[8,5] Ἐπὶ τούτοις οὐκέτι κατέσχεν ἡ Ἀρσάκη ἀλλ´
ἔπασχεν ὃ δὴ καὶ πάντες ὡς ἐπίπαν οἱ ἐρῶντες· λανθάνειν
μὲν οἰόμενοι καὶ ἐρυθριῶσιν ἁλισκόμενοι δὲ ἀπαναισχυντοῦσιν,
ὁ μὲν ἀγνοούμενος ὀκνηρότερος ὁ δὲ πεφωραμένος θρασύτερος
καθιστάμενος· ὡς δὴ κἀκείνῃ τὸ συνειδὸς τῆς
ψυχῆς ἔλεγχος ἐγίνετο καὶ τὸν Θύαμιν ὑπωπτευκέναι τι
τῶν κατ´ αὐτὴν ὑποτοπήσασα παρ´ οὐδὲν μὲν τὸν προφήτην
καὶ τὸ προφητικὸν ἀξίωμα ποιησαμένη πᾶσαν δὲ γυναικείαν
αἰδῶ παραγκωνισαμένη, «Ἀλλ´ οὐδὲ τῶν εἰς Μιτράνην»
ἔφη «δεδραμένων ὑμῖν χαιρήσετε ἀλλ´ ἔσται καιρὸς ἐν ᾧ
τοὺς σφαγέας ἐκείνου τε καὶ τῶν σὺν αὐτῷ τὴν δίκην
Ὀροονδάτης εἰσπράξεται. Τούσδε δὲ οὐ μεθήσομαι, τὸ
μὲν παρὸν ἐμοὶ δουλεύοντας ὀλίγον δὲ ὕστερον ἀδελφῷ τῷ
ἐμῷ βασιλεῖ τῷ μεγάλῳ κατὰ νόμον τὸν Περσικὸν ἀναπεμφθησομένους.
Πρὸς ταῦτα ῥητόρευε καὶ δίκαια καὶ
πρέποντα καὶ συμφέροντα μάτην ὁριζόμενος, ὡς οὐδενὸς
προσδεῖται ὁ κρατῶν τὸ βούλημα τὸ ἴδιον τούτων ἕκαστον
ποιούμενος· καὶ αὐλῆς τῆς ἡμετέρας ὡς ὅτι τάχιστα καὶ
ἑκὼν μεθίστασο, μὴ δὴ λάθῃς καὶ ἄκων μεθιστάμενος.»
Ὁ μὲν οὖν Θύαμις ἐξῄει θεούς τε ἐπιμαρτυράμενος
καὶ τοσοῦτον ἐπισκήψας, ὡς οὐκ εἰς καλὸν ταῦτα τελευτήσει,
κατάδηλα ποιῆσαι πρὸς τὴν πόλιν καὶ ἐπικαλέσασθαι
πρὸς βοήθειαν ἐνθυμούμενος· ἡ δὲ Ἀρσάκη «Λόγος οὐδεὶς»
εἰποῦσα «τῆς σῆς προφητείας· μίαν ὁρᾷ προφητείαν ἔρως
τὴν ἐπιτυχίαν» εἰς τὸν θάλαμόν τε χωρισθεῖσα καὶ τὴν
Κυβέλην προσκαλεσαμένη περὶ τῶν παρόντων διεσκοπεῖτο.
