[7,11] συνέβη δὲ κατὰ τοὺς αὐτοὺς χρόνους πταῖσμα ὀλέθριον
τῇ Ῥωμαίων πόλει, ἀρχὴν καὶ πρόφασιν λαβὸν ἐξ εὐτόλμου
θράσους δύο ἀνδρῶν τῶν ἀπὸ συγκλήτου. συνεληλύθεσαν
γὰρ ἐς τὸ βουλευτήριον πάντες σκοψόμενοι
περὶ τῶν καθεστώτων· μαθόντες δ´ οἱ στρατιῶται οὓς
ἐν τῷ στρατοπέδῳ Μαξιμῖνος καταλελοίπει (ἤδη γὰρ
πρὸς ἄφεσιν τῆς στρατείας ὄντες καὶ δι´ ἡλικίαν οἴκοι
μεμενηκότες) ἦλθον μέχρι τῆς εἰσόδου τῆς συγκλήτου,
βουλόμενοι τὸ πραττόμενον μαθεῖν, ὅπλων μὲν γυμνοί,
ἐν λιταῖς δὲ ἐσθῆσι καὶ ἐφεστρίσιν, ἑστήκεσαν δὲ μετὰ
τοῦ λοιποῦ δήμου. καὶ οἱ μὲν ἄλλοι πρὸ τῶν θυρῶν
ἔμενον, δύο δέ τινες ἢ τρεῖς περιεργότερον ἐπακοῦσαι
τῶν βουλευομένων θελήσαντες ἐς τὸ συνέδριον εἰσῆλθον,
ὡς τὸν ἱδρυμένον βωμὸν τῆς νίκης ὑπερβῆναι τούτους.
τῆς δὲ συγκλήτου ἀνὴρ ἀπὸ ὑπατείας μὲν νεωστί, Γαλλικανὸς
ὄνομα, Καρχηδόνιος δὲ τὸ γένος, καὶ ἕτερος
στρατηγικὸς τὸ ἀξίωμα, Μαικήνας καλούμενος, οὐδέν τι
προσδοκῶντας τοὺς στρατιώτας, ἔχοντας δὲ τὰς χεῖρας
ὑποκαθειμένας ταῖς ἐφεστρίσι, παίουσι πληγαῖς κατακαρδίοις,
ξίφεσιν οἷς ἐπεφέροντο ὑποκολπίοις· πάντες
γὰρ διὰ τὴν οὖσαν στάσιν τε καὶ ταραχήν, οἳ μὲν φανερῶς
οἳ δὲ καὶ κρύβδην, ἐξιφηφόρουν, ἀμυντήρια δῆθεν
φέροντες ἑαυτῶν διὰ τοὺς αἰφνιδίως ἐπιβουλεύοντας
ἐχθρούς. τότε δὴ οἱ στρατιῶται πληγέντες καί πως
ἀπροσδοκήτως προβαλεῖν οὐ δυνηθέντες πρὸ τοῦ βωμοῦ
ἔκειντο. οἱ δὲ λοιποὶ στρατιῶται τοῦτο θεασάμενοι, ἐκπλαγέντες τῷ
πάθει τῶν συστρατιωτῶν, φοβηθέντες τοῦ
δήμου τὸ πλῆθος ἄνευ τε ὅπλων ὄντες ἔφυγον. ὁ δὲ
Γαλλικανὸς ἐκδραμὼν τῆς συγκλήτου ἐς τὸν δῆμον μέσον, δεικνύς τε
τὸ ξίφος καὶ τὴν χεῖρα ᾑμαγμένην, διεκελεύετο διώκειν καὶ φονεύειν
τοὺς ἐχθροὺς μὲν συγκλήτου καὶ Ῥωμαίων, φίλους δὲ καὶ συμμάχους
Μαξιμίνου. ὁ δὲ δῆμος ῥᾷστα πεισθεὶς τὸν μὲν Γαλλικανὸν εὐφήμει,
τοὺς δὲ στρατιώτας ὡς ἐδύναντο διώκοντες ἔβαλλον
λίθοις. οἳ δὲ φθάσαντες, ὀλίγων τινῶν καὶ τρωθέντων,
ἐς τὸ στρατόπεδον καταφυγόντες καὶ τὰς πύλας κλείσαντες,
ὅπλα τε ἀναλαβόντες, ἐφρούρουν τὸ τεῖχος τοῦ
στρατοπέδου. ὁ δὲ Γαλλικανὸς ἅπαξ τολμήσας ἔργον
τηλικοῦτον, ἐμφύλιον πόλεμον καὶ ὄλεθρον μέγαν ἤγειρε
τῇ πόλει. τάς τε γὰρ δημοσίας ἀποθήκας τῶν ὅπλων,
