| [9,25] Τοιαῦτα διαλεγόμενοι πλησίον ἤδη τοῦ βασιλέως
 ἦσαν· συμπαρῆν δὲ καὶ ὁ Βαγώας ἀγόμενος. Κἀπειδὴ
 παραστάντας ὁ Ὑδάσπης εἶδεν, ἀνήλατο πρὸς βραχὺ τοῦ
 θρόνου καὶ «Ἱλήκοιτε θεοί» φήσας αὖθις ἐπὶ συννοίας
 ἑαυτὸν ἥδραζε. Τῶν δὲ ἐν τέλει παρεστώτων ὅτι πεπόνθοι
 πυνθανομένων, «Τοιαύτην» ἔφη «τετέχθαι μοι θυγατέρα
 τήμερον καὶ εἰς ἀκμὴν τοσαύτην ἥκειν ἀθρόον ᾤμην· καὶ τὸ
 ὄναρ ἐν οὐδεμιᾷ φροντίδι θέμενος νυνὶ πρὸς τὴν ὁμοίαν τῆς
 ὁρωμένης ὄψιν ἀπήνεγκα.»  Τῶν δὴ περὶ αὐτὸν
 εἰπόντων ὡς φαντασία τις εἴη ψυχῆς τὰ μέλλοντα πολλάκις
 εἰς εἴδωλα προτυπουμένης, ἐν παρέργῳ τότε τὸ ὀφθὲν
 ποιησάμενος, τίνες καὶ ὁπόθεν εἶεν ἠρώτα. Σιωπώσης δὲ
 τῆς Χαρικλείας καὶ τοῦ Θεαγένους εἰπόντος ὡς ἀδελφοὶ
 καὶ Ἕλληνες, «Εὖ γε ἡ Ἑλλὰς» εἶπε «τά τε ἄλλα καλοὺς
 κἀγαθοὺς φέρουσα καὶ γνήσια ἡμῖν καὶ εὐσύμβολα εἰς τὰς
 ἐπινικίους θυσίας τὰ ἱερεῖα παρασχοῦσα.  Ἀλλὰ πῶς
 οὐχὶ καὶ παῖς ἐτέχθη μοι κατὰ τὴν ὄψιν», γελάσας πρὸς
 τοὺς παρόντας, «εἴπερ τὸν νεανίαν τοῦτον ἀδελφὸν ὄντα
 τῆς κόρης καὶ ὁρᾶσθαί μοι μέλλοντα προειδωλοποιηθῆναι, 
 ὡς φατέ, διὰ τῶν ὀνειράτων ἐχρῆν;» Καὶ ἀποστρέψας τὸν
 λόγον εἰς τὴν Χαρίκλειαν καὶ τὴν φωνὴν ἑλληνίζων, σπουδάζεται 
 γὰρ ἥδε ἡ γλῶττα παρὰ τοῖς Γυμνοσοφισταῖς καὶ
 βασιλεῦσιν Αἰθιόπων, «Σὺ δὲ» ἔφη, «ὦ κόρη, τί σιγᾷς
 οὐδὲν ἀποκρινομένη πρὸς τὴν πεῦσιν;»  Καὶ ἡ Χαρίκλεια 
 «Πρὸς τοῖς βωμοῖς» ἔφη «τῶν θεῶν, οἷς ἱερεῖα
 φυλαττόμενοι συνίεμεν, ἐμέ τε καὶ τοὺς ἐμὲ φύντας
 γνώσεσθε.» «Καὶ ποῦ γῆς εἰσιν οὗτοι;» πρὸς αὐτὴν ὁ
 Ὑδάσπης. Ἡ δὲ «Καὶ πάρεισιν» ἔφη «καὶ πάντως ἱερουργουμένης 
 παρέσονται.» Μειδιάσας οὖν αὖθις ὁ Ὑδάσπης
 «Ὀνειρώττει τῷ ὄντι» φησίν «ἡ ὀνειρογενὴς αὕτη μου
 θυγάτηρ, ἀπὸ τῆς Ἑλλάδος κατὰ μέσην Μερόην τοὺς
 φύντας ἀναπεμφθήσεσθαι φανταζομένη. Οὗτοι μὲν οὖν
 ἀγέσθωσαν σὺν ἐπιμελείᾳ καὶ ἀφθονίᾳ τῇ συνήθει τὴν θυσίαν
 κοσμήσοντες.  Ἀλλὰ τίς οὗτος ὁ πλησίον εὐνούχῳ
 προσεοικώς;» Τῶν δή τις ὑπηρετουμένων «Καὶ εὐνοῦχος
 ἀληθῶς» εἶπεν «ὄνομα Βαγώας, τῶν Ὀροονδάτου κτῆμα
 τὸ τιμιώτατον.» «Ἑπέσθω» ἔφη «καὶ οὗτος, οὐχ
 ἱερεῖον, τῶν δὲ ἱερείων θατέρου, τῆς κόρης ταύτης, φύλαξ,
 πολλῆς διὰ τὴν ὥραν προνοίας δεομένης ὥστε ἁγνὴν ἡμῖν
 ἄχρι καιροῦ τῆς θυσίας φυλαχθῆναι. Ἔχει τι ζηλότυπον
 ἔμφυτον τὸ εὐνούχων γένος· ὧν γὰρ ἀπεστέρηται, τούτων
 εἰς κώλυμα τοῖς ἄλλοις προβέβληται.»
