[8,1] Τὰ μὲν δὴ Μαξιμίνῳ πραχθέντα μετὰ τὴν Γορδιανοῦ
τελευτήν, ἥ τε εἰς Ἱταλίαν ἄφιξις αὐτοῦ, Λιβύης τε
ἀπόστασις καὶ ἡ ἐν Ῥώμῃ τῶν στρατιωτῶν πρὸς τὸν
δῆμον διαφορὰ ἐν τοῖς πρὸ τούτων λέλεκται· ὁ δὲ Μαξιμῖνος ἐπιστὰς
τοῖς ὅροις προύπεμψε σκοποὺς τοὺς
ἐρευνήσοντας μή τινες ἐνέδραι ἐν κοιλάσιν ὀρῶν ἢ λόχμαις ὕλαις τε
κρύφιοι εἶεν. αὐτὸς δὲ καταγαγὼν ἐς τὸ
πεδίον τὸν στρατόν, τὰς μὲν τῶν ὁπλιτῶν φάλαγγας ἐς
τετράγωνα ἔταξε σχήματα, ἐπιμήκεις μᾶλλον ἢ βαθείας,
ὡς ἂν πλεῖστον τοῦ πεδίου διαλάβοιεν· τὰ δὲ σκευοφόρα πάντα κτήνη
τε καὶ ὀχήματα ἐν μέσῳ τάξας, αὐτὸς ἅμα τοῖς δορυφόροις
ὀπισθοφυλακῶν εἵπετο. ἑκατέρωθεν δὲ παρέθεον αἵ τε τῶν
καταφράκτων ἱππέων ἶλαι καὶ Μαυρούσιοι ἀκοντισταὶ τοξόται τε οἱ
ἀπὸ τῆς ἀνατολῆς. καὶ Γερμανῶν ἱππέων μέγα τι πλῆθος ἐπήγετο
συμμάχους· ἐκείνους γὰρ μάλιστα προυβάλλετο, ἵν´ ἐκδέχωνται τῶν
πολεμίων τὰς πρώτας ἐμβολάς, θυμοειδεῖς
ὄντες καὶ εὔτολμοι ἐν ἀρχομένῃ μάχῃ, εἰ δ´ ἄρα καὶ
κινδυνεύειν δέοι, εὐκαταφρόνητοι ὡς βάρβαροι. ὡς δὲ
πᾶν τὸ πεδίον διῆλθεν ὁ στρατὸς μετ´ εὐκοσμίας τε καὶ
εὐταξίας, ἐπέστησαν πρώτῃ Ἰταλίας πόλει ἣν καλοῦσιν
Ἡμᾶν οἱ ἐπιχώριοι· πρόκειται δὲ αὕτη ἐπ´ ἀκροτάτῳ
πεδίῳ ἱδρυμένη πρὸ τῆς ὑπωρείας τῶν Ἄλπεων. ἔνθα
ὑπαντώμενοι τῷ Μαξιμίνῳ οἱ προφύλακες καὶ σκοποὶ
τοῦ στρατοῦ ἤγγειλαν κενὴν ἀνθρώπων εἶναι τὴν πόλιν
πανδημεί τε πεφευγέναι ἐμπρήσαντας τὰς θύρας ἱερῶν
τε καὶ οἰκιῶν, πάντα τε, ὅσα ἦν ἐν τῇ πόλει ἢ τοῖς
ἀγροῖς, ἃ μὲν ἐκφορήσαντας ἃ δὲ καταπρήσαντας, καὶ
μήτε ὑποζυγίοις μήτε ἀνθρώποις καταλελεῖφθαι τροφάς.
