HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre VII

Chapitres 10-14

  Chapitres 10-14

[7,10] Μαρδόνιος μὲν τοσαῦτα ἐπιλεήνας τὴν Ξέρξεω γνώμην ἐπέπαυτο· σιωπώντων δὲ τῶν ἄλλων Περσέων καὶ οὐ τολμώντων γνώμην ἀποδείκνυσθαι ἀντίην τῇ προκειμένῃ, Ἀρτάβανος Ὑστάσπεος, πάτρως ἐὼν Ξέρξῃ, τῷ δὴ καὶ πίσυνος ἐὼν ἔλεγε τάδε. (10A) “ βασιλεῦ, μὴ λεχθεισέων μὲν γνωμέων ἀντιέων ἀλλήλῃσι οὐκ ἔστι τὴν ἀμείνω αἱρεόμενον ἑλέσθαι, ἀλλὰ δεῖ τῇ εἰρημένῃ χρᾶσθαι, λεχθεισέων δὲ ἔστι, ὥσπερ τὸν χρυσὸν τὸν ἀκήρατον αὐτὸν μὲν ἐπἑωυτοῦ οὐ διαγινώσκομεν, ἐπεὰν δὲ παρατρίψωμεν ἄλλῳ χρυσῷ, διαγινώσκομεν τὸν ἀμείνω. (2) ἐγὼ δὲ καὶ πατρὶ τῷ σῷ, ἀδελφεῷ δὲ ἐμῷ Δαρείῳ ἠγόρευον μὴ στρατεύεσθαι ἐπὶ Σκύθας, ἄνδρας οὐδαμόθι γῆς ἄστυ νέμοντας. δὲ ἐλπίζων Σκύθας τοὺς νομάδας καταστρέψεσθαι ἐμοί τε οὐκ ἐπείθετο, στρατευσάμενός τε πολλοὺς καὶ ἀγαθοὺς τῆς στρατιῆς ἀποβαλὼν ἀπῆλθε. (3) σὺ δὲ βασιλεῦ μέλλεις ἐπἄνδρας στρατεύεσθαι πολλὸν ἀμείνονας Σκύθας, οἳ κατὰ θάλασσάν τε ἄριστοι καὶ κατὰ γῆν λέγονται εἶναι. τὸ δὲ αὐτοῖσι ἔνεστι δεινόν, ἐμὲ σοὶ δίκαιον ἐστὶ φράζειν. (10B) ζεύξας φῂς τὸν Ἑλλήσποντον ἐλᾶν στρατὸν διὰ τῆς Εὐρώπης ἐς τὴν Ἑλλάδα. καὶ δὴ καὶ συνήνεικέ σε ἤτοι κατὰ γῆν καὶ κατὰ θάλασσαν ἑσσωθῆναι, καὶ κατἀμφότερα· οἱ γὰρ ἄνδρες λέγονται εἶναι ἄλκιμοι, πάρεστι δὲ καὶ σταθμώσασθαι, εἰ στρατιήν γε τοσαύτην σὺν Δάτι καὶ Ἀρταφρένεϊ ἐλθοῦσαν ἐς τὴν Ἀττικὴν χώρην μοῦνοι Ἀθηναῖοι διέφθειραν. (2) οὔκων ἀμφοτέρῃ σφι ἐχώρησε. ἀλλἢν τῇσι νηυσὶ ἐμβάλωσι καὶ νικήσαντες ναυμαχίῃ πλέωσι ἐς τὸν Ἑλλήσποντον καὶ ἔπειτα λύσωσι τὴν γέφυραν, τοῦτο δὴ βασιλεῦ γίνεται δεινόν. (10C) ἐγὼ δὲ οὐδεμιῇ σοφίῃ οἰκηίῃ αὐτὸς ταῦτα συμβάλλομαι, ἀλλοἷον κοτὲ ἡμέας ὀλίγου ἐδέησε καταλαβεῖν πάθος, ὅτε πατὴρ σὸς ζεύξας Βόσπορον τὸν Θρηίκιον, γεφυρώσας δὲ ποταμὸν Ἴστρον διέβη ἐπὶ Σκύθας. τότε παντοῖοι ἐγένοντο Σκύθαι δεόμενοι Ἰώνων λῦσαι τὸν πόρον, τοῖσι ἐπετέτραπτο φυλακὴ τῶν γεφυρέων τοῦ Ἴστρου. (2) καὶ τότε γε Ἱστιαῖος Μιλήτου τύραννος εἰ ἐπέσπετο τῶν ἄλλων τυράννων τῇ γνώμῃ μηδὲ ἠναντιώθη, διέργαστο ἂν τὰ Περσέων πρήγματα. καίτοι καὶ λόγῳ ἀκοῦσαι δεινόν, ἐπἀνδρί γε ἑνὶ πάντα τὰ βασιλέος πρήγματα γεγενῆσθαι. (10D) σὺ ὦν μὴ βούλευ ἐς κίνδυνον μηδένα τοιοῦτον ἀπικέσθαι μηδεμιῆς ἀνάγκης ἐούσης, ἀλλὰ ἐμοὶ πείθευ. νῦν μὲν τὸν σύλλογον τόνδε διάλυσον· αὖτις δέ, ὅταν τοι δοκέῃ, προσκεψάμενος ἐπὶ σεωυτοῦ προαγόρευε τά τοι δοκέει εἶναι ἄριστα. (2) τὸ γὰρ εὖ βουλεύεσθαι κέρδος μέγιστον εὑρίσκω ἐόν· εἰ γὰρ καὶ ἐναντιωθῆναί τι θέλει, βεβούλευται μὲν οὐδὲν ἧσσον εὖ, ἕσσωται δὲ ὑπὸ τῆς τύχης τὸ βούλευμα· δὲ βουλευσάμενος αἰσχρῶς, εἴ οἱ τύχη ἐπίσποιτο, εὕρημα εὕρηκε, ἧσσον δὲ οὐδέν οἱ κακῶς βεβούλευται. (10E) ὁρᾷς τὰ ὑπερέχοντα ζῷα ὡς κεραυνοῖ θεὸς οὐδὲ ἐᾷ φαντάζεσθαι, τὰ δὲ σμικρὰ οὐδέν μιν κνίζει· ὁρᾷς δὲ ὡς ἐς οἰκήματα τὰ μέγιστα αἰεὶ καὶ δένδρεα τὰ τοιαῦτα ἀποσκήπτει τὰ βέλεα· φιλέει γὰρ θεὸς τὰ ὑπερέχοντα πάντα κολούειν. οὕτω δὲ καὶ στρατὸς πολλὸς ὑπὸ ὀλίγου διαφθείρεται κατὰ τοιόνδε· ἐπεάν σφι θεὸς φθονήσας φόβον ἐμβάλῃ βροντήν, διὦν ἐφθάρησαν ἀναξίως ἑωυτῶν. οὐ γὰρ ἐᾷ φρονέειν μέγα θεὸς ἄλλον ἑωυτόν. (10F) ἐπειχθῆναι μέν νυν πᾶν πρῆγμα τίκτει σφάλματα, ἐκ τῶν ζημίαι μεγάλαι φιλέουσι γίνεσθαι· ἐν δὲ τῷ ἐπισχεῖν ἔνεστι ἀγαθά, εἰ μὴ παραυτίκα δοκέοντα εἶναι, ἀλλἀνὰ χρόνον ἐξεύροι τις ἄν. (10G) σοὶ μὲν δὴ ταῦτα βασιλεῦ συμβουλεύω· σὺ δέ, παῖ Γοβρύεω Μαρδόνιε, παῦσαι λέγων λόγους ματαίους περὶ Ἑλλήνων οὐκ ἐόντων ἀξίων φλαύρως ἀκούειν. Ἕλληνας γὰρ διαβάλλων ἐπαείρεις αὐτὸν βασιλέα στρατεύεσθαι· αὐτοῦ δὲ τούτου εἵνεκα δοκέεις μοι πᾶσαν προθυμίην ἐκτείνειν. μή νυν οὕτω γένηται. (2) διαβολὴ γὰρ ἐστὶ δεινότατον· ἐν τῇ δύο μὲν εἰσὶ οἱ ἀδικέοντες, εἷς δὲ ἀδικεόμενος. μὲν γὰρ διαβάλλων ἀδικέει οὐ παρεόντι κατηγορέων, δὲ ἀδικέει ἀναπειθόμενος πρὶν ἀτρεκέως ἐκμάθῃ· δὲ δὴ ἀπεὼν τοῦ λόγου τάδε ἐν αὐτοῖσι ἀδικέεται, διαβληθείς τε ὑπὸ τοῦ ἑτέρου καὶ νομισθεὶς πρὸς τοῦ ἑτέρου κακὸς εἶναι. (10H) ἀλλεἰ δὴ δεῖ γε πάντως ἐπὶ τοὺς ἄνδρας τούτους στρατεύεσθαι, φέρε, βασιλεὺς μὲν αὐτὸς ἐν ἤθεσι τοῖσι Περσέων μενέτω, ἡμέων δὲ ἀμφοτέρων παραβαλλομένων τὰ τέκνα, στρατηλάτεε αὐτὸς σὺ ἐπιλεξάμενός τε ἄνδρας τοὺς ἐθέλεις καὶ λαβὼν στρατιὴν ὁκόσην τινὰ βούλεαι. (2) καὶ ἢν μὲν τῇ σὺ λέγεις ἀναβαίνῃ βασιλέι τὰ πρήγματα, κτεινέσθων οἱ ἐμοὶ παῖδες, πρὸς δὲ αὐτοῖσι καὶ ἐγώ· ἢν δὲ τῇ ἐγὼ προλέγω, οἱ σοὶ ταῦτα πασχόντων, σὺν δέ σφι καὶ σύ, ἢν ἀπονοστήσῃς. (3) εἰ δὲ ταῦτα μὲν ὑποδύνειν οὐκ ἐθελήσεις, σὺ δὲ πάντως στράτευμα ἀνάξεις ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, ἀκούσεσθαι τινὰ φημὶ τῶν αὐτοῦ τῇδε ὑπολειπομένων Μαρδόνιον, μέγα τι κακὸν ἐξεργασάμενον Πέρσας, ὑπὸ κυνῶν τε καὶ ὀρνίθων διαφορεύμενον κου ἐν γῇ τῇ Ἀθηναίων σέ γε ἐν τῇ Λακεδαιμονίων, εἰ μὴ ἄρα καὶ πρότερον κατὁδόν, γνόντα ἐποἵους ἄνδρας ἀναγινώσκεις στρατεύεσθαι βασιλέα”. [7,10] X. Comme les Perses gardaient tous le silence, et que pas un n'osait proposer un avis contraire, Artabane, fils d'Hystaspes, oncle paternel de Xerxès, s'appuyant sur cette qualité, ouvrit le sien en ces termes : « Seigneur, lorsque dans un conseil les sentiments ne sont pas partagés, on ne