[10,12] Τοῦ δὲ θαυμάζοντος καὶ πλάττεσθαι λέγοντος,
ἡ Χαρίκλεια «Τὰ μικρότερα» ἔφη «θαυμάζεις, τὰ μείζονα
δὲ ἐστὶν ἕτερα· οὐ γὰρ ἐγχώριος μόνον ἀλλὰ καὶ
γένους τοῦ βασιλείου τὰ πρῶτα καὶ ἐγγύτατα.» Καὶ αὖθις
τοῦ Ὑδάσπου διαπτύοντος ὡς φληνάφους τοὺς λόγους
«Παῦσαι» εἶπεν, «ὦ πάτερ, θυγατέρα τὴν σὴν ἐκφαυλίζων.»
Ὁ δὴ βασιλεὺς τὸ ἐντεῦθεν οὐχ ὑπερορῶν
τὰ λεγόμενα μόνον ἀλλ´ ἤδη καὶ ἀγανακτῶν ἐφαίνετο,
χλεύην τὸ πρᾶγμα καὶ ὕβριν ποιούμενος· καὶ «Ὦ Σισιμίθρη
καὶ οἱ λοιποί» ἔλεγεν, «ὁρᾶτε οἷ περιέστη τὰ τῆς
ἀνεξικακίας; ἦ γὰρ οὐκ ἄντικρυς μανίαν ἡ κόρη νοσεῖ
παρατόλμοις πλάσμασι τὸν θάνατον πειρωμένη διώσασθαι,
θυγατέρα ἐμὴν ὥσπερ ἐπὶ σκηνῆς ἐξ ἀπόρων ἑαυτὴν καὶ
οἷον ἐκ μηχανῆς ἀναφαίνουσα τοῦ μηδεπώποτε, ὡς ἴστε,
παίδων γονὴν εὐτυχήσαντος, ἅπαξ δέ που μόνον ὁμοῦ τε
ἀκηκοότος καὶ ἀποβαλόντος; Ὥστε ἀγέτω τις, μηδὲ
ἐπὶ πλέον ἐπινοείτω τῇ θυσίᾳ τὴν ὑπέρθεσιν.» «Οὐκ
ἄξει οὐδείς» ἀνεβόησεν ἡ Χαρίκλεια «τέως ἂν μὴ τοῦτο
κελεύωσιν οἱ δικάζοντες· σὺ δὲ δικάζῃ τὸ παρόν, οὐ ψῆφον
φέρεις. Ξενοκτονεῖν μὲν ἴσως, ὦ βασιλεῦ, ὁ νόμος ἐπιτρέπει,
τεκνοκτονεῖν δὲ οὔθ´ οὗτος οὔθ´ ἡ φύσις σοι, πάτερ,
ἐφίησι· πατέρα γάρ σε τήμερον οἱ θεοὶ καὶ ἀρνούμενον
ἀναδείξουσι. Πᾶσα δίκη καὶ κρίσις, ὦ βασιλεῦ, δύο
τὰς μεγίστας ἀποδείξεις οἶδε, τάς τε ἐγγράφους πίστεις
καὶ τὰς ἐκ μαρτύρων βεβαιώσεις· ἄμφω σοι τοῦ θυγάτηρ
ὑμετέρα εἶναι παρέξομαι, μάρτυρα μὲν οὐχ ἕνα τῶν πολλῶν
ἀλλ´ αὐτόν γε δὴ τὸν δικάζοντα προκαλουμένη (μεγίστη
δὲ οἶμαι τῷ λέγοντι πίστις ἡ τοῦ διαιτῶντος γνῶσις),
γράμματα δὲ τάδε τύχης τῆς ἐμῆς τε καὶ ὑμῶν διηγήματα
προϊσχομένη.»
| [10,12] Et, comme le roi s'étonnait et disait qu'elle
mentait : « Ce qui t'étonne, reprit Chariclée, n'est que
peu de chose; voici plus : non seulement je suis de ce
pays, mais j'appartiens à la race royale, au premier
chef, et d'aussi près que possible. » De nouveau, Hydaspe
prit l'air méprisant, et dit que tout cela n'était que sottises.
« Cesse, reprit-elle, mon père, de dédaigner ta
fille. » Sur quoi, le roi ne se contenta plus de traiter ses
paroles par le mépris, déjà, il était visiblement en colère,
et considérait ces propos comme moquerie et insultes.
« Sisimithrès, dit-il, et vous autres, voyez comme l'on
met ma patience à l'épreuve! Cette fille n'est-elle pas
manifestement folle, d'essayer d'échapper à la mort
par des mensonges aussi impudents, de prétendre, au
moment critique, qu'elle est ma fille, surgissant d'une
trappe, comme au théâtre, alors, vous le savez bien, que
jamais je n'ai eu le bonheur d'avoir des enfants! Une
seule fois, j'en ai eu un, mais j'ai appris en même temps
sa naissance et sa mort. Qu'on l'emmène, et qu'elle ne
songe plus à différer le sacrifice. — Personne ne m'emmènera,
cria Chariclée, avant que les juges n'en aient donné
l'ordre; toi, aujourd'hui, tu es jugé; ce n'est pas toi qui
décides. Peut-être, Roi, la loi permet-elle de tuer des
étrangers, mais tuer ses propres enfants, ni cette loi,
ni la nature, ô mon père, ne le tolèrent; car tu es mon
père, et, aujourd'hui, les dieux te le prouveront, que tu
le veuilles ou non. Tout procès, toute décision de justice
ô Roi, admettent deux catégories principales de preuves ;
les témoignages écrits et les confirmations venant des
témoins; je vais t'apporter aujourd'hui les uns et les
autres, pour établir que je suis ta fille, et le témoin que
je citerai ne sera pas un individu quelconque, mais mon
juge lui-même — on ne saurait, j'imagine, fournir
preuve plus certaine de ses dires qu'un fait qui est connu
du juge — et, d'autre part, je produirai l'écrit que voici,
où se trouve le récit de mon histoire et de la vôtre. »
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