[8,10] Πολλὰ γοῦν μέχρι πόρρω τῶν νυκτῶν ἀλλήλοις
διειλεγμένοι καὶ ὅσα εἰκὸς τοὺς μετὰ τὴν νύκτα τὴν παροῦσαν
ἐντεύξεσθαι ἀλλήλοις ἀπεγνωκότας καὶ οἷον ἀλλήλων
ἐφ´ ὅσον ἔξεστι κορεννυμένους τέλος καὶ περὶ τῆς κατὰ
τὴν πυρκαϊὰν θαυματουργίας ἀνεσκοποῦντο. Καὶ ὁ μὲν
Θεαγένης εἰς θεῶν εὐμένειαν τὸ αἴτιον ἀνέφερε, στυγησάντων
μὲν τὴν ἄδικον Ἀρσάκης συκοφαντίαν κατελεησάντων
δὲ τὴν ἀθῷον καὶ οὐδὲν αἰτίαν· ἡ Χαρίκλεια δὲ ἀμφιβάλλειν
ἐῴκει. «Τὸ μὲν γὰρ καινουργὸν» ἔφη «τῆς
σωτηρίας δαιμονίᾳ τινὶ καὶ θείᾳ παντάπασιν ἔοικεν εὐεργεσίᾳ
τὸ δὲ ἐν τοσούτοις ἐξετάζεσθαι δυστυχήμασιν ἀδιαστάτως
καὶ κολάσεσιν αἰκίζεσθαι ποικίλως τε καὶ ὑπερβαλλόντως
θεηλατουμένων εἶναι καὶ δυσμενείας κρείττονος πειρωμένων,
πλὴν εἰ μὴ θαυματοποιΐα τίς ἐστι δαίμονος εἰς τὰ
ἔσχατα μὲν βάλλοντος ἐκ δὲ τῶν ἀπόρων διασῴζοντος.»
| [8,10] Ils prolongèrent leur conversation fort tard dans
la nuit, comme cela était naturel puisqu'ils étaient persuadés
que jamais plus, après cette nuit-là, ils ne se
verraient, et ils cherchaient à profiter autant qu'ils le
pouvaient de leur présence. Finalement, ils se mirent à
réfléchir au miracle du bûcher. Théagène en attribuait la
cause à la bienveillance des dieux, indignés par l'injustice
et les calomnies d'Arsacé et émus de pitié pour une
innocente et une jeune fille qui n'avait rien à se reprocher.
Mais Chariclée paraissait avoir des doutes. « La
façon extraordinaire dont j'ai été sauvée, dit-elle, peut
sembler miraculeuse et le résultat de la protection divine,
mais, d'autre part, le fait que nous soyons sans répit
poursuivis comme nous le sommes par le malheur, les
tourments qui nous torturent de toutes les manières
prouvent que nous sommes victimes de la colère divine et
en butte à la malveillance des puissances souveraines
— à moins que ce ne soit un miracle voulu par
quelque divinité qui nous jette dans les périls les plus
extrêmes pour nous tirer ensuite d'une situation désespérée. »
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