Καὶ γάρ πως ἤδη καὶ τὸν δρασμὸν τοῦ Ἀχαιμένους οὐ
φαινομένου δι´ ὑποψίας ἐλάμβανε, τῆς Κυβέλης εἴ ποτε
πυνθάνοιτο καὶ ἐπιζητοίη τὸν Ἀχαιμένην ποικίλας καὶ
ἄλλοτε ἄλλας προφάσεις ἀναπλαττούσης καὶ πάντα μᾶλλον
ἢ τὴν ὡς Ὀροονδάτην ἄφιξιν πιστεύειν παρασκευαζούσης,
πλὴν οὐ παντάπασι τὰ τελευταῖα πειθούσης ἀλλ´ ἤδη διὰ
τὸν χρόνον καὶ ἀπιστουμένης. Τότε δ´ οὖν «Τί ποιήσομεν»
ἔλεγεν «ὦ Κυβέλη; τίς λύσις ἔσται μοι τῶν περιεστηκότων;
Ὁ μὲν ἔρως οὐκ ἀνίησιν ἀλλ´ ἐπιτείνει πλέον,
ὥσπερ ὕλῃ τῷ νέῳ λάβρως ὑποπιμπράμενος· ὁ δὲ ἔστιν
ἀπηνής τε καὶ ἀμείλιχος, φιλανθρωπότερος τὰ πρῶτα ἢ
νῦν φαινόμενος, τότε μὲν ἀπατηλαῖς γοῦν ἐπαγγελίαις
παρηγορῶν νῦν δὲ παντάπασι καὶ ἀπαρακαλύπτως τὰ πρός
με ἀπαγορεύων· ὃ δή με καὶ διαταράττει μᾶλλον μὴ δή τι
περὶ Ἀχαιμένους ὧν ὑπονοῶ καὶ αὐτὸς πέπυσται καὶ πλέον
ἀποδειλιᾷ τὴν πρᾶξιν. Λυπεῖ δὲ ἐπὶ πᾶσιν Ἀχαιμένης·
οὐχὶ μηνυτὴς ὡς Ὀροονδάτην πεπόρευται ἢ πείσων
ἴσως ἢ οὐ πάντως ἄπιστα λέξων; Ὀφθείη μοι μόνον Ὀροονδάτης·
μίαν θεραπείαν καὶ δάκρυον Ἀρσάκειον ἓν οὐχ
ὑποστήσεται· μεγάλην εἰς πειθὼ κέκτηται πρὸς ἄνδρας
ἴυγγα τὰ γυναικεῖα καὶ σύνοικα βλέμματα. Ἀλλ´ ἐκεῖνο
ὑπέρδεινον εἰ μὴ τυχοῦσα Θεαγένους προληφθείην ὑπὸ τῆς
κατηγορίας, ἢ κἂν οὕτω τύχῃ τῆς τιμωρίας, εἴ τι πρὶν ἐντυχεῖν
μοι πιστεύσειεν Ὀροονδάτης. Ὥστε ὦ Κυβέλη
πάντα κίνει πᾶσαν εὕρισκε μηχανὴν πρὸς ὀξὺ καὶ τὴν
ἄκραν ἀκμὴν περιεστηκότα ἡμῖν ὁρῶσα τὰ πράγματα, καὶ
ἅμα ἐννοῦσα ὡς οὐκ ἔστι (πῶς γάρ;) ὅπως ἐμαυτῆς ἀπογνοῦσα
φείσομαι ἄλλων, ἀλλὰ πρώτη παραπολαύσεις τῶν
τοῦ παιδὸς ἐπιχειρημάτων, ἃ πῶς ἠγνόησας οὐκ ἔχω συμβάλλειν.»
Καὶ ἡ Κυβέλη «Παιδὸς μὲν» ἔφη «τοῦ ἐμοῦ
πέρι καὶ πίστεως εἰς σὲ τῆς ἐμῆς, ὦ δέσποινα, οὐκ ἀληθῆ
δοξάζουσα γνώσῃ τοῖς ἔργοις· αὐτὴ δὲ οὕτως ὑπτίως προσιοῦσα
τῷ σαυτῆς ἔρωτι καὶ τῷ ὄντι μαλακιζομένη μὴ ἄγε
τὴν αἰτίαν ἐπ´ ἄλλους τοὺς οὐκ αἰτίους. Οὐ γὰρ ὡς
δέσποινα κρατεῖς ἀλλ´ ὡς δουλεύουσα θεραπεύεις τὸ μειράκιον,
ἃ παρὰ μὲν τὴν πρώτην ὀρθῶς ἴσως ἐγίνετο, ἁπαλοῦ
τινος ἐκείνου καὶ εὐηνίου τὴν ψυχὴν νομισθέντος· ἐπειδὴ
δὲ κατεξανίσταται ὡς ἐρωμένης, λαμβανέτω πεῖραν ὡς
δεσποίνης καὶ μαστιγούμενος καὶ στρεβλούμενος ὑποπιπτέτω
τοῖς σοῖς βουλεύμασι. Πεφύκασι γὰρ οἱ νέοι θεραπευόμενοι
μὲν ὑπερφρονεῖν βιαζόμενοι δὲ ὑπείκειν· ὥστε
καὶ οὗτος πράξει κολαζόμενος ἅπερ ἠθέτει κολακευόμενος.»
