[10,39] Τοῦ γὰρ Ὑδάσπου πρὸς τὸν Σισιμίθρην
«Τί χρὴ δρᾶν, ὦ σοφώτατε» εἰπόντος· «ἀρνεῖσθαι τὴν
τῶν θεῶν θυσίαν οὐκ εὐσεβές, σφαγιάζειν τοὺς παρ´ αὐτῶν
δωρηθέντας οὐκ εὐαγές· ἐπινοητέον ἡμῖν τὸ πρακτέον»,
ὁ Σισιμίθρης, οὐχ ἑλληνίζων ἀλλ´ ὥστε καὶ πάντας ἐπαΐειν
αἰθιοπίζων, «Ὦ βασιλεῦ» εἶπεν, «ἐπισκιάζονται, ὡς
ἔοικεν, ὑπὸ τῆς ἄγαν χαρᾶς καὶ οἱ συνετώτατοι τῶν ἀνδρῶν.
Σὲ γοῦν καὶ πάλαι συμβάλλειν ἐχρῆν ὅτι μὴ προσίενται
οἱ θεοὶ τὴν εὐτρεπιζομένην θυσίαν, νῦν μὲν τὴν πανόλβιον
Χαρίκλειαν ἐξ αὐτῶν σοι τῶν βωμῶν θυγατέρα ἀναδείξαντες
καὶ τὸν ταύτης τροφέα, καθάπερ ἐκ μηχανῆς, ἐκ μέσης
τῆς Ἑλλάδος ἐνταῦθα ἀναπέμψαντες, αὖθις τὴν πτοίαν
καὶ τὸν τάραχον τοῖς προσβωμίοις ἵπποις τε καὶ βουσὶν
ἐπιβαλόντες καὶ τὸ διακοπήσεσθαι τὰ τελεώτερα νομιζόμενα
τῶν ἱερείων συμβάλλειν παρέχοντες· νῦν τὴν κορωνίδα τῶν
ἀγαθῶν καὶ ὥσπερ λαμπάδιον δράματος τὸν νυμφίον τῆς
κόρης τουτονὶ τὸν ξένον νεανίαν ἀναφήναντες. Ἀλλ´
αἰσθανώμεθα τοῦ θείου θαυματουργήματος καὶ συνεργοὶ
γινώμεθα τοῦ ἐκείνων βουλήματος καὶ ἐχώμεθα τῶν εὐαγεστέρων
ἱερείων, τὴν δι´ ἀνθρώπων θυσίαν καὶ εἰς τὸν ἑξῆς
αἰῶνα περιγράψαντες.»
| [10,39] Hydaspe, en effet, s'adressant à Sisimithrès, lui
demanda : « Que faut-il faire, très sage? Refuser le
sacrifice dû aux dieux serait impie, mais égorger les
êtres qu'ils nous ont rendus serait criminel. Réfléchissons
à ce que nous devons faire. » Alors Sisimithrès
répondit, non pas en grec, mais en éthiopien, pour que
tout le monde pût comprendre : « Roi, apparemment,
même les plus avisés des hommes ont l'esprit obscurci
par un excès de joie. Tu aurais dû comprendre depuis
longtemps que les dieux n'agréaient pas le sacrifice
que nous leur préparions : d'abord, ce fut la bienheureuse
Chariclée en qui ils te révélèrent ta fille, au pied même
des autels, et dont ils ont envoyé ici, comme par miracle,
du fond de la Grèce, le père nourricier ; ensuite, ils
ont jeté la peur et le trouble parmi les chevaux et les
taureaux destinés au sacrifice, nous donnant à entendre
qu'il fallait renoncer à offrir les victimes que nous considérions
comme les plus parfaites; enfin, pour mettre le
comble à leurs bienfaits et dénouer le drame, ils nous
ont fait reconnaître dans ce jeune étranger le fiancé de
la jeune fille. Sachons reconnaître les miracles des dieux,
conformons-nous à leur volonté et procédons à des
offrandes plus pieuses, en renonçant, pour toujours, aux
sacrifices humains. »
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