[7,10] ὡς δὲ ἐς τὴν Ῥώμην ἐδηλώθη ἡ τοῦ πρεσβύτου τελευτή, ἐν
πολλῇ ταραχῇ καὶ ἀφασίᾳ ὅ τε δῆμος ἦν ἥ τε σύγκλητος
μάλιστα, Γορδιανοῦ τετελευτηκότος ἐς ὃν ἠλπίκεσαν·
ἤδεσαν γὰρ - - - αὐτὸν οὔτε φεισόμενον τινός· ὃς γὰρ
καὶ φύσει ἀλλοτρίως καὶ ἀπεχθῶς πρὸς αὐτοὺς διέκειτο,
τότε καὶ ἐπ´ εὐλόγοις αἰτίαις ὡς ὁμολογουμένοις ἐχθροῖς
εἰκότως ὠργίζετο. ἔδοξεν οὖν συνελθεῖν καὶ περὶ τῶν
πρακτέων σκέψασθαι, ἅπαξ τε ἀναρρίψαντας κίνδυνον
πόλεμον ἄρασθαι, προστησαμένους ἑαυτῶν χειροτονηθέντας
βασιλέας, οὓς ἠθέλησαν μερίσαι τὴν ἀρχήν, ὡς
μὴ παρ´ ἑνὶ οὖσα ἡ ἐξουσία ἐς τυραννίδα πάλιν ἐξοκείλῃ.
συνῆλθον οὖν οὐκ ἐς τὸ σύνηθες συνέδριον ἀλλ´ ἐς τὸν
τοῦ Διὸς νεὼν τοῦ Καπετωλίου, ὃν σέβουσι Ῥωμαῖοι ἐν
ἀκροπόλει. συγκλείσαντες οὖν αὑτοὺς ἐν τῷ σηκῷ μόνους,
ὥσπερ ὑπὸ μάρτυρι τῷ Διὶ καὶ συνέδρῳ ἐπισκόπῳ τε
τῶν πραττομένων, ἐπιλεξάμενοι τῶν ἐν ἡλικίᾳ καὶ ἀξιώματι
προυχόντων οὓς ἐδοκίμαζον κατὰ ψηφοφορίαν, ἐχόντων καὶ ἄλλων
ψήφους, διακριθεισῶν τε καὶ τοῦ πλείστου τῆς γνώμης Μάξιμόν τε καὶ
Βαλβῖνον ἀνειπόντος αὐτοκράτορας ἐποίησαν. τούτων δ´ ἦν ὁ μὲν
Μάξιμος ἔν τε πολλαῖς στρατοπέδων ἀρχαῖς γενόμενος, τῆς τε
Ῥωμαίων πόλεως ἕπαρχος καταστὰς ἀνεπιστρόφως τε
ἄρξας, καὶ ἐν ὑπολήψει παρὰ τοῖς ὄχλοις φρενῶν τε καὶ
ἀγχινοίας καὶ βίου σώφρονος, ὁ δὲ Βαλβῖνος γενόμενος
μὲν εὐπατρίδης, ἐς δευτέραν τε ὑπατείαν ἐληλακὼς ἐθνῶν τε
ἡγησάμενος ἀμέμπτως, τὸ δ´ ἦθος ἁπλούστερος.
τῆς οὖν χειροτονίας ἐκείνους ἀνειπούσης Σεβαστοί τε
ἀνηγορεύθησαν, καὶ πάσαις ταῖς βασιλικαῖς τιμαῖς ἡ
σύγκλητος διὰ δόγματος αὐτοὺς ἐκόσμησεν.
ὁ δὲ δῆμος τούτων ἐν τῷ Καπετωλίῳ πραττομένων,
εἴτε ὑποβαλόντων τινῶν Γορδιανοῦ φίλων καὶ οἰκείων
εἴτε γνόντες ὑπὸ φήμης, παρειστήκεσαν ταῖς πύλαις,
φράξαντες πᾶσαν τὴν ἐς τὸ Καπετώλιον ἄνοδον τῷ
πλήθει τῶν ὄχλων, λίθους τε καὶ ξύλα ἐπεφέροντο,
ἀντιπράττοντες τοῖς ὑπὸ τῆς συγκλήτου ἐψηφισμένοις, καὶ
μάλιστα τὸν Μάξιμον παραιτούμενοι· ἦρξέ τε γὰρ
στερρότερον τῆς πόλεως, πολύ τε τὸ ἐπιστρεφὲς ἔσχε
πρὸς τοὺς φαύλους καὶ κούφους τῶν ὄχλων. ὅθεν δεδιότες
ἀπηρέσκοντο αὐτῷ ἐβόων τε καὶ ἠπείλουν ἀποκτενεῖν αὐτούς· ἠξίουν
γὰρ τοῦ Γορδιανοῦ γένους βασιλέα αἱρεθῆναι, τό τε τῆς
αὐτοκρατορικῆς ὄνομα ἀρχῆς
ἐκείνῳ τῷ οἴκῳ καὶ ὀνόματι μεῖναι. ὁ δὲ Βαλβῖνος καὶ
Μάξιμος ἐκ τοῦ ἱππικοῦ τάγματος νεανίας τούς τε πάλαι
στρατιώτας οἳ ἐν Ῥώμῃ διέτριβον, περιστήσαντες ἑαυτοῖς
ξιφηφόρους προελθεῖν τοῦ Καπετωλίου ἐβιάζοντο, ὑπὸ
δὲ πλήθους λίθων καὶ ξύλων ἐκωλύθησαν, ἔστε δὴ ὑποβαλόντος
τινὸς αὐτοὶ τὸν δῆμον ἐσοφίσαντο. ἦν τι
παιδίον νήπιον, τῆς Γορδιανοῦ θυγατρὸς τέκνον, τῷ
πάππῳ ὁμώνυμον. πέμψαντες τοίνυν τῶν σὺν αὐτοῖς
τινὰς κελεύουσι τὸ παιδίον κομισθῆναι. οἳ δὲ εὑρόντες
αὐτὸ ἀθῦρον οἴκοι, ἀράμενοι ἐπὶ τῶν ὤμων, διὰ μέσου
τοῦ πλήθους, δεικνύντες τοῖς ὄχλοις Γορδιανοῦ τε ἔγγονον λέγοντες
καὶ τῇ αὐτοῦ προσηγορίᾳ ἀποκαλοῦντες,
ἀνάγουσιν ἐς τὸ Καπετώλιον εὐφημούμενον ὑπὸ τοῦ δήμου καὶ
φυλλοβολούμενον. τῆς τε συγκλήτου Καίσαρα
αὐτὸ ἀποδειξάσης, ἐπειδὴ διὰ τὴν ἡλικίαν οὐχ οἷός τε
ἦν προΐστασθαι τῶν πραγμάτων, τῆς τε ὀργῆς ὁ δῆμος
ἐπαύσατο, ἠνέσχοντό τε προελθεῖν ἐς τὴν βασίλειον αὐλήν.
