[8,14] Κἀπειδὴ τῶν σατραπείων ἐκτὸς ἐγεγόνεσαν, ὁ
μὲν Εὐφράτης κατὰ χώραν ἔμενεν· ὁ δὲ Βαγώας καὶ οἱ
ἱππεῖς τῶν πολλῶν δεσμῶν ἐπικουφίσαντες τοὺς νέους καὶ
ὅσα φυλάττειν οὐ κολάζειν ἔμελλεν ἐγκαταλιπόντες ἐφ´
ἵππου τε ἑκάτερον ἀναθέμενοι καὶ μέσους εἰς κύκλον
περιστοιχισάμενοι τάχους οὐδὲν ἀνιέντες ἐπὶ τὰς Θήβας
ἤλαυνον. Τὸ δὴ λειπόμενον τῆς νυκτὸς ἀδιαστάτως
ὁδοιπορήσαντες καὶ κατὰ τὴν ἑξῆς ἡμέραν εἰς ὥραν που
τρίτην οὐδαμοῦ γόνυ κάμψαντες τῆς τε ἡλιακῆς ἀκτῖνος
τὸν φλογμὸν οἷα δὴ θέρους ὥρᾳ καὶ κατ´ Αἴγυπτον οὐκέτ´
ἀνεχόμενοι πιεζόμενοί τε ὑπ´ ἀγρυπνίας καὶ πλέον τὴν
Χαρίκλειαν πρὸς τῆς συνεχοῦς ἱππηλασίας ἀπειρηκυῖαν
ὁρῶντες ἔγνωσαν αὐτοῦ που κατασκήψαντες ἀναπνεῦσαι
μὲν αὐτοὶ ἀναπνεῦσαι δὲ καὶ τὴν ἵππον ἀναψῦξαι δὲ
καὶ τὴν κόρην. Καὶ ἦν γάρ τις ὄχθη καὶ ἄκρα τοῦ
Νείλου καθ´ ἣν τῆς ἐπ´ εὐθὺ στάθμης τὸ ὕδωρ ἀνακοπὲν
καὶ πρὸς ἑλιγμὸν ἡμίκυκλον ἐκτραπὲν πρός τε τὸ ἀντίθετον
τῆς ἐκτροπῆς ἐπιστρέψαν οἷον ἠπειρωτικόν τινα κόλπον
ἀπετέλει τὸ περιγραφόμενον πολλοῦ μὲν λειμῶνος οἷα δὴ
διαρρεομένου τοῦ παντὸς ἀνάπλεων πολλὴν δὲ πόαν καὶ
χιλὸν ἄφθονον ἐνδαψιλεύσασθαι κτήνεσι νομὴν ἀπαυτοματίζοντα
δένδρεσί τε Περσέαις καὶ συκομόροις καὶ ἄλλοις
τοῖς Νείλου συννόμοις {τε καὶ} φύλλοις ἐπηρεφῆ τε καὶ
κατάσκιον· ἐνταῦθα ὁ Βαγώας ἅμα τοῖς ἀμφ´ αὐτὸν
ἐνηυλίσατο σκηνὴν τὰ δένδρα ποιησάμενος καὶ αὐτός τε σίτου
μετέλαβε καὶ τοῖς περὶ τὸν Θεαγένην μετέδωκε διωθουμένους
τὰ πρῶτα ἐπαναγκάσας, καὶ ὡς περιττὸν εἴη σιτεῖσθαι
τοὺς αὐτίκα τεθνηξομένους φάσκοντας μετέπειθεν, ὡς
οὐδὲν ἔσται τοιοῦτο διεγγυώμενος καὶ ὡς οὐκ ἐπὶ θάνατον
ἄγοιντο, ἄγοιντο δὲ πρὸς Ὀροονδάτην ἐκδιδάσκων.
| [8,14] Lorsqu'ils furent sortis du palais, Euphratès
demeura où il était. Alors Bagoas et ses cavaliers délivrèrent
les jeunes gens de la plupart de leurs chaînes
et ne leur laissèrent que ce qu'il fallait pour les garder
sans leur infliger un supplice inutile; puis ils les placèrent
chacun sur un cheval, se formèrent en cercle autour d'eux
et se mirent en route pour Thèbes, à bride abattue.
Pendant tout le reste de la nuit, ils chevauchèrent sans
arrêt, et, le lendemain, ils ne mirent pas pied à terre avant
la troisième heure; mais à ce moment les ardeurs du
soleil — on était en été, et en Egypte — rendirent la
chaleur insupportable; de plus, ils étaient épuisés par
le manque de sommeil et, surtout, ils voyaient Chariclée
brisée par cette chevauchée ininterrompue; ils décidèrent
donc par faire halte pour laisser souffler leurs chevaux
et respirer eux-mêmes et permettre à la jeune fille de
se remettre un peu. Il y avait à cet endroit une sorte de
promontoire escarpé, formé par le Nil, et contre lequel
venait se heurter le courant du fleuve qui était dévié,
formait un demi-cercle et était renvoyé vers la rive opposée,
en face de ce promontoire; il en résultait une sorte
de golfe de terre ferme circonscrit de la sorte, couvert de
prairies, comme il est naturel en un endroit aussi bien
arrosé, et où la terre offrait d'elle-même aux troupeaux
quantité de gazon et du fourrage vert en abondance.
Des arbres de Perse, des sycomores et d'autres arbres
fréquents aux bords du Nil formaient une voûte
ombreuse de feuillage. Bagoas et ses hommes s'arrêtèrent
en ce lieu, à l'abri des arbres, et se mirent à manger.
Ils offrirent à Théagène et Chariclée de partager leur
repas, et, comme ceux-ci refusaient, il s'efforça de les y
contraindre. Les jeunes gens objectaient qu'il était superflu
de manger quand on allait bientôt mourir; mais
Bagoas réussit à les faire changer d'avis en leur assurant
que ce n'était pas du tout ce qui allait se passer, qu'on ne
les menait pas à la mort, qu'on les menait à Oroondatès.
|