[10,31] Κἀπειδὴ τοῦ συνεδρίου πλησίον ἐγεγόνει, πρὸς
τὸν Θεαγένην βλέψας ὁ Ὑδάσπης καὶ ἑλληνίζων «Ὦ
ξένε» ἔφη «τούτῳ σε χρὴ διαγωνίσασθαι· ὁ δῆμος κελεύουσι.»
«Γινέσθω τὸ δοκοῦν» ὁ Θεαγένης ἀπεκρίνατο.
«Ἀλλὰ τίς ὁ τρόπος τῆς ἀγωνίας;» «Πάλης» εἶπεν ὁ
Ὑδάσπης. Καὶ ὃς «Τί δὲ οὐχὶ καὶ ξιφήρης καὶ ἔνοπλος,
ἵνα τι ῥέξας ἢ παθὼν ἐκπλήσσω Χαρίκλειαν, τὴν σιωπᾶν
εἰς δεῦρο τὰ καθ´ ἡμᾶς καρτεροῦσαν, ἢ καὶ εἰς τέλος, ὡς
ἔοικεν, ἡμῶν ἀπεγνωκυῖαν;» Καὶ ὁ Ὑδάσπης «Τί
μὲν βούλεταί σοι» εἶπε «τὸ παραπλέκειν ὄνομα Χαρικλείας
αὐτὸς ἂν γινώσκοις· παλαίειν δ´ οὖν σε καὶ οὐ
ξιφήρη πυκτεύειν χρεών· αἷμα γὰρ ἐκχεόμενον ὀφθῆναι
πρὸ τοῦ καιροῦ τῆς θυσίας οὐ θεμιτόν.» Συνεὶς οὖν ὁ
Θεαγένης ὅτι δέδοικεν ὁ Ὑδάσπης μὴ προαναιρεθῇ τῆς
θυσίας «Εὖ ποιεῖς» ἔφη «τοῖς θεοῖς με φυλάττων, οἷς
καὶ μελήσει περὶ ἡμῶν.» Καὶ ἅμα κόνιν ἀνελόμενος
καὶ ὤμοις τε καὶ πήχεσιν ἔτι πρὸς τῆς βοηλασίας ἱδρῶτι
νενοτισμένοις ἐπιχεάμενος τήν τε μὴ προσιζήσασαν ἀποσεισάμενος,
προβάλλει τε ἐκτάδην τὼ χεῖρε καὶ τοῖν ποδοῖν
τὴν βάσιν εἰς τὸ ἑδραῖον διερεισάμενος τήν τε ἰγνὺν σιμώσας
καὶ ὤμους καὶ μετάφρενα γυρώσας καὶ τὸν αὐχένα
μικρὸν ἐπικλίνας τό τε ὅλον σῶμα σφηκώσας εἱστήκει τὰς
λαβὰς τῶν παλαισμάτων ὠδίνων. Ὁ δὲ Αἰθίοψ ἐνορῶν
ἐμειδία τε σεσηρὸς καὶ εἰρωνικοῖς τοῖς νεύμασιν ἐκφαυλίζειν
ἐῴκει τὸν ἀντίπαλον· ἀθρόον τε ἐπιδραμὼν τόν τε
πῆχυν τῷ αὐχένι τοῦ Θεαγένους ὥσπερ τινὰ μοχλὸν ἐπαράσσει
καὶ βόμβου πρὸς τῆς πληγῆς ἐξακουσθέντος αὖθις
ἐθρύπτετο καὶ ἐπεγέλα βλακῶδες. Ὁ δὲ Θεαγένης,
οἷα δὴ γυμνασίων ἀνὴρ καὶ ἀλοιφῆς ἐκ νέων ἀσκητὴς τήν
τε ἐναγώνιον Ἑρμοῦ τέχνην ἠκριβωκώς, εἴκειν τὰ πρῶτα
ἔγνω καὶ ἀπόπειραν τῆς ἀντιθέτου δυνάμεως λαβὼν πρὸς
μὲν ὄγκον οὕτω πελώριον καὶ θηριωδῶς τραχυνόμενον μὴ
ὁμόσε χωρεῖν, ἐμπειρίᾳ δὲ τὴν ἄγροικον ἰσχὺν κατασοφίσασθαι.
Αὐτίκα γοῦν ὀλίγον ὅσον ἐκ τῆς πληγῆς κραδανθείς,
πλέον ἢ ὡς εἶχεν ἀλγεῖν ἐσκήπτετο καὶ τοῦ αὐχένος
θάτερον μέρος ἔκδοτον εἰς τὸ παίεσθαι προὐβάλλετο.
καὶ τοῦ Αἰθίοπος αὖθις πλήξαντος συνενδοὺς τῇ πληγῇ
μικροῦ καὶ καταφέρεσθαι ἐπὶ πρόσωπον ἐσχηματίζετο.
| [10,31] Lorsque l'homme fut arrivé près du Roi et de
ses conseillers, alors le Roi regarda Théagène et lui dit
en grec : « Etranger, il te faut te mesurer avec cet homme,
le peuple le veut. — Qu'il en soit comme tu le désires,
répondit Théagène : mais quel genre de combat? — A
la lutte », répondit Hydaspe. Alors lui : « Pourquoi pas
l'épée à la main et en armure, pour que je puisse, par
une victoire éclatante, ou une défaite définitive, émouvoir
Chariclée, qui a, jusqu'ici, eu le courage de ne pas parler
de moi ou qui, finalement, à ce qu'il semble, m'a complètement
oublié. » Alors Hydaspe : « Qu'est-ce que vient
faire le nom de Chariclée dans cette histoire? Toi seul
le sais. En tout cas, c'est à mains nues et non avec l'épée
qu'il te faut lutter. Car il et interdit de voir du sang
avant le moment du sacrifice. » Théagène comprit qu'Hydaspe
craignait qu'il ne fût tué avant d'être immolé.
« Tu as raison, dit-il, de me réserver pour les dieux; ils
sauront s'occuper de moi ! » Après quoi, il ramasse de la
poussière et la répand sur ses épaules et ses bras encore
tout humides de la sueur provoquée par sa chasse au
taureau, se secoue pour faire tomber le sable qui n'adhère
pas, porte les deux bras en avant, affermit ses deux pieds
sur le sol pour être plus stable, plie le jarret, penche les
épaules et la poitrine, incline légèrement le cou en avant,
allonge tout son corps et, dans cette position, attend
impatiemment les prises de la lutte. L'Ethiopien le
regardait avec un sourire ironique, et, avec des hochements
de tête moqueurs, avait l'air de mépriser son adversaire.
Soudain, il se précipite sur lui et frappe de son bras
le cou de Théagène, comme avec une barre; le choc fit
entendre, au loin, un bruit sourd; sur quoi, l'homme
reprit son air fat et se mit à rire insolemment.
Théagène, qui avait été formé au gymnase et, dès sa
jeunesse, s'était exercé à la lutte, qui connaissait toutes
les finesses des concours d'Hermès, vit qu'il fallait
d'abord rompre, et, après avoir ainsi éprouvé la puissance
de son adversaire, ne pas aborder de front cette
masse monstrueuse et féroce mais ruser avec sa force
brutale et en venir à bout en usant de science. Aussitôt,
bien qu'il eût été à peine ébranlé par le coup, il fit semblant
d'avoir été plus éprouvé qu'il ne l'avait été en
réalité et laissa découvert l'autre côté de son cou pour
que l'autre le frappât. Comme l'Ethiopien le frappait
une seconde fois, il céda sous le choc et fit mine d'être
presque précipité en avant, le visage contre la terre.
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