[9,23] Εὐφήμους εἶναι προσήκειν τοὺς ἐπαίνους ὁ
Ὑδάσπης εἰπὼν αὐτός τε εἰς τὴν σκηνὴν ἐλθὼν τὸ λειπόμενον
τῆς ἡμέρας ἑαυτὸν ἀνελάμβανε τούς τε ἐπὶ δόξης
Αἰθιόπων καὶ τοὺς κατὰ Συήνην ἱερέας εὐωχῶν καὶ τοῖς
ἄλλοις οὕτω ποιεῖν ἐφῆκε, πολλὰς μὲν ἀγέλας βοῶν πολλὰς
δὲ ποίμνας προβάτων πλεῖστα δὲ αἰγῶν αἰπόλια καὶ συῶν
συβόσια καὶ οἴνου πλῆθος τῶν Συηναίων τῇ στρατιᾷ τὰ μὲν
δῶρον τὰ δὲ κατ´ ἀγορασίαν παρεχόντων. Εἰς δὲ τὴν
ὑστεραίαν ἐφ´ ὑψηλοῦ προκαθήμενος ὁ Ὑδάσπης τά τε
ὑποζύγια καὶ ἵππους καὶ ὕλην ἄλλην τὴν ἐν λαφύροις τῶν
τε κατὰ τὴν πόλιν καὶ τῶν κατὰ τὴν μάχην ληφθέντων τῇ
στρατιᾷ διένεμε, τὸ πρὸς ἀξίαν τῶν ἑκάστῳ πεπραγμένων
ἀνακρίνων. Ὡς δὲ καὶ ὁ ζωγρήσας τὸν Ὀροονδάτην
παρῆν, «Αἴτησον ὃ βούλει» ἔφη πρὸς αὐτὸν ὁ Ὑδάσπης.
Καὶ ὃς «Οὐδὲν αἰτεῖν δέομαι, βασιλεῦ» εἶπεν, «ἀλλ´ εἰ
καὶ σὺ τοῦτο ἐπικρίνειας, ἔχω τὸ αὔταρκες Ὀροονδάτου
μὲν ἀφελόμενος αὐτὸν δὲ προστάγματι τῷ σῷ διασωσάμενος.»
Καὶ ἅμα ἐδείκνυε τὸν ξιφιστῆρα τοῦ σατράπου
λιθοκόλλητόν τε καὶ πολύτιμον καὶ ἐκ πολλῶν ταλάντων
κατεσκευασμένον, ὥστε πολλοὺς τῶν περιεστώτων ἐκβοᾶν
ὑπὲρ ἰδιώτην εἶναι καὶ πλέον βασιλικὸν τὸ κειμήλιον.
Ἐπιμειδιάσας οὖν ὁ Ὑδάσπης «Καὶ τί ἂν» ἔφη
«γένοιτο βασιλικώτερον τοῦ μὴ λειφθῆναι τὴν ἐμὴν
μεγαλοψυχίαν τῆς τούτου φιλοπλουτίας; Εἶτα καὶ σώματος
ἁλόντος τῷ κρατήσαντι σκυλεύειν ὁ πολέμου δίδωσι νόμος.
Ὥστε ἀπίτω λαβὼν καὶ παρ´ ἡμῶν ὃ καὶ ἀκόντων ἔσχεν ἂν
ῥᾳδίως ἀποκρύπτων.»
| [9,23] Hydaspe leur répondit de ne pas lui donner
de louanges dont pourraient s'offenser les dieux, se
retira sous sa tente et, le reste du jour, s'occupa de se
restaurer; il invita au festin les Ethiopiens nobles et les
prêtres de Syéné et permit au reste de l'armée de festoyer
aussi; les habitants de Syéné fournirent à l'armée un
grand nombre de boeufs, force moutons, des troupeaux
de chèvres et de porcs et quantité de vin en partie comme
don gracieux et en partie à prix d'argent. Le lendemain,
Hydaspe prit place sur une estrade et distribua aux soldats
les bêtes de somme, les chevaux, et tous les objets
pris comme butin dans la ville ou sur le champ de bataille,
fondant la répartition selon ce que méritaient les exploits
de chacun. Lorsque se présenta l'homme qui avait fait
Oroondatès prisonnier : « Demande ce que tu voudras »,
lui dit Hydaspe. Et lui : « Je ne veux rien demander, Roi,
répondit-il, mais, si tu veux bien me l'accorder, je me
contenterai de ce que j'ai enlevé à Oroondatès lorsque
je lui ai sauvé la vie, conformément à l'ordre que tu
avais donné. » En même temps, il montrait le fourreau
de l'épée du satrape, enrichi de pierres précieuses, objet
de grand prix et qui avait coûté fort cher, si bien que
beaucoup d'assistants se récrièrent disant que ce trophée
était trop beau pour un simple soldat et convenait à
un roi. Hydaspe sourit : « Et que pourrait-il y avoir de
plus royal, répondit-il, que de ne pas montrer moi-même
moins de générosité que cet homme ne montre de
désintéressement? D'ailleurs, la loi de la guerre permet
au vainqueur de dépouiller un prisonnier. Qu'il s'en
aille donc en recevant de moi ce qu'il aurait pu facilement
conserver sans mon consentement, en le dissimulant. »
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