[8,5] χρόνου δὲ ἐγγενομένου ὅ τε στρατὸς τοῦ Μαξιμίνου ὀκνηρὸς
ἐγίνετο, καὶ πταίων τῆς ἐλπίδος ἀθύμως διέκειτο· οὓς γὰρ ἠλπίκεσαν
μηδεμίαν ὑπομενεῖν προσβολήν, τούτους εὕρισκον οὐκ
ἀντέχοντας μόνον ἀλλὰ καὶ ἀνθεστῶτας. οἱ δὲ Ἀκυλήσιοι
ἐπερρώννυντό τε καὶ προθυμίας πάσης ἐνεπίμπλαντο, τῇ τε συνεχείᾳ
τῆς μάχης πεῖραν καὶ θάρσος ὁμοῦ
προσλαμβάνοντες κατεφρόνουν τῶν στρατιωτῶν, ὡς καὶ
ἀποσκώπτειν ἐς αὐτούς, ἐνυβρίζειν τε τῷ Μαξιμίνῳ
περινοστοῦντι, ἔς τε αὐτὸν καὶ τὸν παῖδα ἀπορρίπτειν
δυσφήμους καὶ αἰσχρὰς βλασφημίας, ἐφ´ αἷς ἐκεῖνος κενούμενος ὀργῆς
μᾶλλον ἐνεπίμπλατο. χρῆσθαι δὲ κατὰ
τῶν πολεμίων οὐ δυνάμενος, ἐκόλαζε τοὺς πλείστους τῶν
ἡγουμένων τῶν ἰδίων στρατιωτῶν ὡς ἀνάνδρως καὶ
ῥᾳθύμως προσφερομένους τῇ τειχομαχίᾳ. ὅθεν αὐτῷ
περιεγένετο πρὸς μὲν τῶν οἰκείων μῖσός τε καὶ ὀργή,
παρὰ δὲ τῶν ἀντιπάλων πλείων ἡ καταφρόνησις.
συνέβαινε δὲ τοῖς Ἀκυλησίοις πάντα ὑπάρχειν ἔκπλεα
καὶ ἐπιτηδείων ἀφθονίαν, ἐκ πολλῆς παρασκευῆς ἐς τὴν
πόλιν πάντων σεσωρευμένων ὅσα ἦν ἀνθρώποις καὶ
κτήνεσιν ἐς τροφὰς καὶ ποτὰ ἐπιτήδεια· ὁ δὲ στρατὸς
πάντων ἦν ἐν σπάνει, τῶν τε καρποφόρων δένδρων
ἐκκεκομμένων καὶ τῆς γῆς ὑπ´ αὐτοῦ δεδῃωμένης. μένοντες δὲ ὑπὸ
σκηναῖς αὐτοσχεδίοις, οἱ δὲ πλεῖστοι ὑπὸ
γυμνῷ τῷ ἀέρι, ὄμβρων τε καὶ ἡλίου ἠνείχοντο, λιμῷ
τε διεφθείροντο, μηδὲ ἐπεισάκτου τροφῆς αὐτοῖς τε καὶ
ὑποζυγίοις εἰσκομιζομένης. πανταχόθεν γὰρ τὰς τῆς
Ἰταλίας ὁδοὺς παραφράξαντες ἦσαν οἱ Ῥωμαῖοι τειχίων
τε ἐγέρσεσι καὶ πυλίδων ἀσκήσεσιν. ἄνδρας τε ὑπατευκότας ἐξέπεμψεν
ἡ σύγκλητος σὺν ἐπιλέκτοις καὶ λογάσιν ἀπ´ Ἰταλίας πάσης ἀνδράσιν,
ἵν´ αἰγιαλοί τε πάντες καὶ λιμένες φρουρῶνται καὶ μηδενὶ ἔκπλους
συγχωρῆται, ὡς ἄπυστα καὶ ἄγνωστα εἶναι Μαξιμίνῳ τὰ ἐν
Ῥώμῃ πραττόμενα· αἵ τε λεωφόροι ὁδοὶ καὶ ἀτραποὶ
πᾶσαι ἐφυλάττοντο ὡς μηδένα διαβαίνειν. συνέβαινε δὲ
τὸν στρατὸν δοκοῦντα πολιορκεῖν αὐτὸν πολιορκεῖσθαι,
ἐπεὶ μήτε τὴν Ἀκυληίαν ἑλεῖν ἐδύνατο, μήτε ἀποστὰς
ἐκεῖθεν ἐπὶ τὴν Ῥώμην χωρῆσαι διά τε νηῶν καὶ ὀχημάτων ἀπορίαν·
ἅπαντα γὰρ προκατείληπτο καὶ συνεκέκλειστο. φῆμαι δὲ ἐξ ὑποψίας
μείζους ἀληθείας διεδίδοντο, ὅτι πᾶς ὁ δῆμος ὁ Ῥωμαίων ἐν ὅπλοις εἴη,
Ἰταλία τε πᾶσα συμπεπνεύκοι, πάντα τε ἔθνη Ἰλλυρικὰ
καὶ βάρβαρα τά τε ὑπ´ ἀνατολαῖς καὶ μεσημβρίαις στρατὸν ἀγείρει, μιᾷ
τε γνώμῃ καὶ ψυχῇ ὁμοίως Μαξιμῖνος
