[8,3] Ἐνεχείριζε δὲ καὶ γράμματα τὸ μὲν πρὸς Ἀρσάκην
ὧδε ἔχον «Ὀροονδάτης Ἀρσάκῃ. Θεαγένην καὶ Χαρίκλειαν
τοὺς αἰχμαλώτους ἀδελφοὺς βασιλέως δὲ δούλους,
βασιλεῖ διαπεμφθησομένους ἀπόστειλον· ἀλλ´ ἑκοῦσα ἀπόστειλον,
ἐπεὶ καὶ ἀκούσης ἀχθήσονται καὶ Ἀχαιμένης πιστευθήσεται.»
Πρὸς δὲ Εὐφράτην τὸν κατὰ τὴν Μέμφιν
ἀρχιευνοῦχον τοιόνδε «Ὑπὲρ μὲν ὧν οἰκίας τῆς ἐμῆς
ὀλιγωρεῖς, εὐθύνας ὑφέξεις· τὸ παρὸν δὲ τοὺς ξένους
Ἕλληνας τοὺς αἰχμαλώτους Βαγώᾳ παράδος ὡς ἐμὲ ἀχθησομένους
ἑκούσης Ἀρσάκης εἴτε καὶ ἀκούσης· πάντως δὲ
παράδος ἢ αὐτὸς ἴσθι δέσμιος ἀχθῆναι προστεταγμένος τῆς
δορᾶς ἀφαιρησόμενος.» Οἱ μὲν δὴ περὶ τὸν Βαγώαν
ἐπὶ τὸ προστεταγμένον ἐξώρμησαν τῶν ἐπεσταλμένων παρὰ
τοῦ σατράπου κατασεσημασμένων, ὡς ἂν μᾶλλον πιστεύσειαν
οἱ κατὰ τὴν Μέμφιν καὶ θᾶττον τοὺς νέους ἐκδοῖεν·
ἐξώρμησε δὲ καὶ Ὀροονδάτης ἐπὶ τὸν πρὸς Αἰθίοπας πόλεμον,
ἕπεσθαι καὶ τὸν Ἀχαιμένην προστάξας ἠρέμα καὶ οὐκ
εἰδότα παραφρουρούμενον ἕως ἂν τὰ πρὸς αὑτοῦ μηνυθέντα
δείξειεν ἐπαληθεύων. Κατὰ δὲ τὰς αὐτὰς ἡμέρας καὶ
κατὰ τὴν Μέμφιν τοιάδε ἐγίνετο. Ἄρτι τοῦ Ἀχαιμένους
ἀποδράντος ὁ Θύαμις ἤδη τὴν προφητείαν ὁλόκληρον ἀναδεδεγμένος
καὶ τὰ πρῶτα τῆς πόλεως διὰ τοῦτο φερόμενος,
τὰ περὶ τὴν κηδείαν τοῦ Καλασίριδος ἐκτελέσας καὶ τὰ
νενομισμένα τῷ πατρὶ πάντα ἐν ἡμέραις ταῖς τεταγμέναις
ἐπενέγκας, ἀναζητήσεως ἔννοιαν τῶν περὶ τὸν Θεαγένην
ἐλάμβανεν, ὅτε δὴ παραδιαιτᾶσθαι καὶ τοῖς θύραθεν ἐκ τοῦ
προφητικοῦ νόμου διατεταγμένον ἐγένετο. Κἀπειδὴ
πολυπραγμονῶν καὶ ἐκπυνθανόμενος ἔγνω τοῖς σατραπείοις
ἐνῳκισμένους, ὡς εἶχε σπουδῆς ἐλθὼν ὡς τὴν Ἀρσάκην
ἐξῄτει τοὺς νέους ξένους ὡς αὐτῷ κατὰ πολλὰ μὲν καὶ
ἄλλα προσήκοντας πλέον δὲ ὅτι ὁ πατὴρ Καλάσιρις τελευτῶν
ἐπέσκηπτε παντοίως προνοεῖν καὶ ὑπερμαχεῖν τῶν
ξένων {ἐπιστείλας}, χάριν μὲν ἔχειν ὁμολογῶν ὅτι τὰς διὰ
μέσου ταύτας ἡμέρας ὑπεδέξατο νέους καὶ ξένους καὶ
Ἕλληνας φιλανθρωπευομένη, καθ´ ἃς ἐνδιαιτᾶσθαι τῷ ναῷ
τοῖς μὴ ἱερωμένοις ἀπηγόρευτο, δικαιῶν δὲ ἀνακομίζεσθαι
τὴν αὐτὸς αὑτοῦ παρακαταθήκην. Καὶ ἡ Ἀρσάκη
«Θαυμάζω σου» ἔφη «χρηστὰ μὲν ἡμῖν καὶ φιλάνθρωπα
προσμαρτυροῦντος ἀπανθρωπίαν δὲ αὖθις καταγινώσκοντος,
εἰ μὴ δυνησόμεθα ἢ βουλησόμεθα προνοεῖν τῶν ξένων καὶ
τὰ πρέποντα αὐτοῖς ἀπονέμειν.» «Οὐ τοῦτο» εἶπεν
ὁ Θύαμις· «καὶ γὰρ ἐν ἀφθονωτέροις τῇδε πλέον ἢ παρ´
ἡμῖν οἶδα ἐσομένους, εἰ καὶ μένειν βουλομένοις ἦν. Νυνὶ
δὲ γένους ὄντες τῶν ἐπὶ δόξης ἄλλως δὲ τύχης ἐπηρείαις
ποικίλαις κεχρημένοι καὶ τὸ παρὸν ἀλητεύοντες, πάντων
ἐπίπροσθεν ποιοῦνται γένος τὸ ἴδιον ἀνακομίσασθαι καὶ εἰς
τὴν ἐνεγκοῦσαν ἐπανήκειν, ὧν εἰς τὴν σύλληψιν ἐμὲ κληρονόμον
ὁ πατὴρ καταλέλοιπεν, ὄντων μοι καὶ ἄλλων φιλίας
πρὸς τοὺς ξένους δικαιωμάτων.» «Εὖ γε ἐποίησας»
ἡ Ἀρσάκη πρὸς αὐτόν «τοῦ μὲν ἐκδυσωπεῖν ἀφέμενος τὸ
δὲ δίκαιον προβαλλόμενος, πλέον γὰρ τοῦτο μεθ´ ἡμῶν
ἀναφαίνεται ὅσῳ καὶ τὸ δεσποτεύειν τοῦ προνοεῖν τηνάλλως
εἰς τὸ ἔχειν ἐπικρατέστερον.» Ὁ δὴ Θύαμις θαυμάσας
«Δεσποτεύεις δὲ» ἔφη «σὺ τούτων πῶς;» «Πολέμου
νόμῳ» πρὸς αὐτὸν ἀπεκρίνατο «δούλους τοὺς αἰχμαλώτους
ἀναδεικνύντος».