peut choisir le meilleur; il faut s'en tenir à celui qu'on a proposé. Mais, quand ils le sont, on discerne le plus avantageux, de même qu'on ne distingue point l'or pur par lui-même, mais en le comparant avec d'autre or. Je conseillai au roi Darius, votre père et mon frère, de ne point faire la guerre aux Scythes, qui n'habitent point des villes. Flatté de l'espérance de subjuguer ces peuples nomades, il ne suivit pas mes conseils; il revint de son expédition après avoir perdu ses meilleures troupes. Et vous, seigneur, vous vous disposez à marcher contre des hommes plus braves que les Scythes, et qui passent pour être très habiles et sur terre et sur mer. Il est donc juste que je vous avertisse des dangers que vous aurez à essuyer. Vous dites qu'après avoir jeté un pont sur l'Hellespont vous traverserez l'Europe avec votre armée pour vous rendre en Grèce. Mais il peut arriver que nous soyons battus sur terre ou sur mer, ou même sur l'un et l'autre élément; car ces peuples ont la réputation d'être braves, et l'on peut conjecturer que cette réputation n'est pas mal fondée, puisque les Athéniens seuls ont défait cette puissante armée qui était entrée dans l'Attique sous la conduite de Datis et d'Artapherne. Mais supposons qu'ils ne réussissent pas à nous battre sur terre et sur mer à la fois ; s'ils nous attaquent seulement sur ce dernier élément, et qu'après nous avoir battus ils aillent rompre le pont que nous aurons construit sur l'Hellespont, nous serons alors, seigneur, dans un grand danger. Je ne fonde point cette conjecture sur ma prudence, mais sur le malheur qui pensa nous arriver lorsque le roi, votre père, ayant fait jeter un pont sur le Bosphore de Thrace et un autre sur l'lster passa dans la Scythie. Alors les Scythes firent mille instances aux Ioniens, à qui l'on avait confié la garde du pont de l'Ister, pour les engager à le rompre. Si, dans ce temps-là, Histiée, tyran de Milet, ne se fût point opposé à l'avis des autres tyrans, c'en était fait des Perses et de leur empire. On ne peut même entendre sans frémir que la fortune et le salut du roi aient dépendu d'un seul homme. Ne vous exposez donc point, je vous prie, seigneur, à de si grands périls, puisqu'il n'y a point de nécessité. Suivez plutôt mes conseils, congédiez maintenant cette assemblée, faites de nouvelles réflexions, et, quand vous le jugerez à propos, donnez les ordres qui vous paraîtront les plus utiles. Je trouve en effet qu'il y a un grand avantage