[9,10] Τοῦτό τοι καὶ ἡμῖν εὐμένεια μὲν εἴη τῶν εἰρημένων,
τὰ μυστικώτερα δὲ ἀρρήτῳ σιγῇ τετιμήσθω, τῶν κατὰ
Συήνην ἑξῆς περαινομένων. Τῆς γὰρ δὴ τῶν Νειλῴων
ἑορτῆς ἐνεστηκυίας οἱ μὲν ἐγχώριοι πρὸς θυσίαις τε καὶ
τελεταῖς ἦσαν τοῖς μὲν σώμασιν ἐπὶ περιεστηκόσι δεινοῖς
κάμνοντες ταῖς ψυχαῖς δὲ τῆς περὶ τὸ θεῖον εὐσεβείας ἐκ
τῶν ἐνόντων οὐκ ἀμνημονοῦντες· ὁ δὲ Ὀροονδάτης μέσας
νύκτας ἐπιτηρήσας, πρὸς ὕπνον βαθὺν τῶν Συηναίων ὑπὸ
τῆς εὐωχίας τετραμμένων, ὑπεξάγει τὸν στρατόν, ὥραν τε
μίαν καὶ πύλην καθ´ ἣν ἔδει ποιήσασθαι τὴν ἔξοδον κρύφα
τοῖς Πέρσαις προπαραγγείλας. Ἐπέσταλτο δὲ ἑκάστῳ
δεκάρχῃ ἵππους μὲν καὶ ὑποζύγια κατὰ χώραν ἐᾶν πρός
τε δυσχερείας ἀπαλλαγὴν καὶ τοῦ μή τινα πρὸς τὸν τάραχον
αἴσθησιν γενέσθαι τῶν δρωμένων, τὰ ὅπλα δὲ ἀναλαβόντας
μόνα καὶ δοκίδα ἢ σανίδα πορισαμένους ἐπάγεσθαι.
| [9,10] Que tout cela soit dit sans offenser les dieux et
qu'un silence inviolable assure le respect des mystères les
plus sacrés, et revenons au récit des événements de Syéné.
C'était donc la fête du Nil et les habitants étaient tout
entiers occupés par les sacrifices et les cérémonies, et,
bien que leurs corps fussent accablés par les circonstances
terribles qu'ils traversaient, leurs âmes ne renonçaient
pas, autant que cela était possible, à accomplir leurs
devoirs de piété envers les dieux. Oroondatès, lui, ayant
attendu le plein de la nuit, au moment où les habitants
de Syéné, une fois leurs festins terminés, étaient plongés
dans un profond sommeil, fit sortir son armée, après avoir
fait connaître en secret aux Perses l'heure où ils devraient
se rassembler et la porte par laquelle s'opérerait leur sortie.
Chaque commandant d'unité avait reçu de lui l'ordre de
laisser sur place chevaux et bêtes de somme pour s'épargner
toute gêne et ne pas faire le moindre bruit qui pût
révéler l'opération en cours : ils devaient se mettre en
route seulement avec leurs armes et une planche ou une
poutre qu'ils auraient à se procurer.
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