HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Hérodote, Histoires, livre VII

Chapitres 45-49

  Chapitres 45-49

[7,45] ὡς δὲ ὥρα πάντα μὲν τὸν Ἑλλήσποντον ὑπὸ τῶν νεῶν ἀποκεκρυμμένον, πάσας δὲ τὰς ἀκτὰς καὶ τὰ Ἀβυδηνῶν πεδία ἐπίπλεα ἀνθρώπων, ἐνθαῦτα Ξέρξης ἑωυτὸν ἐμακάρισε, μετὰ δὲ τοῦτο ἐδάκρυσε. [7,45] XLV. En voyant l'Hellespont couvert de vaisseaux, le rivage entier et les plaines d'Abydos remplis de gens de guerre, il se félicita lui-même sur son bonheur; mais peu après il versa des larmes.
[7,46] μαθὼν δέ μιν Ἀρτάβανος πάτρως, ὃς τὸ πρῶτον γνώμην ἀπεδέξατο ἐλευθέρως οὐ συμβουλεύων Ξέρξῃ στρατεύεσθαι ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, οὗτος ὡνὴρ φρασθεὶς Ξέρξην δακρύσαντα εἴρετο τάδε. “ βασιλεῦ, ὡς πολλὸν ἀλλήλων κεχωρισμένα ἐργάσαο νῦν τε καὶ ὀλίγῳ πρότερον· μακαρίσας γὰρ σεωυτὸν δακρύεις”. (2) δὲ εἶπεἐσῆλθε γάρ με λογισάμενον κατοικτεῖραι ὡς βραχὺς εἴη πᾶς ἀνθρώπινος βίος, εἰ τούτων γε ἐόντων τοσούτων οὐδεὶς ἐς ἑκατοστὸν ἔτος περιέσται”. δὲ ἀμείβετο λέγωνἕτερα τούτου παρὰ τὴν ζόην πεπόνθαμεν οἰκτρότερα. (3) ἐν γὰρ οὕτω βραχέι βίῳ οὐδεὶς οὕτω ἄνθρωπος ἐὼν εὐδαίμων πέφυκε οὔτε τούτων οὔτε τῶν ἄλλων, τῷ οὐ παραστήσεται πολλάκις καὶ οὐκὶ ἅπαξ τεθνάναι βούλεσθαι μᾶλλον ζώειν. αἵ τε γὰρ συμφοραὶ προσπίπτουσαι καὶ αἱ νοῦσοι συνταράσσουσαι καὶ βραχὺν ἐόντα μακρὸν δοκέειν εἶναι ποιεῦσι τὸν βίον. (4) οὕτω μὲν θάνατος μοχθηρῆς ἐούσης τῆς ζόης καταφυγὴ αἱρετωτάτη τῷ ἀνθρώπῳ γέγονε, δὲ θεὸς γλυκὺν γεύσας τὸν αἰῶνα φθονερὸς ἐν αὐτῷ εὑρίσκεται ἐών”. [7,46] XLVI. Artabane, son oncle paternel, qui d'abord lui avait parlé librement sur la guerre de Grèce, et qui avait voulu l'en dissuader, s'étant aperçu de ses pleurs, lui tint ce discours : « Seigneur, votre conduite actuelle est bien différente de celle que vous teniez peu auparavant. Vous vous regardiez comme heureux, et maintenant vous versez des larmes. - Lorsque je réfléchis, répondit Xerxès, sur la brièveté de la vie humaine, et que de tant de milliers d'hommes il n'en restera pas un seul dans cent ans, je suis ému de compassion. - Nous éprouvons, dit Artabane, dans le cours de notre vie, des choses bien plus tristes que la mort même. Car, malgré sa brièveté, il n'y a point d'homme si heureux, soit parmi cette multitude, soit dans tout l'univers, à qui il ne vienne dans l'esprit, je ne dis pas une fois, mais souvent, de souhaiter de mourir. Les malheurs qui surviennent, les maladies qui nous troublent, font paraître la vie bien longue, quelque courte qu'elle soit. Dans une existence si malheureuse, l'homme soupire après la mort, et la regarde comme un port assuré. En assaisonnant notre vie de quelques plaisirs, le dieu fait bien voir sa jalousie.
