[10,6] Τότε δ´ οὖν διὰ πάσης νυκτὸς ἄλλοι κατ´ ἄλλο
τὸν ποταμὸν περαιωθέντες, προαπαντῶντές τε καὶ ἴσα καὶ
θεὸν εὐφημοῦντες ἐδεξιοῦντο τὸν Ὑδάσπην· οὗτοι μὲν δὴ
καὶ πορρωτέρω, μικρὸν δὲ καὶ πρὸ τῆς ὀργάδος ἐντυχόντες
οἱ Γυμνοσοφισταὶ δεξιάς τε ἐνέβαλλον καὶ φιλήμασιν
ἠσπάζοντο· μετὰ δὲ τούτους ἡ Περσίννα τοῦ νεώ τε ἐν
προπύλοις καὶ περιβόλων ἐντός. Κἀπειδὴ προσπεσόντες
τοὺς θεοὺς προσεκύνησαν καὶ τὰς χαριστηρίους
εὐχὰς ὑπέρ τε τῆς νίκης καὶ σωτηρίας ἐτέλεσαν, ἐκτὸς
περιβόλων ἐλθόντες ἐπὶ τὴν δημοτελῆ θυσίαν ἐτρέποντο,
κατὰ τὴν προηυτρεπισμένην ἐν τῷ πεδίῳ σκηνὴν προκαθίσαντες,
ἣν τέσσαρες ἐπλήρουν νεότμητοι κάλαμοι,
σχήματος τετραπλεύρου γωνίαν ἑκάστην ἑνὸς καλάμου,
κίονος δίκην, ἐρείδοντος καὶ κατὰ τὰς ἄκρας εἰς ἁψῖδα
περιαγομένου καὶ τοῖς ἄλλοις ἅμα φοινίκων ἔρνεσι συμπίπτοντος
καὶ τὸ ὑποκείμενον ὀροφοῦντος. Καθ´ ἑτέραν
δὲ σκηνὴν πλησίον ἐφ´ ὑψηλῆς μὲν κρηπῖδος θεῶν τε
ἐγχωρίων ἀγάλματα καὶ ἡρώων εἰκόνες προὔκειντο, Μέμνονός
τε καὶ Περσέως καὶ Ἀνδρομέδας οὓς γενεάρχας
ἑαυτῶν οἱ βασιλεύοντες Αἰθιόπων νομίζουσι· χθαμαλώτεροι
δὲ καὶ οἷον ὑπὲρ κορυφῆς τὰ θεῖα πεποιημένοι κατὰ τῆς
δευτερευούσης κρηπῖδος οἱ Γυμνοσοφισταὶ ὑπεκάθηντο.
Τούτων ἑξῆς ὁπλιτῶν φάλαγξ εἰς κύκλον περιεστοίχιστο
ταῖς ἀσπίσιν ὠρθωμέναις καὶ ἀλλήλων ἐχομέναις ἐπερειδομένη,
τό τε πλῆθος ἐξόπισθεν ἀναστέλλουσα καὶ τὸ
μεσεῦον ἀνενόχλητον τοῖς ἱερουργουμένοις παρασκευάζουσα.
Μικρὰ δὲ δὴ προδιαλεχθεὶς πρὸς τὸν δῆμον ὁ
Ὑδάσπης καὶ τήν τε νίκην καὶ τὰ ὑπὲρ τοῦ κοινοῦ κατορθωθέντα
καταγγείλας, ἔχεσθαι τῆς θυσίας τοῖς ἱεροποιοῖς
ἐκέλευε. Τριῶν δὴ βωμῶν τῶν πάντων εἰς ὕψος ἠρμένων
καὶ τοῖν μὲν δυοῖν κεχωρισμένως Ἡλίῳ τε καὶ Σελήνῃ
συνεξευγμένων τοῦ τρίτου δὲ τῷ Διονύσῳ καθ´ ἕτερον μέρος
ἰδιάζοντος, τούτῳ μὲν παντοῖα ζῷα ἐπεσφάττοντο, διὰ τὸ
πάνδημον, οἶμαι, τοῦ θεοῦ καὶ πᾶσι κεχαρισμένον ἐκ
ποικίλων τε καὶ παντοίων ἱλασκόμενοι· ἐπὶ δὲ τῶν ἑτέρων,
Ἡλίῳ μὲν τέθριππον λευκὸν ἐπῆγον, τῷ ταχυτάτῳ θεῶν,
ὡς ἔοικε, τὸ τάχιστον καθοσιοῦντες, τῇ Σεληναίᾳ δὲ
ξυνωρίδα βοῶν, διὰ τὸ περίγειον, ὡς εἰκός, τῆς θεοῦ τοὺς
γηπονίας συνεργοὺς καθιεροῦντες.
| [10,6] En cette occasion, donc, pendant toute la nuit,
l'on traversa le fleuve un peu partout pour aller à la
rencontre d'Hydaspe et l'accueillir avec des bénédictions
et des louanges qui l'égalaient aux dieux. Le peuple
s'était porté en avant assez loin, mais les Gymnosophistes
s'étaient arrêtés un peu avant le champ sacré;
c'est là qu'ils rencontrèrent le roi; ils lui prirent la main
droite, et l'embrassèrent. Après eux, se trouvait Persinna,
dans l'entrée du temple, et à l'intérieur de l'enceinte.
Tous, ils se prosternèrent, adorèrent les dieux,
et prononcèrent les prières d'actions de grâces pour la
victoire et le bon retour du roi; après quoi, ils sortirent
de l'enceinte et se préparèrent à accomplir le sacrifice
public. Pour cela, ils allèrent s'asseoir sous la tente
préparée dans ce but au milieu de la plaine. Elle était
formée par quatre roseaux récemment coupés, chacun
d'eux supportant un des quatre angles, à la façon d'une
colonne, et la cime du roseau, repliée, en forme d'arc
de manière à rejoindre les autres et à former un berceau
recouvert de palmes. Sous un autre pavillon, non loin
de là, avaient été installées, sur une estrade élevée, les
statues des dieux nationaux et les images des héros
Memnon, Persée et Andromède, que les rois d'Ethiopie
considèrent comme les fondateurs de leur dynastie.
A un niveau inférieur et, en quelque sorte, au pied même
des divinités, sur une seconde estrade, étaient assis les
Gymnosophistes. Autour d'eux, une troupe d'hoplites
formait un cercle, appuyés sur leurs boucliers dressés
et se touchant l'un l'autre; ils étaient chargés de
maintenir la foule à distance et de faire en sorte que fût
dégagé le milieu de la plaine, où devait se dérouler la
cérémonie. Hydaspe commença par adresser quelques
paroles au peuple, pour lui annoncer la vidoire et les
avantages que cela représentait pour tout le peuple, puis
il donna l'ordre aux prêtres de commencer le sacrifice.
Trois autels élevés avaient, en tout, été dressés : deux
d'entre eux, réunis à part pour le Soleil et la Lune, le
troisième, un peu plus loin, et tout seul, pour Dionysos.
Sur ce dernier ils immolèrent toutes sortes d'animaux,
pour la raison, je pense, que Dionysos est un dieu universel,
bienveillant à tous, aussi cherchaient-ils à se le
concilier par les victimes les plus diverses. Devant les
deux autres, on amena, pour le Soleil, quatre chevaux
blancs, afin de consacrer, apparemment, au plus rapide
des dieux, ce qu'il y a de plus rapide; pour la Lune, une
paire de boeufs, apparemment parce que cette déesse
est voisine de la terre et qu'on voulait lui faire hommage
des compagnons de travail du laboureur.
|