[8,6] τοιούτῳ μὲν δὴ τέλει ὁ Μαξιμῖνος καὶ ὁ παῖς αὐτοῦ
ἐχρήσαντο, δίκας πονηρᾶς ἀρχῆς ὑποσχόντες· ὁ δὲ στρατὸς
πᾶς ὡς ἐπύθετο τὰ γενόμενα, ἔν τε ἀφασίᾳ ἦσαν
καὶ οὐ πάνυ τι τῷ πραχθέντι πάντες ἠρέσκοντο, καὶ
μάλιστά γε οἱ Παίονες καὶ ὅσοι βάρβαροι Θρᾷκες, οἳ
καὶ τὴν ἀρχὴν αὐτῷ ἐγκεχειρίκεσαν. πλὴν τοῦ ἔργου
ἅπαξ γεγονότος ἄκοντες μέν, ἔφερον δέ· ἀνάγκη τε ἦν
συνήδεσθαι τοῖς πραχθεῖσιν ὑποκρινομένους. καταθέμενοί
τε τὰ ὅπλα ἐν εἰρηνικῷ σχήματι προσῄεσαν τοῖς
τείχεσι τοῖς Ἀκυλησίων, ἀγγέλλοντες τὸν φόνον τοῦ
Μαξιμίνου· τὰς δὲ πύλας ἀνοίγειν ἠξίουν, δέχεσθαι τε
φίλους τοὺς χθὲς ἐχθρούς. οἱ δὲ τῶν Ἀκυλησίων στρατηγοὶ τὰς μὲν
πύλας ἀνοῖξαι οὐκ ἐπέτρεψαν, προθέντες
δὲ τὰς εἰκόνας Μαξίμου καὶ Βαλβίνου Γορδιανοῦ τε
Καίσαρος στεφάνοις καὶ δάφναις κεκοσμημένας αὐτοί τε
εὐφήμουν, καὶ τοὺς στρατιώτας ἠξίουν γνωρίσαι καὶ
ἀνειπεῖν εὐφημῆσαί τε τοὺς ὑπὸ Ῥωμαίων καὶ συγκλήτου
ἀναδειχθέντας αὐτοκράτορας. Γορδιανοὺς δὲ ἔλεγον ἐκείνους ἐς
οὐρανὸν καὶ θεὸν ἀνακεχωρηκέναι.
προύθεσάν τε ὑπὲρ τῶν τειχῶν ἀγοράν, ὤνιον παρέχοντες πάντων τῶν
ἐπιτηδείων τροφῶν τε παντοδαπῶν καὶ ποτῶν ἀφθονίαν, ἐσθῆτός τε
καὶ ὑποδημάτων, καὶ ὅσα ἐδύνατο παρέχειν ἐς χρῆσιν ἀνθρώποις
πόλις εὐδαιμονοῦσα καὶ ἀκμάζουσα. ὅθεν καὶ μᾶλλον
ἐξεπλάγη ὁ στρατός, συνεὶς ὅτι τοῖς μὲν πάντα αὐτάρκη
ἦν, εἰ καὶ ἐπὶ πλέον πολιορκοῖντο, αὐτοὶ δὲ ἐν σπάνει
πάντων τῶν ἐπιτηδείων θᾶττον ἂν διεφθάρησαν ἢ
εἷλον πάντα ἔχουσαν πόλιν. ὁ δὲ στρατὸς ἔμενε περὶ
τοῖς τείχεσιν, ἔχων τὰ χρειώδη, ἅπερ ἀπὸ τῶν τειχῶν
ἐλάμβανον, ὅσα ἕκαστος ἐβούλετο· διελέγοντό τε ἀλλήλοις. καὶ ἦν
εἰρήνης μὲν καὶ φιλίας διάθεσις, σχῆμα
δὲ ἔτι πολιορκίας, τῶν τειχῶν κεκλεισμένων καὶ τοῦ
στρατοῦ περὶ αὐτὰ διαιτωμένου.
