HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

HÉLIODORE, Théagène et Chariclée, livre X

Chapitre 16

  Chapitre 16

[10,16] Οὐκέτι κατεῖχεν Περσίννα, ἀλλ´ ἀθρόον τε ἀνήλατο τοῦ θρόνου καὶ προσδραμοῦσα περιέβαλέ τε καὶ περιφῦσα ἐδάκρυέ τε καὶ πρὸς τὸ ἀκατάσχετον τῆς χαρᾶς μυκηθμῷ τινι προσεοικὸς ἀνωρύετο (ὑπερβολὴ γὰρ ἡδονῆς καὶ θρῆνόν ποτε ἀποτίκτειν φιλεῖ), μικροῦ τε ἔδει συγκατενεχθῆναι τῇ Χαρικλείᾳ. δὲ Ὑδάσπης ἠλέει μὲν τὴν γυναῖκα ὀδυρομένην ὁρῶν καὶ εἰς συμπάθειαν ἐκάμπτετο τὴν διάνοιαν, τὸ ὄμμα δὲ οἱονεὶ κέρας σίδηρον εἰς τὰ ὁρώμενα τείνας εἱστήκει πρὸς τὰς ὠδῖνας τῶν δακρύων ἀπομαχόμενος· καὶ τῆς ψυχῆς αὐτῷ πατρικῷ τῷ πάθει καὶ ἀνδρείῳ τῷ λήματι κυματουμένης καὶ τῆς γνώμης ὑπ´ ἀμφοτέρων στασιαζομένης καὶ πρὸς ἑκατέρου καθάπερ ὑπὸ σάλου μετασπωμένης τελευτῶν ἡττήθη τῆς τὰ πάντα νικώσης φύσεως καὶ πατὴρ οὐκ εἶναι μόνον ἐπείθετο ἀλλὰ καὶ πάσχειν ὅσα πατὴρ ἠλέγχετο· καὶ τὴν Περσίνναν συγκατενεχθεῖσαν τῇ θυγατρὶ καὶ συμπεπλεγμένην ἀνεγείρων οὐκ ἔλαθε καὶ τὴν Χαρίκλειαν ἐναγκαλιζόμενος καὶ δακρύων ἐπιρροῇ πατρικὰ πρὸς αὐτὴν σπενδόμενος. Οὐ μὴν εἰς τὸ παντελές γε ἐξεκρούσθη τῶν πρακτέων, ἀλλ´ ὀλίγον ἐπιστὰς τόν τε δῆμον κατοπτεύσας ἀπὸ τῶν ἴσων παθῶν κεκινημένον καὶ πρὸς τὴν σκηνοποιΐαν τῆς τύχης ὑφ´ ἡδονῆς τε ἅμα καὶ ἐλέου δακρύοντας ἠχήν τέ τινα θεσπεσίαν ἄχρις αἰθέρος αἴροντας καὶ οὔτε κηρύκων σιγὴν ἐπιταττόντων ἐπαΐοντας οὔτε τὸ βούλημα τοῦ ταράχου προδήλως ἐκφαίνοντας, τὴν χεῖρα προτείνας καὶ κατασείων πρὸς ἡσυχίαν τὸ κλυδώνιον τοῦ δήμου κατέστελλε· καὶ « παρόντες» ἔλεγεν «οἱ μὲν θεοὶ πατέρα με, ὡς ὁρᾶτε καὶ ἀκούετε, πάσης ἐπέκεινα προσδοκίας ἀνέδειξαν, καὶ θυγάτηρ εἶναί μοι ἥδε κόρη πολλαῖς ταῖς ἀποδείξεσι γνωρίζεται· ἐγὼ δὲ τοσαύτην ὑπερβολὴν ποιοῦμαι τῆς εἰς ὑμᾶς τε καὶ τὴν ἐνεγκοῦσαν εὐνοίας, ὥστε μικρὰ φροντίσας καὶ γένους διαδοχῆς καὶ πατρῴας ἀνακλήσεως, δὴ πάντα μοι διὰ τῆσδε ἔμελλεν ἔσεσθαι, θεοῖς ἱερουργεῖν ὑπὲρ ὑμῶν ἐπείγομαι. Ὁρῶ μὲν γὰρ ὑμᾶς δακρύοντας καὶ ἀνθρώπινόν τι πάθος ἀναδεδεγμένους καὶ ἐλεοῦντας μὲν τὴν ἀωρίαν τῆς κόρης ἐλεοῦντας δὲ καὶ τὴν ἐμοὶ μάτην προσδοκηθεῖσαν τοῦ γένους διαδοχήν· ὅμως δ´ οὖν ἀνάγκη, καὶ ὑμῶν ἴσως μὴ βουλομένων, τῷ πατρίῳ πείθεσθαι νόμῳ, τῶν ἰδίων λυσιτελῶν τὸ τῆς πατρίδος ἐπίπροσθεν ποιούμενον. Εἰ μὲν γὰρ τοῖς θεοῖς οὕτω φίλον ὥστε παρέχεσθαί τε ἅμα καὶ ἀφαιρεῖσθαι (τοῦτο γὰρ ἤδη πάλαι τε πέπονθα γεννηθείσης καὶ πάσχω τὸ παρὸν εὑρεθείσης) οὐκ ἔχω λέγειν ὑμῖν δὲ καταλείπω σκοπεῖν, οὐδ´ εἴπερ ἣν ἐξῴκισαν τῆς ἐνεγκούσης ἐπὶ πέρατα γῆς ἔσχατα αὖθις δὲ θαυματουργοῦντες ἐν αἰχμαλώτῳ τῇ τύχῃ φέροντες ἐνεχείρισαν, ταύτην αὑτοῖς πάλιν ἱερουργουμένην προσδέξονται. Καὶ ἣν ὡς πολεμίαν οὐκ ἀνεῖλον καὶ αἰχμάλωτον γενομένην οὐκ ἐλυμηνάμην, ταύτην θυγατέρα φανεῖσαν ἐναγίζειν, ὡς καὶ ὑμῖν ὄντος κατὰ βούλησιν τοῦ πράγματος, οὐχ ὑπερθήσομαι οὐδὲ πείσομαι καὶ ἄλλῳ πάσχοντι πατρὶ συγγνωστὸν ἴσως ἂν ἦν οὐδὲ ὀκλάσω οὐδὲ εἰς ἱκεσίαν τρέψομαι συγγνώμην δοῦναι καὶ ἀφοσιώσασθαι τὸ παρὸν πρὸς τὸν νόμον, τῇ φύσει πλέον καὶ τοῖς ἐκ ταύτης πάθεσι προσθεμένους, ὡς ἐξὸν καὶ ἑτέρῳ τρόπῳ θεραπεύειν τὸ θεῖον. Ἀλλ´ ὅσῳ συμπάσχοντες ἡμῖν οὐ λελήθατε καὶ ὡς ἴδια τὰ ἡμέτερα πάθη περιαλγοῦντες, τοσούτῳ κἀμοὶ προτιμότερα τὰ ὑμέτερα ὀλίγον μὲν τῆς ἀκληρίας λόγον ποιουμένῳ ὀλίγον δὲ τῆς ἀθλίας ταυτησὶ Περσίννης κατοδυρομένης, πρωτοτόκου τε ἅμα καὶ ἀγόνου