εἴ τινες ἦσαν πρὸς πομπὴν μᾶλλον ἢ μάχην ἐπιτήδειοι,
ἀναρρῆξαι τοὺς ὄχλους ἔπεισε, τό τε σῶμα ἕκαστον
φράττεσθαι ὡς οἷός τε ἦν· τά τε τῶν μονομάχων καταγώγια ἀνοίξας
ἐξήγαγε τοῖς οἰκείοις ὅπλοις ἕκαστον
ἐξηρτυμένον. ὅσα τε ἦν ἐν οἰκίαις ἢ ἐργαστηρίοις
δόρατα ἢ ξίφη πελέκεις τε, πάντα διηρπάζετο. ὅ τε δῆμος ἐνθουσιῶν
πᾶν τὸ ἐμπῖπτον ὕλης ἀξιομάχου ἐργαλεῖον ὅπλον ἐποιεῖτο.
ἀθροισθέντες οὖν ἐπῆλθον τῷ στρατοπέδῳ, καὶ ὡς πολιορκήσοντες αὐτὸ
δῆθεν προσέβαλλον ταῖς τε πύλαις καὶ τοῖς τείχεσιν. οἱ δὲ στρατιῶται
μετὰ πολλῆς ἐμπειρίας ὡπλισμένοι - - - τε τὰς
ἐπάλξεις καὶ τὰς ἀσπίδας, τόξοις τε αὐτοὺς βάλλοντες
καὶ δόρασι μακροῖς ἀπείργοντες τοῦ τείχους ἀπεδίωκον.
ὡς δὲ καμὼν ὁ δῆμος οἵ τε μονομάχοι τιτρωσκόμενοι
ἤδη καὶ ἑσπέρας προσιούσης ἐπανελθεῖν ἠθέλησαν,
θεασάμενοι αὐτοὺς οἱ στρατιῶται ἀπεστραμμένους καὶ
τὰ νῶτα δεδωκότας ἀπιόντας τε ἀμελέστερον, οἰομένους
μὴ τολμήσειν ἐπεξελθεῖν ὀλίγους πλήθει τοσούτῳ, ἀνοίξαντες
αἰφνιδίως τὰς πύλας ἐπέδραμον τῷ δήμῳ, καὶ
τούς τε μονομάχους ἀπέκτειναν, τοῦ τε δήμου μέγα τι
πλῆθος ἀπώλετο ὠθούμενον. οἳ δὲ τοσοῦτον διώξαντες
ὅσον μὴ πολύ τι τοῦ στρατοπέδου ἀποστῆναι, πάλιν
ἐπανῆλθον ἐντός τε τοῦ τείχους ἔμενον.
| [7,11] XXVIII. Dans ces circonstances survint une catastrophe funeste à la ville
de Rome, et qui eut pour cause l'audacieuse témérité de deux membres du
sénat. Tous les sénateurs s'étaient rassemblés dans le lieu de leurs
séances pour délibérer sur l'état des choses. A cette nouvelle, les
soldats que Maximin avait laissés au camp (c'étaient des vétérans qui
avaient achevé leur temps de service, et que leur grand âge avait retenus
à Rome), se rendirent jusque dans le vestibule du sénat, curieux
d'apprendre ce qui s'y passait. Ils étaient venus sans armes, couverts de
leur plus simple uniforme et de leur petite toge militaire. Ils se
tenaient en dehors de la salle avec le reste du peuple, et ne
franchissaient point la porte d'entrée. Mais deux ou trois de ces soldats,
plus curieux que les autres d'apprendre l'objet de la délibération,
entrèrent dans la salle du sénat, et dépassèrent l'autel de la Victoire.
