[6,3] δικάζειν {τε} οὖν αὐτὸν ἔπειθε συνεχέστατα καὶ ἐπὶ πλεῖστον
τῆς ἡμέρας, ὡς ἂν ἀσχολούμενος περὶ τὰ κρείττονα καὶ τῇ
βασιλείᾳ ἀναγκαῖα μὴ ἔχοι καιρὸν ἐς τὸ ἐπιτηδεύειν τι
τῶν ἁμαρτημάτων. ὑπῆρχε δέ τι καὶ φυσικὸν ἦθος
πρᾶον καὶ ἥμερον τῷ Ἀλεξάνδρῳ ἔς τε τὸ φιλάνθρωπον
πάνυ ἐπιρρεπές, ὡς ἐδήλωσε καὶ τῆς ἡλικίας προχωρούσης. ἐς
τεσσαρεσκαιδέκατον γοῦν ἐλάσας τῆς βασιλείας
ἔτος ἀναιμωτὶ ἦρξεν, οὐδέ τις εἰπεῖν ἔχει ὑπ´ ἐκείνου
φονευθέντα. καίτοι τινῶν μεγίσταις αἰτίαις ὑποπεσόντων,
ὅμως ἐφείσατο ὡς μὴ φονεῦσαι, οὐ ῥᾳδίως τοῦτο
ἄλλου βασιλέως τῶν καθ´ ἡμᾶς ποιήσαντος ἢ παραφυλάξαντος
μετὰ τὴν Μάρκου ἀρχήν. ὑπ´ Ἀλεξάνδρου δ´
οὐκ ἄν τις εἰπεῖν ἔχοι ἢ μνημονεῦσαι ἐν ἔτεσι τοσούτοις
ἀκρίτως φονευθέντα.
| [6,3] III. Elle l'engageait à rendre la justice ; et cela fréquemment, et la
plus grande partie du jour, afin que, livré à une occupation honorable et
nécessaire à l'empire, il n'eût point de temps à donner au vice. Alexandre
était d'ailleurs d'un esprit naturellement doux, indulgent et humain,
comme il le montra dans un âge plus avancé. Son règne eut quatorze ans de
durée; et il régna sans verser injustement une goutte de sang. On ne peut
nommer personne que sa volonté ait sacrifié. On vit des hommes qui
s'étaient rendus coupables des plus grands crimes devoir cependant la vie
à sa clémence. Aucun empereur, de notre temps, ne donna depuis le règne de
Marc-Aurèle un si rare exemple de modération. Il serait impossible de
nommer, de se rappeler aucun citoyen qu'Alexandre, pendant tant d'années,
ait fait périr sans condamnation.
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