[8,2] ὡς δὲ διέβησαν ἀκωλύτως μηδενὸς ἐμποδὼν
γενομένου, καταβαίνοντες ἐς τὸ πεδίον ἤδη ἀνεθάρρησάν
τε καὶ ἐπαιάνισαν· ῥᾷστά τε αὑτῷ πάντα προχωρήσειν
ὁ Μαξιμῖνος ἤλπισεν Ἰταλῶν μηδὲ ταῖς δυσχωρίαις τεθαρρηκότων,
ἔνθα ἢ κρύπτειν ἑαυτοὺς καὶ σώζειν ἠδύναντο ἢ δι´ ἐνέδρας
ἐπιβουλεῦσαι, μάχεσθαί τε ἄνωθεν
ἐξ ὑπερκειμένων χωρίων. γενομένων δὲ αὐτῶν ἐν τῷ
πεδίῳ, οἱ σκοποὶ ἀπήγγειλαν πόλιν Ἰταλίας τὴν μεγίστην, Ἀκυληίαν δὲ
καλουμένην, κεκλεῖσθαι, τὰς δὲ
προπεμφθείσας φάλαγγας τῶν Παιόνων προθύμως μὲν
τειχομαχῆσαι, πολλάκις δὲ προσβαλούσας ἀνύειν οὐδέν,
ἀπαγορεύειν δὲ καὶ ἀναχωρεῖν βαλλομένους λίθοις τε
καὶ δόρασι τόξων τε πλήθει. ὁ δὲ Μαξιμῖνος ἀγανακτήσας πρὸς τοὺς
στρατηγοὺς τῶν Παιόνων ὡς ἀμελέστερον μαχομένους, αὐτὸς σὺν τῷ
στρατῷ ἠπείγετο, ἐλπίζων ῥᾷστα αἱρήσειν τὴν πόλιν.
ἡ δὲ Ἀκυληία καὶ πρότερον μέν, ἅτε μεγίστη πόλις,
ἰδίου δήμου πολυάνθρωπος ἦν, καὶ ὥσπερ τι ἐμπόριον
Ἰταλίας ἐπὶ θαλάττῃ προκειμένη καὶ πρὸ τῶν Ἰλλυρικῶν
ἐθνῶν πάντων ἱδρυμένη τά τε ἀπὸ τῆς ἠπείρου διὰ γῆς
ἢ ποταμῶν κατακομιζόμενα παρεῖχεν ἐμπορεύεσθαι τοῖς
πλέουσι, τά τε ἀπὸ θαλάττης τοῖς ἠπειρώταις ἀναγκαῖα,
ὧν ἡ παρ´ ἐκείνοις χώρα διὰ χειμῶνας οὐκ ἦν εὔφορος,
ἀνέπεμπεν ἐς τὴν ἄνω γῆν· πρὸς οἶνόν τε μάλιστα πολύγονον χώραν
γεωργοῦντες ἀφθονίαν ποτοῦ παρεῖχον
τοῖς ἄμπελον μὴ γεωργοῦσιν. ἔνθεν πολύ τι πλῆθος
ἐπεδήμει οὐ πολιτῶν μόνον ἀλλὰ ξένων τε καὶ ἐμπόρων.
τότε δὲ μᾶλλον ἐπολυπλασιάσθη τὸ πλῆθος, τῶν ὄχλων
πάντων ἐξ ἀγρῶν ἐκεῖσε συρρυέντων, πολίχνας τε καὶ
κώμας τὰς περικειμένας καταλιπόντων, πιστευσάντων
δὲ αὑτοὺς τῷ τε μεγέθει τῆς πόλεως καὶ τῷ προβεβλημένῳ τείχει, ὃ
παλαιότατον ὂν ἐκ τοῦ πλείστου μέρους
πρότερον μὲν κατερήριπτο, ἅτε μετὰ τὴν Ῥωμαίων ἀρχὴν μηκέτι τῶν
ἐν Ἰταλίᾳ πόλεων ἢ τειχῶν ἢ ὅπλων
δεηθεισῶν, μετειληφυιῶν δὲ ἀντὶ πολέμων εἰρήνην βαθεῖαν καὶ τῆς
παρὰ Ῥωμαίοις πολιτείας κοινωνίαν·
πλὴν τότε ἡ χρεία ἤπειξε τὸ τεῖχος ἀνανεώσασθαι τά τ´
ἐρείπια ἀνοικοδομῆσαι, πύργους τε καὶ ἐπάλξεις ἐγεῖραι.
τάχιστα οὖν φράξαντες τῷ τείχει τὴν πόλιν, τάς τε πύλας κλείσαντες,
πανδημεὶ ἐπὶ τῶν τειχῶν νύκτωρ τε καὶ
μεθ´ ἡμέραν ἱδρυμένοι τοῖς προσιοῦσιν ἀπεμάχοντο.
