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[6,35] ἐν δὲ τῇσι Ἀθήνῃσι τηνικαῦτα εἶχε μὲν τὸ πᾶν κράτος Πεισίστρατος, ἀτὰρ
ἐδυνάστευέ γε καὶ Μιλτιάδης ὁ Κυψέλου ἐὼν οἰκίης τεθριπποτρόφου, τὰ μὲν
ἀνέκαθεν ἀπ᾽ Αἰακοῦ τε καὶ Αἰγίνης γεγονώς, τὰ δὲ νεώτερα Ἀθηναῖος, Φιλαίου τοῦ
Αἴαντος παιδὸς γενομένου πρώτου τῆς οἰκίης ταύτης Ἀθηναίου. (2) οὗτος ὁ Μιλτιάδης
κατήμενος ἐν τοῖσι προθύροισι τοῖσι ἑωυτοῦ, ὁρέων τοὺς Δολόγκους παριόντας
ἐσθῆτα ἔχοντας οὐκ ἐγχωρίην καὶ αἰχμὰς προσεβώσατο καί σφι προσελθοῦσι
ἐπηγγείλατο καταγωγὴν καὶ ξείνια. οἳ δὲ δεξάμενοι καὶ ξεινισθέντες ὑπ᾽ αὐτοῦ
ἐξέφαινον πᾶν τὸ μαντήιον, ἐκφήναντες δὲ ἐδέοντο αὐτοῦ τῷ θεῷ μιν πείθεσθαι. (3)
Μιλτιάδεα δὲ ἀκούσαντα παραυτίκα ἔπεισε ὁ λόγος οἷα ἀχθόμενόν τε τῇ
Πεισιστράτου ἀρχῇ καὶ βουλόμενον ἐκποδὼν εἶναι. αὐτίκα δὲ ἐστάλη ἐς Δελφούς,
ἐπειρησόμενος τὸ χρηστήριον εἰ ποιοίη τά περ αὐτοῦ οἱ Δόλογκοι προσεδέοντο.
| [6,35] Pisistrate jouissait alors à Athènes de la souveraine puissance.
Miltiade y avait aussi quelque autorité. Il était d'une maison où l'on
entretenait quatre chevaux pour les jeux olympiques; sa
naissance était illustre. Il remontait à Aeacus et à Aegine ; mais,
dans les temps plus récents, cette famille s'était naturalisée à Athènes
depuis Philée, fils d'Ajax, le premier de cette famille. qui soit devenu
citoyen de cette ville. Miltiade, étant un jour assis devant sa porte, vit
passer les Dolonces. Il reconnut, à leur habit et à leurs piques, qu'ils
étaient étrangers. Il les appela, et, lorsqu'ils se furent approchés, il
leur offrit sa maison, et les présents qu'on a coutume de faire à des
hôtes. Les Dolonces ayant accepté ses offres, et se voyant bien traités,
lui découvrirent l'oracle, et le prièrent d'obéir au dieu. Ce discours le
persuada d'autant plus aisément, qu'il était affligé de la domination de
Pisistrate, et qu'il souhaitait s'éloigner de sa patrie. Il alla sur-le-champ
à Delphes demander à l'oracle s'il se rendrait aux prières des Dolonces.
| [6,36] κελευούσης δὲ καὶ τῆς Πυθίης, οὕτω δὴ Μιλτιάδης ὁ Κυψέλου, Ὀλύμπια
ἀναραιρηκὼς πρότερον τούτων τεθρίππῳ, τότε παραλαβὼν Ἀθηναίων πάντα τὸν
βουλόμενον μετέχειν τοῦ στόλου ἔπλεε ἅμα τοῖσι Δολόγκοισι, καὶ ἔσχε τὴν χώρην· καί
μιν οἱ ἐπαγαγόμενοι τύραννον κατεστήσαντο. (2) ὁ δὲ πρῶτον μὲν ἀπετείχισε τὸν
ἰσθμὸν τῆς Χερσονήσου ἐκ Καρδίης πόλιος ἐς Πακτύην, ἵνα μὴ ἔχοιεν σφέας οἱ
Ἀψίνθιοι δηλέεσθαι ἐσβάλλοντες ἐς τὴν χώρην. εἰσὶ δὲ οὗτοι στάδιοι ἕξ τε καὶ
τριήκοντα τοῦ ἰσθμοῦ· ἀπὸ δὲ τοῦ ἰσθμοῦ τούτου ἡ Χερσόνησος ἔσω πᾶσα ἐστὶ
σταδίων εἴκοσι καὶ τετρακοσίων τὸ μῆκος.
