[10,29] Ὡς δὲ εἰς συνήθειαν τῆς τε ὄψεως τῆς ἑαυτοῦ
καὶ τῆς πράξεως ἐνεβίβασεν, ἀντίπλευρος ἤδη παρίππευε
χρωτί τε χρωτὸς ἐπιψαύων καὶ ἱππείῳ ταύρειον
ἄσθμα καὶ ἱδρῶτα κεραννύων καὶ τὸν δρόμον οὕτως ὁμόταχον
ῥυθμίζων ὡς καὶ συμφυεῖς εἶναι τὰς κορυφὰς τῶν
ζῴων τοὺς πορρωτέρω φαντάζεσθαι καὶ τὸν Θεαγένην λαμπρῶς
ἐκθειάζειν ξένην τινὰ ταύτην ἱπποταύρου ξυνωρίδα
ζευξάμενον. Τὸ μὲν δὴ πλῆθος ἐν τούτοις ἦν· ἡ Χαρίκλεια
δὲ ὁρῶσα τρόμῳ καὶ παλμῷ συνείχετο, τό τε ἐγχείρημα
ὅ τι καὶ βούλοιτο διαποροῦσα καὶ εἴ τι σφάλμα συμβαίη
τὴν ἐκείνου τρῶσιν ὡς ἰδίαν σφαγὴν ὑπεραγωνιῶσα·
ὥστε μηδὲ τὴν Περσίνναν λαθεῖν, ἀλλ´ «Ὦ τέκνον» εἰπεῖν,
«τί μοι πέπονθας; προκινδυνεύειν ἔοικας τοῦ ξένου.
Πάσχω μέν τι καὶ αὐτὴ καὶ οἰκτείρω τῆς νεότητος·
διαδρᾶναί γε μὴν τὸν κίνδυνον εὔχομαι καὶ φυλαχθῆναι
τοῖς ἱεροῖς, ὡς ἂν μὴ παντάπασιν ἀτέλεστα ἡμῖν τὰ
πρὸς τοὺς θεοὺς ἐγκαταλειφθείη.» Καὶ ἡ Χαρίκλεια «Γελοῖον»
ἔφη «τὸ εὔχεσθαι μὴ ἀποθανεῖν ἵνα ἀποθάνῃ. Ἀλλ´
εἰ ἄρα σοι δυνατόν, ὦ μῆτερ, περίσῳζε τὸν ἄνδρα ἐμοὶ
χαριζομένη.» Καὶ ἡ Περσίννα, πρόφασιν οὐ τὴν
οὖσαν ἀλλ´ ἐρωτικὴν ἄλλως ὑποτοπήσασα, «Οὐ δυνατὸν
μὲν» ἔφη «τὸ περισῴζειν· ὅμως δ´ οὖν τίς σοι κοινωνία
πρὸς τὸν ἄνδρα δι´ ἣν οὕτως ὑπερφροντίζεις θαρροῦσα ὡς
πρὸς μητέρα λοιπὸν ἐξαγόρευε· κἄν τι νεώτερον ᾖ κίνημα
κἂν παρθενίᾳ μὴ πρέπον, ἡ μητρῴα φύσις τὸ θυγατρὸς
καὶ τὸ θῆλυ συμπαθὲς τὸ πταῖσμα τὸ γυναικεῖον οἶδεν
ἐπισκιάζειν.» Ἐπιδακρύσασα οὖν ἐπὶ πλεῖστον ἡ
Χαρίκλεια «Καὶ τοῦτο» ἔφη «δυστυχῶ πρὸς τοῖς ἄλλοις
ὅτι καὶ τοῖς συνετοῖς ἀσύνετα φθέγγομαι καὶ λέγουσα τὰς
ἑαυτῆς συμφορὰς οὔπω λέγειν νομίζομαι· πρὸς γυμνὴν δὲ
λοιπὸν καὶ ἀπαρακάλυπτον χωρεῖν τὴν ἐμαυτῆς κατηγορίαν
ἀναγκάζομαι.»
| [10,29] Quand il l'eut accoutumé à le voir agir de la sorte,
il se mit à chevaucher à côté du taureau, pelage contre
pelage; l'haleine du taureau se mêlait à celle du cheval,
et aussi leurs sueurs, et il réglait si exactement leurs courses
à la même vitesse que les têtes des deux animaux paraissaient
de loin appartenir à un seul corps ; l'on se mit alors
à porter aux nues l'homme qui avait su réaliser cet attelage
étrange d'un cheval et d'un taureau. Tels étaient
les sentiments de la foule. Chariclée, elle, à cette vue,
était toute tremblante et frissonnait, car elle ne savait
pas quelle était l'intention de Théagène et l'idée qu'il
pouvait tomber et être blessé la torturait comme s'il
se fût agi de sa propre vie, tant et si bien que Persinna
s'en aperçut et lui dit : « Mon enfant, que t'arrive-t-il?
On dirait que tu cours les mêmes dangers que cet étranger?
J'en suis moi-même touchée, et j'ai pitié de sa
jeunesse; je prie le ciel qu'il échappe au péril et qu'il
survive pour le sacrifice, afin que nous ne laissions pas
sans les accomplir du tout les rites que nous devons aux
dieux. » Alors Chariclée : « Etrange prière, de demander
qu'il ne meure pas, pour mieux mourir. Mais, si cela
t'est possible, mère, je t'en prie, par amour pour moi
sauve cet homme. » Et Persinna, qui ne comprenait pas
la vraie raison de cette prière, mais soupçonnait une
histoire d'amour, répondit : « Il n'est pas possible de le
sauver; pourtant, si tu as eu quelques relations avec cet
homme, qui font que tu as tellement peur pour lui, aie
le courage de tout me confier, comme à une mère; si
tu as eu envers lui quelque mouvement coupable et peu
convenable chez une vierge, le coeur d'une mère sait
jeter un voile sur la faute de sa fille, et l'expérience d'une
femme sur une faiblesse féminine. » Chariclée se mit
alors à fondre en larmes : « Voilà bien mon malheur,
s'écria-t-elle, après tant d'autres! Ceux qui devraient les
comprendre ne comprennent pas mes paroles, et lorsque
je raconte mes malheurs, on ne veut pas les écouter;
j'en suis donc réduite maintenant à m'accuser ouvertement
et sans rien dissimuler. »
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