[10,18] Αὐτὸς δὲ πλησιαίτερον τῇ Χαρικλείᾳ παραστάς,
«Ὦ φιλτάτη» ἔλεγεν, «ἐμὴν μὲν εἶναί σε θυγατέρα
τά τε γνωρίσματα ἐμήνυσε καὶ ὁ σοφὸς Σισιμίθρης ἐμαρτύρησε
καὶ τὸ τῶν θεῶν εὐμενὲς πρὸ πάντων ἀνέδειξεν·
ἀλλ´ οὑτοσὶ τίς ποτέ ἐστιν, ὁ σοὶ μὲν ἅμα συλληφθεὶς καὶ
εἰς τὰς ἐπινικίους σπονδὰς τοῖς θεοῖς φυλαχθείς, νυνί τε
τοῖς βωμοῖς εἰς τὴν ἱερουργίαν προσιδρυμένος; Ἢ
πῶς αὐτὸν ἀδελφὸν ὠνόμαζες ὅτε μοι τὸ πρῶτον κατὰ
τὴν Συήνην προσήχθητε; οὐ γὰρ δήπου καὶ οὗτος ἡμέτερος
υἱὸς εὑρεθήσεται· ἅπαξ γὰρ Περσίννα καὶ σὲ μόνην
ἐκυοφόρησε.» Καὶ ἡ Χαρίκλεια σὺν ἐρυθήματι κατανεύσασα
«Τὸν μὲν ἀδελφὸν ἐψευσάμην» ἔφη «τῆς χρείας
τὸ πλάσμα συνθείσης· ὅστις δέ ἐστιν ἀληθῶς αὐτὸς ἂν
λέγοι βέλτιον, ἀνήρ τε γάρ ἐστιν ἐμοῦ τε τῆς γυναικὸς
εὐθαρσέστερον ἐξαγορεύειν οὐκ αἰσχυνθήσεται.» Καὶ
ὁ Ὑδάσπης μὴ συλλαβὼν τὸν νοῦν τῶν εἰρημένων «Σύγγνωθι»
ἔφη «θυγάτριον κατερυθριάσασα δι´ ἡμᾶς παρθενικῆς
αἰδοῦς ἀνοίκειον πεῦσιν ὑπὲρ νεανίου σοι προσαγαγόντας.
Ἀλλὰ σὺ μὲν κατὰ τὴν σκηνὴν ἅμα τῇ μητρὶ
κάθησο ἐνευφραίνεσθαί τέ σοι παρέχουσα, πλέον ἢ ὅτε
σε ἔτικτεν ὠδινούσῃ τὴν ἐπὶ σοὶ τὸ παρὸν ἀπόλαυσιν, καὶ
τοῖς κατὰ σαυτὴν διηγήμασι παρηγοροῦσα. Ἡμῖν δὲ τῶν
ἱερείων μελήσει, τῆς ἀντὶ σοῦ σφαγιασθησομένης ἅμα τῷ
νεανίᾳ παντοίως εἴ τινα εὕροιμεν ἀνταξίαν ἐπιλεχθείσης.»
| [10,18] Il s'approcha, pendant ce temps, de Chariclée et
lui dit : « Enfant aimée, les signes de reconnaissance
m'ont montré que tu étais ma fille, le sage Sisimithrès
en a témoigné, et, surtout, la bienveillance des
dieux envers toi m'en a apporté la preuve; mais quel
est donc ce jeune homme qui a été fait prisonnier en
même temps que toi, qui a été réservé pour les sacrifices
d'actions de grâces aux dieux et qui est maintenant debout
près des autels, prêt à être immolé? Comment se fait-il
que tu l'appelais ton frère lorsque vous m'avez été
amenés pour la première fois, à Syéné? Je ne pense pas
que l'on découvre qu'il est notre fils, car Persinna n'a
été mère qu'une fois, et de toi. » Chariclée baissa la
tête en rougissant : « J'ai menti en disant qu'il était
mon frère, répondit-elle, c'est la nécessité qui m'a
imposé ce mensonge; qui il est véritablement, il te le
dira mieux que moi lui-même, car c'est un homme, il
est plus hardi que moi, qui suis une femme, et il n'aura
pas honte de parler. » Hydaspe ne comprit pas ce qu'elle
voulait dire par là : « Pardonne-moi, petite fille, dit-il,
de t'avoir fait rougir en te posant sur ce jeune homme une
question choquante pour ta pudeur virginale. Mais va
sous le pavillon t'asseoir auprès de ta mère, et rends-la
heureuse; le bonheur de ta présence aujourd'hui
compensera, et au delà, les douleurs que lui ont coûtées
ta naissance, et fais-lui, pour la consoler, le récit
de tes aventures. Pour moi, je vais m'occuper du sacrifice
et chercher une victime à immoler à ta place en même
temps que ce jeune homme, s'il et possible d'en trouver
une digne de te remplacer. »
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