[6,17] οἱ μέντοι στρατιῶται χαλεπῶς ἔφερον
διατριβῆς τε ματαίας ἐγγινομένης, καὶ μηδέν τι γενναῖον ἢ πρόθυμον ἐς τὸ
πολεμεῖν παρέχοντος τοῦ Ἀλεξάνδρου, ἀλλ´ ἡνιοχείαις καὶ τρυφαῖς
προσέχοντος, δέον ἐπεξελθεῖν καὶ τιμωρήσασθαι
Γερμανοὺς ἐπὶ τοῖς προτετολμημένοις. ἦν δέ τις ἐν τῷ
στρατῷ Μαξιμῖνος ὄνομα, τὸ μὲν γένος τῶν ἐνδοτάτω
Θρᾳκῶν καὶ μιξοβαρβάρων, ἀπό τινος κώμης, ὡς ἐλέγετο,
πρότερον μὲν ἐν παιδὶ ποιμαίνων, ἐν ἀκμῇ δὲ τῆς ἡλικίας γενόμενος
διὰ μέγεθος καὶ ἰσχὺν σώματος ἐς τοὺς
ἱππεύοντας στρατιώτας καταταγείς, εἶτα κατ´ ὀλίγον αὐτὸν
χειραγωγούσης τῆς τύχης ἐλθὼν διὰ πάσης τάξεως
στρατιωτικῆς, ὡς στρατοπέδων τε ἐπιμέλειαν τῶν ἐθνῶν
τε ἀρχὰς πιστευθῆναι. τὸν δὴ Μαξιμῖνον τοῦτον διὰ
τὴν προειρημένην στρατιωτικὴν ἐμπειρίαν ὁ Ἀλέξανδρος
ἐπέστησε πάσῃ τῇ τοῦ στρατοῦ νεολαίᾳ, ὡς ἀσκοίη τε
αὐτοὺς τὰ στρατιωτικὰ καὶ ἐς τὸ πολεμεῖν ἐπιτηδείους
παρασκευάζοι. ὃ δὲ μετὰ πάσης ἐπιμελείας ποιούμενος
τὰ ἐγκεχειρισμένα εὔνοιαν πολλὴν παρὰ τῶν στρατιωτῶν
ἐκτήσατο, οὐ μόνον διδάσκων αὐτοὺς τὰ ποιητέα, ἀλλὰ
καὶ τοῖς ἔργοις πάντων προηγούμενος, ὡς μὴ μαθητὰς
εἶναι μόνον ἀλλὰ καὶ ζηλωτὰς καὶ μιμητὰς τῆς ἐκείνου
ἀνδρείας. ἔτι τε καὶ δώροις αὐτοὺς καὶ παντοδαπαῖς τιμαῖς ᾠκειώσατο.
ὅθεν οἱ νεανίαι, ἐν οἷς ἦν τὸ πολὺ πλῆθος Παιόνων μάλιστα, τῇ μὲν ἀνδρείᾳ
τοῦ Μαξιμίνου ἔχαιρον, τὸν δὲ Ἀλέξανδρον ἐπέσκωπτον ὡς ὑπὸ
τῆς {τε} μητρὸς ἀρχόμενον, καὶ διοικουμένων τῶν πραγμάτων ὑπ´ ἐξουσίας τε
καὶ γνώμης γυναικός, ῥᾳθύμως
τε καὶ ἀνάνδρως τοῖς πολεμικοῖς προσφερομένου ἐκείνου.
ὑπεμίμνησκον δὲ ἀλλήλους τῶν τε ὑπὸ ταῖς ἀνατολαῖς
διὰ μέλλησιν αὐτοῦ πταισμάτων, καὶ ὅτι μηδὲν ἀνδρεῖον
μηδὲ νεανικὸν παρέχοιτο ἐς Γερμανοὺς ἐλθών. ὄντες
οὖν καὶ ἄλλως πρὸς τὸ καινοτομεῖν ἐπιτήδειοι, καὶ τὸ
μὲν παρὸν τῆς ἀρχῆς βαρὺ διὰ μῆκος ἐξουσίας ἡγούμενοι
ἀκερδές τε ἤδη πάσης προανηλωμένης φιλοτιμίας,
τὸ δὲ μέλλον καὶ προσιὸν ἔς τε τὸ κερδαλέον αὑτοῖς
εὔελπι καὶ τῷ κτωμένῳ παρὰ προσδοκίαν τίμιόν τε καὶ
περισπούδαστον, ἐβουλεύσαντο ἀποσκευάσασθαι μὲν τὸν
Ἀλέξανδρον, ἀνειπεῖν δὲ αὐτοκράτορα καὶ Σεβαστὸν τὸν
Μαξιμῖνον, συστρατιώτην τε αὑτῶν ὄντα καὶ σύσκηνον,
ἔς τε τὸν παρόντα πόλεμον δι´ ἐμπειρίαν καὶ ἀνδρείαν
ἐπιτήδειον δοκοῦντα. ἀθροισθέντες οὖν ἐς τὸ πεδίον
ὡπλισμένοι ὡς δὴ ἐπὶ τὰ συνήθη γυμνάσια, προελθόντα
καὶ ἐπιστάντα αὐτοῖς τὸν Μαξιμῖνον, εἴτε ἀγνοοῦντα τὸ
πραττόμενον εἴτε καὶ λάθρᾳ τοῦτο προκατασκευάσαντα,
πορφύραν ἐπιβαλόντες βασιλικὴν αὐτοκράτορα ἀναγορεύουσιν.