[7,47] Ξέρξης δὲ ἀμείβετο λέγωνἈρτάβανε, βιοτῆς μέν νυν ἀνθρωπηίης πέρι, ἐούσης τοιαύτης οἵην περ σὺ διαιρέαι εἶναι, παυσώμεθα, μηδὲ κακῶν μεμνώμεθα χρηστὰ ἔχοντες πρήγματα ἐν χερσί, φράσον δέ μοι τόδε· εἴ τοι ὄψις τοῦ ἐνυπνίου μὴ ἐναργὴς οὕτω ἐφάνη, εἶχες ἂν τὴν ἀρχαίην γνώμην, οὐκ ἐῶν με στρατεύεσθαι ἐπὶ τὴν Ἑλλάδα, μετέστης ἄν ; φέρε τοῦτό μοι ἀτρεκέως εἰπέ”. (2) δὲ ἀμείβετο λέγων βασιλεῦ, ὄψις μὲν ἐπιφανεῖσα τοῦ ὀνείρου ὡς βουλόμεθα ἀμφότεροι τελευτήσειε, ἐγὼ δἔτι καὶ ἐς τόδε δείματος εἰμὶ ὑπόπλεος οὐδἐντὸς ἐμεωυτοῦ, ἄλλα τε πολλὰ ἐπιλεγόμενος καὶ δὴ καὶ ὁρῶν τοι δύο τὰ μέγιστα πάντων ἐόντα πολεμιώτατα”. [7,47] XLVII. - Artabane, reprit Xerxès, la vie de l'homme est telle que vous la présentez. Mais finissons un entretien si triste, lorsque nous avons devant nous tant de choses agréables. Dites-moi, je vous prie, si la vision que vous avez eue n'eût point été si claire, persisteriez-vous dans votre ancien sentiment? me dissuaderiez-vous encore de porter la guerre en Grèce, ou changeriez-vous d'avis? parlez sans rien déguiser. - Seigneur, dit Artabane, puisse la vision que nous avons eue avoir l'heureux accomplissement que nous désirons l'un et l'autre ! Mais encore à présent je suis extrêmement effrayé, et je ne me sens pas maître de moi-même, lorsque entre autres choses sur lesquelles je réfléchis j'en vois deux de la plus grande conséquence qui vous sont contraires.
[7,48] Ξέρξης δὲ πρὸς ταῦτα ἀμείβετο τοῖσιδε. “δαιμόνιε ἀνδρῶν, κοῖα ταῦτα λέγεις εἶναι δύο μοι πολεμιώτατα; κότερά τοι πεζὸς μεμπτὸς κατὰ πλῆθος ἐστὶ καὶ τὸ Ἑλληνικὸν στράτευμα φαίνεται πολλαπλήσιον ἔσεσθαι τοῦ ἡμετέρου, τὸ ναυτικὸν τὸ ἡμέτερον λείψεσθαι τοῦ ἐκείνων, καὶ συναμφότερα ταῦτα; εἰ γάρ τοι ταύτῃ φαίνεται ἐνδεέστερα εἶναι τὰ ἡμέτερα πρήγματα, στρατοῦ ἂν ἄλλου τις τὴν ταχίστην ἄγερσιν ποιέοιτο”. [7,48] XLVIII. - Quelles sont donc ces deux choses, reprit Xerxès, qui, à votre avis, me sont si contraires? Peut-on reprocher à l'armée de terre de n'être point assez nombreuse, et croyez-vous que les Grecs puissent nous en opposer une plus forte? trouvez-vous notre flotte inférieure à la leur? serait-ce enfin l'une et l'autre? Si nos armées vous paraissent trop peu considérables, on peut faire au plus tôt de nouvelles levées.
