[10,10] Καὶ ταῦτα εἰπὼν ἅμα καὶ τοῖς ἄλλοις συνέδροις
ἀνίστατο καὶ πρὸς τὴν μετάστασιν ἐρρυθμίζετο. Ἀλλ´ ἥ
γε Χαρίκλεια καθήλατό τε τῆς ἐσχάρας καὶ προσδραμοῦσα
προσπίπτει τοῖς γόνασι τοῦ Σισιμίθρου, τῶν ὑπηρετῶν
παντοίως ἐπεχόντων καὶ τὴν ἱκεσίαν παραίτησιν εἶναι τοῦ
θανάτου νομιζόντων, καὶ «Ὦ σοφώτατοι» ἔλεγε «μικρὸν
ἐπιμείνατε· δίκη γάρ μοι καὶ κρίσις πρόκειται πρὸς τοὺς
βασιλεύοντας, ὑμᾶς δὲ μόνους καὶ τοῖς τοσούτοις δικάζειν
πυνθάνομαι. Καὶ τὸν περὶ ψυχῆς ἀγῶνά μοι διαιτήσατε·
σφαγιασθῆναι γάρ με θεοῖς οὔτε δυνατὸν οὔτε δίκαιον
εἶναι μαθήσεσθε.» Προσήκαντο ἄσμενοι τὰ εἰρημένα καὶ
«Ὦ βασιλεῦ» ἔφασαν «ἀκούεις τῆς προκλήσεως καὶ ἃ
προίσχεται ἡ ξένη;» Γελάσας οὖν ὁ Ὑδάσπης «Καὶ ποία
δίκη» φησίν «ἢ πόθεν ἐμοὶ καὶ ταύτῃ; προφάσεως δὲ ἐκ
ποίας ἢ ποίων ἴσων ἀναφαινομένη;» Καὶ ὁ Σισιμίθρης
«Αὐτὰ» ἔφη «δηλώσει τὰ λεχθησόμενα.» «Καὶ οὐκ
ἂν δόξειεν» ἔφη «τὸ πρᾶγμα οὐ κρίσις ἀλλ´ ὕβρις, εἰ
πρὸς τὴν αἰχμάλωτον βασιλεὺς ὢν διαδικάσομαι;» «Τὰς
ὑπεροχὰς οὐ δυσωπεῖται τὸ δίκαιον» ἀπεκρίνατο πρὸς
αὐτὸν ὁ Σισιμίθρης· «ἀλλ´ εἷς ἐστιν ὁ βασιλεύων ἐν ταῖς
κρίσεσιν, ὁ τοῖς εὐλογωτέροις κρατῶν.» «Ἀλλὰ πρὸς
τοὺς ἐγχωρίους» ἔφη «καὶ οὐ τοὺς ξένους δικάζειν ὑμᾶς
τοῖς βασιλεύουσιν ὁ νόμος ἐφίησι.» Καὶ ὁ Σισιμίθρης «Οὐ
τοῖς προσώποις μόνον» ἔφη «τὰ δίκαια γίνεται ἰσχυρὰ
παρὰ τοῖς σώφροσιν, ἀλλὰ καὶ τοῖς τρόποις.» «Δῆλον
μὲν» εἶπεν «ὡς οὐδὲν ἐρεῖ σπουδαῖον, ἀλλ´, ὅπερ ἴδιον
τῶν τὰ τελευταῖα κινδυνευόντων, λόγων ματαίων ἔσται
πλάσματα πρὸς ὑπέρθεσιν. Λεγέτω δ´ οὖν ὅμως, ἐπειδὴ
βούλεται Σισιμίθρης.»
| [10,10] Après quoi, il se leva, ainsi que tout le conseil et
se prépara à se retirer. Mais Chariclée bondit du foyer
courut vers Sisimithrès et se précipita à ses genoux
malgré les serviteurs, qui essayaient par tous les moyens
de la retenir, pensant qu'elle allait le supplier de la sauver.
« Très sages, dit-elle, attendez un instant. J'ai un
procès que je désire faire juger; il m'oppose aux souverains,
et je sais que vous êtes seuls à pouvoir juger de
si hauts personnages. Dans cette contestation où ma
vie est en jeu, soyez mes arbitres : que je sois égorgée en
l'honneur des dieux, cela n'est ni possible ni juste; vous
allez savoir pourquoi. » Ils lui accordèrent volontiers
ce qu'elle demandait et dirent : « Roi, tu entends cette
assignation et les allégations de cette étrangère? »
Hydaspe se mit à rire : « Quel procès, répondit-il,
et sur quel objet peut-il y avoir entre cette fille et moi?
Sur quels prétextes, sur quel droit commun à elle et à
moi se fonde-t-elle? » Alors Sisimithrès : « C'est ce que
nous apprendra ce qu'elle a à dire. — Mais cela n'aurait-il
pas l'air d'une dérision, plutôt que d'un jugement,
répondit le roi, si je plaidais, moi, le roi, contre cette
étrangère? — La Justice ne connaît ni supérieurs ni
inférieurs, répondit Sisimithrès, seul est souverain dans
les jugements celui qui apporte les raisons les meilleures.
— Mais, objecta Hydaspe, c'est seulement dans les différends
entre les nationaux d'Ethiopie et nous-mêmes,
que la loi vous autorise à être juges, et non quand il
s'agit d'étrangers. » Et Sisimithrès : « Ce n'est pas seulement
la considération des visages, dit-il, qui, aux yeux
des sages, doit régler la Justice, mais la réalité des êtres.
— Il est évident, répliqua le roi, qu'elle ne dira rien qui
vaille, mais que, comme le font les gens en danger de
mort, ce ne sera qu'une suite de mensonges inconsistants
pour gagner du temps. Néanmoins, qu'elle parle,
puisque Sisimithrès le veut. »
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