[9,19] Τραπέντων δὲ ἅπαξ εἰς φυγὴν τῶν ὑπολειπομένων
αἴσχιστα δὴ πάντων ὁ σατράπης Ὀροονδάτης, τὸ
μὲν ἅρμα ἐγκαταλιπὼν ἵππου δὲ τῶν Νισαίων ἐπιβάς,
διεδίδρασκεν, ἀγνοούντων ταῦτα τῶν κατὰ τὸ ἀριστερὸν κέρας
Αἰγυπτίων τε καὶ Λιβύων καὶ σὺν εὐτολμίᾳ πάσῃ τὴν μάχην
συμφερομένων καὶ πασχόντων μὲν πλείονα ἢ δρώντων καρτερικῷ
δὲ λήματι τὰ δεινὰ ὑπομενόντων. Οἱ γὰρ ἐκ
τῆς κινναμωμοφόρου κατ´ αὐτοὺς τεταγμένοι δεινῶς πιεζοῦντες
πολλὴν ἀπορίαν παρεῖχον, ἐπιόντας μὲν ὑποφεύγοντες
καὶ ἐκ πολλοῦ τοῦ περιόντος προφθάνοντες καὶ
ἀπεστραμμένοις εἰς τοὐπίσω τοῖς τόξοις καὶ παρὰ τὴν
φυγὴν βάλλοντες, ἀναχωροῦσι δὲ ἐπιτιθέμενοι καὶ κατὰ τὰ
πλάγια οἱ μὲν ταῖς σφενδόναις βάλλοντες οἱ δὲ μικροῖς μὲν
τοῖς βέλεσιν ἰῷ δὲ δρακόντων πεφαρμαγμένοις εἰστοξεύοντες
ὀξύν τινα καὶ ἀπότομον θάνατον ἐπέφερον.
Τοξεύουσι δὲ οἱ τῆς κινναμωμοφόρου παίζειν πλέον ἢ
σπουδάζειν τὴν τοξείαν ἐοικότες· πλέγμα γάρ τι κυκλοτερὲς
τῇ κεφαλῇ περιθέντες καὶ τοῦτο βέλεσι κατὰ τὸν κύκλον
περιπείραντες τὸ μὲν ἐπτερωμένον τοῦ βέλους πρὸς τῇ
κεφαλῇ περιτίθενται τὰς δὲ ἀκίδας οἷον ἀκτῖνας εἰς τὸ
ἐκτὸς προβέβληνται. Κἀντεῦθεν ἐξ ἑτοίμου παρὰ τὰς
μάχας ὥσπερ ἐκ φαρέτρας ἀφαιρῶν ἕκαστος ἀγέρωχόν τι
καὶ σατυρικὸν σκίρτημα λυγιζόμενός τε καὶ καμπτόμενος
καὶ τοῖς ἰοῖς ἐστεμμένος ἀπὸ γυμνοῦ τοῦ σώματος τοῖς
ἐναντίοις ἐφίησιν οὐδὲν σιδήρου πρὸς τὴν αἰχμὴν δεόμενος·
ὀστοῦν γὰρ δράκοντος νωτιαῖον ἀφελὼν τὸ μὲν ἄλλο εἰς τὸν
πῆχυν τοῦ βέλους ἀπευθύνει τὰ δὲ ἄκρα πρὸς τὸ ἀκμαιότατον
ἀποξέσας αὐτογλώχινα τὸν ὀϊστὸν ἀπεργάζεται, τάχα
που καὶ ἀπὸ τῶν ὀστῶν οὕτω παρωνομασμένον. Χρόνον
μὲν δή τινα συνειστήκεισαν οἱ Αἰγύπτιοι καὶ τῷ συνασπισμῷ
πρὸς τὴν τοξείαν ἀντείχοντο, φύσει τε τλήμονες
ὄντες καὶ πρὸς τὸν θάνατον οὐ λυσιτελῶς μᾶλλον ἢ φιλονείκως
κενοδοξοῦντες, ἴσως δέ που καὶ τιμωρίαν λιποταξίου προορῶντες.
| [9,19] Les survivants se mirent alors tous à fuir, jusqu'au
dernier, et, plus lâchement que les autres, le satrape
Oroondatès, qui abandonna son char, monta sur un
cheval de Nisal et s'enfuit. Cependant, les Egyptiens et
les Libyens de l'aile gauche ne s'étaient pas aperçus de
ce qui se passait et ils continuaient à combattre avec un
grand courage, tout en recevant plus de coups qu'ils
n'en donnaient, mais supportant avec beaucoup de
fermeté la situation difficile où ils se trouvaient. Car
les soldats du pays du Cinname, qui leur étaient opposés,
les pressaient terriblement et les mettaient dans une grande
difficulté : quand on les poursuivait, ils s'enfuyaient,
prenaient une forte avance et, se retournant, tout en
continuant de fuir, lançaient des flèches; puis, lorsque
leurs adversaires revenaient en arrière, ils recommençaient
à attaquer et les harcelaient sur les flancs, les uns
avec des frondes, les autres en lançant des flèches, sans
doute, petites, mais empoisonnées avec du venin de
serpent et qui entraînaient brutalement la mort dans un
très court délai. Les gens du pays du Cinname tirent de
l'arc d'une façon qui leur donne plutôt l'air de se jouer
que de le faire sérieusement; ils entourent leur tête d'une
tresse circulaire et y fichent leurs flèches tout autour,
la partie empennée disposée du côté de la tête et la
pointe dirigée vers l'extérieur, à la façon de rayons.
Leurs flèches sont ainsi toutes prêtes pour le combat et
c'est là qu'ils les prennent, comme dans un carquois;
chacun d'eux, l'air insolent, avec des bonds de satyre, le
corps souple, se penche et, couronné de flèches, entièrement
nu, décoche contre ses adversaires des traits dont
la pointe n'est pas garnie de fer; ils prennent en effet
l'épine dorsale d'un gros serpent, en prélèvent la longueur
d'une coudée et en aiguisent l'extrémité de façon
a la rendre très acérée, et ils obtiennent de la sorte une
flèche naturellement armée de sa pointe. C'est peut-être
là l'origine du nom que nous donnons aux flèches,
parce qu'elles sont faites avec des os. Pendant quelque
temps, les Egyptiens restèrent à leur rang et, de leurs
boucliers serrés les uns contre les autres, se tenaient à
l'abri des traits, car ils sont naturellement courageux
affectant de mépriser la mort, moins lorsque cela sert à
quelque chose que par esprit de bravade, et peut-être
aussi parce qu'ils redoutaient le châtiment s'ils avaient
abandonné leur poste.
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