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[6,30] εἰ μέν νυν, ὡς ἐζωγρήθη, ἄχθη ἀγόμενος παρὰ βασιλέα Δαρεῖον, ὁ δὲ οὔτ᾽ ἂν
ἔπαθε κακὸν οὐδὲν δοκέειν ἐμοί, ἀπῆκέ τ᾽ ἂν αὐτῷ τὴν αἰτίην· νῦν δέ μιν αὐτῶν τε
τούτων εἵνεκα καὶ ἵνα μὴ διαφυγὼν αὖτις μέγας παρὰ βασιλέι γένηται, Ἀρταφρένης
τε ὁ Σαρδίων ὕπαρχος καὶ ὁ λαβὼν Ἅρπαγος, ὡς ἀπίκετο ἀγόμενος ἐς Σάρδις, τὸ μὲν
αὐτοῦ σῶμα αὐτοῦ ταύτῃ ἀνεσταύρωσαν, τὴν δὲ κεφαλὴν ταριχεύσαντες ἀνήνεικαν
παρὰ βασιλέα Δαρεῖον ἐς Σοῦσα. (2) Δαρεῖος δὲ πυθόμενος ταῦτα καὶ ἐπαιτιησάμενος
τοὺς ταῦτα ποιήσαντας ὅτι μιν οὐ ζώοντα ἀνήγαγον ἐς ὄψιν τὴν ἑωυτοῦ, τὴν κεφαλὴν
τὴν Ἱστιαίου λούσαντάς τε καὶ περιστείλαντας εὖ ἐνετείλατο θάψαι ὡς ἀνδρὸς
μεγάλως ἑωυτῷ τε καὶ Πέρσῃσι εὐεργέτεω.
| [6,30] Si on l'eût mené à Darius dès qu'il fut fait prisonnier, je pense
que, loin d'éprouver aucun fâcheux traitement, ce prince lui aurait
pardonné sa révolte. Ce fut aussi par cette raison, et de crainte qu'au
lieu d'être puni il ne reprît son ancienne faveur auprès de Darius,
qu'Artapherne, gouverneur de Sardes, et Harpage, dont il était
prisonnier, le firent mettre en croix aussitôt après qu'on l'eut amené à
Sardes. On sala ensuite sa tête, et on l'envoya à Suses à Darius. Ce
prince, ayant appris ce qui s'était passé, s'en plaignit amèrement aux
auteurs de cette action, et fut très fâché de ce qu'on ne le lui avait pas
amené vivant. Après avoir fait laver cette tête, il voulut qu'on
l'ensevelit honorablement et qu'on lui donnât la sépulture, comme
étant celle d'un homme qui avait rendu de grands services aux Perses
et à lui-même. Tel fut le sort d'Histiée.
| [6,31] τὰ μὲν περὶ Ἱστιαῖον οὕτω ἔσχε. ὁ δὲ ναυτικὸς στρατὸς ὁ Περσέων χειμερίσας
περὶ Μίλητον, τῷ δευτέρῳ ἔτεϊ ὡς ἀνέπλωσε, αἱρέει εὐπετέως τὰς νήσους τὰς πρὸς τῇ
ἠπείρῳ κειμένας, Χίον καὶ Λέσβον καὶ Τένεδον. ὅκως δὲ λάβοι τινὰ τῶν νήσων, ὡς
ἑκάστην αἱρέοντες οἱ βάρβαροι ἐσαγήνευον τοὺς ἀνθρώπους. (2) σαγηνεύουσι δὲ
τόνδε τὸν τρόπον· ἀνὴρ ἀνδρὸς ἁψάμενος τῆς χειρὸς ἐκ θαλάσσης τῆς βορηίης ἐπὶ τὴν
νοτίην διήκουσι, καὶ ἔπειτα διὰ πάσης τῆς νήσου διέρχονται ἐκθηρεύοντες τοὺς
ἀνθρώπους. αἵρεον δὲ καὶ τὰς ἐν τῇ ἠπείρῳ πόλιας τὰς Ἰάδας κατὰ ταὐτά, πλὴν οὐκ
ἐσαγήνευον τοὺς ἀνθρώπους· οὐ γὰρ οἷά τ᾽ ἦν.