| [6,36] La Pythie le lui ayant aussi ordonné, Miltiade, fils de Cypsélus,
qui auparavant avait remporté aux jeux olympiques le prix de la course
du char à quatre chevaux, prit avec lui tous les Athéniens qui voulurent
avoir part à cette expédition, et, s'étant embarqué avec eux et avec les
Dolonces, il s'empara du pays, et fut mis en possession de la tyrannie
par ceux qui l'avaient amené. Il commença par fermer d'un mur
l'isthme de la Chersonèse, depuis la ville de Cardia jusqu'à celle de
Pactye, afin d'en interdire l'entrée aux Apsinthiens, et de les empêcher
de la ravager. L'isthme, en cet endroit, a trente-six stades; et la
longueur de la Chersonèse entière, à compter de l'isthme, est de
quatre cent vingt.
| [6,37] ἀποτειχίσας ὦν τὸν αὐχένα τῆς Χερσονήσου ὁ Μιλτιάδης καὶ τοὺς Ἀψινθίους
τρόπῳ τοιούτῳ ὠσάμενος, τῶν λοιπῶν πρώτοισι ἐπολέμησε Λαμψακηνοῖσι· καί μιν οἱ
Λαμψακηνοὶ λοχήσαντες αἱρέουσι ζωγρίῃ. ἦν δὲ ὁ Μιλτιάδης Κροίσῳ τῷ Λυδῷ ἐν
γνώμῃ γεγονώς· πυθόμενος ὦν ὁ Κροῖσος ταῦτα, πέμπων προηγόρευε τοῖσι
Λαμψακηνοῖσι μετιέναι Μιλτιάδεα· εἰ δὲ μή σφεας πίτυος τρόπον ἀπείλεε ἐκτρίψειν.
(2) πλανωμένων δὲ τῶν Λαμψακηνῶν ἐν τοῖσι λόγοισι τὸ θέλει τὸ ἔπος εἶναι τό σφι
ἀπείλησε ὁ Κροῖσος, πίτυος τρόπον ἐκτρίψειν, μόγις κοτὲ μαθὼν τῶν τις πρεσβυτέρων
εἶπε τὸ ἐόν, ὅτι πίτυς μούνη πάντων δενδρέων ἐκκοπεῖσα βλαστὸν οὐδένα μετιεῖ ἀλλὰ
πανώλεθρος ἐξαπόλλυται. δείσαντες ὦν οἱ Λαμψακηνοὶ Κροῖσον λύσαντες μετῆκαν
Μιλτιάδεα.
| [6,37] Après avoir fermé le col de la Chersonèse par un mur qui la
mettait à l'abri des incursions des Apsinthiens, les Lampsacéniens
furent les premiers que Miltiade attaqua. Mais ils le firent prisonnier
dans une embuscade qu'ils lui dressèrent. Crésus, roi de Lydie, dont il
était aimé, ne l'eut pas plutôt appris, qu'il envoya ordre à ceux de
Lampsaque de le relâcher, avec menaces de les détruire comme des
pins, s'ils ne le faisaient pas. Les Lampsaceniens, incertains, ne
comprenaient rien à la menace de ce prince ; mais un vieillard qui
en saisit enfin le sens, quoique avec bien de la peine, leur en donna
l'explication. De tous les arbres, dit-il, le pin est le seul qui, étant une
fois coupé, ne pousse plus de rejetons et périt tout à fait. Sur
cette menace, les Lampsacéniens, qui redoutaient la puissance de
Crésus, le remirent en liberté.
