[8,7] Ἅρπαγμα τὸ ῥηθὲν ἐποιήσατο ἡ Ἀρσάκη καὶ τὴν
ἐκ πολλοῦ ζηλοτυπίαν ὀργῇ τῶν εἰρημένων ἐπιτείνασα
«Εὖ λέγεις» ἔφη «καὶ μελήσει μοι προστάξαι τὴν ἀλιτήριον
ἀναιρεθῆναι.» «Καὶ τίς ὁ πεισθησόμενος;» ἀπεκρίνατο
ἡ Κυβέλη. «Πάντων γὰρ ἐν ἐξουσίᾳ σοι τυγχανούσῃ
τὸ ἀναιρεῖν δίχα κρίσεως τῶν ἐν τέλει Περσῶν πρὸς τῶν
νόμων ἀπηγόρευται. Δεήσει τοίνυν πραγμάτων σοι καὶ
δυσχερείας, αἰτίας τινὰς καὶ ἐγκλήματα κατὰ τῆς κόρης
ἀναπλαττούσῃ, καὶ πρόσεστι τὸ ἄδηλον εἰ πιστευθησόμεθα.
Ἀλλ´ εἰ δοκεῖ, πάντα γὰρ ὑπὲρ σοῦ καὶ πράττειν καὶ
πάσχειν ἕτοιμος, φαρμάκῳ τὴν ἐπιβουλὴν διακονήσομαι καὶ
ποτῷ γεγοητευμένῳ τὴν ἀντίδικον ἐκποδὼν ποιήσομαι.»
Ἐπῄνεσε ταῦτα ἡ Ἀρσάκη καὶ ποιεῖν ἐκέλευεν. Ἡ δὲ
αὐτίκα ὥρμησε καὶ καταλαβοῦσα τὴν Χαρίκλειαν ἐν ὀδυρμοῖς
καὶ δάκρυσι καὶ τί γὰρ ἄλλ´ ἢ πενθοῦσαν καὶ ὅπως
ἑαυτὴν ἐξάξει τοῦ βίου διανοουμένην, (ἤδη γὰρ ὑπῄσθητο
τὰς ἀμφὶ Θεαγένει τύχας ποικίλως αὐτὴν καὶ ταῦτα τῆς
Κυβέλης τὰ πρῶτα βουκολούσης καὶ τοῦ μὴ ὁρᾶσθαι αὐτὸν
μηδὲ φοιτᾶν συνήθως εἰς τὸ δωμάτιον ἄλλοτε ἄλλας προφάσεις
ἀναπλαττούσης), {καὶ} «Ὦ δαιμονία» φησὶν
«οὐ παύσῃ σαυτὴν τρύχουσα καὶ καταναλίσκουσα μάτην;
Ἰδού σοι καὶ Θεαγένης ἀφεῖται καὶ ἥξει τήμερον εἰς ἑσπέραν.
Ἡ γὰρ δέσποινα πλημμελήσαντά τι κατὰ τὴν διακονίαν
εἰς βραχὺ παροξυνθεῖσα καὶ καθειρχθῆναι προστάξασα
τήμερον ἀφήσειν ἐπηγγείλατο, ἑορτήν τινα πάτριον εὐωχεῖν
μέλλουσα καὶ ἅμα καὶ πρὸς ἐμοῦ λιπαρηθεῖσα· ὥστε ἀνίστασο
καὶ σαυτὴν ἀναλάμβανε μικρὸν καὶ τροφῆς σὺν ἡμῖν
νῦν γοῦν ποτε μεταλαβοῦσα.» «Καὶ πῶς ἂν» ἔφη
«πεισθείην;» ἡ Χαρίκλεια· «τὸ γὰρ συνεχῶς σε πρός με
διαψεύδεσθαι τὸ πιστὸν τῶν παρά σου λεγομένων ὑποτέμνεται.»
