[9,5] Ἤδη δὲ ἑσπέρας ἐπιούσης καὶ μέρος τι τοῦ
τείχους καὶ μεταπύργιον ἐγκατερείπεται, οὐ μὴν ὥστε
χθαμαλωτέραν γενέσθαι τῆς λίμνης τὴν πτῶσιν οὐδ´ ὥστε
εἰσδέξασθαι τὸ ὕδωρ, ἀλλὰ πέντε που πήχεις ὑπερέχουσαν
ἀπειλουμένην ὅσον οὔπω κατεπτηχέναι τὴν ἐπίκλυσιν.
Ἐφ´ οἷς οἰμωγή τε συμμιγὴς τῶν κατὰ τὴν πόλιν ἐξάκουστος
καὶ τοῖς πολεμίοις ἐγίνετο· καὶ χεῖρας εἰς οὐρανὸν
αἴροντες, τὴν ὑπολειπομένην ἐλπίδα, θεοὺς ἐπεβοῶντο
σωτῆρας, καὶ τὸν Ὀροονδάτην ἐπικηρυκεύεσθαι πρὸς τὸν
Ὑδάσπην ἱκέτευον. Ὁ δὲ ἐπείθετο μέν, δοῦλος καὶ
ἄκων τῆς τύχης γινόμενος, ἀποτετειχισμένος δὲ τῷ ὕδατι
καὶ ὅπως ἄν τινα διαπέμψαιτο ὡς τοὺς πολεμίους ἀδυνατῶν
ἐπίνοιαν ὑπὸ τῆς ἀνάγκης ἐδιδάσκετο· γραψάμενος γὰρ
ἃ ἐβούλετο καὶ λίθῳ τὴν γραφὴν ἐναψάμενος σφενδόνῃ
πρὸς τοὺς ἐναντίους ἐπρεσβεύετο διαπόντιον τὴν ἱκεσίαν
τοξευόμενος· ἤνυε δὲ οὐδέν, ἐλαττουμένης τοῦ μήκους τῆς
βολῆς καὶ τῷ ὕδατι προεμπιπτούσης. Ὁ δὲ καὶ αὖθις
τὴν αὐτὴν γραφὴν ἐκτοξεύων ἀπετύγχανε, πάντων μὲν
τοξοτῶν καὶ σφενδονητῶν ἐφικέσθαι τῆς βολῆς φιλοτιμουμένων
οἷα δὴ τὸν περὶ ψυχῆς σκοπὸν ἀθλούντων, ἁπάντων
δὲ τὰ ὅμοια πασχόντων. Τέλος δὲ τὰς χεῖρας εἰς τοὺς
πολεμίους ὀρέγοντες, τοῖς χώμασιν ἐφεστῶτας καὶ θέατρον
τὰ πάθη τὰ ἐκείνων ποιουμένους, ἐλεεινοῖς τοῖς σχήμασι
τὸ βούλευμα τῶν τοξευμάτων ὡς δυνατὸν ἔφραζον, νῦν
μὲν ὑπτίας προτείνοντες εἰς ἱκεσίας ἔμφασιν, νῦν δὲ κατὰ
νώτων πρὸς δεσμὸν περιάγοντες εἰς δουλείας ἐξομολόγησιν
Ὁ δὲ Ὑδάσπης ἐγνώριζε μὲν σωτηρίαν αἰτοῦντας καὶ
παρέχειν ἦν ἕτοιμος (ὑπαγορεύει γὰρ τοῖς χρηστοῖς φιλανθρωπίαν
πολέμιος ὑποπίπτων), τὸ παρὸν δὲ ἀδυνάτως ἔχων
ἔγνω σαφεστέραν λαβεῖν τῶν ἐναντίων ἀπόπειραν. Καί, ἦν
γὰρ πορθμεῖα τῶν ποταμίων προηυτρεπισμένος, ἃ κατὰ ῥοῦν
τῆς διώρυχος ἐκ τοῦ Νείλου φέρεσθαι συγχωρήσας ἐπειδὴ τῷ
κύκλῳ τοῦ χώματος προσηνέχθη καθελκύσας εἶχε, τούτων
δέκα νεόπηκτα ἐπιλέξας τοξότας τε καὶ ὁπλίτας ἐνθέμενος
ἅ τε χρὴ λέγειν ἐπιστείλας ὡς τοὺς Πέρσας ἐξέπεμπεν.
Οἱ δὲ ἐπεραιοῦντο πεφραγμένοι ὡς, εἴ τι καὶ παρ´ ἐλπίδας
ἐγχειροῖεν οἱ ἐπὶ τῶν τειχῶν, ηὐτρεπίσθαι πρὸς ἄμυναν.
