[10,7] Καὶ ἔτι τούτων δρωμένων βοή τις ἀθρόον
ἠγείρετο συμμιγής τε καὶ ταραχώδης καὶ οἷα εἰκὸς ὑπὸ
πλήθους ἀπείρου συγκλύδων ἀνθρώπων, «Τὰ πάτρια
τελείσθω» τῶν περιεστώτων ἐκβοώντων, «ἡ νενομισμένη
θυσία λοιπὸν ὑπὲρ τοῦ ἔθνους τελείσθω, αἱ ἀπαρχαὶ τοῦ
πολέμου τοῖς θεοῖς προσαγέσθωσαν.» Συνεὶς οὖν ὁ
Ὑδάσπης ὅτι τὴν ἀνθρωποκτονίαν ἐπιζητοῦσιν, ἣν ἐπὶ ταῖς
κατὰ τῶν ἀλλοφύλων νίκαις μόναις ἐκ τῶν ἁλισκομένων
ἐπιτελεῖν εἰώθεσαν, κατασείσας τῇ χειρὶ καὶ αὐτίκα τὸ
αἰτούμενον ἔσεσθαι τοῖς νεύμασι σημήνας, τοὺς εἰς τοῦτο
πάλαι ἀποκεκληρωμένους αἰχμαλώτους ἄγεσθαι προσέταττεν.
Ἤγοντο οὖν οἵ τε ἄλλοι καὶ ὁ Θεαγένης καὶ ἡ
Χαρίκλεια τῶν τε δεσμῶν λελυμένοι καὶ κατεστεμμένοι,
κατηφεῖς μέν, οἷα εἰκός, οἱ ἄλλοι - Θεαγένης δὲ ἐπ´
ἔλαττον - , ἡ Χαρίκλεια δὲ καὶ φαιδρῷ τῷ προσώπῳ καὶ
μειδιῶντι συνεχές τε καὶ ἀτενὲς εἰς τὴν Περσίνναν ἀφορῶσα,
ὥστε κἀκείνην παθεῖν τι πρὸς τὴν ὄψιν· καὶ βύθιόν τι
στενάξασαν «Ὦ ἄνερ» εἰπεῖν, «οἵαν κόρην εἰς τὴν θυσίαν
ἐπιλέλεξαι· οὐκ οἶδα ἰδοῦσα τοιοῦτο κάλλος· ὡς δὲ καὶ
εὐγενὴς τὸ βλέμμα, ὡς δὲ καὶ μεγαλόφρων πρὸς τὴν τύχην,
ὡς δὲ καὶ ἐλεεινὴ τῆς κατὰ τὴν ἡλικίαν ἀκμῆς. Εἰ περιεῖναι
συνέβαινεν ἡμῖν τὸ ἅπαξ μοι κυηθὲν καὶ κακῶς ἀπολωλὸς
θυγάτριον, ἐν ἴσοις που ταύτῃ τοῖς ἔτεσιν ἐξητάζετο.
Ἀλλ´ εἴθε γε, ὦ ἄνερ, ἐνῆν πως ἐξελέσθαι τὴν κόρην,
πολλὴν ἂν ἔσχον παραψυχὴν διακονουμένης μοι τοιαύτης.
Ἴσως δέ που καὶ Ἑλληνίς ἐστιν ἡ ἀθλία· τὸ γὰρ πρόσωπον
οὐκ Αἰγυπτίας.» «Ἑλληνὶς μὲν» ἔφη πρὸς αὐτὴν ὁ
Ὑδάσπης «καὶ πατέρων οὓς λέξει τὸ παρόν· δεῖξαι γὰρ
οὐκ ἂν ἔχοι· πόθεν; καίτοι γε ἐπηγγέλλετο. Ῥυσθῆναί
γε μὴν τῆς θυσίας ἀδύνατος· καίτοι γε ἐβουλόμην, πεπονθώς
τι καὶ αὐτὸς οὐκ οἶδ´ ὅπως καὶ κατελεῶν τὴν κόρην· ἀλλ´
οἶσθα ὡς ἄρρενα μὲν τῷ Ἡλίῳ θήλειαν δὲ τῇ Σεληναίᾳ
προσάγειν τε καὶ ἱερουργεῖν ὁ νόμος βούλεται. Ταύτης δὴ
πρώτης αἰχμαλώτου μοι προσαχθείσης καὶ εἰς τὴν νῦν
θυσίαν ἀποκληρωθείσης ἀπαραίτητος ἂν γένοιτο πρὸς τὸ
πλῆθος ἡ ὑπέρθεσις. Ἓν μόνον ἂν βοηθήσειεν, εἰ τῆς
ἐσχάρας ἣν οἶσθα ἐπιβᾶσα μὴ ἁγνεύουσά πως ὁμιλίας τῆς
πρὸς ἄνδρας ἐλεγχθείη, καθαρὰν εἶναι τὴν προσκομιζομένην
τῇ θεῷ, καθάπερ οὖν καὶ τὸν τῷ Ἡλίῳ, τοῦ νόμου κελεύοντος,
ἐπὶ δὲ τῆς τοῦ Διονύσου θυσίας ἀδιαφοροῦντος.