Un sénateur, nommé Gallicanus, qui venait de quitter le consulat et qui
était d'origine carthaginoise, et un autre qui avait été revêtu de la
dignité de préteur et qui se nommait Mécènes, frappent ces soldats, qui ne
s'attendaient à rien et qui avaient leurs mains placées sous leurs toges,
et leur plongent dans le coeur les poignards qu'ils portaient cachés dans
leur sein. Car tous les sénateurs, dans l'état de trouble et de révolution
où se trouvait la ville, portaient des armes, les uns ouvertement, les
autres en secret, pour se défendre contre les attaques imprévues de leurs
ennemis. Ces malheureux soldats, qui, frappés subitement, n'avaient pu
opposer de résistance, étaient donc étendus sans vie devant l'autel. Leurs
compagnons, témoins de ce meurtre, épouvantés de la mort de leurs frères
d'armes, et craignant cette multitude de peuple au milieu de laquelle ils
se trouvent désarmés, prennent la fuite.
XXIX. Gallicanus alors s'élance du sénat au milieu du peuple, lui montre
son poignard, sa main teinte de sang, et l'exhorte à poursuivre et à tuer
les ennemis du sénat et du peuple romain, les amis, les alliés de Maximin.
La foule, facilement convaincue, pousse des acclamations en l'honneur de
Gallicanus, poursuit les soldats avec toute l'ardeur possible, et leur
jette des pierres. Mais ceux-ci gagnent le peuple de vitesse ; un petit
nombre seulement reçoit des blessures. Tous les autres se réfugient dans
leur camp, en ferment les portes à la hâte, prennent les armes, et
veillent à la défense de leurs murs. Gallicanus, après avoir une fois
commis cet acte d'audace et de témérité, ne s'arrêta point qu'il n'eût
allumé une guerre civile et affligé Rome d'un grand désastre. Il engage le
peuple à briser les portes des dépôts publics où l'on gardait des armes
plutôt pour la pompe que pour la guerre; il invite chacun à saisir ce
qu'il pourra pour sa défense. Il fait ouvrir le quartier des gladiateurs,
et se met à leur tête, après leur avoir fait prendre leurs armes. Toutes
celles qu'on trouva dans les maisons ou dans les boutiques, lances, épées
ou haches, furent à l'instant enlevées. Le peuple, furieux, s'emparait de
tous les instruments qui lui tombaient sous la main, pourvu qu'ils fussent
propres aux combats. Cette multitude réunie se dirige donc vers le camp,
et, comme si elle devait l'emporter sur-le-champ de vive force, s'élance
contre les portes et les murs. Mais les soldats, forts de leur longue
expérience, se mettent à couvert derrière leurs créneaux et leurs
boucliers, accablent de flèches les assaillants, les repoussent avec de
longues lances, et les chassent de leur muraille. Lorsque, vers le soir,
le peuple fatigué et les gladiateurs blessés voulurent se retirer, les
soldats, voyant qu'ils lâchaient pied et tournaient le dos, et qu'ils s'en
allaient sans précaution, dans la persuasion où ils étaient qu'un petit
nombre d'hommes n'oserait point faire une sortie contre une aussi grande
multitude, les soldats, disons-nous, ouvrent tout à coup leurs portes, se
précipitent sur le peuple, tuent les gladiateurs, et une foule immense de
peuple périt en s'écrasant dans la déroute. Après avoir fait cette
poursuite, les soldats, qui ne voulaient point trop s'éloigner de leur
camp, revinrent sur leurs pas, et se renfermèrent dans l'enceinte de leur
muraille.
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