[7,6] ὁ δὲ Γορδιανὸς ἐνδιατρίψας τῇ Θύστρῳ, ἔνθα ταῦτα
ἐπράχθη, ἡμερῶν τινῶν, ἤδη φέρων βασιλέως ὄνομα καὶ
σχῆμα, ἀπάρας {τε} τῆς Θύστρου ἐς τὴν Καρχηδόνα
ἠπείχθη, ἣν ᾔδει μεγίστην τε οὖσαν καὶ πολυάνθρωπον,
ἵν´ ὥσπερ ἐν Ῥώμῃ πάντα πράττοι· ἡ γὰρ πόλις ἐκείνη
καὶ δυνάμει χρημάτων καὶ πλήθει τῶν κατοικούντων
καὶ μεγέθει μόνης Ῥώμης ἀπολείπεται, φιλονεικοῦσα
πρὸς τὴν ἐν Αἰγύπτῳ Ἀλεξάνδρου πόλιν περὶ δευτερείων.
εἵπετο δὲ αὐτῷ πᾶσα ἡ βασιλικὴ πομπή, τῶν μὲν στρατιωτῶν, οἵτινες
ἦσαν ἐκεῖ, καὶ τῶν κατὰ τὴν πόλιν ἐπιμηκεστέρων νεανίσκων ἐν
σχήματι τῶν κατὰ τὴν Ῥώμην
δορυφόρων προϊόντων· αἵ τε ῥάβδοι ἐδαφνηφόρουν, ὅπερ
ἐστὶ σύμβολον ἐς τὸ διαγνῶναι τὰς βασιλικὰς ἀπὸ τῶν
ἰδιωτικῶν, τὸ δὲ πῦρ προεπόμπευεν, ὡς ὄψιν καὶ τύχην ἔχειν πρὸς ὀλίγον,
ὥσπερ ἐν εἰκόνι, τῆς Ῥώμης τῶν Καρχηδονίων τὴν πόλιν.
ὅ τε Γορδιανὸς γράμματά τε πάμπλειστα ἐκπέμπει
πρὸς ἕκαστον τῶν κατὰ τὴν Ῥώμην πρωτεύειν δοκούντων, τοῖς τε τῆς
συγκλήτου δοκιμωτάτοις ἐπιστέλλει, ὧν
ἦσαν αὐτῷ πλεῖστοι φίλοι τε καὶ συγγενεῖς. ἐποίησε δὲ
καὶ δημόσια γράμματα πρός τε τὸν Ῥωμαίων δῆμον καὶ
τὴν σύγκλητον, δι´ ὧν τήν τε Λιβύων ἐδήλου ἐς ἑαυτὸν
σύμπνοιαν, τῆς τε Μαξιμίνου ὠμότητος κατηγόρει σφοδρότατα εἰδὼς
μισουμένην, αὐτός τε πᾶσαν πραότητα
ὑπισχνεῖτο, συκοφάντας τε πάντας φυγαδεύων καὶ παλινδικίαν διδοὺς
τοῖς ἀδίκως κατακριθεῖσι, τούς τε φυγάδας ἐς τὰς πατρίδας ἐπανάγων·
τοῖς δὲ στρατιώταις ὑπέσχετο ἐπίδοσιν χρημάτων ὅσην οὐδεὶς
πρότερον, τῷ τε δήμῳ νομὰς ἐπήγγειλε. προυνοήσατο δὲ τοῦ πρότερον
ἀναιρεθῆναι τὸν κατὰ τὴν Ῥώμην τῶν στρατοπέδων προεστῶτα·
Βιταλιανὸς δὲ ἦν ὄνομα αὐτῷ. τοῦτον ᾔδει τραχύτατα καὶ ὠμότατα
πράττοντα, φίλτατόν τε ὄντα καὶ
καθωσιωμένον τῷ Μαξιμίνῳ. ὑποπτεύων οὖν μὴ τοῖς
πραττομένοις γενναίως ἀντιστῇ καὶ τῷ ἐκείνου φόβῳ
μηδεὶς αὐτῷ συνάρηται, πέμπει τὸν ταμίαν τοῦ ἔθνους,
νεανίσκον φύσει εὔτολμον καὶ τὸ σῶμα οὐκ ἀγεννῆ καὶ
τὴν ἡλικίαν ἀκμάζοντα, πρόθυμόν τε ἐς τὸν ὑπὲρ ἑαυτοῦ κίνδυνον,
παραδοὺς αὐτῷ ἑκατοντάρχας καὶ στρατιώτας τινάς, οἷς ἔδωκε
κατασεσημασμένα γράμματα ἐν
πτυκτοῖς πίναξι, δι´ ὧν τὰ ἀπόρρητα καὶ κρυπτὰ ἀγγέλματα τοῖς