μεμίσηται. ὅθεν ἐν ἀπογνώσει ἦσαν καὶ πάντων σπάνει
οἱ στρατιῶται, σχεδὸν καὶ ὕδατος αὐτοῦ. ὃ γὰρ ἦν μόνον ἐκ τοῦ
παραρρέοντος ποταμοῦ ποτόν, αἵματι καὶ
φόνοις μεμιασμένον ἐπίνετο· οἵ τε γὰρ Ἀκυλήσιοι τοὺς
ἐν τῇ πόλει τελευτῶντας οὐκ ἔχοντες ὅπως θάψωσιν, ἐς
τὸν ποταμὸν ἀπερρίπτουν, οἵ τε ἐν τῷ στρατῷ φονευόμενοι ἢ
διαφθειρόμενοι νόσῳ ἐδίδοντο τῷ ῥεύματι, οὐκ
ἐχόντων αὐτῶν τὰ πρὸς ταφὰς ἐπιτήδεια.
παντοδαπῆς οὖν ἀπορίας καὶ δυσθυμίας τὸν στρατὸν
κατεχούσης, αἰφνιδίως ἀναπαυομένου τοῦ Μαξιμίνου ἐν
τῇ σκηνῇ, καὶ τῆς ἡμέρας ἐκείνης ἐν ἀνέσει τοῦ πολέμου οὔσης, τῶν τε
πλείστων ἐς τὰς σκηνὰς καὶ τὰ ἐγκεχειρισμένα τῆς φρουρᾶς χωρία
ἀνακεχωρηκότων, ἔδοξε τοῖς στρατιώταις οἳ πρὸς τῇ Ῥωμαίων πόλει
στρατόπεδον εἶχον ὑπὸ τὸ καλούμενον ὄρος Ἀλβανόν, ἔνθα
παῖδας καὶ γυναῖκας καταλελοίπεσαν, φονεῦσαι τὸν
Μαξιμῖνον, ὡς παύσαιντο μὲν χρονίου καὶ ἀπεράντου
πολιορκίας, μηκέτι δὲ πορθοῖεν Ἰταλίαν ὑπὲρ τυράννου
κατεγνωσμένου καὶ μεμισημένου. τολμήσαντες οὖν ἐπίασι
τῇ σκηνῇ αὐτοῦ περὶ μέσην ἡμέραν, συναραμένων δὲ
αὐτοῖς καὶ τῶν φρουρούντων δορυφόρων τάς τε εἰκόνας
ἐκ τῶν σημείων κατασπῶσι, καὶ αὐτὸν σὺν τῷ παιδὶ
προελθόντα τῆς σκηνῆς, ὡς δὴ ἄρα διαλέξαιτο αὐτοῖς,
οὐκ ἀνασχόμενοι ἀναιροῦσι. φονεύουσι δὲ καὶ τὸν
ἔπαρχον τοῦ στρατοῦ πάντας τε τοὺς ἐκείνῳ θυμήρεις
φίλους· ῥίψαντές τε τὰ σώματα τοῖς βουλομένοις ἐνυβρίζειν
καὶ πατεῖν εἴασαν κυσί τε καὶ ὄρνισι βοράν. τοῦ δὲ Μαξιμίνου καὶ
τοῦ παιδὸς τὰς κεφαλὰς ἐς τὴν Ῥώμην ἔπεμψαν.
| [8,5] Mais le siége traînant en longueur, l'armée de Maximin vit bientôt
se ralentir son ardeur et, déçue de son espoir,
elle tomba dans le découragement. En effet, ces hommes qu'ils n'avaient
point jugés capables de supporter même un seul assaut, ils trouvaient non
seulement avec la résolution de se défendre, mais encore avec la force de
résister. Les Aquiléiens, de leur côté, s'encourageaient par le succès et
se sentaient animés du plus vif élan. Rendus plus habiles et plus
audacieux par l'habitude du combat, ils méprisèrent bientôt les soldats de
Maximin. Ils les raillaient du haut de leurs murs, insultaient l'empereur,
lorsqu'il faisait le tour des remparts, et l'accablaient, lui et son fils,
des injures les plus humiliantes et les plus honteuses.