| [6,31] La flotte des Perses, qui avait passé l'hiver aux environs de
Milet, ayant remis à la voile la seconde année, prit aisément les îles
voisines du continent, celles de Chios, de Lesbos, de Ténédos. Quand
ils voulaient en prendre une, ils en enveloppaient les habitants comme
dans un filet, de manière qu'ils ne pouvaient leur échapper. Voici
comment cela se pratique. Ils se tiennent les uns les autres par la
main, et, étendant, leur ligne depuis la partie de la mer qui est au nord
jusqu'à celle qui regarde le sud, ils parcourent l'île entière, et vont
ainsi à la chasse des hommes. Ils s'emparèrent aussi avec la même
facilité des villes ioniennes de la terre ferme; mais ils n'en prenaient
pas de même les habitants, cela n'était pas possible.
| [6,32] ἐνθαῦτα Περσέων οἱ στρατηγοὶ οὐκ ἐψεύσαντο τὰς ἀπειλὰς τὰς ἐπηπείλησαν
τοῖσι Ἴωσι στρατοπεδευομένοισι ἐναντία σφίσι. ὡς γὰρ δὴ ἐπεκράτησαν τῶν πολίων,
παῖδάς τε τοὺς εὐειδεστάτους ἐκλεγόμενοι ἐξέταμνον καὶ ἐποίευν ἀντὶ εἶναι ἐνόρχιας
εὐνούχους καὶ παρθένους τὰς καλλιστευούσας ἀνασπάστους παρὰ βασιλέα· ταῦτά τε
δὴ ἐποίευν καὶ τὰς πόλιας ἐνεπίμπρασαν αὐτοῖσι τοῖσι ἱροῖσι. οὕτω τε τὸ τρίτον Ἴωνες
κατεδουλώθησαν, πρῶτον μὲν ὑπὸ Λυδῶν, δὶς δὲ ἐπεξῆς τότε ὑπὸ Περσέων.
| [6,32] Les généraux perses effectuèrent alors les menaces qu'ils
avaient faites aux Ioniens, lorsque les deux armées étaient en
présence. En effet, ils ne se furent pas plutôt rendus maîtres de leurs
villes, qu'ils choisirent les plus beaux enfants pour en faire des
eunuques, qu'ils arrachèrent les plus belles filles des bras de leurs
mères pour les envoyer au roi, et que, non contents de cela, ils mirent
le feu à leurs villes et à leurs temples. Les Ioniens furent ainsi
subjugués pour la troisième fois ; ils l'avaient été la première par les
Lydiens, et dans la suite ils le furent deux fois par les Perses.
| [6,33] ἀπὸ δὲ Ἰωνίης ἀπαλλασσόμενος ὁ ναυτικὸς στρατὸς τὰ ἐπ᾽ ἀριστερὰ ἐσπλέοντι
τοῦ Ἑλλησπόντου αἵρεε πάντα· τὰ γὰρ ἐπὶ δεξιὰ αὐτοῖσι τοῖσι Πέρσῃσι ὑποχείρια ἦν
γεγονότα κατ᾽ ἤπειρον. εἰσὶ δὲ αἱ ἐν τῇ Εὐρώπῃ αἵδε τοῦ Ἑλλησπόντου, Χερσόνησός
τε, ἐν τῇ πόλιες συχναὶ ἔνεισι, καὶ Πέρινθος καὶ τὰ τείχεα τὰ ἐπὶ Θρηίκης καὶ
Σηλυμβρίη τε καὶ Βυζάντιον. (2) Βυζάντιοι μέν νυν καὶ οἱ πέρηθε Καλχηδόνιοι οὐδ᾽
ὑπέμειναν ἐπιπλέοντας τοὺς Φοίνικας, ἀλλ᾽ οἴχοντο ἀπολιπόντες τὴν σφετέρην ἔσω
ἐς τὸν Εὔξεινον πόντον, καὶ ἐνθαῦτα πόλιν Μεσαμβρίην οἴκησαν. οἱ δὲ Φοίνικες
κατακαύσαντες ταύτας τὰς χώρας τὰς καταλεχθείσας τρέπονται ἐπί τε Προκόννησον
καὶ Ἀρτάκην, πυρὶ δὲ καὶ ταύτας νείμαντες ἔπλεον αὖτις ἐς τὴν Χερσόνησον
ἐξαιρήσοντες τὰς ἐπιλοίπους τῶν πολίων, ὅσας πρότερον προσσχόντες οὐ κατέσυραν.