Ἀλλ´ ὅρα, εἰ προσομιλήσασά τῳ φωραθείη πρὸς τῆς ἐσχάρας,
μὴ οὐκ εὐπρεπὲς ᾖ τὴν τοιάνδε εἰς τὸν οἶκον εἰσδέξασθαι.»
Καὶ ἡ Περσίννα «Φωραθείη» ἔφη «καὶ σωθείη μόνον· αἰχμαλωσία
καὶ πόλεμος καὶ τοσοῦτος τῆς ἐνεγκούσης ἐξοικισμὸς ἀνέγκλητον
ποιεῖ τὴν προαίρεσιν, καὶ πλέον ἐπὶ ταύτης, ἐν τῷ κάλλει τὴν
καθ´ ἑαυτῆς βίαν, εἰ καί τι τοιοῦτον ὑπέστη, περιαγούσης.»
| [10,7] Ces sacrifices n'étaient pas encore achevés quand
s'élevèrent soudain des cris confus, tumultueux, comme
peut en faire entendre une foule immense : « Respectez
l'usage! criaient les assistants, accomplissez le sacrifice
traditionnel pour la patrie, offrez aux dieux les prémices
de la guerre! » Hydaspe comprit que la foule réclamait
le sacrifice humain, l'immolation des prisonniers, a
laquelle la coutume voulait que l'on procédât seulement
après une victoire sur un peuple étranger; il les calma
de la main et, d'un signe de tête, leur indiqua qu'on
allait tout de suite faire ce qu'ils demandaient. Puis il
ordonna d'amener les prisonniers qu'il avait réservés
depuis longtemps pour cela. On les fit alors venir, Théagène
et Chariclée parmi eux, sans liens, la tête couronnée,
les prisonniers, comme cela était naturel, avaient l'air
triste mais Théagène moins que les autres; Chariclée,
elle, avait le visage joyeux; elle souriait et fixait Persinna
avec tant d'insistance et d'intensité que la reine,
à sa vue, se sentit touchée; elle poussa un profond soupir
et dite : "O mon mari, quelel belel fille tu as choisie
pour la sacrifier ! Je ne sais si j'ai jamis vu une telle
beauté. Comme son regard est noble, quel courage
devant le malheur, comme il est pitoyable de la voir
périr dans la fleur de son âge ! Si nous avions le bonheur
de posséder encore la petite fille que j'ai eue et qui est
malheureusement morte, elle aurait à peu près le même
âge qu'elle. Ah! mon mari, si seulement il était possible
de sauver cette petite, ce serait une grande consolation
pour moi de l'avoir pour me servir. Peut-être même la
malheureuse est-elle grecque, car son visage n'est pas
celui d'une Egyptienne. — Elle est bien grecque, lui
répondit Hydaspe; elle va nous dire tout de suite quels
sont ses parents; car elles ne saurait nous les montrer.
Où seraient-ils ? Pourtant, elle a promis de le faire. Quant
à la soustraire au sacrifice, cela m'est impossible; pourtant,
je le voudrais bien, car j'éprouve je ne sais quel
sentiment à sa vue, et j'ai pitié de cette jeune fille; mais
tu sais que la loi veut que l'on offre une victime masculine
au Soleil et une victime féminine à la Lune. Or, cette
jeune fille est la première prisonnière qui m'ait été
amenée; elle a été réservée pour le sacrifice d'aujourd'hui,
et l'on ne pourrait faire comprendre à la foule pourquoi
nous voulons l'y soustraire. Une seule chose pourrait la
sauver, ce serait si, en montant sur le foyer que tu connais,
elle faisait la preuve qu'elle n'est pas pure de toute relation
avec les hommes, car la loi exige que la victime offerte à
la divinité soit pure, comme doit être pur le jeune homme
que l'on sacrifie au Soleil — pour le sacrifice offert à Dionysos,
la chose n'a aucune importance. Mais réfléchis,
si une femme dont l'épreuve du foyer aura montré qu'elle
n'est pas vierge pourra, sans inconvenance, être accueillie
dans ta maison. » Alors Persinna : « Ayons-en la
preuve, dit-elle, pourvu seulement qu'elle soit sauvée;
la captivité, la guerre, l'exil, si loin de sa patrie, excuseraient
sa faute, surtout chez une fille dont la beauté
constitue une menace constante contre elle-même, si toutetefois
elle a dû endurer quelque violence de cette sorte. »
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