XII. Vivement irrité de ces outrages, il ne mettait plus de bornes à sa
fureur. Mais comme il ne pouvait l'assouvir sur ses ennemis, il la faisait
tomber sur la plupart des chefs de son armée, qu'il punissait comme
s'étant conduits dans le siège avec faiblesse et lâcheté. Ces barbaries
excitaient contre lui la haine et l'indignation de ses soldats mêmes, et
ne le rendaient que plus méprisable à ses adversaires.
XIII. Les habitants d'Aquilée avaient en outre tout en abondance; de
grands préparatifs avaient pourvu la ville de toutes les choses
nécessaires. On y avait rassemblé d'immenses provisions en boisson et en
vivres pour les hommes et pour les animaux. L'armée de Maximin souffrait,
au contraire, d'une pénurie générale; car tous les arbres fruitiers
avaient été arrachés, toute la campagne dévastée par les soldats. Mal
abrités sous leurs tentes élevées à la hâte, la plupart même tout à fait
exposés aux intempéries de l'air, ils enduraient la pluie, le soleil, et
dépérissaient par la faim : aucun transport de vivres ne pouvait leur
arriver de l'étranger. Partout, en effet, les Romains avaient fermé les
chemins de l'Italie; partout ils avaient élevé des murs et des portes. Le
sénat en outre envoya des personnages consulaires avec les hommes les plus
distingués et les plus considérés de toute l'Italie, pour veiller à la
garde de toutes les côtes, de tous les ports, et interdire à qui que ce
fût la faculté de naviguer, afin que Maximin se trouvât dans une complète
ignorance de ce qui se passait à Rome. Les grandes routes, les chemins de
traverse étaient soigneusement gardés, et toute circulation y était
défendue. Ainsi l'armée qui semblait assiégeante, était assiégée
elle-même, puisqu'elle ne pouvait ni prendre Aquilée, ni s'en éloigner
pour marcher sur Rome, dépourvue qu'elle était de vaisseaux et de tout
moyen de transport; autour d'elle, toutes les issues avaient été occupées
à l'avance et fermées par l'ennemi. La crainte et le soupçon donnaient
lieu aux nouvelles les plus exagérées. On répandait dans le camp que tout
le peuple romain était en armes, que l'Italie se levait tout entière, que
toutes les nations de l'Illyrie, tous les barbares de l'Orient et du midi
rassemblaient des armées, que Maximin était l'objet de la haine la plus
générale, la plus unanime. Ces nouvelles plongeaient dans le désespoir les
malheureux soldats, qui manquaient de tout, et qui étaient presque privés
d'eau; car la seule qu'ils pussent boire et que leur fournissait le fleuve
voisin, était mêlée de sang et infectée de cadavres. Les assiégés, en
effet, ne pouvant ensevelir ceux de leurs concitoyens qui perdaient la
vie, les jetaient dans le fleuve; ceux qui, du côté des assiégeants,
mouraient soit en combattant, soit de maladie, étaient également
précipités dans les flots. Beaucoup succombaient à la faim et à l'épuisement.
XIV. L'armée était donc livrée aux dernières extrémités et au plus profond
abattement. Un mouvement subit éclate : l'empereur reposait dans sa tente
(c'était une journée sans combat), et la plupart des soldats s'étaient
retirés dans leurs tentes ou occupaient les divers postes qui leur étaient
assignés, quand tout à coup une troupe de soldats romains, qui avaient
laissé à Rome, dans leur camp au pied du mont d'Albe, leurs femmes et
leurs enfants, prennent la résolution de tuer Maximin. Ils veulent se
reposer des fatigues de ce long et interminable siége ; ils ne veulent
plus porter la guerre au sein de l'Italie pour un tyran dont la sentence
est prononcée, et que l'univers entier déteste.
XV. Ils se précipitent avec audace vers la tente du prince, au milieu du
jour; ses propres gardes leur prêtent assistance; ils arrachent son image
de leurs drapeaux, et, au moment où il sort de sa tente comme pour les
haranguer, ils le tuent avec son fils, sans lui permettre de parler. Ils
égorgent également le préfet des soldats et les plus chers favoris de
l'empereur. Ils livrent les cadavres aux outrages et à toutes les
insultes, et finissent par les abandonner aux chiens et aux oiseaux de
proie. Mais ils envoyèrent à Rome les têtes de Maximin et de son fils.
Telle fut la fin de ce prince et du jeune César; juste châtiment du
gouvernement le plus tyrannique.
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