«Ἀλλὰ δοκεῖς μὲν» ἔφη «εὖ λέγειν» ἡ Ἀρσάκη
«πῶς δ´ ἂν ἐνέγκαιμι, ὦ θεοί, τοῖς ἐμοῖς ὀφθαλμοῖς ἢ
ξαινόμενον ὁρῶσα τὸ σῶμα ἐκεῖνο ἢ καὶ ἄλλως κολαζόμενον;»
«Αὖθις αὖ σὺ μαλακίζῃ» ἔφη «ὥσπερ οὐ πρὸς
ἐκείνου τε γενησόμενον ἐπ´ ὀλίγαις στρεβλώσεσιν ἑλέσθαι
τὰ βελτίονα καὶ σοὶ πρὸς μικρὸν ἀνιαθείσῃ τυχεῖν τῶν
κατὰ γνώμην. Ἔνεστι δέ σοι μηδὲ λυπεῖν τὸν ὀφθαλμὸν
τοῖς γινομένοις, ἀλλ´ Εὐφράτῃ παραδοῦσαν καὶ κολάζειν
εἰποῦσαν ὥς τι πεπλημμεληκότα μήτε ἀνιᾶσθαι ὁρῶσαν
—ἀκοὴ γὰρ ὄψεως εἰς τὸ λυπῆσαι κουφότερον—καὶ εἰ
μεταβεβλημένον αἰσθοίμεθα, πάλιν ἐξελέσθαι ὡς αὐτάρκως
ἐπεστραμμένον.»
| [8,5] A ces mots, Arsacé ne fut plus maîtresse d'elle-même,
et il lui arriva ce qui arrive toujours à tous les
amoureux; s'ils croient que leur amour est ignoré, ils
en rougissent; s'ils sont découverts, ils perdent toute
honte. L'amour ignoré demeure timide, l'amour dévoilé
est rempli d'audace. Et tandis que la conscience qu'elle
avait de sa passion en devenait à ses yeux l'indice, croyant
d'ailleurs que Thyamis avait quelque soupçon sur elle, elle
passa outre à sa qualité et à sa dignité de prêtre et s'écria,
au mépris de toute pudeur féminine : « Vous n'aurez pas
à vous féliciter de ce que vous avez fait à Mitranès; le
moment viendra où ses meurtriers et ceux de son escorte
seront punis par Oroondatès. Quant aux jeunes gens,
je ne les lâcherai pas. Pour l'instant, ils sont mes esclaves,
et, bientôt, ils seront envoyés à mon frère le Grand Roi
conformément à la loi perse. A cela, tu peux répondre
par de beaux discours, et définir le juste, le convenable,
l'utile : le tout pour rien, car celui qui est le plus fort n'a
pas besoin de cela; c'est son bon plaisir qui lui tient lieu
de toutes ces choses; et maintenant, sors de mon palais,
au plus vite, et sans résister, car tu pourrais bien en être
chassé malgré toi. »
Thyamis sortit en prenant les dieux à témoins, et se
borna à prédire que tout cela aurait une triste fin; il
avait l'intention de tout révéler aux citoyens et de les
appeler à l'aide. Quant à Arsacé, elle dit : « Ton sacerdoce
m'importe peu; l'amour ne connaît qu'un sacerdoce :
arriver à ses fins. » Puis elle se retira dans sa
chambre, appela Cybèle et se mit à examiner la situation.
Elle commençait à trouver étrange la fuite d'Achaeménes,
qui restait invisible. Cybèle, lorsqu'elle l'interrogeait
et lui demandait des nouvelles d'Achaeménès,
alléguait des excuses diverses, tantôt une, tantôt une
autre, et s'efforçait d'éviter à tout prix qu'elle ne fût
convaincue qu'il s'était enfui pour aller trouver Oroondatès.