| [6,38] οὗτος μὲν δὴ διὰ Κροῖσον ἐκφεύγει, μετὰ δὲ τελευτᾷ ἄπαις, τὴν ἀρχήν τε καὶ τὰ
χρήματα παραδοὺς Στησαγόρῃ τῷ Κίμωνος ἀδελφεοῦ παιδὶ ὁμομητρίου. καί οἱ
τελευτήσαντι Χερσονησῖται θύουσι ὡς νόμος οἰκιστῇ, καὶ ἀγῶνα ἱππικόν τε καὶ
γυμνικὸν ἐπιστᾶσι, ἐν τῷ Λαμψακηνῶν οὐδενὶ ἐγγίνεται ἀγωνίζεσθαι. (2) πολέμου δὲ
ἐόντος πρὸς Λαμψακηνοὺς καὶ Στησαγόρεα κατέλαβε ἀποθανεῖν ἄπαιδα, πληγέντα
τὴν κεφαλὴν πελέκεϊ ἐν τῷ πρυτανηίῳ πρὸς ἀνδρὸς αὐτομόλου μὲν τῷ λόγῳ
πολεμίου δὲ καὶ ὑποθερμοτέρου τῷ ἔργῳ.
| [6,38] Miltiade en eut obligation à ce prince. Il mourut dans la suite
sans enfants; laissant sa principauté et ses richesses à son neveu
Stésagoras, fils de Cimon son frère utérin. Depuis sa mort, les
habitants de la Chersonèse lui offrent des sacrifices, comme c'est
l'usage d'en l'aire à un fondateur ; et ils ont institué en son honneur
des courses de chars et des jeux gymniques, où il n'est point permis
aux Lampsacéniens de disputer le prix. On était encore en guerre
contre ceux de Lampsaque, lorsque Stésagoras mourut aussi sans
enfants, d'un coup de hache à la tête, que lui donna, dans le Prytanée,
un homme qui passait pour un transfuge, mais qui au fond était un
ennemi violent.
| [6,39] τελευτήσαντος δὲ καὶ Στησαγόρεω τρόπῳ τοιῷδε, ἐνθαῦτα Μιλτιάδεα τὸν
Κίμωνος, Στησαγόρεω δὲ τοῦ τελευτήσαντος ἀδελφεόν, καταλαμψόμενον τὰ
πρήγματα ἐπὶ Χερσονήσου ἀποστέλλουσι τριήρεϊ οἱ Πεισιστρατίδαι, οἵ μιν καὶ ἐν
Ἀθήνῃσι ἐποίευν εὖ ὡς οὐ συνειδότες δῆθεν τοῦ πατρὸς Κίμωνος αὐτοῦ τὸν θάνατον,
τὸν ἐγὼ ἐν ἄλλῳ λόγῳ σημανέω ὡς ἐγένετο. (2) Μιλτιάδης δὲ ἀπικόμενος ἐς τὴν
Χερσόνησον εἶχε κατ᾽ οἴκους, τὸν ἀδελφεὸν Στησαγόρεα δηλαδὴ ἐπιτιμέων. οἱ δὲ
Χερσονησῖται πυνθανόμενοι ταῦτα συνελέχθησαν ἀπὸ πασέων τῶν πολίων οἱ
δυναστεύοντες πάντοθεν, κοινῷ δὲ στόλῳ ἀπικόμενοι ὡς συλλυπηθησόμενοι
ἐδέθησαν ὑπ᾽ αὐτοῦ. Μιλτιάδης τε δὴ ἴσχει τὴν Χερσόνησον, πεντακοσίους βόσκων
ἐπικούρους, καὶ γαμέει Ὀλόρου τοῦ Θρηίκων βασιλέος τὴν θυγατέρα Ἡγησιπύλην.
| [6,39] Stésagoras ayant péri de cette manière, les Pisistratides
envoyèrent sur une trirème, dans la Chersonèse, Miltiade, fils de
Cimon, et frère de Stésagoras qui venait de mourir, afin qu'il prît en
main les rênes du gouvernement. Ils l'avaient déjà traité avec
bienveillance à Athènes, comme s'ils n'eussent point eu part au
meurtre de son père Cimon, dont je rapporterai ailleurs les
circonstances. Miltiade, étant arrivé dans la Chersonèse, se tint
renfermé dans son palais, sous prétexte d'honorer la mémoire de son
frère. Sur cette nouvelle, tous ceux qui jouissaient de quelque autorité
dans la Chersonèse s'étant rassemblés de toutes les villes, et étant
venus ensemble le trouver pour prendre part à sa douleur, il les fit
arrêter : par ce moyen, et en entretenant une garde de cinq cents
hommes, il devint maître absolu dans la Chersonèse. Il épousa
Hégésipyle, fille d'Olorus, roi de Thrace.
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