καθισταμένης· ὥστε, εἰ δοκεῖ, παύσασθε μὲν δακρύοντες καὶ ἡμᾶς κατοικτιζόμενοι μάτην, τῆς δὲ ἱερουργίας ἐχώμεθα. Σὺ δὲ θύγατερ (πρῶτα γάρ σε καὶ ὕστατα τὸ ποθητὸν ὄνομα τοῦτο προσφθέγγομαι), μάτην μὲν ὡραία μάτην δὲ ἀνευραμένη τοὺς γεννήσαντας, τῆς ἀλλοδαπῆς βαρυτέραν τὴν πατρίδα δυστυχήσασα, σωτηριώδους μὲν τῆς ξένης ἐπ´ ὀλέθρῳ δὲ πειρωμένη τῆς ἐνεγκούσης, μή μοι σύγχει τὸν θυμὸν ὀδυρομένη, ἀλλὰ τὸ ἀνδρεῖον ἐκεῖνό σου φρόνημα καὶ βασίλειον νῦν εἴπερ ποτὲ καὶ πρότερον ἐπιδείκνυσο· καὶ ἕπου τῷ γεννήσαντι, νυμφοστολῆσαι μὲν οὐ δυνηθέντι οὐδὲ ἐπὶ παστάδας καὶ θαλάμους ἀγαγόντι, πρὸς δὲ θυσίαν κοσμοῦντι καὶ δᾷδας οὐ γαμηλίους ἀλλ´ ἐπιβωμίους ἅπτοντι καὶ τὴν ἄμαχον ταυτηνὶ τοῦ κάλλους ἀκμὴν ἀνθ´ ἱερείων προσάγοντι. Ὑμεῖς δὲ ἱλήκοιτε θεοὶ τῶν εἰρημένων {καὶ} εἰ δή τι πρὸς τοῦ πάθους νικώμενος οὐκ εὐαγὲς ἐφθεγξάμην τέκνον ὁμοῦ καλεσάμενος καὶ τεκνοκτόνος γινόμενος[10,16] Persinna ne se contint plus; aussitôt elle bondit de son trône et courut la prendre dans ses bras; elle la serrait en pleurant et, dans l'excès d'une joie dont elle n'était plus maîtresse, poussa des hurlements semblables à un mugissement — car une joie excessive provoque souvent des gémissements, et il s'en fallut de peu qu'elle ne tombât avec Chariclée. Hydaspe avait pitié de sa femme en la voyant en pleurs et son coeur inclinait à la compassion, mais son regard restait aussi dur que corne ou que fer, tandis qu'il contemplait ce spectacle, et lui-même demeurait immobile, luttant contre les larmes qui cherchaient à se faire jour. Son âme était agitée à la fois par l'amour paternel et une volonté virile et ses sentiments étaient partagés entre ces deux émotions, qui l'attiraient tantôt dans un sens tantôt dans un autre, comme au gré d'une tempête; finalement il fut vaincu par la nature, qui est toujours la plus forte et non seulement il se laissa persuader qu'il était père mais il témoigna qu'il éprouvait tous les sentiments d'un père. Persinna était à terre, avec sa fille, qu'elle tenait enlacée; il la releva, devant tout le monde, et on le vit aussi embrasser Chariclée et, en versant des larmes, consacrer envers elle par cette libation sa qualité de père. Pourtant il ne se laissa pas détourner de ce qu'il avait à faire; il s'arrêta un instant à contempler le peuple, qui éprouvait les mêmes émotions que lui et qui, devant ce drame mis en scène par la Fortune, versait des larmes de joie et de pitié, élevait jusqu'au ciel une immense clameur, sans écouter les hérauts réclamant le silence ni exprimer clairement le sens de ces cris. Le roi tendit les bras, agitant les mains, et réussit à apaiser la bourrasque populaire, puis : « Vous tous qui êtes ici, commença-t-il, les dieux, comme vous le voyez et l'entendez, viennent de m'apprendre que j'étais père, contre toute attente; et déjà plus d'une preuve démontrent que cette jeune fille-ci est ma fille. Mais moi j'éprouve un tel excès d'amour et pour vous et pour notre patrie que je veux bien n'attacher aucun prix et à la pérennité de ma race et au nom de père, toutes choses qu'elle pouvait me donner et que je suis prêt à la sacrifier aux dieux pour vous. Je vois, sans doute, que vous pleurez, que vous éprouvez des sentiments humains, que vous avez pitié de cette jeune fille, qui va