[7,7] ὡς δὲ διεφοίτησε ταῦτα, εὐθέως πᾶς ὁ δῆμος ὥσπερ ἐνθουσιῶν διέθει
πανταχοῦ· καὶ πάντες μὲν γὰρ ὄχλοι κοῦφοι πρὸς τὰ καινοτομούμενα,
ὁ δὲ Ῥωμαίων δῆμος ἐν πλήθει μεγίστῳ καὶ ποικίλῳ
συγκλύδων τε ἀνθρώπων πολὺ καὶ ῥᾴδιον ἔχει τὸ τῆς
γνώμης εὐκίνητον. ἀνδριάντες οὖν καὶ εἰκόνες τιμαί τε
πᾶσαι τοῦ Μαξιμίνου κατεσπῶντο, καὶ τὸ κρυπτὸν πρότερον
διὰ φόβον μῖσος ἀδεὲς καὶ αὐτεξούσιον γενόμενον
ἀκωλύτως ἐξεχεῖτο. ἥ τε σύγκλητος συνελθοῦσα πρὶν τὸ
ἀκριβὲς εἰδέναι περὶ τοῦ Μαξιμίνου, ἐκ τῆς παρούσης
τύχης τὰ μέλλοντα πιστεύσαντες τὸν Γορδιανὸν ἅμα τῷ
υἱῷ Σεβαστοὺς ἀναγορεύουσι, τὰς δὲ τοῦ Μαξιμίνου τιμὰς
ἀνατρέπουσι. συκοφάνται τε οὖν καὶ οἱ γενόμενοι
τινῶν κατήγοροι ἢ ἔφευγον ἢ ὑπὸ τῶν ἀδικηθέντων
ἀνῃροῦντο, ἐπίτροποί τε καὶ δικασταὶ οἱ τῆς ἐκείνου
ὠμότητος ὑπηρέται συρέντες ὑπὸ τοῦ ὄχλου ἐς τοὺς ὀχετοὺς
ἐρριπτοῦντο. φόνος τε οὐκ ὀλίγος ἐγένετο καὶ μηδὲν ἀδικησάντων
ἀνθρώπων· δανειστὰς γὰρ ἑαυτῶν ἢ
καὶ ἀντιδίκους ἐν πράγμασιν ἀγοραίοις, καὶ εἴ τις πρός
τινα βραχεῖαν αἰτίαν εἶχε μίσους, ἐπαναβαίνοντες ταῖς
οἰκήσεσιν ἀπροσδοκήτως, ἐπηρεάζοντες ὡς συκοφάντας
ἐσύλησάν τε καὶ ἐφόνευσαν. ἐν προσχήματι ἐλευθερίας
ἀδείας τε εἰρηνικῆς ἔργα πολέμου ἐμφυλίου ἐγένετο, ὡς
καὶ τὸν τῆς πόλεως ἐπάρχοντα μετὰ πράξεις πολλὰς ὑπατικάς
(Σαβῖνος δὲ ἦν ὄνομα αὐτῷ), βουλόμενον κωλῦσαι τὰ γινόμενα, ξύλῳ
παισθέντα κατὰ τοῦ κρανίου τελευτῆσαι.