à ne se déterminer qu'après une mûre délibération. Car quand même l'événement ne répondrait pas à notre attente, ou a du moins la satisfaction qu'on s'est décidé avec sagesse, et que c'est la fortune qui a triomphé de la prudence. Mais lorsqu'on a suivi des conseils peu sages, si la fortune les seconde, nous ne devons nos succès qu'au hasard, et la honte, suite de ces mauvais conseils, ne nous en reste pas moins. Ne voyez-vous pas que le dieu lance sa foudre sur les plus grands animaux, et qu'il les fait disparaître, tandis que les petits ne lui causent pas même la plus légère inquiétude? ne voyez-vous pas qu'elle tombe toujours sur les plus grands édifices et sur les arbres les plus élevés? car Dieu se plaît à abaisser, tout ce qui s'élève trop haut. Ainsi une grande armée est souvent taillée en pièces par une petite. Dieu, dans sa jalousie, lui envoie des terreurs, ou la frappe d'aveuglement, et conséquemment elle périt d'une manière indigne de sa première fortune. Car il ne permet pas qu'un autre que lui s'élève et se glorifie. La précipitation produit des fautes qui occasionnent des disgrâces éclatantes. Ce qu'on fait, au contraire, lentement, procure de grands avantages. Si on ne les aperçoit pas sur-le-champ, on les reconnaît du moins avec le temps. Voilà, seigneur, les conseils que j'ai à vous donner. Et vous, Mardonius, fils de Gobryas, cessez de tenir sur les Grecs de vains propos ; ils ne méritent pas qu'on en parle avec mépris. C'est en les calomniant que vous excitez le roi à marcher en personne contre ces peuples ; c'est du moins à quoi me paraissent tendre toutes vos vues, tout votre zèle. Au nom des dieux, ne vous permettez plus la calomnie; c'est le plus odieux des vices : c'est une injustice de deux personnes contre une troisième. Le calomniateur viole toutes les règles de l'équité, en ce qu'il accuse un absent. L'autre n'est pas moins coupable, en ce qu'il ajoute foi au calomniateur avant que d'être bien instruit. Enfin l'absent reçoit une double injure, en ce que l'un le dépeint sous de noires couleurs, et que l'autre le croit tel qu'on le lui représente. Mais, s'il faut absolument porter la guerre chez les Grecs, que le roi du moins reste en Perse, que nos enfants lui répondent de nos conseils. Quant à vous, Mardonius, prenez avec vous les meilleures troupes, et en aussi grand nombre que vous voudrez; mettez-vous à leur tête, et, si les affaires du roi prospèrent de la manière que vous le dites, qu'on m'ôte