(3) ἐπὶ δὲ Κύζικον οὐδὲ ἔπλωσαν ἀρχήν· αὐτοὶ γὰρ Κυζικηνοὶ ἔτι πρότερον τοῦ
Φοινίκων ἐσπλόου ἐγεγόνεσαν ὑπὸ βασιλέϊ, Οἰβάρεϊ τῷ Μεγαβάζου ὁμολογήσαντες
τῷ ἐν Δασκυλείῳ ὑπάρχῳ.
| [6,33] La flotte passa des côtes de l'Ionie à celles de l'Hellespont, et
soumit tout ce qui s'y trouve à gauche. Les pays à droite sur le
continent l'avaient été auparavant par les Perses. Elle s'empara, dans
la partie de l'Hellespont qui est en Europe, de la Chersonèse et de ses
villes, de Périnthe, des châteaux qui sont en Thrace, de Sélybrie et de
Byzance. Les Byzantins et les Chalcédoniens, qui habitent sur le rivage
opposé, n'attendirent pas la flotte phénicienne; ils quittèrent leurs
villes, et s'enfuirent sur les côtes du Pont-Euxin, où ils fondèrent la
ville de Mésembria. Les Phéniciens, ayant parcouru ces pays la flamme
à la main, tournèrent du côté de Proconnèse et d'Artacé, et les
brûlèrent aussi. Ils revinrent ensuite dans la Chersonèse, pour détruire
toutes les villes qu'ils avaient épargnées à leur premier abord. Mais ils
n'allèrent point à Cyzique. Ses habitants avaient prévenu leur arrivée,
en rentrant dans l'obéissance du roi par un traité qu'ils tirent avec
Oebarès, fils de Mégabyse, gouverneur de Dascylium. Quant à la
Chersonèse, les Phéniciens en subjuguèrent toutes les villes, excepté
Cardia.
| [6,34] τῆς δὲ Χερσονήσου πλὴν Καρδίης πόλιος τὰς ἄλλας πάσας ἐχειρώσαντο οἱ
Φοίνικες. ἐτυράννευε δὲ αὐτέων μέχρι τότε Μιλτιάδης ὁ Κίμωνος τοῦ Στησαγόρεω,
κτησαμένου τὴν ἀρχὴν ταύτην πρότερον Μιλτιάδεω τοῦ Κυψέλου τρόπῳ τοιῷδε. εἶχον
Δόλογκοι Θρήικες τὴν Χερσόνησον ταύτην. οὗτοι ὦν οἱ Δόλογκοι πιεσθέντες πολέμῳ
ὑπὸ Ἀψινθίων ἐς Δελφοὺς ἔπεμψαν τοὺς βασιλέας περὶ τοῦ πολέμου χρησομένους. (2)
ἡ δὲ Πυθίη σφι ἀνεῖλε οἰκιστὴν ἐπάγεσθαι ἐπὶ τὴν χώρην τοῦτον ὃς ἂν σφέας
ἀπιόντας ἐκ τοῦ ἱροῦ πρῶτος ἐπὶ ξείνια καλέσῃ. ἰόντες δὲ οἱ Δόλογκοι τὴν ἱρὴν ὁδὸν
διὰ Φωκέων τε καὶ Βοιωτῶν ἤισαν· καί σφεας ὡς οὐδεὶς ἐκάλεε, ἐκτρέπονται ἐπ᾽
Ἀθηνέων.
| [6,34] Miltiade, fils de Cimon et petit-fils de Stésagoras, était alors
tyran de ces villes; il les tenait de Miltiade, fils de Cypsélus, qui en
avait acquis précédemment la souveraineté de la manière que je vais
le raconter. Les Dolonces, peuple de Thrace, étaient en possession de
cette Chersonèse. Vexés par les Apsinthiens, avec qui ils étaient en
guerre, ils envoyèrent leurs rois à Delphes pour consulter l'oracle. La
Pythie leur répondit d'engager à mener une colonie dans leur pays le
premier homme qui, au sortir du temple, les inviterait à loger dans sa
maison. Les Dolonces s'en retournèrent par la voie Sacrée,
traversèrent la Phocide et la Béotie ; et comme personne ne leur
offrait l'hospitalité, ils tournèrent du côté d'Athènes.
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