βασιλεῦσιν ἐπιστέλλεται. κελεύει δὲ αὐτοῖς
πρὸ τῆς ἕω ἐς τὴν Ῥώμην κατελθοῦσιν ἐπιστῆναι ἔτι
δικάζοντι καὶ ἀνακεχωρηκότι τῷ Βιταλιανῷ ἐν τῷ τοῦ
δικαστηρίου οἰκίσκῳ, ἔνθα μόνος τὰ ἀπόρρητα καὶ κρυπτὰ
δοκοῦντα ὑπὲρ σωτηρίας τοῦ βασιλέως ἠρεύνα τε καὶ
ἐξήταζε, δηλῶσαί τε ὅτι φέρουσι γράμματα πρὸς Μαξιμίνου ἀπόρρητα,
ἐπὶ τοῦτό τε παρ´ αὐτοῦ πεμφθῆναι
ὑπὲρ ἀσφαλείας τοῦ βασιλέως· προσποιήσασθαι δὲ βούλεσθαι καὶ
διαλεχθῆναι αὐτῷ ἰδιαίτερον ἀπαγγεῖλαί τε
τὰ ἐντεταλμένα· διασχολουμένῳ δὲ ἐκείνῳ περὶ τὴν τῶν
σφραγίδων ἐπίγνωσιν προσποιουμένους ὡς δὴ ἐροῦντάς τι, οἷς εἶχον
ὑποκολπιδίοις ξίφεσι φονεῦσαι. ἅπερ
πάντα προυχώρησεν ὡς ἐκέλευσεν. ἔτι γὰρ νυκτὸς οὔσης,
ὥσπερ ἐκεῖνος εἰώθει πρὸ ἡμέρας προϊέναι, ἐπέστησαν
αὐτῷ ἰδιάζοντι, μηδὲ πολλοῦ πλήθους παρόντος· οἳ μὲν
γὰρ οὐδὲ προεληλύθεσαν, οἳ δὲ προσαγορεύσαντες πρὸ
ἡμέρας ἀνακεχωρήκεσαν, ἡσυχίας τε οὖν οὔσης ὀλίγων
τε πρὸ τοῦ οἰκίσκου, δηλώσαντες αὐτῷ τὰ προειρημένα
ῥᾳδίως εἰσεδέχθησαν· ἐπιδόντες δὲ τὰ γράμματα, ἐκείνου
ταῖς σφραγῖσι τὰς ὄψεις ἐπιβάλλοντος προβαλόντες τὰ
ξιφίδια καὶ παίσαντες φονεύουσιν, ἔχοντές τε αὐτὰ πρόκωπα
προπηδῶσιν. οἱ δὲ παρόντες ἐκπλαγέντες ἀνεχώρησαν, οἰόμενοι
Μαξιμίνου τὴν κέλευσιν εἶναι· καὶ γὰρ
ἐποίει τοῦτο πολλάκις καὶ περὶ τοὺς δοκοῦντας εἶναι
φιλτάτους. κατελθόντες δὲ διὰ μέσης τῆς ἱερᾶς ὁδοῦ προτιθέασι τὰ
πρὸς τὸν δῆμον τοῦ Γορδιανοῦ γράμματα,
τοῖς τε ὑπάτοις καὶ τοῖς λοιποῖς τὰ ἐπεσταλμένα διδόασι·
διασκεδάννυταί τε ὑπ´ αὐτῶν φήμη ὡς ἄρα καὶ Μαξιμῖνος
εἴη ἀνῃρημένος.
| [7,6] XIV. Gordien resta à Thystrum, où ces événements s'étaient passés,
pendant quelques jours encore, portant le titre d'empereur et les insignes du
rang suprême ; puis, quittant ce séjour, il se rendit à Carthage, qu'il savait
être la ville la plus grande et la plus peuplée du pays, pour se conduire
en tout comme s'il était à Rome. Cette ville, en effet, soit pour les
richesses, soit pour le hombre des habitants, soit pour la grandeur, ne le
cède qu'à Rome, et dispute le second rang à Alexandrie, ville d'Égypte.
