[9,6] Ὡς δὲ ἐκενώθη τὸ μεταπύργιον τῶν ἐφεστώτων
ὅ τε δῆμος ὀθόναις κατασείων ἐπιτρέπειν τὸν ὅρμον ἐνεδείκνυτο,
τότε δὴ καὶ οἱ Αἰθίοπες πλησιάσαντες ὥσπερ
ἀπ´ ἐκκλησίας τῶν πορθμείων πρὸς τὸ πολιορκούμενον
θέατρον τοιάδε ἔλεγον. «Ὦ Πέρσαι καὶ Συηναίων οἱ
παρόντες, Ὑδάσπης ὁ τῶν πρὸς ἀνατολαῖς καὶ δυσμαῖς
Αἰθιόπων νυνὶ δὲ καὶ ὑμῶν βασιλεὺς πολεμίους τε ἐκπορθεῖν
οἶδε καὶ ἱκέτας οἰκτείρειν πέφυκε, τὸ μὲν ἀνδρεῖον, τὸ δὲ
φιλάνθρωπον δοκιμάζων καὶ τὸ μὲν χειρὸς εἶναι στρατιωτικῆς,
τὸ δὲ ἴδιον τῆς ἑαυτοῦ γνώμης. Ἔχων τε τὸ
ὑμᾶς εἶναι καὶ μὴ κατ´ ἐξουσίαν, ἱκέταις γεγενημένοις
ἀνίησι τὸν ἐκ τοῦ πολέμου πᾶσιν ὁρώμενον καὶ οὐκ ἀμφίβολον
κίνδυνον, ἐφ´ οἷς ἂν ἄσμενοι τῶν δεινῶν ἀπαλλαγείητε
τὴν αἵρεσιν οὐκ αὐτὸς ὁρίζων ἀλλ´ ὑμῖν ἐπιτρέπων· οὐ
γὰρ τυραννεῖ τὴν νίκην, ἀλλὰ πρὸς τὸ ἀνεμέσητον διοικεῖ
τὴν τῶν ἀνθρώπων τύχην.» Πρὸς ταῦτα Συηναῖοι μὲν
ἀπεκρίναντο σφᾶς τε αὐτοὺς καὶ παῖδας καὶ γυναῖκας ἐπιτρέπειν
Ὑδάσπῃ χρῆσθαι πρὸς ὅτι βούλοιτο καὶ τὴν πόλιν,
εἰ περιγένοιτο, ἐγχειρίζειν, ἣν καὶ νῦν ἐν τῷ ἀνελπίστῳ
σαλεύειν, εἰ μὴ φθαίη τις ἐκ θεῶν καὶ ἐξ Ὑδάσπου μηχανὴ
σωτηρίας. Ὁ δὲ Ὀροονδάτης τῶν μὲν αἰτίων ἔφη τοῦ
πολέμου καὶ τῶν ἐπάθλων ἐκστήσεσθαι καὶ τάς τε Φίλας
τὴν πόλιν καὶ τὰ σμαράγδεια μέταλλα παραχωρήσειν· αὐτὸς
δὲ ἠξίου μηδεμίαν ὑποστῆναι ἀνάγκην μήτε ἑαυτὸν μήτε
τοὺς στρατιώτας ἐγχειρίζειν, ἀλλ´ εἰ βούλοιτο Ὑδάσπης
εἰς ὁλόκληρον ἐπιδείκνυσθαι τὸ φιλάνθρωπον, ἐπιτρέπειν
οὐδὲν λυμαινομένους οὐδὲ χεῖρας ἀνταίροντας ἀποχωρεῖν
εἰς τὴν Ἐλεφαντίνην· ὡς ἴσον εἶναί οἱ νῦν τε ἀπολέσθαι
καὶ δοκοῦντα περισῴζεσθαι προδοσίας τοῦ στρατιωτικοῦ
παρὰ βασιλεῖ τῷ Περσῶν ἁλῶναι· μᾶλλον δὲ καὶ
χαλεπώτερον, νῦν μὲν ἁπλοῦ καὶ νενομισμένου τυχὸν
ἐπαχθησομένου θανάτου, τότε δὲ ὠμοτάτου καὶ εἰς πικροτάτην
κόλασιν καινουργουμένου.
| [9,6] Lorsque la courtine eut été évacuée par les soldats
et comme le peuple, agitant des chiffons blancs, faisait
signe que l'on pouvait aborder, alors, les Ethiopiens
s'approchèrent et, comme d'une tribune, haranguèrent
l'assistance des assiégés du haut des felouques : « Perses,
et vous, gens de Syéné qui êtes ici, Hydaspe, roi des
Ethiopiens d'Orient et d'Occident, et, maintenant, votre
roi à vous, sait la manière d'abattre les ennemis, mais sa
nature le porte à épargner les suppliants : il juge que la
première attitude est celle d'un homme digne de ce
nom, et que l'autre est une preuve d'humanité; l'une
appartient aux soldats, l'autre dépend de sa propre décision.
Il lui appartient de décider de votre vie ou de votre
mort, mais, maintenant que vous êtes ses suppliants, il
veut bien vous soustraire au danger évident et inéluctable
où vous a menés la guerre; quant aux conditions
auxquelles vous serez heureux de vous tirer d'affaire, il
ne veut pas les déterminer lui-même, mais vous en laisse
le libre choix; car il ne veut pas user de sa victoire
en tyran mais entend diriger le sort des hommes sans
encourir les reproches des dieux. » A ce discours, les
habitants de Syéné répondirent qu'ils se livraient à
Hydaspe, eux-mêmes, leurs enfants et leurs femmes,
pour qu'il en fît ce que bon lui semblerait et ils lui
remettaient leur ville, si toutefois elle subsistait, cette
ville qui, pour l'instant, était vouée, sans recours, à
sombrer dans la présente tempête, à moins que les dieux,
ou Hydaspe, ne trouvent avant cela un moyen de la
sauver. Oroondatès, de son côté, déclara qu'il renonçait
aux causes et aux enjeux de cette guerre et qu'il livrait
la ville de Philae ainsi que les mines d'émeraudes; pour
lui, il demandait que l'on ne le réduisît pas à la nécessité
de se rendre lui-même et ses soldats, mais, si Hydaspe
voulait pousser la bonté jusqu'au bout, qu'il lui permît,
à condition de ne causer aucun dommage et de ne pas
reprendre la lutte, de se retirer avec eux à Eléphantine,
car, disait-il, cela reviendrait au même pour lui de mourir
tout de suite ou d'être condamné à mort par le roi de
Perse pour avoir abandonné son armée. Son sort serait
même pire, car, au lieu d'une mort simple qu'on lui
infligerait conformément aux usages de la guerre, il
serait, dans cette hypothèse, soumis aux supplices les
plus cruels et aux tortures les plus douloureuses et les
plus raffinées.
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