 
 | [9,25] Tout en causant, ils étaient arrivés près du roi; 
il y avait aussi Bagoas, que l'on avait amené. Lorsque 
Hydaspe les vit debout devant lui, il se leva vivement, 
un instant, de son trône et dit : « O dieux, aidez-moi! » 
puis, tout songeur, il se rassit. Les officiers qui l'entouraient 
lui demandèrent ce qu'il avait : « J'ai rêvé que 
j'avais aujourd'hui une fille pareille à celle-ci et qui avait 
atteint d'un seul coup l'épanouissement de son adolescence, 
comme elle; je n'avais plus songé à ce rêve jusqu'à 
maintenant, mais il vient de me revenir à l'esprit,
à cause de la ressemblance qui existe entre le visage 
de cette jeune fille et celui que j'ai vu en rêve. » 
Les personnes qui entouraient le roi dirent que c'était 
un effet de son imagination, qui lui avait montré 
comme souvent, à l'avance, l'image du futur. Alors il 
n'attacha plus d'importance à son rêve et demanda aux 
jeunes gens qui ils étaient et d'où ils venaient. Chariclée 
garda le silence, et Théagène répondit qu'ils étaient 
frère et soeur, et tous deux grecs. « Vive la Grèce, répondit 
le roi, où naissent tant d'honnêtes gens et qui, 
aujourd'hui, nous fournit des victimes aussi nobles et 
d'aussi bon augure pour les sacrifices d'actions de grâces! 
Mais pourquoi, dans mon rêve, n'avais-je pas aussi un 
fils? ajouta-t-il en riant, à l'adresse des assistants, 
puisque ce jeune homme, le frère de la jeune fille, 
devait se présenter à mes yeux, ne fallait-il pas aussi 
que mon rêve me le montrât, si vous dites vrai? » Puis, 
adressant à Chariclée la parole en grec — car cette langue 
est en honneur chez les gymnosophistes et les rois 
d'Ethiopie : « Quant à toi, dit-il, jeune fille, pourquoi 
gardes-tu le silence et ne réponds-tu pas à ma question? » 
Alors Chariclée : « Auprès des autels des dieux pour 
lesquels, je le comprends, vous nous réservez comme 
victimes, vous connaîtrez qui je suis et qui sont mes 
parents. — Et où donc se trouvent-ils? » lui demanda 
Hydaspe. Et elle : « Ils sont ici, dit-elle, et, de toute 
manière, ils seront présents lorsqu'on m'immolera. » 
Hydaspe sourit de nouveau : « En vérité, elle rêve, dit-il, 
cette fille que m'a donnée mon rêve, lorsqu'elle s'imagine 
que, du fond de la Grèce, ses parents se trouveront 
transportés en plein cour de Méroé. Qu'on les emmène, 
qu'on prenne grand soin d'eux et qu'on les nourrisse 
largement, comme on le fait pour les victimes qui doivent 
faire honneur au sacrifice. Mais quel est celui-ci, qui 
se trouve auprès d'eux, et qui a l'air d'un eunuque? » A 
quoi l'un des serviteurs répondit : « C'est bien un 
eunuque; il s'appelle Bagoas, et il est ce qu'Oroondatès 
possède de plus précieux. — Qu'il aille avec eux, lui 
aussi, reprit le roi, non comme victime, mais pour garder 
l'une des deux victimes, cette jeune fille, qui exige que 
l'on prenne de grandes précautions, vu sa beauté, si 
nous voulons la conserver pure jusqu'à l'heure du sacrifice. 
La race des eunuques porte en elle une jalousie
native; les plaisirs dont ils sont privés, ils ont mission de 
les interdire aux autres. »
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