[10,22] Καὶ λέγειν τι φανερώτερον μελλούσης (τολμᾶν
γὰρ τὸ κατεπεῖγον καὶ τὴν αἰδῶ τὴν παρθένιον παρορᾶν
τὸ ἐν ὀφθαλμοῖς ὁρώμενον τοῦ κινδύνου τῷ Θεαγένει κατηνάγκαζεν),
οὐκέτι κατασχὼν ὁ Ὑδάσπης «Ὦ θεοί» ἔφη,
«ὡς κακὰ τοῖς καλοῖς ἐοίκατε μιγνύναι καὶ τὴν ἀπ´ ἐλπίδος
μοι δωρηθεῖσαν πρὸς ὑμῶν εὐδαιμονίαν τὸ μέρος
κωλύειν, θυγατέρα μὲν ἀπροσδόκητον ἀλλὰ παράφρονά πως
ἀναδείξαντες. Πῶς γὰρ οὐ παραπλῆγος τὸ νόημα τῆς
ἀλλόκοτα ῥήματα προιεμένης; Ἀδελφὸν ὠνόμαζε τὸν μὴ
ὄντα· τὸν ὄντα ὅστις ἐστὶν ὁ ξένος ἐρωτωμένη ἀγνοεῖν
ἔλεγεν. Αὖθις ἐζήτει περισῴζεσθαι ὡς φίλον τὸν ἀγνοούμενον·
ἀδύνατον εἶναι μαθοῦσα τὴν αἴτησιν αὐτὴ καταθύειν
ὡσανεὶ πολεμιώτατον ἱκέτευε. Καὶ τοῦτο ὡς
οὐ θεμιτὸν λεγόντων, μιᾷ μόνῃ καὶ ταύτῃ ὑπάνδρῳ τῆς
τοιᾶσδε θυσίας καθωσιωμένης, ἄνδρα ἔχειν ἐμφαίνει τὸ
τίνα οὐ προστιθεῖσα· πῶς γὰρ τόν γε μηδὲ ὄντα μηδὲ γεγενῆσθαι
αὐτῇ διὰ τῆς ἐσχάρας ἀποδειχθέντα; εἰ μὴ ἄρα
παρὰ ταύτῃ μόνῃ ψεύδεται μὲν τὸ παρ´ Αἰθίοψιν ἀψευδὲς
τῶν καθαρευόντων πειρατήριον καὶ ἐπιβᾶσαν ἄφλεκτον
ἀποπέμπεται καὶ παρθενεύειν νόθως χαρίζεται· μόνῃ δὲ
ἔξεστι φίλους καὶ πολεμίους τοὺς αὐτοὺς ἐν ἀκαρεῖ καταλέγειν,
ἀδελφοὺς δὲ καὶ ἄνδρας τοὺς μὴ ὄντας ἀναπλάττειν.
Ὥστε, ὦ γύναι, σὺ μὲν εἰς τὴν σκηνὴν εἴσιθι
καὶ ταύτην κατάστελλε πρὸς τὸ νηφάλιον εἴτε ὑπό του
θεῶν τοῖς ἱερείοις ἐπιφοιτήσαντος ἐκβακχευομένην εἴτε
καὶ δι´ ὑπερβολὴν χαρᾶς τῶν ἀνελπίστως εὐτυχηθέντων
τὸν νοῦν παραφερομένην. Ἐγὼ δὲ τὴν ὀφείλουσαν τοῖς
θεοῖς ἀντὶ τῆσδε σφαγιασθῆναι καὶ ζητεῖν καὶ ἀνευρεῖν
τινι προστάξας, ἕως ἂν τοῦτο γίνηται, εἰς τὸ χρηματίσαι
ταῖς ἐκ τῶν ἐθνῶν ἡκούσαις πρεσβείαις καὶ δῶρα τὰ ἐπὶ
τοῖς ἐπινικίοις προσκομιζόμενα παρ´ αὐτῶν ὑποδέξασθαι
τρέψομαι.» Καὶ ταῦτα εἰπὼν τῆς τε σκηνῆς πλησίον
ἐφ´ ὑψηλοῦ προκαθίσας ἥκειν τοὺς πρεσβευτάς, καὶ εἴ τινα
ἐπικομίζοιντο δῶρα προσάγειν, ἐκέλευεν. Ὁ δὴ οὖν εἰσαγγελεὺς
Ἑρμωνίας εἰ πάντας ἅμα ἢ ἐν μέρει καὶ ἔθνους
ἑκάστου κεκριμένως καὶ ἰδίᾳ προσάγειν κελεύοι διηρώτα.
| [10,22] Elle allait s'expliquer plus clairement — car
l'imminence du danger la contraignait à l'audace et le fait
qu'elle voyait, sous ses yeux, Théagène en péril, à
abandonner sa retenue virginale — lorsque Hydaspe,
ne se contenant plus, s'écria : « O dieux, comme vous
me semblez mêler le bonheur et le malheur et me priver,
pour une part, de la félicité que vous m'avez envoyée,
contre toute attente, en me rendant ma fille alors que je
ne l'espérais pas, mais en me la rendant insensée.
Ne faut-il pas en effet qu'elle ait perdu le sens pour tenir
des propos aussi bizarres ? Elle appelait « frère » quelqu'un
qui ne l'était pas : quand on lui demande quel
est cet étranger elle dit qu'elle ne le connaît pas. Et,
pourtant, elle cherche à le sauver, comme si elle tenait à
cet inconnu; quand on lui dit que sa prière ne saurait
être exaucée, elle supplie qu'on lui permette de l'égorger
elle-même, comme si c'était son pire ennemi. Et lorsqu'on
lui répond que ce n'est point permis, qu'un
sacrifice de ce genre et réservé à une seule femme, et
encore, à condition qu'elle soit mariée, elle assure qu'elle
est elle-même mariée, sans dire avec qui. Comment
pourrait-elle nommer quelqu'un qui n'existe pas, un
mari qu'elle n'a jamais eu, comme l'a prouvé l'épreuve
du foyer? A moins que, pour elle seule, se révèle menteur
ce foyer qui, chez les Ethiopiens, a toujours servi
à prouver la pureté, sans jamais mentir, et qu'il lui ait
permis de monter sur lui et de repartir sans être brûlée
et qu'il lui ait fait don d'une fausse virginité. Elle seule
peut donner, au même instant, aux mêmes personnes
le nom d'amis et d'ennemis, et imaginer des frères et
des maris inexistants. Aussi, ma femme, rentre dans le
pavillon et ramène cette enfant à son bon sens, soit que
l'esprit du dieu qui est venu assister à cette fête se soit
emparé d'elle et la fasse délirer, soit que l'excès de la
joie, devant son bonheur inespéré, la transporte hors
d'elle-même. Quant à moi, je vais faire chercher et
trouver par quelqu'un la victime que nous devons immoler
aux dieux à sa place, et, jusqu'à ce moment, je vais
m'occuper d'accueillir les ambassades venues des divers
pays et de recevoir les présents qu'ils m'apportent à
l'occasion de la victoire. » Sur quoi, il alla prendre place
sur un trône élevé, près du pavillon, et donna l'ordre de
faire approcher les ambassadeurs, ajoutant que, s'il y
en avait qui venaient avec des présents, ils pouvaient
les apporter. Hermonias, le maître des cérémonies, lui
demanda s'il voulait qu'on les introduisît tous ensemble
ou séparément, ceux de chaque pays pris à part.
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