[9,9] Ἡμέρας μὲν δὴ δύο που καὶ τρεῖς οὕτω διῆγον,
ἠνεῳγμέναις μὲν ταῖς πύλαις οἱ Συηναῖοι ὅπλοις δὲ ἀποκειμένοις
οἱ Αἰθίοπες τὴν εἰρήνην ἐπισημαίνοντες. Καὶ ἦν
τὸ γινόμενον ἀνακωχή τις ἀνεπίμικτος, οὔτε φρουρᾶς ἔτι
παρ´ οὐδετέροις σπουδαζομένης καὶ πλέον τῶν κατὰ τὴν
πόλιν εὐπαθείαις ἑαυτοὺς ἐκδεδωκότων. Καὶ γάρ πως
συνέπεσε καὶ τὰ Νειλῷα τότε, τὴν μεγίστην παρ´ Αἰγυπτίοις
ἑορτήν, ἐνεστηκέναι, κατὰ τροπὰς μὲν τὰς θερινὰς
μάλιστα καὶ ὅτε ἀρχὴν τῆς αὐξήσεως ὁ ποταμὸς ἐμφαίνει
τελουμένην, ὑπὲρ πάσας δὲ τὰς ἄλλας πρὸς Αἰγυπτίων
σπουδαζομένην δι´ αἰτίαν τοιάνδε. Θεοπλαστοῦσι τὸν
Νεῖλον Αἰγύπτιοι καὶ κρειττόνων τὸν μέγιστον ἄγουσιν,
ἀντίμιμον οὐρανοῦ τὸν ποταμὸν σεμνηγοροῦντες οἷα δὴ δίχα
νεφώσεων καὶ ὑετῶν ἀερίων τὴν ἀρουμένην αὐτοῖς ἄρδοντος
καὶ εἰς ἔτος ἀεὶ τεταγμένως ἐπομβρίζοντος· καὶ ταυτὶ μὲν
ὁ πολὺς λεώς. Ἃ δὲ ἐκθειάζουσιν, ἐκεῖνα· τοῦ εἶναι
καὶ ζῆν ἀνθρώπους τὴν ὑγρᾶς τε καὶ ξηρᾶς οὐσίας σύνοδον
αἰτίαν μάλιστα νομίζουσι, τὰ ἄλλα στοιχεῖα τούτοις συνυπάρχειν
τε καὶ συναναφαίνεσθαι λέγοντες, καὶ τὴν μὲν
ὑγρὰν τὸν Νεῖλον, θατέραν δὲ τὴν γῆν τὴν αὑτῶν ἐμφαίνειν.
Καὶ ταυτὶ μὲν δημοσιεύουσι, πρὸς δὲ τοὺς μύστας Ἶσιν
τὴν γῆν καὶ Ὄσιριν τὸν Νεῖλον καταγγέλλουσι, τὰ πράγματα
τοῖς ὀνόμασι μεταλαμβάνοντες. Ποθεῖ γοῦν ἀπόντα ἡ
θεὸς καὶ χαίρει συνόντι καὶ μὴ φαινόμενον αὖθις θρηνεῖ
καὶ ὡς δή τινα πολέμιον τὸν Τυφῶνα ἐχθραίνει, φυσικῶν
τινῶν, οἶμαι, ἀνδρῶν καὶ θεολόγων πρὸς μὲν τοὺς βεβήλους
τὰς ἐγκατεσπαρμένας τούτοις ὑπονοίας μὴ παραγυμνούντων,
ἀλλ´ ἐν εἴδει μύθου προκατηχούντων, τοὺς δὲ ἐποπτικωτέρους
καὶ ἀνακτόρων ἐντὸς τῇ πυρφόρῳ τῶν ὄντων
λαμπάδι φανότερον τελούντων.
| [9,9] Deux ou trois jours se passèrent ainsi, les Syéniens
ayant ouvert les portes et les Ethiopiens déposé les
armes pour montrer, les uns et les autres leurs intentions
pacifiques. Et c'était comme une trêve où chacun restait
sur ses positions, et aucun des deux partis n'avait établi
de garde; bien plus, les habitants de la ville s'abandonnaient
à des réjouissances. Car il se trouvait que c'était
le moment des fêtes du Nil, la plus grande des solennités
égyptiennes, qui se célèbrent vers le moment du solstice
d'été, lorsque commence la crue du fleuves, et les Egyptiens
la fêtent avec plus de ferveur qu'une autre, pour
la raison suivante : ils font en effet du Nil un dieu et
le considèrent comme le plus puissant de tous les êtres
divins, affirmant avec orgueil que le fleuve rivalise avec
le ciel puisque, sans nuages ni pluies célestes, il arrose
leurs labours et leur donne, chaque année, régulièrement,
l'humidité nécessaire. Et voici la façon dont ils
le divinisent : ils pensent que la création et la vie des
hommes résultent principalement de la conjonction
du principe humide et du principe de sécheresse, assurant
que les autres éléments leur doivent d'exister et
d'apparaître, et ils ajoutent que le principe humide et
représenté par le Nil, l'autre, par leur propre terre.
Telle est la doctrine populaire, mais, aux initiés, l'on
apprend qu'Isis est la terre et Osiris le Nil, exprimant,
ainsi, par ces noms, la vraie réalité des objets. Bref, la
déesse désire le dieu absent, est heureuse de s'unir à
lui, le pleure quand il disparaît et éprouve de la haine
contre Typhon, son ennemi. Mais les savants dans les
choses de la nature et celles des dieux ne révèlent
naturellement pas aux profanes le sens caché de ces légendes
ils leur donnent une instruction sommaire sous forme
de mythes, réservant aux initiés du plus haut degré,
à l'intérieur du sanctuaire, un enseignement plus clair,
illuminé par la lumière brillante de la vérité.
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