[7,6] Ἐπὶ τούτοις ἠσπάζοντό τε ἀλλήλους σὺν δάκρυσιν
ἅμα καὶ φιλήμασι καὶ ὁ μὲν αὐτοῦ καθῆστο ὡς εἶχε
περισκοπῶν τὸ μέλλον· καὶ τῇ Ἀρσάκῃ παρεῖχεν οὐκ
εἰδὼς ἐντρυφᾶν αὐτοῦ τῇ θέᾳ παντοίως αὐτὸν περισκοπούσῃ
καὶ τοῖς ὀφθαλμοῖς τέως ἀπολαύειν τῆς ἐπιθυμίας
ἐπιτρεπούσῃ. Ὁ δὲ Θύαμις ἐπὶ τὸν Πετόσιριν ὥρμησεν,
οὐ μὴν ὑπέστη γε ἐκεῖνος τὴν ἔφοδον ἀλλὰ παρὰ
τὴν πρώτην κίνησιν εἰς φυγὴν τραπεὶς ἐπὶ τὰς πύλας
ἵετο εἰσφρῆσαι εἰς τὸ ἄστυ προθυμούμενος. Ἀλλ´ ἤνυέ τε
οὐδέν, ὑπὸ τῶν ἐφεστώτων ταῖς πύλαις ἀποκρουόμενος,
καί, τῶν ἐπὶ τοῦ τείχους μὴ παραδέχεσθαι καθ´ ὃ μέρος
ὁρμήσειεν ἐπικελευομένων, ἀπεδίδρασκε δὴ τέως, ὡς εἶχε
τάχους, περὶ τὸν κύκλον τοῦ ἄστεως, ἤδη καὶ τὰ ὅπλα
ἀποβαλών. Συμπαρέθει δὲ κατόπιν καὶ ὁ Θεαγένης
ὑπεραγωνιῶν τε τοῦ Θυάμιδος καὶ τῶν γινομένων μὴ
πάντα ὁρᾶν οὐ φέρων· οὐ μὴν ἔνοπλός γε, τοῦ μή τινα
λαβεῖν ὑπόνοιαν ὡς τῷ Θυάμιδι τοῦ ἔργου συνεφαψόμενος,
ἀλλ´ ἔνθα καθῆστο τοῦ τείχους ὑπ´ ὄψει τῆς Ἀρσάκης
τὴν ἀσπίδα καὶ τὸ δόρυ καταθέμενος καὶ ταῦτα περισκοπεῖν
αὐτῇ πάλιν ἀνθ´ ἑαυτοῦ παρασχὼν συμπαρωμάρτει
τοῖς δρόμοις, οὔτε ἁλισκομένου τοῦ Πετοσίριδος οὔτε
κατὰ πολὺ τῇ φυγῇ φθάνοντος ἀλλ´ ἀεὶ ληφθησομένῳ
προσεοικότος καὶ τοσοῦτον ὑπεκφεύγοντος ὅσον εἰκὸς ἦν
τοῦ ἀνόπλου καθυστερεῖν ὡπλισμένον τὸν Θύαμιν. Εἰς
ἅπαξ μὲν οὖν καὶ δεύτερον οὕτω περιήλασαν τὸ τεῖχος·
ἀλλ´ ὅτε δὴ τρίτος αὐτοῖς ἠνύετο κύκλος, ἤδη τὸ δόρυ
τοῦ Θυάμιδος κατὰ τῶν μεταφρένων τοῦ ἀδελφοῦ κατασείοντος
καὶ μένειν ἢ βεβλήσεσθαι διαπειλοῦντος (ἡ πόλις
δὲ ὥσπερ ἐκ θεάτρου περιεστῶσα τοῦ τείχους ἠθλοθέτει
τὴν θέαν), τότε δή πως εἴτε τι δαιμόνιον εἴτε τύχη τις
τὰ ἀνθρώπεια βραβεύουσα καινὸν ἐπεισόδιον ἐπετραγῴδει
τοῖς δρωμένοις, ὥσπερ εἰς ἀνταγώνισμα δράματος ἀρχὴν
ἄλλου παρεισφέρουσα, καὶ τὸν Καλάσιριν εἰς ἡμέραν
καὶ ὥραν ἐκείνην ὥσπερ ἐκ μηχανῆς σύνδρομόν τε καὶ
οὐκ εὐτυχῆ θεωρὸν τῷ περὶ ψυχῆς ἀγῶνι τῶν παίδων
ἐφίστησι, πολλὰ μὲν ἀνατλάντα καὶ πάντα μηχανησάμενον
φυγάς τε ἑαυτῷ καὶ ἄλας ξενικὰς ἐπιβαλόντα, εἴ
πως ἐκκλίνειε τὴν οὕτως ἀπηνῆ θέαν, ἐκνικηθέντα δὲ
ὑπὸ τῆς εἱμαρμένης καὶ ἰδεῖν ἃ πάλαι αὐτῷ οἱ θεοὶ προεθέσπισαν
συνελαθέντα, πόρρωθεν μὲν τὰ τῆς διώξεως
προκατοπτεύσαντα ἐκ δὲ τῶν πολλάκις προρρηθέντων
τοὺς παῖδας εἶναι τοὺς ἑαυτοῦ συννοήσαντα καὶ συντονωτέροις
ἢ καθ´ ἡλικίαν δρόμοις ἐπὶ τῷ φθῆναι τὴν εἰς τέλος
αὐτῶν συμπλοκὴν καὶ τὸ γῆρας βιασάμενον.
