[9,20] Ἐπεὶ δὲ τούς τε καταφράκτους, τὴν μεγίστην
τοῦ πολέμου χεῖρά τε καὶ ἐλπίδα νομιζομένους, διεφθαρμένους
κατέμαθον τόν τε σατράπην ἀποδεδρακότα τούς τε
Μήδων καὶ Περσῶν πολυθρυλήτους ὁπλίτας οὔτε τι παρὰ
τὴν μάχην λαμπρὸν ἀποδεδειγμένους ἀλλ´ ὀλίγα μὲν δράσαντας
κατὰ τῶν ἐκ Μερόης, οἳ κατ´ αὐτοὺς ἐτάχθησαν,
παθόντας δὲ πλείονα καὶ τοῖς λοιποῖς ἐφεπομένους,
ἐνδόντες καὶ αὐτοὶ προτροπάδην ἔφευγον. Ὁ δὲ Ὑδάσπης
ὥσπερ ἀπὸ σκοπῆς τοῦ πύργου λαμπρᾶς ἤδη τῆς νίκης
θεωρὸς γινόμενος κήρυκας διαπέμπων εἰς τοὺς διώκοντας
τοῦ μὲν φονεύειν ἀπέχεσθαι προηγόρευε ζῶντας δὲ οὓς
δύναιντο καὶ συλλαμβάνειν καὶ ἄγειν, καὶ πρὸ πάντων τὸν
Ὀροονδάτην· ὡς δὴ καὶ ἐγένετο. Παρεκτείναντες γὰρ
ἐπ´ ἀσπίδα τὰς φάλαγγας οἱ Αἰθίοπες καὶ τὸ πολὺ βάθος
τῶν τάξεων εἰς μῆκος ἑκατέρωθεν ἐπαγαγόντες τάς τε
κεραίας ἐπιστρέψαντες, εἰς κύκλωσιν τὸ Περσικὸν συνήλασαν
καὶ μίαν μόνην ἀτραπὸν τὴν ἐπὶ τὸν ποταμὸν ἀκώλυτον
εἰς φυγὴν τοῖς ἐναντίοις ὑπέλειπον· εἰς ὃν οἱ
πλείους ἐμπίπτοντες ὑπό τε ἵππων καὶ δρεπανηφόρων
ἁρμάτων καὶ τοῦ λοιποῦ ταράχου καὶ πλήθους ὠθούμενοι
σὺν πολλῷ μετεμάνθανον ὡς τὸ δοκοῦν στρατήγημα τοῦ
σατράπου πρὸς ἐναντίου σφίσιν ἦν καὶ ἄσκεπτον· τὸ γοῦν
κυκλωθῆναι παρὰ τὴν ἀρχὴν καταδείσας καὶ τὸν Νεῖλον
διὰ τοῦτο κατὰ νώτων ποιήσας ἔλαθεν ἑαυτῷ τὴν φυγὴν
ἀποτειχίσας. Ἐνταῦθα οὖν καὶ αὐτὸς ἁλίσκεται, Ἀχαιμένους
τοῦ Κυβέλης παιδὸς ἅπαντα ἤδη τὰ κατὰ τὴν
Μέμφιν πεπυσμένου καὶ προανελεῖν μὲν τὸν Ὀροονδάτην
παρὰ τὸν θόρυβον ἐπιβουλεύσαντος (μετέμελε γὰρ αὐτῷ τῶν
κατὰ τῆς Ἀρσάκης μηνυμάτων, τῶν ἐλέγχων προδιεφθαρμένων),
τρῶσαι δὲ καιρίαν ἀποτυχόντος. Ὑπέσχε γε
μὴν αὐτίκα τὴν δίκην πρός τινος τῶν Αἰθιόπων τόξῳ βληθείς,
ἀναγνόντος μὲν τὸν σατράπην καὶ περισῴζειν, ὡς
προστέτακτο, βουλομένου, ἀγανακτήσαντος δὲ τὸ ἄδικον
τοῦ ἐγχειρήματος, εἰ τοὺς ἐναντίους τις ὑποφεύγων χωροίη
κατὰ τῶν φιλίων, τὸν καιρὸν τῆς τύχης εἰς ἐχθροῦ ἄμυναν,
ὡς ἐῴκει, θηρώμενος.
| [9,20] Mais lorsqu'ils apprirent que les cuirassiers, la
principale force et le principal espoir de l'armée, avaient
été taillés en pièces, que le satrape s'était enfui, que les
hoplites mèdes et perses, tant vantés, n'avaient nullement
brillé dans la bataille et n'avaient fait que peu de
mal aux soldats de Méroé qui leur étaient opposés,
tandis qu'eux-mêmes avaient été très éprouvés et,
finalement, avaient suivi les autres dans leur fuite, les
Egyptiens, donc, cédèrent à leur tour et s'enfuirent en
débandade. Hydaspe, voyant, du haut de l'observatoire que
formait sa tour, que sa victoire était éclatante, envoya
dans toutes les directions des hérauts aux soldats engagés
dans la poursuite de l'ennemi pour leur ordonner d'arrêter
le carnage, de faire prisonniers vivants tous ceux
qu'ils pourraient et de les lui amener, tout particulièrement
Oroondatès. Et ses ordres furent suivis. Les Ethiopiens
étendirent leur front vers la gauche, et, diminuant
la profondeur de leur formation pour lui faire gagner
en longueur, des deux côtés, rabattirent ensuite leurs
ailes et encerclèrent de la sorte l'armée perse, ne laissant
aux adversaires qu'une seule issue libre pour fuir, en
direction du fleuve. Il y en eut beaucoup, parmi ceux-ci,
qui tombèrent dans le Nil, entraînés par les chevaux, les
chars armés de faux et de façon générale, la panique de
cette multitude, et ils comprirent que ce qui avait semblé
une habileté tactique du satrape se retournait contre
eux et se révélait une sottise : craignant, au début, d'être
encerclé, il s'était, pour cette raison, adossé au Nil mais
ne s'était pas aperçu qu'il se coupait ainsi la retraite.
C'est là qu'il fut lui-même fait prisonnier, alors qu'Achaeménès,
le fils de Cybèle, qui avait appris, déjà, ce qui
s'était passé à Memphis, cherchait à supprimer Oroondatès,
à la faveur de la confusion car il se repentait
d'avoir dénoncé Arsacé, maintenant que les témoins
avaient disparu pour appuyer ses accusations — mais
il ne réussit pas à le frapper à mort. Il fut d'ailleurs
immédiatement puni par un Ethiopien qui l'abattit
d'une flèche; l'Ethiopien avait reconnu le satrape et il
voulait le prendre vivant, comme il en avait reçu l'ordre;
de plus, il était indigné de cette action criminelle d'un
homme qui, tout en fuyant devant l'adversaire, se retournait
contre les siens et profitait apparemment du malheur
général pour satisfaire une haine particulière.
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