mourir si jeune, que vous avez aussi pitié de moi, à cause de cet espoir qui m'a été en vain offert d'avoir quelqu'un pour me succéder ; cependant, il et nécessaire, même si, peut-être, vous ne le voulez pas vous-mêmes, que j'obéisse à la loi traditionnelle et que je mette au-dessus de mes intérêts privés ceux de la patrie. Si c'est la volonté des dieux de me la donner et en même temps de me la reprendre — malheur qui m'a déjà frappé à sa naissance, et que j'éprouve à nouveau maintenant que je la retrouve — je ne saurais le dire, et je vous laisse le soin d'en décider, et aussi de savoir si cette fille qu'ils ont envoyée en exil à l'autre bout de la terre et que, par un véritable miracle, ils m'ont rendue, entre mes mains, en en faisant ma prisonnière, si ces mêmes dieux auront pour agréable que je leur en fasse l'offrande en la sacrifiant. Elle que je n'ai pas fait mourir lorsqu'elle était une ennemie, que je n'ai pas maltraitée lorsqu'elle fut ma prisonnière, maintenant qu'elle s'est révélée être ma fille, je n'hésiterai pas à l'égorger, si telle est votre volonté. Il ne m'arrivera pas d'éprouver ce que l'on pardonnerait peut-être à un autre père, je ne me laisserai pas abattre, je n'aurai pas recours aux supplications pour vous demander la permission de violer, en cette circonstance, notre loi, sous prétexte qu'il est possible de rendre d'autres hommages a la divinité. Mais, dans la mesure où je vois votre sympathie pour moi, où je vois que vous souffrez de mes douleurs comme si elles étaient les vôtres, votre intérêt m'est d'autant plus cher; je dois oublier que je vais perdre mon héritière, oublier le chagrin de la malheureuse Persinna, que voici, et qui, en même temps, voit son premier enfant et va n'en plus avoir; aussi, je vous en prie, cessez de pleurer et d'éprouver pour nous cette pitié vaine : accomplissons le sacrifice. Et toi, ô ma fille car c'est la première et la dernière fois que je prononce ce nom désiré — ô toi qui es belle en vain, toi qui, en vain, as retrouvé tes parents, toi qui as eu le malheur de trouver la terre de ta patrie plus cruelle que la terre étrangère, qui as été sauvée lorsque tu étais une étrangère et qui, dans ton pays, ne rencontre que la mort, n'attendris pas mon courage par tes pleurs, montre, maintenant, cette âme courageuse et vraiment royale dont tu as déjà auparavant témoigné. Suis ton père, qui n'a pas pu te revêtir de la robe nuptiale ni te conduire vers la chambre et le lit de tes noces, qui te pare pour le sacrifice, allume pour toi, non les torches du mariage mais celles de l'offrande et fais de cette irrésistible beauté en plein épanouissement un holocauste aux dieux. Et vous, pardonnez-moi, ô dieux, ce que j'ai pu dire, si j'ai pu, vaincu par la douleur, faire entendre des paroles impies, moi qui donne, pour la première fois, ce nom à mon enfant et me fais, en même temps, le meurtrier de mon enfant. »


Recherches | Texte | Lecture | Liste du vocabulaire | Index inverse | Menu | Bibliotheca Classica Selecta |

 
UCL | FLTR | Hodoi Elektronikai | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Ingénierie Technologies de l'Information : B. Maroutaeff - C. Ruell - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 5/04/2007