Toute la pompe impériale suivait le nouveau prince; les soldats qui se
trouvaient à Carthage et les jeunes gens des premières familles de cette
ville l'escortaient à l'instar des prétoriens de Rome. Ses faisceaux
étaient ornés de lauriers ; ce qui est le signe d'après lequel on
distingue les faisceaux du prince de ceux des magistrats. On portait le
feu devant lui ; de sorte que, pendant quelque temps, la ville des
Carthaginois offrit l'aspect, l'éclat et comme le fidèle tableau de Rome.
XV. Gordien écrivit un grand nombre de lettres qu'il envoya à tous les
premiers citoyens de Rome, ainsi qu'aux membres les plus distingués du
sénat, dont la plupart étaient ses amis ou ses parents. Il fit aussi un
écrit public adressé au sénat et au peuple romain, dans lequel il
annonçait le choix unanime que les Africains avaient fait de sa personne,
et où il accusait en même temps la cruauté de Maximin, sachant à quel
point elle était détestée. Pour lui, il promettait la plus grande douceur,
punissait de l'exil tous les délateurs, accordait aux victimes de
condamnations injustes le droit de faire réviser leurs jugements, et
rappelait tous les exilés dans leur patrie. Il faisait espérer aux soldats
des largesses inusitées, et au peuple des distributions de tout genre.
Mais sa prévoyance songea d'abord à faire périr, avant tout , le préfet du
prétoire, à Rome. Il se nommait Vitalien. Gordien savait que ce
personnage, connu par sa violence et sa cruauté, était très attaché et
entièrement dévoué à Maximin. Craignant donc qu'il n'opposât à ses projets
une vive résistance, et que, par la terreur qu'il inspirait, il n'empêchât
le peuple de se déclarer pour lui, il envoya à Rome le questeur de la
province, jeune homme d'un caractère audacieux, dans toute la force, dans
toute la vigueur de l'âge, et jaloux d'exposer ses jours pour lui; il lui
donne quelques centurions et quelques soldats. Il leur remet des lettres
cachetées, dans une double tablette, telles que sont les dépêches intimes
et confidentielles que l'on envoie aux empereurs. Il leur prescrit
d'entrer à Rome avant le jour, d'aller trouver sur-le-champ Vitalien, déjà
occupé à rendre la justice, et lorsqu'il serait retiré dans la chambre du
tribunal où il examinait et parcourait seul les rapports secrets qui lui
paraissaient de nature à intéresser la sûreté de l'État. Ils devaient lui
annoncer « qu'ils apportaient des dépêches secrètes pour Maximin ; qu'ils
avaient été envoyés pour cet objet, qui touchait vivement le salut de
l'empire. » Ils devaient ensuite témoigner le désir de l'entretenir en
particulier, et de lui faire quelques confidences spéciales dont on les
avait chargés; puis, pendant qu'il serait occupé à reconnaître le cachet
des dépêches, s'approcher de lui comme pour lui parler, et le tuer avec
les poignards qu'ils tiendraient cachés dans leur sein. Tout se passa
comme l'avait ordonné Gordien. La nuit durait encore (car Vitalien avait
coutume de sortir avant le jour) lorsqu'ils allèrent le trouver en
particulier, et avant qu'il y eût foule au tribunal. Les uns en effet
n'étaient pas venus encore; les autres, après avoir présenté leurs
salutations à Vitalien, s'étaient retirés avant que le jour eût paru. Tout
était donc tranquille encore, et un petit nombre de personnes seulement se
trouvaient devant la chambre du tribunal, lorsque les envoyés de Gordien,
en déclarant ce que nous avons dit plus haut, se firent facilement
introduire près de Vitalien. Ils lui présentent leurs lettres, et pendant
qu'il fixe ses regards sur le cachet, ils découvrent leurs poignards, l'en
frappent et le tuent; puis, tenant leurs armes à la main, ils s'élancent
du tribunal ; ceux qui étaient présents se retirèrent épouvantés, pensant
qu'un ordre de Maximin avait ordonné cette mort ; car il en agissait
souvent ainsi même envers ceux qui lui semblaient le plus chers. Les
conjurés se rendent ensuite au milieu de la voie sacrée, publient la
lettre de Gordien au peuple, vont remettre au consul et aux autres
personnages les dépêches dont ils sont porteurs, et répandent partout le
bruit que Maximin a été tué.
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