καὶ ὁ μὲν δῆμος ἐν τούτοις ἦν, ἡ δὲ σύγκλητος ἅπαξ
ἀναρριφθέντος κινδύνου φόβῳ τοῦ Μαξιμίνου πάντα
ἔπραττεν ἐς τὸ ἀποστῆσαι αὐτοῦ τὰ ἔθνη. πρεσβεῖαι
τοίνυν πανταχοῦ πρὸς πάντας ἡγουμένους ἐξεπέμφθησαν,
ἐπιλεχθέντων ἀνδρῶν ἔκ τε τῆς συγκλήτου αὐτῆς καὶ
τοῦ ἱππικοῦ τάγματος οὐκ ἀδοκίμων, γράμματά τε πρὸς
πάντας τὴν Ῥωμαίων καὶ τῆς συγκλήτου γνώμην δηλοῦντα,
προτρέποντά τε τοὺς μὲν ἡγουμένους συναίρεσθαι τῇ κοινῇ
πατρίδι καὶ συνεδρίῳ βουλεύουσι, τὰ
δ´ ἔθνη πείθεσθαι Ῥωμαίοις, ὧν δημόσιον ἄνωθεν τὸ
κράτος ἐστίν, αὐτά τε φίλα καὶ ὑπήκοα ἐκ προγόνων. οἱ
πλεῖστοι μὲν οὖν προσήκαντο τὴν πρεσβείαν, καὶ τὰ
ἔθνη ἀποστήσαντες ῥᾳδίως μίσει τῆς Μαξιμίνου τυραννίδος, τούς τε
ἐκεῖσε πράττοντας, εἰ τὰ Μαξιμίνου φρονοῖεν, ἀποκτείναντες
προσέθεντο Ῥωμαίοις· ὀλίγοι δέ τινες ἢ διεχρήσαντο τοὺς ἐλθόντας
πρέσβεις ἢ μετὰ φρουρᾶς πρὸς ἐκεῖνον παρέπεμψαν, οὓς συλλαμβάνων
ὠμῶς ἐκόλαζεν.
| [7,7] A ces nouvelles, le peuple court comme en démence dans tous les
quartiers de la ville. Toute multitude est légère et portée aux changements;
mais le peuple romain, si nombreux, si immense, composé d'hommes
de toutes nations, est surtout d'une grande et facile mobilité d'esprit.
XVI. Toutes les statues, toutes les images de Maximin, tous les monuments
qu'on lui avait élevés sont mis en pièces. Cette haine, que la crainte
cachait auparavant au fond des coeurs, devenue libre et sans danger,
éclate dans toute sa violence. Le sénat se rassemble, et, avant de rien
savoir de positif sur Maximin, rassuré par le présent contre l'avenir,
décerne à Gordien et à son fils le titre d'Augustes, et décrète que tous
les honneurs rendus à Maximin seront abolis. Les délateurs, et tous ceux
qui avaient porté quelque accusation, prirent la fuite, ou furent tués par
ceux qu'ils avaient persécutés. Les procurateurs et les juges qui avaient
été les ministres de la cruauté du prince furent traînés par le peuple à
travers la ville et jetés dans les égouts. Mais il y eut aussi un grand
nombre d'hommes innocents enveloppés dans ce massacre. On assassinait ses
créanciers, ceux qu'on avait eus pour adversaires dans un procès, ceux
enfin contre qui on avait le plus léger motif de haine; on pénétrait
subitement dans leur maison ; on les injuriait comme délateurs; on les
dépouillait, on les égorgeait : au nom d'une prétendue liberté, au milieu
des apparences de la sécurité et de la paix, on commettait ainsi toutes
les horreurs d'une guerre civile. Le préfet de la ville lui-même (il se
nommait Sabinus, et avait été plusieurs fois consul), pendant qu'il
s'efforçait de réprimer de pareils excès, fut frappé et tué d'un coup de
bâton sur la tête.
XVII. Telle était la conduite du peuple; quant au sénat, une fois engagé
dans le péril, la terreur que lui inspirait Maximin lui fit tout
entreprendre pour exciter les provinces à se détacher de lui. Des
députations, composées des citoyens les plus irréprochables, choisis dans
l'ordre même des sénateurs et dans celui des chevaliers, furent envoyées
de tous les côtés, à tous les gouverneurs, avec des lettres dans
lesquelles on leur faisait connaître les intentions du sénat et du peuple
romain. On les exhortait à secourir la patrie commune et le sénat, à
persuader aux nations l'obéissance au peuple de Rome, qui, dans les temps
les plus reculés, avait exercé la puissance souveraine, et dont elles
étaient les alliées et les sujettes depuis leurs ancêtres. La plupart des
gouverneurs reçurent favorablement ces députations; ils déterminèrent
facilement les provinces à la révolte, par la haine qu'inspirait la
tyrannie de Maximin ; ils tirent périr ceux des magistrats qui se
montraient favorables à ce prince, et se joignirent ouvertement aux
Romains; d'autres, en petit nombre, punirent de mort les députés qui
s'étaient rendus auprès d'eux, ou les envoyèrent avec une escorte à
Maximin, qui, maître de leurs personnes, les livra à de cruels supplices.
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