Καὶ ἦν θεαμάτων τὸ καινότατον, ναῦς ἀπὸ τειχῶν
πρὸς τείχη περαιουμένη καὶ ναύτης ὑπὲρ μεσογαίας πλωϊζόμενος
καὶ πορθμεῖον κατὰ τὴν ἀρόσιμον ἐλαυνόμενον·
καινουργὸς δὲ ὢν ἀεί πως ὁ πόλεμος τότε τι καὶ πλέον καὶ
οὐδαμῶς εἰωθὸς ἐθαυματούργει, ναυμάχους τειχομάχοις
συμπλέξας καὶ λιμναίῳ στρατιώτῃ χερσαῖον ἐφοπλίσας.
Οἱ γὰρ δὴ κατὰ τὴν πόλιν τὰ σκάφη καὶ τοὺς ἐμπλέοντας
ἐνόπλους τε καὶ καθ´ ὃ μέρος κατήρειπτο τὸ τεῖχος ἐπιφερομένους
θεασάμενοι, καταπλῆγες ἄνθρωποι καὶ πτοίας
ἤδη πρὸς τῶν περιεχόντων κινδύνων ἀνάμεστοι, πολεμίους
καὶ τοὺς ἐπὶ σωτηρίᾳ τῇ σφῶν ἥκοντας ὑπετόπαζον (πᾶν
γὰρ ὕποπτον καὶ φοβερὸν τῷ κατ´ ἔσχατον κινδύνου γινομένῳ),
ἠκροβολίζοντό τε ἀπὸ τῶν τειχῶν καὶ εἰσετόξευον.
Οὕτως ἄρα καὶ ἀπεγνωκότες ἑαυτῶν ἄνθρωποι τὴν ἀεὶ
παροῦσαν ὥραν κέρδος εἰς ὑπέρθεσιν θανάτου νομίζουσιν.
Ἔβαλλον δὲ οὐχ ὥστε καὶ τιτρώσκειν, ἀλλ´ ὅσον ἀπείργειν
τὸν πρόσπλουν καταστοχαζόμενοι. Ἀντετόξευον δὲ
καὶ οἱ Αἰθίοπες καὶ ἅτε εὐσκοπώτερά τε βάλλοντες καὶ
οὔπω τῆς τῶν Περσῶν γνώμης συνιέντες δύο πού τινας
καὶ πλείους διαπείρουσιν, ὥστε τινὰς ὑπὸ ὀξείας καὶ
ἀπροόπτου τῆς τρώσεως ἐπὶ κεφαλὴν ἀπὸ τῶν τειχῶν εἰς
τὸ ἐκτός τε καὶ τὸ ὕδωρ σφενδονηθῆναι. Καὶ ἂν
καὶ ἐπὶ πλέον ἐξεκαύθη τὰ τῆς μάχης, τῶν μὲν σὺν φειδοῖ
κωλυόντων μόνον τῶν δὲ καὶ σὺν ὀργῇ τῶν Αἰθιόπων
ἀμυνομένων, εἰ μή τις τῶν ἐπὶ δόξης καὶ πρεσβύτης ἤδη Συηναίων
τοῖς ἐπὶ τοῦ τείχους παραγενόμενος «Ὦ φρενοβλαβεῖς»
ἔφη «καὶ πρὸς τῶν δεινῶν παραπλῆγες, οὓς εἰς
δεῦρο ἱκετεύοντες καὶ ἐπικαλούμενοι πρὸς βοήθειαν διετελοῦμεν,
τούτους ἐλπίδος ἐπέκεινα παραγινομένους ἀπείργομεν;
οἵ, φίλιοι μὲν ἥκοντες καὶ εἰρηνικὰ διαγγέλλοντες,
σωτῆρες ἔσονται, πολέμια δὲ διανοούμενοι, ῥᾷστα καὶ
προσορμισθέντες ἐλαττωθήσονται. Τί δὲ καὶ πλέον εἰ
τούτους διαχρησόμεθα τοσούτου νέφους ἐκ γῆς καὶ ὕδατος
κεκυκλωμένου τὴν πόλιν; Ἀλλὰ καὶ προσδεχώμεθα καὶ ὅ τι
βουλομένοις ἐστὶν ἐκδιδασκώμεθα.» Πᾶσιν εὖ λέγειν ἔδοξεν,
ἐπῄνει δὲ καὶ ὁ σατράπης· καὶ τοῦ κατηρειπωμένου
τῇδε κἀκεῖσε μεταστάντες ἐν ἀκινήτοις τοῖς ὅπλοις ἡσύχαζον.
| [9,5] Vers le soir, une partie du mur, entre deux tours,
s'écroula, sans pourtant que sa chute créât une brèche
d'un niveau inférieur à celui du lac ni qu'elle ouvrît un
accès à l'eau : mais la différence d'environ cinq brasses
entre les niveaux rendait imminente la menace de l'inondation.
Alors ce fut parmi les habitants de la ville des
gémissements confus qui furent entendus des ennemis
eux-mêmes; levant les mains vers le ciel, ils invoquèrent,
seul espoir qui leur restât, le secours des dieux et supplièrent
Oroondatès d'envoyer une députation à Hydaspe.
