qui avait
accompagné Nélée, fils de Codrus, quand celui-ci alla fonder Milet, ils
tirèrent leurs vaisseaux à terre, les environnèrent d’un mur de pierres
et de bois, coupant pour cet effet un grand nombre d’arbres fruitiers,
enfoncèrent des pieux autour de ce rempart, et se disposèrent à
soutenir un siège et à remporter la victoire : car, après y avoir bien
réfléchi, ils se préparèrent à l’un et à l’autre.
| [9,98] οἱ δὲ Ἕλληνες ὡς ἐπύθοντο οἰχωκότας τοὺς βαρβάρους ἐς τὴν ἤπειρον, ἤχθοντο ὡς
ἐκπεφευγότων ἀπορίῃ τε εἴχοντο ὅ τι ποιέωσι, εἴτε ἀπαλλάσσωνται ὀπίσω εἴτε καταπλέωσι ἐπ᾽
Ἑλλησπόντου. τέλος δὲ ἔδοξε τούτων μὲν μηδέτερα ποιέειν, ἐπιπλέειν δὲ ἐπὶ τὴν ἤπειρον. (2)
παρασκευασάμενοι ὦν ἐς ναυμαχίην καὶ ἀποβάθρας καὶ ἄλλα ὅσων ἔδεε, ἔπλεον ἐπὶ τῆς Μυκάλης.
ἐπεὶ δὲ ἀγχοῦ τε ἐγίνοντο τοῦ στρατοπέδου καὶ οὐδεὶς ἐφαίνετό σφι ἐπαναγόμενος, ἀλλ᾽ ὥρων νέας
ἀνελκυσμένας ἔσω τοῦ τείχεος, πολλὸν δὲ πεζὸν παρακεκριμένον παρὰ τὸν αἰγιαλόν, ἐνθαῦτα
πρῶτον μὲν ἐν τῇ νηὶ παραπλέων, ἐγχρίμψας τῷ αἰγιαλῷ τὰ μάλιστα, Λευτυχίδης ὑπὸ κήρυκος
προηγόρευε τοῖσι Ἴωσι λέγων (3) “ἄνδρες Ἴωνες, οἳ ὑμέων τυγχάνουσι ἐπακούοντες, μάθετε τὰ
λέγω· πάντως γὰρ οὐδὲν συνήσουσι Πέρσαι τῶν ἐγὼ ὑμῖν ἐντέλλομαι. ἐπεὰν συμμίσγωμεν,
μεμνῆσθαι τινὰ χρὴ ἐλευθερίης μὲν πάντων πρῶτον, μετὰ δὲ τοῦ συνθήματος Ἥβης. καὶ τάδε ἴστω
καὶ ὁ μὴ ἀκούσας ὑμέων πρὸς τοῦ ἀκούσαντος„. (4) ὡυτὸς δὲ οὗτος ἐὼν τυγχάνει νόος τοῦ
πρήγματος καὶ ὁ Θεμιστοκλέος ὁ ἐπ᾽ Ἀρτεμισίῳ· ἢ γὰρ δὴ λαθόντα τὰ ῥήματα τοὺς βαρβάρους
ἔμελλε τοὺς Ἴωνας πείσειν, ἢ ἔπειτα ἀνενειχθέντα ἐς τοὺς βαρβάρους ποιήσειν ἀπίστους τοῖσι
Ἕλλησι.
| [9,98] XCVIII. Les Grecs ayant appris que les Barbares s’étaient retirés sur le
continent, en furent d’autant plus affligés, qu’ils les croyaient échappés
de leurs mains. Embarrassés sur le parti qu’ils devaient prendre, ils ne
savaient s’ils s’en retourneraient ou s’ils iraient vers l’Hellespont. Enfin
ils résolurent de ne faire ni l’un ni l’autre, mais de cingler vers le
continent. S’étant donc préparés à un combat naval, et ayant disposé
les échelles et autres choses nécessaires pour une descente, ils
naviguèrent vers Mycale. Comme ils étaient près du camp, et que, bien
loin qu’il vînt des vaisseaux ennemis à leur rencontre, ils les voyaient
tous sur le rivage environnés d’un mur, avec une nombreuse armée de
terre rangée sur le bord de la mer, alors Léotychides devança les
autres, s’approcha du rivage le plus près qu’il put ; et s’adressant aux
Ioniens par un héraut, il leur dit : « Ioniens, que ceux d’entre vous qui
m’entendent prêtent une oreille attentive à mes paroles ; car les
Perses assurément n’y comprendront rien. Que chacun de vous se
ressouvienne dans l’action premièrement de la liberté ; secondement,
du mot du guet Hébé. Que celui qui m’entend fasse part de ce que je
dis à ceux qui ne peuvent m’entendre. » Le but de
Léotychides était le même que celui de Thémistocles à Artémisium, ce
discours devant faire impression sur les Ioniens s’il échappait à la connaissance
des Barbares, ou les rendre suspects aux Perses s’il leur était rapporté.