la vie à moi et à mes enfants. Mais, si elles ont le succès que je prédis, que les vôtres éprouvent le même traitement, et vous-même aussi, si vous revenez de cette expédition. Si vous ne voulez pas accepter cette condition, et que vous soyez absolument déterminé à marcher en Grèce, je ne crains point d'assurer que quelqu'un de ceux qui seront restés ici, connaissant la valeur des peuples contre lesquels vous conseillez au roi de faire la guerre, apprendra incessamment que Mardonios, après avoir causé aux Perses quelque grande calamité, aura servi de pâture aux chiens et aux oiseaux sur les terres des Athéniens, ou sur celles des Lacédémoniens, à moins que ce malheur ne lui arrive même en chemin, avant que d'être entré en Grèce.»
[7,11] Ἀρτάβανος μὲν ταῦτα ἔλεξε, Ξέρξης δὲ θυμωθεὶς ἀμείβεται τοῖσιδε. “Ἀρτάβανε, πατρὸς εἶς τοῦ ἐμοῦ ἀδελφεός· τοῦτό σε ῥύσεται μηδένα ἄξιον μισθὸν λαβεῖν ἐπέων ματαίων. καί τοι ταύτην τὴν ἀτιμίην προστίθημι ἐόντι κακῷ καὶ ἀθύμῳ, μήτε συστρατεύεσθαι ἔμοιγε ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα αὐτοῦ τε μένειν ἅμα τῇσι γυναιξί· ἐγὼ δὲ καὶ ἄνευ σέο ὅσα περ εἶπα ἐπιτελέα ποιήσω. (2) μὴ γὰρ εἴην ἐκ Δαρείου τοῦ Ὑστάσπεος τοῦ Ἀρσάμεος τοῦ Ἀριαράμνεω τοῦ Τεΐσπεος τοῦ Κύρου τοῦ Καμβύσεω τοῦ Τεΐσπεος τοῦ Ἀχαιμένεος γεγονώς, μὴ τιμωρησάμενος Ἀθηναίους, εὖ ἐπιστάμενος ὅτι εἰ ἡμεῖς ἡσυχίην ἄξομεν, ἀλλοὐκ ἐκεῖνοι, ἀλλὰ καὶ μάλα στρατεύσονται ἐπὶ τὴν ἡμετέρην, εἰ χρὴ σταθμώσασθαι τοῖσι ὑπαργμένοισι ἐξ ἐκείνων, οἳ Σάρδις τε ἐνέπρησαν καὶ ἤλασαν ἐς τὴν Ἀσίην. (3) οὔκων ἐξαναχωρέειν οὐδετέροισι δυνατῶς ἔχει, ἀλλὰ ποιέειν παθεῖν πρόκειται ἀγών, ἵνα τάδε πάντα ὑπὸ Ἕλλησι ἐκεῖνα πάντα ὑπὸ Πέρσῃσι γένηται· τὸ γὰρ μέσον οὐδὲν τῆς ἔχθρης ἐστί. (4) καλὸν ὦν προπεπονθότας ἡμέας τιμωρέειν ἤδη γίνεται, ἵνα καὶ τὸ δεινὸν τὸ πείσομαι τοῦτο μάθω, ἐλάσας ἐπἄνδρας τούτους, τούς γε καὶ Πέλοψ Φρύξ, ἐὼν πατέρων τῶν ἐμῶν δοῦλος, κατεστρέψατο οὕτω ὡς καὶ ἐς τόδε αὐτοί τε ὥνθρωποι καὶ γῆ αὐτῶν ἐπώνυμοι τοῦ καταστρεψαμένου καλέονται”. [7,11] XI. Ce discours mit Xerxès en fureur : « Si vous n'étiez point, lui répondit-il, frère de mon père, vous recevriez le salaire que méritent vos discours insensés. Mais comme vous êtes un lâche, un homme sans cœur, je vous ferai l'affront de ne vous point mener en Grèce, et je vous laisserai ici avec les femmes. J'exécuterai, et même sans vous, tous mes projets. Qu'on ne me regarde plus comme fils de Darius, qui comptait parmi ses ancêtres Hystaspes, Arsamès, Armnès, Teispès, Cyrus, Cambyse, Teispès