| [7,6] Sur quoi, ils s'étreignirent en pleurant et se donnant
des baisers, et Théagène resta où il était, pour observer,
debout, ce qui allait se passer; Arsacé avait ainsi la
possibilité de profiter largement, à son insu, de sa vue
et de satisfaire, au moins des yeuxs, passion qu'elle
éprouvait pour lui. Thyamis s'élança vers Pétosiris, qui
n'attendit pas l'attaque mais qui, au premier mouvement
de son adversaire, se mit à fuir en direction des portes
dans l'espoir de se réfugier à l'intérieur de la ville. Vain
espoir; les hommes postés aux portes le repoussèrent et le
peuple, sur le rempart, criait qu'il ne fallait pas le laisser
entrer, de quelque côté qu'il se présentât; alors, il se mit à
fuir, de toute sa vitesse, tout autour de la ville, après
avoir jeté ses armes. Et, par derrière, courait aussi Théagène,
fort inquiet pour le sort de Thyamis et incapable
de se résoudre à ne pas tout voir; il n'était pas armé,
pour ne pas donner prise au soupçon qu'il pourrait
intervenir en faveur de Thyamis, mais il avait laissé son
bouclier et sa lance à l'endroit où il s'était assis, au pied
de la muraille, sous les yeux d'Arsacé : il lui en abandonnait
la contemplation, à la place de sa propre personne, et
s'était mis à courir avec les deux autres. Pétosiris ne
pouvait être rejoint, mais il n'était pas loin devant son
poursuivant; sans cesse il paraissait être sur le point
d'être pris, mais il réussissait à échapper, et, n'étant pas
armé, allait, comme on pouvait s'attendre, plus vite que
Thyamis qui l'était. Ils avaient ainsi fait autour de la
muraille un premier, puis un second tour, et au moment
où ils allaient achever le troisième, Thyamis brandit
sa lance en directon du dos de son frère et menaçait
de l'en frapper s'il ne s'arrêtait pas — cependant que
toute la ville, comme au théâtre, arbitrait cette course
du haut des murs — lorsque le démon ou si l'on préfère
la Fortune qui dirige les affaires humaines fit surgir un
coup de théâtre au milieu du drame qui se déroulait,
comme pour introduire le début d'une nouvelle tragédie
en face de celle qui se jouait déjà : il amena Calasiris,
précisément ce jour-là, à ce moment précis, d'une façon
imprévue, pour participer à cette course et être le
spectateur infortuné de la lutte mortelle que se livraient
ses fils; lui qui avait tant souffert, imaginé toutes les
précautions, qui s'était condamné lui-même à l'exil et
à une vie vagabonde à l'étranger, pour tenter d'échapper
à un spectacle aussi abominable, voici qu'il était vaincu
par le Destin et condamné à voir ce que les dieux lui
avaient depuis longtemps prédit. En apercevant, de
loin, la poursuite, il comprit, d'après ce qui lui avait été
si souvent annoncé par les oracles, que c'étaient ses
enfants et se mit à courir avec une ardeur insoupçonnée
à son âge pour tenter d'arriver avant que le corps à
corps ne finît par s'engager entre eux et, pour cela,
fit violence à sa vieillesse.
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