| [9,99] Λευτυχίδεω δὲ ταῦτα ὑποθεμένου δεύτερα δὴ τάδε ἐποίευν οἱ Ἕλληνες· προσσχόντες τὰς νέας
ἀπέβησαν ἐς τὸν αἰγιαλόν. καὶ οὗτοι μὲν ἐτάσσοντο, οἱ δὲ Πέρσαι ὡς εἶδον τοὺς Ἕλληνας
παρασκευαζομένους ἐς μάχην καὶ τοῖσι Ἴωσι παραινέσαντας, τοῦτο μὲν ὑπονοήσαντες τοὺς
Σαμίους τὰ Ἑλλήνων φρονέειν ἀπαιρέονται τὰ ὅπλα. (2) οἱ γὰρ ὦν Σάμιοι ἀπικομένων Ἀθηναίων
αἰχμαλώτων ἐν τῇσι νηυσὶ τῶν βαρβάρων, τοὺς ἔλαβον ἀνὰ τὴν Ἀττικὴν λελειμμένους οἱ Ξέρξεω,
τούτους λυσάμενοι πάντας ἀποπέμπουσι ἐποδιάσαντες ἐς Ἀθήνας· τῶν εἵνεκεν οὐκ ἥκιστα ὑποψίην
εἶχον, πεντακοσίας κεφαλὰς τῶν Ξέρξεω πολεμίων λυσάμενοι. (3) τοῦτο δὲ τὰς διόδους τὰς ἐς τὰς
κορυφὰς τῆς Μυκάλης φερούσας προστάσσουσι τοῖσι Μιλησίοισι φυλάσσειν ὡς ἐπισταμένοισι
δῆθεν μάλιστα τὴν χώρην. ἐποίευν δὲ τοῦτο τοῦδε εἵνεκεν, ἵνα ἐκτὸς τοῦ στρατοπέδου ἔωσι. τούτους
μὲν Ἰώνων, τοῖσι καὶ κατεδόκεον νεοχμὸν ἄν τι ποιέειν δυνάμιος ἐπιλαβομένοισι, τρόποισι
τοιούτοισι προεφυλάσσοντο οἱ Πέρσαι, αὐτοὶ δὲ συνεφόρησαν τὰ γέρρα ἕρκος εἶναι σφίσι.
| [9,99] XCIX. Ce conseil donné, les Grecs approchèrent leurs vaisseaux du
rivage, descendirent à terre et se rangèrent en bataille. Les Perses les
voyant se préparer au combat, et instruits des exhortations qu’ils
avaient faites aux Ioniens, désarmèrent d’un côté les Samiens, qu’ils
soupçonnaient d’intelligence avec les Grecs. Ces soupçons étaient
d’autant mieux fondés, que les Samiens avaient racheté cinq cents
Athéniens qui, ayant été laissés dans l’Attique, avaient été faits
prisonniers par les Perses et amenés sur leurs vaisseaux ; et après les
avoir rachetés, ils les avaient renvoyés à Athènes, et leur avaient
fourni tout ce qui était nécessaire pour leur voyage, quoiqu’ils fussent
ennemis de Xerxès. D’un autre côté, les Perses ordonnèrent aux
Milésiens de garder les chemins qui conduisaient au sommet du mont
Mycale, sous prétexte, sans doute, qu’ils connaissaient parfaitement le
pays, mais en effet pour les éloigner du camp. Ce fut ainsi que les
Perses se précautionnèrent contre ceux d’entre les Ioniens qu’ils
croyaient dans le dessein de remuer, en cas qu’ils fussent assez forts
pour l’entreprendre. Ils entassèrent ensuite leurs boucliers les uns sur les
autres pour s’en faire un rempart.
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