τὰ μὲν οὖν κατὰ τὴν Ἀκυληίαν ἐν τούτοις ἦν· οἱ δ´
ἱππεῖς οἱ τὴν Μαξιμίνου κεφαλὴν κομίζοντες ἀπὸ τῆς
Ἀκυληίας μετὰ πάσης ἐπείξεως ὡδοιπόρησάν τε, καὶ ἐπιφοιτῶσιν
αὐτοῖς τὰς λοιπὰς πόλεις αἱ πύλαι ἀνεῴγνυντο, καὶ δαφνηφοροῦντες
αὐτοὺς οἱ δῆμοι ὑπεδέχοντο. ὡς δὲ διέπλευσαν τάς τε λίμνας καὶ τὰ
τενάγη τὰ μεταξὺ Ἀλτίνου καὶ Ῥαβέννης, περιέτυχον Μαξίμῳ
αὐτοκράτορι διατρίβοντι ἐν Ῥαβέννῃ, ἔνθα τούς τε
ἀπὸ Ῥώμης ἐπιλέκτους καὶ τοὺς ἀπὸ τῆς Ἰταλίας λογάδας ἤθροιζεν.
ἀφῖκτο δὲ αὐτῷ καὶ Γερμανῶν οὐκ
ὀλίγη συμμαχία, πεμφθεῖσα ὑπ´ αὐτῶν κατ´ εὔνοιαν ἣν
εἶχον πρὸς αὐτὸν ἄνωθεν, ἐξ οὗπερ ἦν αὐτῶν ἐπιμελῶς
ἄρξας. παρασκευάζοντι οὖν αὐτῷ τὴν δύναμιν ὡς πολεμήσουσαν τῷ
Μαξιμίνου στρατῷ προσίασιν οἱ ἱππεῖς
τὴν κεφαλὴν τοῦ τε Μαξιμίνου καὶ τοῦ παιδὸς φέροντες,
νίκην τε καὶ εὐπραγίαν ἀγγέλλοντες, ὅτι τε ἄρα ὁ στρατὸς τὰ Ῥωμαίων
φρονεῖ, καὶ σέβει αὐτοκράτορας οὓς ἡ
σύγκλητος ἐποίησε. τούτων δὲ παρ´ ἐλπίδα ἀγγελθέντων θυσίαι τε
βωμοῖς εὐθὺς προσήγοντο, καὶ νίκην
ἐπαιάνιζον πάντες ἣν ἀκονιτὶ ἐνίκησαν· ὁ δὲ Μάξιμος
καλλιερήσας ἐκπέμπει τοὺς ἱππεῖς ἐς τὴν Ῥώμην ἀγγελοῦντάς
τε τὰ πραχθέντα τῷ δήμῳ καὶ τὴν κεφαλὴν
κομιοῦντας. ἐπεὶ δὲ ἀφίκοντο εἰσέπεσόν τε ἐς τὴν
πόλιν δεικνύντες τὴν κεφαλὴν τοῦ πολεμίου ἀνεσκολοπισμένην,
ὡς πᾶσι περίοπτος εἴη, οὐδ´ εἰπεῖν ἔστι λόγῳ ἐκείνης τῆς ἡμέρας τὴν
ἑορτήν. οὔτε γὰρ ἡλικία τις ἦν ἣ μὴ πρὸς τοὺς βωμούς τε καὶ τὰ ἱερὰ
ἠπείγετο, οὔτε τις ἔμενεν οἴκοι, ἀλλ´ ὥσπερ ἐνθουσιῶντες ἐφέροντο
συνηδόμενοί τε ἀλλήλοις καὶ ἐς τὸν ἱππόδρομον
συνθέοντες ὥσπερ ἐκκλησιάζοντες ἐν ἐκείνῳ τῷ χωρίῳ.
ὁ δὲ Βαλβῖνος καὶ αὐτὸς ἑκατόμβας ἔθυεν, ἀρχαί τε
πᾶσαι καὶ σύγκλητος, ἕκαστός τε ὥσπερ ἀποσεισάμενος
πέλεκυν τοῖς αὐχέσιν ἐπικείμενον ὑπερευφραίνοντο· ἔς
τε τὰ ἔθνη ἄγγελοι καὶ κήρυκες δαφνηφόροι διεπέμποντο.