| [7,10] XXV. Dès que la mort du vieux Gordien fut connue à Rome, un grand
trouble, une profonde douleur s'emparèrent du sénat et du peuple. La victoire
de Capellien les consternait moins que la mort de l'homme en qui ils avaient
placé toutes leurs espérances. Les sénateurs savaient bien qu'ils
n'avaient aucun pardon à attendre de Maximin. Outre qu'il nourrissait
contre eux une inimitié et une aversion instinctives, il avait maintenant
des causes légitimes de les accabler de sa colère, comme des ennemis
déclarés. Ils résolurent donc de se rassembler à l'instant, pour examiner
le parti qu'il y avait à prendre; et, puisqu'ils se trouvaient une fois
engagés dans le péril, de soutenir la guerre, après avoir mis à leur tête
deux empereurs qu'ils éliraient eux-mêmes. Ils voulurent qu'ils se
partageassent l'empire, dans la crainte que la puissance, s'affermissant
encore dans les mains d'un seul, ne dégénérât de nouveau en tyrannie. Ils
se rassemblèrent donc, non pas dans le lieu habituel de leurs séances,
mais au temple élevé à Jupiter Capitolin, dans la citadelle qui domine la
ville. Ils s'enfermèrent seuls dans le sanctuaire, comme sous les yeux de
Jupiter, qui semblait siéger au milieu d'eux et assister à leurs
délibérations, et choisirent deux citoyens les plus respectables par leur
âge et par la dignité de leur caractère, qui furent élus, non pas à
l'unanimité, mais à la majorité des suffrages. Ils déclarèrent aussitôt et
créèrent empereurs Maxime et Balbin. Maxime avait eu de nombreux
commandements militaires ; il avait été gouverneur de Rome, avait déployé
de l'activité dans cette fonction, et passait dans l'opinion générale pour
un homme adroit, prudent et de moeurs sévères. Balbin, d'une famille
patricienne, avait été deux fois consul et avait administré plusieurs
provinces à la satisfaction de tous. On lui reconnaissait plus de
simplicité et de franchise qu'à Maxime. Conformément à l'élection qui les
avait désignés tous deux, ils furent donc déclarés Augustes, et un décret
du sénat leur décerna tous les honneurs réservés à la dignité impériale.
XXVI. Mais pendant que ces choses se passaient au Capitole, le peuple,
soit qu'il eût été averti par les amis et les parents de Gordien, soit que
le bruit s'en fût déjà répandu au dehors, vint se placer devant les
portes, et couvrir de sa multitude immense la colline qui conduit au
Capitole. Cette foule portait des pierres et des bâtons pour s'opposer aux
décisions du sénat. Elle exigeait surtout l'exclusion de Maxime, qui avait
montré trop de sévérité quand il avait été gouverneur de Rome, et qui
avait mis beaucoup de zèle à poursuivre les méchants et les factieux.
Aussi le peuple craignait-il de le voir sur le trône; il s'opposait à son
élection, poussait d'horribles clameurs, et menaçait de le tuer, lui et
Balbin. Il demandait qu'on élût un prince de la famille de Gordien, et
qu'on laissât à cette famille et à ce nom le titre de la souveraine
puissance. Balbin et Maxime font mettre l'épée à la main aux chevaliers et
aux soldats qui se trouvaient à Rome, se placent au milieu d'eux, et
essayent de sortir de force du Capitole. Mais le grand nombre de bâtons et
de pierres les en empêcha. Enfin, sur le conseil d'un de leurs partisans,
ils employèrent pour calmer le peuple un heureux expédient.
XXVII. Il y avait à Rome, un jeune enfant, né d'une fille de Gordien, et
qui portait le nom de son aïeul. Ils font partir plusieurs de ceux qui les
entourent, avec l'ordre d'apporter cet enfant. Ceux-ci, l'ayant trouvé qui
jouait dans la maison de sa mère, le prennent dans leurs bras, et à
travers toute la multitude, à laquelle ils le montrent en disant que c'est
le petit-fils de Gordien et en l'appelant de ce nom, ils le portent au
Capitole. Le peuple l'accompagne de ses acclamations, et lui jette des
feuilles et des fleurs. Le sénat déclare cet enfant César, car son jeune
âge ne lui permettait pas encore de gouverner l'empire; la colère du
peuple s'apaise aussitôt, et il permet à Maxime et à Balbin de se rendre
au palais impérial.
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