[7,49] δἀμείβετο λέγων βασιλεῦ, οὔτε στρατὸν τοῦτον, ὅστις γε σύνεσιν ἔχει, μέμφοιτἂν οὔτε τῶν νεῶν τὸ πλῆθος· ἢν δὲ πλεῦνας συλλέξῃς, τὰ δύο τοι τὰ λέγω πολλῷ ἔτι πολεμιώτερα γίνεται. τὰ δὲ δύο ταῦτα ἐστὶ γῆ τε καὶ θάλασσα. (2) οὔτε γὰρ τῆς θαλάσσης ἐστὶ λιμὴν τοσοῦτος οὐδαμόθι, ὡς ἐγὼ εἰκάζω, ὅστις ἐγειρομένου χειμῶνος δεξάμενός σευ τοῦτο τὸ ναυτικὸν φερέγγυος ἔσται διασῶσαι τὰς νέας. καίτοι οὐκὶ ἕνα αὐτὸν δεῖ εἶναι τὸν λιμένα, ἀλλὰ παρὰ πᾶσαν τὴν ἤπειρον παρἣν δὴ κομίζεαι. (3) οὔκων δὴ ἐόντων τοι λιμένων ὑποδεξίων, μάθε ὅτι αἱ συμφοραὶ τῶν ἀνθρώπων ἄρχουσι καὶ οὐκὶ ὥνθρωποι τῶν συμφορέων. καὶ δὴ τῶν δύο τοι τοῦ ἑτέρου εἰρημένου τὸ ἕτερον ἔρχομαι ἐρέων. (4) γῆ δὲ πολεμίη τῇδέ τοι κατίσταται· εἰ θέλει τοι μηδὲν ἀντίξοον καταστῆναι, τοσούτῳ τοι γίνεται πολεμιωτέρη ὅσῳ ἂν προβαίνῃς ἑκαστέρω, τὸ πρόσω αἰεὶ κλεπτόμενος· εὐπρηξίης δὲ οὐκ ἔστι ἀνθρώποισι οὐδεμία πληθώρη. (5) καὶ δή τοι, ὡς οὐδενὸς ἐναντιευμένου, λέγω τὴν χώρην πλεῦνα ἐν πλέονι χρόνῳ γινομένην λιμὸν τέξεσθαι. ἀνὴρ δὲ οὕτω ἂν εἴη ἄριστος, εἰ βουλευόμενος μὲν ἀρρωδέοι, πᾶν ἐπιλεγόμενος πείσεσθαι χρῆμα, ἐν δὲ τῷ ἔργῳ θρασὺς εἴη”. [7,49] XLIX. - Seigneur, reprit Artabane, il n'y a point d'homme, du moins en son bon sens, qui puisse reprocher à vos armées de terre et de mer de n'être point assez nombreuses. Si vous faites de nouvelles levées, les deux choses dont je parle vous seront encore beaucoup plus contraires. Ces deux choses sont la terre et la mer. En effet, s'il s'élève une tempête, il n'y a point, comme je le conjecture, de port au monde assez vaste pour contenir votre flotte, et pour la mettre en sûreté. Mais il ne suffit pas qu'il y ait un seul port, il faut encore qu'il y en ait de pareils dans tous les pays où vous irez. Or, comme vous n'avez point de ports commodes, sachez, seigneur, que nous sommes à la merci des événements fortuits, et que nous ne leur commandons point. Voilà donc une des deux choses qui vous sont ennemies. Passons à l'autre. La terre ne vous le sera pas moins que la mer; en voici la preuve. Si rien ne s'oppose à vos conquêtes, elle vous sera d'autant plus contraire que vous irez plus en avant, et que vous avancerez toujours insensiblement et sans vous en apercevoir. Car les hommes ne sont jamais rassasiés d'heureux succès. Ainsi, quand même vous ne trouveriez point d'obstacle à vos conquêtes, leur étendue et le temps qu'il vous y faudra employer amèneront la famine. Le sage craint dans ses délibérations, et réfléchit sur tous les événements fâcheux qui peuvent survenir ; mais, dans l'exécution, il est hardi et intrépide.


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Dernière mise à jour : 11/01/2006