Mais, à la longue, elle n'arrivait pas à la persuader
entièrement, et, à mesure que le temps passait, Arsace
se montrait de plus en plus incrédule. Ce jour-là, elle
lui dit : « Que faire, Cybèle? Comment sortir de la
situation où je suis? Mon amour ne se calme pas, il
devient au contraire de plus en plus violent; ce jeune
homme est pour moi comme du bois, qui m'embrase
de plus en plus violemment. Mais il se montre cruel,
sans aucune douceur. Au début, il se montrait plus
compréhensif que maintenant; à ce moment-là, au moins,
il me consolait avec de feintes promesses mais maintenant
il m'oppose des refus absolus et non déguisés;
et, ce qui me trouble encore davantage, c'est qu'il a dû
apprendre de son côté ce que je soupçonne de la part
Achaeménès, et cela le rend encore plus timide pour
me satisfaire. Mais mon plus grand souci est Achaeménès :
n'est-il pas allé me dénoncer à Oroondatès?
Peut-être en sera-t-il cru, peut-être ses paroles trouveront-elles
quelque créance? Si seulement je pouvais
voir Oroondatès ! Une seule caresse, une seule larme
d'Arsacé suffiraient à avoir raison de lui. C'est un grand
philtre, pour persuader un homme, que le regard d'une
femme qui est en même temps sa compagne! Mais le
plus terrible serait qu'avant d'avoir pu être à Théagène,
je fusse devancée par l'accusation, et peut-être même
par le châtiment, si Oroondatès était persuadé que j'ai
commis une faute que je n'aurais pas encore commise!
Aussi, Cybèle, mets tout en œuvre, trouve un moyen,
n'importe lequel, maintenant que tu vois que nos affaires
sont parvenues à un moment de crise, et sur le bord du
précipice, et, en même temps, dis-toi bien qu'il n'est
pas possible — n'est-ce pas ? — qu'en me perdant moi-même
j'épargne les autres; tu seras la première à payer
pour les machinations de ton fils, car je ne puis concevoir
que tu les aies ignorées. » Alors Cybèle : « En ce qui
concerne mon fils, dit-elle, et ma loyauté à ton égard,
maîtresse, les faits te démontreront que tu t'es fait à
ce propos une opinion inexacte; mais toi, qui t'occupes
si négligemment de ton amour, qui te montres vraiment
faible, ne rejette pas la faute sur les autres, qui ne
sont pas responsables. Tu ne te conduis pas comme une
maîtresse qui a pour elle la force. Tu caresses ce garçon
comme si c'était toi l'esclave; peut-être, dans les premiers
temps, avais-tu raison, lorsqu'on pensait qu'il avait
l'âme tendre et facile; mais puisqu'il entre en rébellion
contre l'amante, qu'il apprenne à connaître la maîtresse :
que le fouet et la torture le plient à tes volontés.
Les jeunes gens sont ainsi : caressés, ils sont arrogants,
devant la violence, ils deviennent dociles. Aussi
celui-ci, comme les autres, fera, s'il est maltraité, ce
qu'il refuse de faire quand on traite trop bien. — Eh
bien, je crois que tu as raison, répondit Arsacé; mais
comment supporterais-je, ô dieux! de voir, de mes
propres yeux, déchirer ce beau corps, ou même simplement
de le voir meurtrir? — Ah! te voilà encore faible!
répondit la vieille; comme s'il n'était pas de son avantage
à lui, après quelques mauvais traitements, de choisir le
meilleur parti et si cela ne devait pas, à toi, au prix d'une
légère contrariété, te faire obtenir ce que tu désires?
D'ailleurs, tu as la possibilité de ne pas attrister ta vue
par ce spectacle; livre-le à Euphratès, dis-lui de le châtier,
sous prétexte qu'il a commis quelque faute, et épargne-toi
un spectacle qui t'afflige — il est moins pénible d'entendre
un récit que de voir la chose même — et si nous
comprenons qu'il change d'avis, nous pourrons lui
faire grâce, en disant qu'il est suffisamment puni. »
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