Καὶ ἡ Κυβέλη «Θεοὺς» ἔφη «ἐπόμνυμι πάντας ἦ
μὴν λυθήσεσθαί σοι πάντα τήμερον καὶ πάσης σε φροντίδος
ἀπαλλαγήσεσθαι. Μόνον μὴ προαναίρει σαυτὴν ἡμερῶν
ἤδη τοσούτων ἀπόσιτος οὖσα, ἀλλ´ ἀπόγευσαι εἴκουσα τῶν
εἰς καιρὸν ηὐτρεπισμένων.» Μόλις μὲν ἐπείθετο
δ´ οὖν ὅμως ἡ Χαρίκλεια, τὸ μὲν ἀπατηλὸν συνήθως ὑφορωμένη
τοῖς δὲ ὅρκοις ἐν μέρει πειθομένη καὶ τὸ ἡδὺ τῶν
ἐπαγγελθέντων ἑκοῦσα καταδεχομένη· ἃ γὰρ ἐπιθυμεῖ ἡ
ψυχὴ καὶ πιστεύειν φιλεῖ. Κατακλινεῖσαι τοίνυν εἱστιῶντο·
καὶ τῆς διακονουμένης ἅβρας οἴνου κεκραμένου
κύλικας ἐπιδούσης, προτέρᾳ τῇ Χαρικλείᾳ προσφέρειν ἡ
Κυβέλη νεύσασα μετ´ ἐκείνην αὐτὴ λαβοῦσα ἔπινε. Καὶ
οὔπω τὸ πᾶν ἐκπέποτο καὶ ἰλιγγιᾶν ἐφαίνετο ἡ πρεσβῦτις,
τό τε περιττεῦσαν ὀλίγον ἐκχέασα δριμύ τε εἰς τὴν θεράπαιναν
ἐνεώρα καὶ σπασμοῖς τε καὶ σφακελισμοῖς ὀξυτάτοις ἐπιέζετο.
| [8,7] Arsacé sauta sur la proposition, et la colère que lui
inspireront les paroles de Cybèle augmentèrent la jalousie
qu'elle éprouvait depuis longtemps. "Tu as raison,
dit-elle, je vais m'occuper de faire disparaître ce fléau.
Et qui donc t'obéira ? répondit Cybèle. Tu as tous
les pouvoirs, mais il t'est interdit par les lois de mettre
qui que ce soit à mort sans un jugement des magistrats
perses. Tu auras bien des ennuis et des difficultés si tu
dois forger des griefs et des accusations contre la jeune
fille, et, de plus, il n'est pas certain que l'on nous croira.
Mais, si tu veux, je suis prête à tout faire et à tout subir
pour toi, et je mènerai la chose à bien, pour te servir,
en recourant au poison; un breuvage magique nous
débarrassera de notre adversaire. » Arsacé l'approuva et
l'invita à agir de la sorte. Cybèle partit aussitôt; elle
trouva Chariclée dans le chagrin et les larmes, ne songeant
qu'à sa douleur et se demandant comment elle
pourrait se délivrer de la vie — car elle s'était bien rendu
compte du sort de Théagène, bien que Cybèle, dès le
début, se fût efforcée d'endormir ses soupçons par toutes
sortes de bonnes paroles et eût allégué mille prétextes
pour expliquer qu'elle ne le vît pas et qu'il ne vînt
plus lui rendre visite comme d'ordinaire. « Malheureuse,
dit Cybèle, ne cesseras-tu de te tourmenter et de
te consumer sans raison? Tiens, Théagène est libéré; il
viendra aujourd'hui même, ce soir. La maîtresse avait
été un peu fâchée contre lui à cause d'une faute dans
son service et elle l'avait fait enfermer, mais elle a promis
de le délivrer aujourd'hui, à l'occasion d'une fête solennelle
qu'elle doit célébrer et aussi parce qu'elle s'est
laissée toucher par mes prières; aussi, reprends courage,
remets-toi un peu et décide-toi au moins à prendre
quelque nourriture en ma compagnie. — Comment
pourrais-je te croire? dit Chariclée; tes perpétuels
mensonges à mon égard ont retiré toute créance à ce
que tu peux me dire. » Alors Cybèle : « Je te jure par
tous les dieux que tu seras aujourd'hui délivrée de tous
tes maux et débarrassée de tout souci. Simplement, ne
te donne pas à toi-même la mort, en restant si longtemps
sans prendre aucune nourriture, goûte par égard pour
moi à ces plats qui se trouvent préparés là bien à
propos. » Chariclée eut bien de la peine à se laisser
persuader; elle pressentait quelque ruse comme à l'ordinaire,
mais elle crut, pour une part, aux serments de
Cybèle et le plaisir que lui avait fait la nouvelle qu'on
lui avait annoncée l'avait disposée à la croire; car ce
que l'âme désire, elle se plaît à le croire. Elles s'installèrent
donc et se mirent à manger. Et, au moment où la
fille d'honneur qui servait apporta les coupes de vin
préparé, Cybèle fit signe de servir Chariclée la première,
puis, une fois Chariclée servie, elle prit sa propre coupe
et but. Elle n'avait pas encore fini de boire que l'on vit la
vieille prise de vertige; elle répandit à terre les quelques
gouttes qui restaient, et lança un regard terrible à la
servante tandis que des spasmes et des convulsions
violentes s'emparaient d'elle.
|