[8,15] Ἤδη δὲ τῆς ἄγαν μεσημβρίας χαλώσης οὐκέτι
κατὰ κορυφὴν ἡλίου πλάγια δὲ καὶ ἀπὸ τῶν δυσμικωτέρων
βάλλοντος τῶν τε περὶ τὸν Βαγώαν εἰς τὴν πορείαν
διασκευαζομένων ἐφίσταταί τις ἱππεὺς ὑπὸ συντόνου τῆς
ἐλασίας ὡς ἐδόκει, πνευστιῶν μὲν αὐτὸς ἱδρῶτι δὲ καταρρεόμενον
τὸν ἵππον χαλεπῶς ἀνέχων, καὶ πρὸς τὸν Βαγώαν
ἰδίᾳ τι φράσας ἡσύχαζεν. Ὁ δὲ εἰς βραχὺ κατηφήσας
καὶ ἐν συννοίᾳ τῶν ἀπαγγελθέντων γεγονέναι δόξας «Ὦ ξένοι»
ἔφη «θαρσεῖτε. Δίκην ὑμῖν ὑπέσχεν ἡ πολεμία·
τέθνηκεν Ἀρσάκη βρόχον ἀγχόνης ἁψαμένη ἐπειδὴ τὴν
ἡμετέραν σὺν ὑμῖν ἔξοδον ἐπύθετο καὶ τὸν ἐξ ἀνάγκης θάνατον
τῷ αὐθαιρέτῳ προὔλαβεν, οὐκ ἂν διαδράσασα τὴν ἐξ Ὀροονδάτου
καὶ βασιλέως τιμωρίαν ἀλλ´ ἢ σφαγεῖσα ἢ τῷ λειπομένῳ
τοῦ βίου πάντως ἐνασχημονοῦσα. Ταυτὶ γὰρ φράζει
καὶ ἐπιστέλλει διὰ τοῦ νῦν ἥκοντος Εὐφράτης, ὥστε θαρσεῖτε
πλέον καὶ θυμὸν ἔχετε ἀγαθὸν αὐτοὶ μὲν οὐδὲν ἠδικηκότες
ὡς ἀκριβῶς ἔγνων τὴν δὲ ἀδικήσασαν ἐκποδὼν ἔχοντες.»
Ταῦτ´ ἔλεγεν ὁ Βαγώας ὡς παραστησόμενος, ἀλλὰ ψελλιζόμενος
τὴν Ἑλλάδα φωνὴν καὶ παράσημα τὰ πολλὰ ἐπισύρων.
Ἔλεγε δὲ ἅμα μὲν καὶ αὐτὸς χαίρων, τὸ ἀκόλαστον
τῆς Ἀρσάκης καὶ τυραννικὸν ζώσης βαρυνόμενος, ἅμα δὲ
τοὺς νέους ἐπιρρωννύς τε καὶ παρηγορούμενος, ἐλπίζων,
ὅπερ ἦν, ἐπὶ μέγα παρὰ τῷ Ὀροονδάτῃ καὶ λαμπρῶς εὐδοκιμήσειν
εἰ περισώσειεν αὐτῷ νεανίαν τε πᾶσαν τὴν ἄλλην
τοῦ σατράπου διακονίαν ἐπισκιάσοντα καὶ κόρην ἀπρόσμαχόν
τε τὸ κάλλος καὶ εἰς γυναῖκα μετὰ Ἀρσάκην ἀπελθοῦσαν
ἐσομένην. Ἔχαιρον δὲ καὶ οἱ περὶ τὸν Θεαγένην
τῇ ἀκοῇ, θεούς τε καὶ δίκην μεγάλους ἀνακαλοῦντες οὐδὲν
ἔτι πείσεσθαι δεινὸν ὑπετίθεντο κἂν εἰ τὰ χαλεπώτατα διαδέχοιτο,
τῆς ἐχθίστης κειμένης. Οὕτως ἄρα ἡδύ τισι καὶ
τὸ ἀπόλλυσθαι ὅταν συμβαίνῃ τοῖς ἐχθροῖς ἐπαπόλλυσθαι.
Δείλης οὖν ὀψίας ἤδη πρὸς τὸ εὐπνούστερον ἀναχεομένης
καὶ πρὸς τὸ βάσιμον τὴν ὁδοιπορίαν ἐπιψυχούσης ἄραντες
ἤλαυνον αὐτήν τε τὴν ἑσπέραν καὶ τὴν συνεχῆ νύκτα καὶ
τῆς συναπτομένης ἡμέρας τὰ ὄρθρια σπουδὴν ποιούμενοι
κατὰ τὰς Θήβας τὸν Ὀροονδάτην εἰ δύναιντο καταλαβεῖν.