et Achéménès, si je ne me venge pas des Athéniens. Je sais bien que si nous nous tenions tranquilles, ils ne s'y tiendraient pas, et que bientôt ils viendraient en armes sur nos terres, comme on peut le conjecturer par leurs premières entreprises, par l'incendie de Sardes, et par les courses qu'ils ont faites en Asie. Il n'est donc plus possible ni aux uns ni aux autres de reculer; la lice est ouverte: il faut que nous les attaquions ou qu'ils nous attaquent, que toutes ces contrées passent sous la domination des Grecs, ou que la Grèce entière passe sous la nôtre. Il n'y a point de milieu, l'inimitié des deux nations ne le permet pas. Il est beau de venger les injures que ces peuples nous ont faites les premiers, afin que j'apprenne quel si grand danger je dois redouter d'une nation que Pélops le Phrygien, qui était esclave de mes ancêtres, a tellement subjuguée, que le pays et ses habitants s'appellent encore aujourd'hui de son nom. »
[7,12] ταῦτα μὲν ἐπὶ τοσοῦτο ἐλέγετο. μετὰ δὲ εὐφρόνη τε ἐγίνετο καὶ Ξέρξην ἔκνιζε Ἀρταβάνου γνώμη· νυκτὶ δὲ βουλὴν διδοὺς πάγχυ εὕρισκέ οἱ οὐ πρῆγμα εἶναι στρατεύεσθαι ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα. δεδογμένων δέ οἱ αὖτις τούτων κατύπνωσε, καὶ δή κου ἐν τῇ νυκτὶ εἶδε ὄψιν τοιήνδε, ὡς λέγεται ὑπὸ Περσέων· ἐδόκεε Ξέρξης ἄνδρα οἱ ἐπιστάντα μέγαν τε καὶ εὐειδέα εἰπεῖν (2) “μετὰ δὴ βουλεύεαι, Πέρσα, στράτευμα μὴ ἄγειν ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, προείπας ἁλίζειν Πέρσας στρατόν; οὔτε ὦν μεταβουλευόμενος ποιέεις εὖ οὔτε συγγνωσόμενός τοι πάρα· ἀλλὥσπερ τῆς ἡμέρης ἐβουλεύσαο ποιέειν, ταύτην ἴθι τῶν ὁδῶν”. [7,12] XII. Tel fut le discours de Xerxès; mais, quand la nuit fut venue, l'avis d'Artabane commençant à l'inquiéter, il y fit de sérieuses réflexions, et comprit enfin qu'il ne lui était pas avantageux d'entreprendre une expédition contre la Grèce. Cette nouvelle résolution prise, il s'endormit, et, comme le disent les Perses, cette même nuit il eut une vision dans laquelle il lui sembla voir un homme d'une grande taille et d'une belle figure se présenter devant lui, et lui tenir ce discours : "Quoi donc, roi de Perse, tu ne veux plus porter la guerre en Grèce, après avoir ordonné à tes sujets de lever une armée! Tu as tort de changer ainsi de résolution, personne ne t'approuvera. Si tu m'en crois, tu suivras la route que tu t'étais proposé de tenir dans le jour." Ces paroles achevées, il lui sembla voir disparaître ce fantôme.