ὁ δὲ Μαξιμῖνος ἥσθη μὲν ἐπὶ τῇ τῶν Ἰταλιωτῶν εὐθὺς
φυγῇ, ἐλπίζων πάντας τοὺς δήμους τοῦτο ποιήσειν οὐχ
ὑπομένοντας τὴν ἔφοδον αὐτοῦ· ὁ δὲ στρατὸς ἤχθετο
εὐθὺς ἐν ἀρχῇ λιμοῦ πειρώμενος. διανυκτερεύσαντες
οὖν οἳ μὲν ἐν τῇ πόλει ἐν ἀθύροις καὶ κεναῖς πάντων
οἰκίαις, οἳ δ´ ἐν τῷ πεδίῳ, ἅμα ἡλίῳ ἀνίσχοντι ἐπὶ τὰς
Ἄλπεις ἠπείγοντο, ἅπερ ὄρη ὑπερμήκη ὥσπερ τεῖχος
Ἰταλίας ἡ φύσις ἤγειρεν, ὑπερνεφῆ μὲν τὸ ὕψος, ἐπιμηκέστατα δέ, ὡς
πᾶσαν Ἰταλίαν διειληφότα καθήκειν ἐν
μὲν τοῖς δεξιοῖς Ἰταλίας μέρεσιν ἐς τὸ Τυρρηναῖον πέλαγος, ἐν δὲ τοῖς
λαιοῖς ἐς τὸν Ἰόνιον κόλπον. σκέπεται δὲ ὕλαις δασείαις καὶ πυκναῖς,
τὰς δὲ διεξόδους
ἐστένωται ἢ διὰ κρημνοὺς ἐς βάθος μέγιστον ἀπερρωγότας
ἢ διὰ πετρῶν τραχύτητα· στενωποὶ γάρ εἰσι χειροποίητοι, μετὰ
πολλοῦ καμάτου τοῖς πάλαι Ἰταλιώταις
εἰργασμένοι. μετὰ δέους οὖν πολλοῦ διῄει ὁ στρατός,
ἐλπίζοντες τάς τε ἄκρας κατειλῆφθαι πεφράχθαι τε τὰς
διόδους ἐς κωλύμην τῆς αὐτῶν διαβάσεως. ἤλπιζον δὲ
καὶ ἐδεδοίκεσαν εἰκότα, τῶν χωρίων τεκμαιρόμενοι τὴν φύσιν.
| [8,1] I. Nous avons exposé dans le livre précédent la conduite de Maximin après
la mort de Gordien, son arrivée en Italie, la révolte de l'Afrique, et à
Rome la guerre civile entre le peuple et les soldats. Lorsque Maximin fut
arrivé aux confins de l'Italie, il fit prendre les devants à des
émissaires chargés d'explorer le pays, pour découvrir si les profondes
vallées des montagnes, les bois touffus, les forêts épaisses ne recélaient
point d'embuscades. Il s'avança ensuite dans la plaine avec son armée,
qu'il disposa en colonne quadrangulaire plus étendue que profonde, afin
d'occuper le plus de pays possible; il plaça au milieu tous les bagages,
les bêtes de somme et les chariots; lui-même, à la tête de ses gardes,
fermait la marche. Sur les deux ailes s'avançaient les cavaliers aux
cuirasses de fer, les maures armés de javelots, et les archers de
l'Orient. Il avait aussi avec lui comme auxiliaires un grand nombre de
cavaliers germains. Il avait coutume de les exposer de préférence à
soutenir le premier choc de l'ennemi, parce qu'ils étaient pleins de
courage et d'audace au commencement d'une bataille : il préférait
d'ailleurs que le plus fort du danger tombât sur eux, et il les sacrifiait
sans peine comme des barbares. Quand l'armée eut traversé ainsi toute la
plaine en bon ordre, elle s'arrêta devant la première ville d'Italie, que
les habitants appellent Éma. Elle est située à l'extrémité de la plaine et
au pied des Alpes. Là, Maximin rencontra ses émissaires et les
avant-coureurs de l'armée, qui lui apprirent que la ville était déserte et
que tous les habitants s'étaient enfuis, après avoir incendié les portes
de leurs temples et de leurs maisons ; qu'ils avaient ou emporté ou brûlé
tout ce qui se trouvait dans la ville ou dans les campagnes environnantes,
et qu'il ne restait aucune espèce de vivres ni pour les chevaux ni pour
les hommes.
II. Maximin apprit avec joie cette fuite précipitée des Italiens, espérant
que toutes les villes suivraient cet exemple, et que nulle part on
n'oserait attendre son approche; l'armée au contraire fut affligée, parce
qu'elle avait à souffrir de la faim, dès le début de la campagne. Après
avoir passé la nuit, les uns dans la ville, dans l'intérieur des maisons
manquant de portes et abandonnées à tout venant, les autres dans la
plaine, ils s'avancèrent vers les Alpes avec le soleil naissant. La nature
semble avoir élevé cette longue chaîne de montagnes, comme une muraille
destinée à défendre l'Italie. Plus hautes que les nuages, elles s'étendent
si loin, qu'elles couvrent et embrassent toute l'Italie, à droite jusqu'à
la mer de Tyrrhène, à gauche, jusqu'au golfe d'Ionie. Elles sont couvertes
de forêts noires et épaisses, et n'ont que d'étroits passages entre des
précipices d'une profondeur effrayante ou des rochers escarpés. C'est avec
de pénibles efforts que le bras des anciens habitants de l'Italie creusa
ces dangereux sentiers. L'armée ne les traversait qu'avec beaucoup de
crainte, car elle s'attendait à trouver les sommets des gorges occupés
d'ennemie et les défilés garnis de troupes prêtes à lui disputer le
passage : ces craintes n'avaient rien que de vraisemblable, et elles
étaient justifiées par la nature des lieux.
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