ἐστρατήγουν δὲ αὐτῶν καὶ πάντα εἶχον διὰ φροντίδος
ἄνδρες δύο, ἀπὸ ὑπατείας μέν, ἐπιλεχθέντες δὲ ὑπὸ τῆς
συγκλήτου· ὧν ὃ μὲν Κρισπῖνος ὃ δὲ Μηνίφιλος ἐκαλεῖτο. καὶ μετὰ
πολλῆς προνοίας τά τε ἐπιτήδεια πάμπλειστα εἰσεκομίσαντο, ὡς
ἐκτένειαν εἶναι, εἰ καὶ ἐπιμηκεστέρα γένοιτο πολιορκία. ἦν δὲ καὶ
ὕδατος ἀφθονία
φρεατιαίου· πολλὰ γὰρ τὰ ὀρύγματα ἐν τῇ πόλει· ποταμός τε παραρρεῖ
τὸ τεῖχος, ὁμοῦ παρέχων τε προβολὴν τάφρου καὶ χορηγίαν ὕδατος.
| [8,2] III. Mais quand ils eurent passé librement et sans rencontrer d'obstacle,
et qu'ils furent descendus dans la plaine, ou ils établirent leur camp,
ils reprirent courage et entonnèrent le champ de triomphe. Maximin
espérait dès lors que tout lui réussirait facilement, puisque les Italiens
ne se fiaient pas même à la difficulté de ces lieux inaccessibles où ils
pouvaient se cacher, se maintenir en toute sûreté, tendre des piéges à
leurs ennemis, et combattre avec avantage du haut des rochers. L'armée de
Maximin était à peine arrivée dans la plaine, que les émissaires du
général vinrent annoncer qu'Aquilée, l'une des plus grandes villes de
l'Italie, avait fermé ses portes; que les troupes Pannoniennes, auxquelles
on avait fait prendre les devants, avaient donné vaillamment plusieurs
assauts aux murs, mais que les attaques réitérées n'avaient rien produit,
et que les Pannoniens avaient enfin fléchi et s'étaient retirés sous une
grêle de pierres, de javelots et de flèches. Maximin s'emporta contre les
chefs des troupes pannoniennes, les accusant d'avoir combattu mollement,
et il hâta sa marche avec son armée, dans l'espoir de s'emparer facilement
de la place.
IV. Aquilée, ville grande et considérable, renfermait, même avant ces
événements, un peuple nombreux. C'était en quelque sorte le marché de
l'Italie. Située près de la mer, et placée aux confins de toutes les
nations de l'Illyrie, elle fournissait au commerce maritime toute espèce
de denrées du continent, qu'elle recevait, soit par terre, soit par les
fleuves : en échange elle recevait de la mer et renvoyait dans l'intérieur
une foule de choses nécessaire aux habitants du continent, et que leur
climat trop froid ne peut produire. Comme son sol est très fertile en
vignoble, elle fournissait surtout une grande quantité de vin aux peuples
qui ne cultivent point la vigne. Il se trouvait donc habituellement dans
ses murs un nombre immense, non seulement de citoyens, mais d'étrangers et
de marchands; et à l'époque dont nous parlons, ce nombre s'était encore
augmenté : car tout le peuple des campagnes s'était réfugié dans son sein
et avait abandonné tous les bourgs environnants, se fiant à la grandeur de
la ville et à la muraille qui l'entourait. Ce mur, qui était d'une haute
antiquité, avait été en grande partie détruit ; car les villes d'Italie,
du moment que Rome fut souveraine, n'eurent plus besoin ni de murailles ni
d'armes, et quittèrent l'état de guerre pour une paix profonde et la
participation à la puissance romaine. Mais dans cette circonstance, la
nécessité força les citoyens d'Aquilée de réparer leur muraille, d'en
relever les ruines, d'élever des tours et des fortifications. Ils
achevèrent ces travaux avec la plus grande promptitude, fermèrent les
portes de leur ville, se placèrent tous, la nuit et le jour, sur leurs
remparts, et soutinrent vigoureusement l'approche de l'ennemi. Deux
citoyens consulaires, choisis par le sénat, les commandaient et veillaient
à tout; l'un se nommait Crispinus, l'autre Ménéphile. Ils avaient eu la
prévoyance de faire apporter dans les murs tout ce qui était nécessaire,
et ils avaient assez de vivres et de munitions pour soutenir même un long
siége. Quant à l'eau, elle abondait dans la ville, qui possède un grand
nombre de puits; un fleuve coule en outre autour des murs et fournit à la
cité, une double défense, en lui servant de fossé, et en lui donnant de
l'eau en abondance.
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