Oroondatès obéit, mais sous la contrainte des événements
et à contre-coeur; et comme il était cerné par l'eau
et n'avait aucun moyen de faire parvenir qui que ce fût
jusqu'à l'ennemi, la nécessité lui suggéra un expédient;
il écrivait ce qu'il désirait obtenir sur une lettre qu'il
attacha à une pierre et à l'aide d'une fronde, fit envoyer
ce message dans la direction des adversaires, chargeant
un projectile de porter sa prière par-dessus l'eau. Mais
en vain, car la pierre ne put franchir cette distance et
tomba dans l'eau. Il recommença alors à faire envoyer
une autre lettre, mais échoua encore; tous les archers
et les frondeurs rivalisèrent pour atteindre le but, en
un concours dont l'enjeu était leur vie, mais tous
échouèrent de la même facon. Finalement, ils tendirent
les mains vers l'ennemi qui, debout sur le talus, contemplaient
le spectacle de leur infortune, firent des gestes
destinés à attirer la pitié et s'efforçaient de faire comprendre,
tant bien que mal, ce que demandaient les
messages quils avaient lancés. Pour cela, tantôt ils
levaient les mains au ciel pour indiquer qu'ils étaient
suppliants, tantôt ils mettaient les bras derrière le dos
pour faire signe qu'ils se reconnaissaient esclaves.
Hydaspe comprit qu'ils demandaient la vie sauve et il
était prêt à la leur accorder — car la vraie noblesse
veut que l'on traite avec bonté un ennemi abattu.
Mais, pour le moment, il ne pouvait le faire et il décida
de s'assurer plus complètement des intentions de ses
adversaires. Il avait à sa disposition une flotille de
felouques, qui avaient pénétré du Nil dans le canal et
que le courant avait entraînées dans le lac circulaire où
elles étaient amarrées; il en choisit dix, toutes neuves,
où il fit embarquer des archers et des fantassins cuirassés
qu'il envoya vers les Perses, après leur avoir donné des
inftructions sur ce qu'ils auraient à dire. Les soldats
firent la traversée en ordre de bataille; ainsi au cas où
l'ennemi rangé sur le rempart tenterait, contre toute
attente, une action hostile, ils seraient prêts à se défendre.
Et c'était un spectacle extraordinaire que de voir des
bateaux voguant d'une muraille à une autre, un marin
naviguant en pleine terre et une felouque allant à travers
champs. La guerre est toujours maîtresse de nouveautés,
mais, en cette occasion, elle accomplit un prodige plus
extraordinaire encore et tel qu'on n'en avait jamais
vu de semblable : elle mettait aux prises l'infanterie de
marine et les défenseurs d'une place, elle alignait des
marins en face d'une armée de terre. Les gens de la
ville, lorsqu'ils virent les barques et les hommes en
armes qui les montaient se diriger vers la partie de la
muraille qui s'était écroulée, furent affolés et, remplis
de terreur par les dangers qui les entouraient, s'imaginèrent
que les hommes qui venaient pour leur apporter
le salut venaient en ennemis — tout éveille les soupçons
et la crainte lorsqu'on est dans le dernier péril — et, de
loin, il les accueillirent à coups de flèches. Tant il est
vrai que les hommes, même lorsqu'ils désespèrent de leur
salut, considèrent comme un bien de gagner un moment
sur la mort qui les attend. Ils tiraient sur eux, d'ailleurs,
non pas pour les atteindre, mais leurs coups avaient pour
but simplement de leur interdire d'approcher. Les Ethiopiens
répondirent par des flèches, et leur tir était mieux
ajusté, car ils ne comprenaient pas quelle était l'intention
des Perses; ils en touchèrent deux, puis un plus grand
nombre, et firent si bien que certains, percés d'un coup
brutal et inattendu, tombèrent tête première du rempart
vers l'extérieur et furent précipités dans l'eau. Et le combat
se serait échauffé, entre les défenseurs, qui cherchaient
seulement à éloigner leurs adversaires, et les ménageaient
et les Ethiopiens qui se défendaient avec colère, si l'un
des notables de Syéné, un vieillard, n'était intervenu
auprès des soldats qui se trouvaient sur la muraille :
« Insensés, dit-il, vos malheurs vous ont fait perdre
l'esprit! Voici que les gens que nous suppliions jusqu'à
maintenant, que nous ne cessions d'appeler à notre
secours viennent à nous alors que nous ne l'espérions
plus, et nous les chassons? S'ils se présentent en amis,
et avec des propositions de paix, ils seront nos sauveurs;
s'ils ont des intentions belliqueuses, nous n'aurons aucun
mal, même s'ils débarquent, à en avoir raison. Et quel
avantage retirerons-nous, si nous les exterminons, alors
qu'une telle nuée d'hommes est en train d'assiéger la
ville et sur la terre et sur l'eau? Recevons-les donc et
sachons ce qu'ils veulent. » Tout le monde l'approuva,
et le satrape, lui aussi, fut de son avis. Ils regagnèrent les
deux bords de la brèche et demeurèrent immobiles, les
armes au repos.
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