Οὐ μὴν προὐχώρει γε αὐτοῖς, ἀλλά τινος τῶν ἀπὸ τῆς
στρατιᾶς καθ´ ὁδὸν ἐντυχόντος καὶ ὡς ἐξωρμήκοι μὲν τῶν
Θηβῶν ὁ σατράπης ἀπαγγείλαντος αὐτὸς δὲ ἀποσταλείη
πάντα τινὰ στρατιώτην καὶ ἔνοπλον κἂν εἰ πρὸς φρουραῖς
εἴη καταλελειμμένος ἐπισπεῦσαι πρὸς τὴν Συήνην κατεπείξων,
ἐμπεπλῆσθαι γὰρ ἅπαντα θορύβου καὶ δέος εἶναι
τὴν πόλιν ἡλωκέναι τοῦ μὲν σατράπου καθυστεροῦντος τοῦ
δὲ Αἰθιοπικοῦ στρατοῦ θᾶττον ἀκοῆς ἐπιβρίσαντος, ἐκτραπεὶς
τῶν Θηβῶν ὁ Βαγώας ἐπὶ τὴν Συήνην ἤλαυνεν.
| [8,15] Déjà les ardeurs de midi commençaient à baisser,
et le soleil n'envoyait plus ses rayons du haut du ciel
mais les dardait obliquement, du côté du couchant; déjà
Bagoas et les siens se préparaient à repartir, lorsque arriva
soudain un cavalier, hors d'haleine, à force de s'être
hâté et qui eut grand'peine à arrêter l'élan de son cheval,
couvert de sueur; il prit Bagoas à part, lui dit quelque
chose et ensuite demeura immobile et silencieux. Bagoas
resta un moment les yeux baissés, apparemment plongé
dans des réflexions à la suite de la nouvelle qu'on lui
avait annoncée. Enfin, il dit : « Etrangers, soyez rassurés.
Votre ennemi a subi son châtiment. Arsacé est morte;
elle s'est pendue lorsqu'elle eut appris que vous étiez
partis avec nous; elle a devancé volontairement une
mort inévitable, car elle n'aurait pas échappé au châtiment
que lui auraient infligé Oroondatès et le Roi :
ou bien elle aurait été égorgée, ou bien elle aurait
traîné, jusqu'à la fin, une vie déshonorée. Voilà ce que
me fait savoir Euphratès et ce qu'il m'annonce par
l'intermédiaire du messager qui vient d'arriver; aussi,
soyez pleinement rassurés, reprenez confiance car je sais
sans aucun doute possible que vous êtes innocents et
vous voilà débarrassés de celle qui voulait vous nuire. »
Telles étaient les paroles de Bagoas, pour tenter de les
amadouer, mais ses propos étaient en mauvais grec et
presque inintelligibles à force d'incorrections. Ce qu'il
disait était en parti dicté par sa joie, car il haïssait la
mauvaise conduite et l'attitude tyrannique d'Arsacé,
et en partie par son désir de réconforter les jeunes gens
et de les consoler, car il espérait — et il avait raison —
s'attirer au plus haut point la faveur et l'estime d'Oroondatès
s'il lui amenait vivants un jeune homme appelé à
éclipser tous les autres serviteurs du satrape et une jeune
fille d'une beauté irrésistible, destinée à devenir sa
femme maintenant qu'Arsacé avait disparu. Théagène
et Chariclée n'étaient pas moins joyeux de cette nouvelle;
ils louaient la justice divine, estimant qu'ils ne sauraient
désormais rien souffrir de vraiment grave, même si les
pires épreuves les attendaient, du moment que celle qui
les haïssait tant était morte. Tant il est parfois doux même
de mourir lorsqu'on a la chance de périr après ses ennemis.
Avec la fin de l'après-midi s'était levée une brise
légère incitant par sa fraîcheur à se mettre en route.
Ils sautèrent en selle et partirent; toute la soirée, toute
la nuit, sans arrêt, et pendant les premières heures du
jour suivant, ils se hâtèrent, dans l'espoir de trouver
Oroondatès encore à Thèbes. Mais ce fut en vain. Ils
rencontrèrent en chemin un homme venant de l'armée,
qui leur annonça que le satrape avait quitté Thèbes et
que lui-même avait mission de rassembler tous les soldats
et les hommes armés, même ceux que l'on avait laissés
pour garder les villes, et de les mettre en route vers Syéné;
il ajoutait que c'était partout l'état d'alerte et que l'on
craignait que la ville ne fût prise, que le satrape ne fût
arrivé trop tard et que l'armée éthiopienne n'eût précédé
la nouvelle de son arrivée. Sur quoi Bagoas, au lieu d'aller
à Thèbes, se dirigea vers Syéné.
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