| [8,3] Il lui remit en outre deux lettres, l'une adressée à
Arsace et disant : « Oroondatès à Arsacé : Envoie-moi
Théagène et Chariclée, le frère et la soeur, qui sont
prisonniers et esclaves du Roi, pour que je les fasse
parvenir au Roi. Envoie-les de bon gré, car ils seront
emmenés, même si tu ne le veux pas, et je devrai croire
Achaeménès. » Une autre lettre, adressée à Euphratès,
le chef des eunuques de Memphis, était la suivante :
« La négligence dont tu fais preuve à l'égard des affaires
de ma maison se paiera un jour; pour le moment, livre
à Bagoas, qui a mission de me les amener, les deux
prisonniers grecs, et cela qu'Arsacé le veuille ou non.
Livre-les lui de toute façon, ou sache que j'ai donné
l'ordre que l'on t'amène à moi, enchaîné, pour être
écorché vif. » Bagoas et sa suite se mirent en route pour
exécuter les ordres, portant les lettres revêtues du sceau
du satrape, pour que les gens de Memphis n'aient aucun
doute sur leur authenticité et soient plus prompts à
livrer les deux jeunes gens. De son côté, Oroondatès
partit en guerre contre les Ethiopiens et ordonna à
Achaeménès de le suivre, tout en le faisant, à son insu,
garder discrètement, jusqu'à ce que ses dénonciations
se soient révélées exactes.
Pendant ce temps-là, voici ce qui se passait à Memphis.
Au moment où Achaeménès s'était secrètement échappé
de la ville, Thyamis, qui avait recouvré la pleine possession
de son sacerdoce et qui, pour cette raison, tenait le
premier rang dans Memphis, avait rendu à Calasiris les
honneurs funèbres et accompli pour son père tous les
rites traditionnels, pendant les jours prescrits; il songea
alors à Théagène, dès qu'il eut la permission, conformément
à la loi sacrée, de reprendre des relations avec
le monde profane. Après bien des questions et des
recherches, il apprit qu'ils étaient logés dans le palais
du satrape; aussitôt, en toute hâte, il alla trouver Arsacé
pour lui réclamer les jeunes étrangers, alléguant qu'il
représentaient beaucoup pour lui, et, en particulier
que son père Calasiris, en mourant, lui avait recommandé
de veiller sur eux et de les protéger de toutes les manières
possibles. Il exprimait sa reconnaissance à Arsacé pour
avoir accueilli ces jeunes gens pendant ces quelques
jours, les avoir traités avec bonté, bien qu'ils fussent
et des étrangers et des Grecs, aussi longtemps qu'il
était interdit aux personnes non consacrées de pénétrer
dans l'enceinte du temple, mais il estimait juste, maintenant,
qu'on lui rendît le dépôt qui lui avait été confié
à lui-même. Mais Arsacé répondit : « J'admire que tu
rendes témoignage de ma bonté et de ma bienveillance
et, en même temps, tu me fasses encourir le
reproche d'être inhumaine, en laissant croire que nous
ne pouvons ou nous ne voulons pas nous occuper de
nos hôtes et leur donner ce qu'il convient. — Ce n'est
pas cela, répondit Thyamis, je sais bien qu'ils trouveraient
ici une bien plus grande abondance que chez moi,
s'ils voulaient rester. Mais en réalité, bien qu'ils appartiennent
à de très illustres familles, ils sont maintenant
réduits, après maints revers de fortune, à mener une vie
errante, et ce qu'ils désirent par-dessus tout, c'est de
retrouver leur famille et rentrer dans leur patrie; mon
père, en mourant, m'a légué le soin de les leur rendre,
et, d'ailleurs, j'ai d'autres motifs, très légitimes, de leur
témoigner de l'amitié. — Tu as raison, dit Arsacé, de
ne pas t'être abaissé à me prier et de préférer parler
justice; car celle-ci est évidemment de mon côté, dans
la mesure où le fait d'être le maître de quelqu'un donne
plus de titre à sa possession que le fait d'être un quelconque
protecteur. » Thyamis, étonné, repartit : «Tu es
leur maîtresse, toi? Comment cela? — Par le droit de la
guerre, répondit-elle, qui fait que les prisonniers sont esclaves. »
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