[7,13] τὸν μὲν ταῦτα εἰπόντα ἐδόκεε Ξέρξης ἀποπτάσθαι, ἡμέρης δὲ ἐπιλαμψάσης ὀνείρου μὲν τούτου λόγον οὐδένα ἐποιέετο, δὲ Περσέων συναλίσας τοὺς καὶ πρότερον συνέλεξε, ἔλεξέ σφι τάδε. (2) “ἄνδρες Πέρσαι, συγγνώμην μοι ἔχετε ὅτι ἀγχίστροφα βουλεύομαι· φρενῶν τε γὰρ ἐς τὰ ἐμεωυτοῦ πρῶτα οὔκω ἀνήκω, καὶ οἱ παρηγορεόμενοι ἐκεῖνα ποιέειν οὐδένα χρόνον μευ ἀπέχονται. ἀκούσαντι μέντοι μοι τῆς Ἀρταβάνου γνώμης παραυτίκα μὲν νεότης ἐπέζεσε, ὥστε ἀεικέστερα ἀπορρῖψαι ἔπεα ἐς ἄνδρα πρεσβύτερον χρεόν· νῦν μέντοι συγγνοὺς χρήσομαι τῇ ἐκείνου γνώμῃ. (3) ὡς ὦν μεταδεδογμένον μοι μὴ στρατεύεσθαι ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, ἥσυχοι ἔστε”. [7,13] XIII. Le jour venu, Xerxès, loin d'avoir égard à ce songe, convoqua les mêmes personnes qu'il avait assemblées la veille, et leur parla en ces termes: « Si vous me voyez changer si subitement de résolution, je vous prie de me le pardonner. Je ne suis point encore arrivé à ce point de prudence où je dois un jour parvenir; d'ailleurs je suis continuellement obsédé par ceux qui m'exhortent à l'entreprise dont je vous entretins hier. Lorsque j'ai entendu l'avis d'Artabane, je me suis laissé tout à coup emporter aux saillies d'une bouillante jeunesse, jusqu'à parler d'une manière moins convenable que je ne l'aurais dû à un homme de son âge. Mais je reconnais maintenant ma faute, et je veux suivre son conseil. Demeurez donc tranquilles, puisque j'ai changé de résolution et que j'ai renoncé à porter la guerre en Grèce. »
[7,14] Πέρσαι μὲν ὡς ἤκουσαν ταῦτα, κεχαρηκότες προσεκύνεον. νυκτὸς δὲ γενομένης αὖτις τὠυτὸ ὄνειρον τῷ Ξέρξῃ κατυπνωμένῳ ἔλεγε ἐπιστάν παῖ Δαρείου, καὶ δὴ φαίνεαι ἐν Πέρσῃσί τε ἀπειπάμενος τὴν στρατηλασίην καὶ τὰ ἐμὰ ἔπεα ἐν οὐδενὶ ποιησάμενος λόγῳ ὡς παροὐδενὸς ἀκούσας; εὖ νυν τόδἴσθι· ἤν περ μὴ αὐτίκα στρατηλατέῃς, τάδε τοι ἐξ αὐτῶν ἀνασχήσει· ὡς καὶ μέγας καὶ πολλὸς ἐγένεο ἐν ὀλίγῳ χρόνῳ, οὕτω καὶ ταπεινὸς ὀπίσω κατὰ τάχος ἔσεαι”. [7,14] XIV. Ravis de ce discours, les Perses se prosternèrent devant le roi. La nuit suivante, le même fantôme se présenta de nouveau à Xerxès pendant son sommeil, et lui parla ainsi : « Fils de Darius, tu as donc renoncé dans l'assemblée des Perses à l'expédition de Grèce, et tu ne tiens pas plus de compte de mes discours que si tu ne les avais jamais entendus. Mais si tu ne te mets incessamment en marche, apprends quelles seront les suites de ton obstination ; de grand et de puissant que tu es devenu en peu de temps, tu deviendras petit en aussi peu de temps. »


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Dernière mise à jour : 11/01/2006