| [8,6] XVI. Cependant, quand cette mort fut connue de l'armée entière, elle
montra de l'hésitation, et n'approuva pas généralement cette action hardie
: les plus mécontents furent les Pannoniens et les barbares de la Thrace,
qui avaient donné l'empire à Maximin. Mais la chose une fois faite, il
fallait, quoique malgré eux, qu'ils la supportassent. Ils furent même
obligés de feindre et de se réjouir avec tous les autres de ce qui s'était
passé. Après avoir déposé leurs armes, les soldats s'avancèrent dans un
appareil tout pacifique vers les murs d'Aquilée, en annonçant la mort de
Maximin : ils demandèrent qu'on leur ouvrit les portes, et que la ville
reçut en amis ses anciens adversaires. Mais les chefs qui commandaient à
Aquilée s'opposèrent à ce que ce voeu fût accueilli. Ils firent apporter
sur les remparts les images de Maxime, de Balbin et du jeune César
Gordien, ornées de couronnes et de lauriers, les couvrirent
d'acclamations, et demandèrent à l'armée de reconnaître à son tour, de
saluer et de proclamer empereurs ceux à qui le sénat romain avait décerné
ce titre. Quant aux premiers Gordiens, ils étaient, disaient-ils, montés
au ciel, et séjournaient parmi les dieux. Les assiégés ouvrirent ensuite
un marché sur leurs remparts; ils mirent en vente une grande quantité de
choses nécessaires à la vie, des vivres et des boissons de toute espèce,
des vêtements et des chaussures, tout ce qu'enfin une ville heureuse et
florissante pouvait fournir aux besoins des hommes. Cette vue redoubla la
confusion des soldats; ils songeaient que les habitants d'Aquilée avaient
tout ce qui pouvait leur suffire, quand même ils auraient à soutenir un
plus long siége, tandis qu'eux, privés des objets de première nécessité,
seraient morts avant d'avoir pris une ville où tout se trouvait en
abondance. L'armée restait ainsi au pied des remparts ; on lui fournissait
tout ce dont elle avait besoin, et chacun recevait ce qu'il voulait du
haut des murs. Les deux partis conversaient entre eux; c'était un état de
paix et d'amitié, mais toujours une apparence de siége, puisque les murs
restaient fermés, et que l'armée ne cessait de camper autour de la ville.
XVII. Telle était la situation d'Aquilée. Cependant les cavaliers qui
portaient à Rome la tête de Maximin s'avançaient en toute hâte vers la
capitale. Toutes les villes ouvraient leurs portes à leur approche, et les
habitants les recevaient avec des branches de lauriers. Après avoir
traversé les lacs et les marais situés entre Altinum et Ravenne, ils
trouvèrent l'empereur Maxime qui séjournait dans cette dernière ville, où
il rassemblait les nouvelles troupes qu'on avait levées à Rome et dans
toute l'Italie. Un corps assez nombreux de Germains auxiliaires s'était
aussi rendu auprès de lui; ils avaient été envoyés par leurs concitoyens,
comme un gage de l'attachement qu'ils avaient conservé pour lui depuis
l'administration paternelle qu'il avait exercée en Germanie. Il était
occupé à instruire ses nouvelles levées, à les préparer à combattre contre
l'armée de Maximin, lorsque les messagers viennent le trouver, lui
apportent la tête de ce prince et celle de son fils, lui annoncent le
triomphe et le succès de sa cause, et lui apprennent que l'armée, de
concert avec Rome, reconnaît et honore comme Augustes les empereurs créés
par le sénat. A ces nouvelles, qui dépassaient toutes les espérances, des
victimes sont aussitôt conduites à l'autel, et d'unanimes actions de
grâces célèbrent cette victoire, qu'on avait remportée sans combat. Quand
le sacrifice est terminé, Maxime envoie les cavaliers à Rome, pour qu'ils
annoncent ces événements au peuple, et lui apportent la tête du tyran.
Lorsqu'ils arrivèrent dans la capitale, et qu'ils entrèrent tout à coup
dans Rome, montrant la tête de cet ennemi qu'ils avaient placée au bout
d'un pieu, pour qu'elle pût être exposée à tous les yeux, il serait
impossible d'exprimer par des paroles toute l'ivresse de ce jour de fête.
On vit les citoyens de tout âge courir aux autels pour y sacrifier aux
dieux ; personne ne resta dans sa maison ; tous se précipitèrent comme
hors d'eux-mêmes, dans les rues de la ville, se félicitant les uns les
autres, et ils se réunirent à l'hippodrome, comme s'ils devaient tenir
assemblée dans ce lieu. Balbin immola lui-même des hécatombes; tous les
magistrats, les sénateurs, les citoyens se livrèrent aux transports de la
joie la plus vive, comme s'ils eussent détourné une hache suspendue sur
leurs têtes. On envoya dans les provinces des messagers et des députés
couronnés de branches de lauriers.
|