ὃ δὲ τὰ μὲν πρῶτα παρῃτεῖτο καὶ τὴν πορφύραν ἀπερρίπτει·
ὡς δὲ ἐνέκειντο ξιφήρεις ἀποκτενεῖν ἀπειλοῦντες,
τοῦ παρόντος κινδύνου τὸν μέλλοντα προελόμενος
ἀνεδέξατο τὴν τιμήν, πολλάκις αὐτῷ πρότερον,
ὡς ἔλεγε, χρησμῶν καὶ ὀνειράτων τὴν τοσαύτην τύχην
προειρηκότων, εἰπὼν πρὸς τοὺς στρατιώτας ὅτι ἄκων
μὲν καὶ οὐ βουλόμενος ἀναδέχεται, πειθόμενος τῇ ἐκείνων βουλήσει,
παραγγέλλει δ´ αὐτοῖς ἔργῳ βεβαιῶσαι
τὰ δόξαντα ἀραμένους τε τὰ ὅπλα σπεύδειν ἐπιστῆναι
τῷ Ἀλεξάνδρῳ ἀγνοοῦντι, τὴν φήμην φθάσαντας, ἵν´
ἐκπλήξαντες τοὺς συνόντας ἐκείνῳ στρατιώτας καὶ φρουροὺς
τοῦ σώματος ἢ πείσαιεν ὁμογνωμονῆσαι ἢ ῥᾷστα
βιάσαιντο ἀπαρασκεύους τῷ μηδὲν προσδοκᾶν.
| [6,17] XVII. Mais ses soldats supportaient avec peine qu'on leur opposât de
vains retards et que l'empereur, loin de montrer aucun zèle, aucun empressement
pour la guerre, s'occupât uniquement de courses de chars et de plaisirs,
lorsqu'il aurait dû poursuivre les Germains et tirer vengeance de leurs
premiers outrages. Il y avait dans l'armée un chef nommé Maximin, né,
disait-on, dans la partie la plus reculée, la plus barbare de la Thrace,
et dans un simple village. Il avait d'abord gardé les troupeaux dans son
enfance ; puis dans la vigueur de l'âge, sa taille élevée et sa force le
firent entrer comme soldat dans la cavalerie. Peu à peu, comme si la
fortune l'eût conduit par la main, il passa par tous les grades, et se vit
confier le commandement des armées et le gouvernement des provinces.
Alexandre, en considération de cette longue expérience que Maximin avait
acquise de l'art militaire, l'avait mis à la tête de toutes les nouvelles
levées, pour les exercer, les rendre propres à la guerre. Remplissant avec
le plus grand zèle l'emploi qu'on lui avait confié, il se concilia la vive
affection des soldats, qu'il ne se bornait pas à instruire de ce qu'ils
devaient faire, mais auxquels il donnait lui-même l'exemple dans tous
leurs travaux. Aussi n'étaient-ils pas seulement des élèves, mais des
émules qui se proposaient son courage pour modèle. Il sut encore les
attacher à sa personne par des présents, par des égards de toute espèce.
Autant ces jeunes soldats, dont le grand nombre était composé surtout de
Pannoniens, se montraient charmés du courage de Maximin, autant ils
témoignaient de mépris pour Alexandre, qui, disaient-ils, était soumis aux
volontés de sa mère, abandonnait à l'autorité et aux caprices d'une femme
la direction des affaires, et conduisait lui-même la guerre actuelle avec
tant de mollesse et de timidité. Ils se rappelaient mutuellement à la
mémoire les malheurs causés en Orient par son indolence; ils se
demandaient entre eux ce qu'il avait fait de courageux et de viril depuis
son entrée en Germanie. Naturellement portés d'ailleurs à des choses
nouvelles, lassés du règne présent, dont la longue durée leur était à
charge, et qui ne leur rapportait plus rien, car toutes les munificences
du prince étaient épuisées; convaincus que le nouveau règne qu'ils se
préparaient serait aussi profitable à leur cupidité que cher à l'ambition
et aux voeux de l'homme qui le recevrait contre toute attente, ils
résolurent de renverser Alexandre et de déclarer « empereur et Auguste »
Maximin, leur compagnon d'armes, leur camarade de tente, que son
expérience et son courage rendaient si propre à la guerre actuelle. Ils se
rassemblent donc en armes dans leur camp de manoeuvres; Maximin survient
et arrive au milieu d'eux comme pour les exercices accoutumés, et alors,
soit qu'il fût étranger à cet événement, soit qu'il l'eût préparé d'abord
dans le silence, ils le couvrent de la pourpre impériale, et le proclament
empereur. Maximin refuse d'abord; il rejette la pourpre qu'on lui offre;
mais, les voyant insister le fer à la main, et le menacer de la mort, il
préfère le danger de l'avenir au péril présent, et se résigne à l'honneur
de la couronne: depuis longtemps d'ailleurs, disait-il, des oracles, des
songes lui avaient fréquemment annoncé une telle fortune. Il proteste
toutefois que ce n'est ni de son gré, ni de sa propre volonté, qu'il
reçoit l'empire, mais pour obéir à la volonté des soldats; il leur
recommande en même temps de soutenir par une exécution prompte ce qu'ils
ont résolu de faire ; de prendre leurs armes, de marcher sans délai vers
Alexandre, avant qu'il fût instruit, et de devancer le bruit de leur
révolte. Il fallait effrayer les soldats qui l'entouraient et les gardes
de sa personne, les amener à un consentement par la persuasion, ou les
contraindre facilement par la force et par la surprise d'une attaque inattendue.
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