[7,5] Ταῦτα τῆς Ἀρσάκης εἰπούσης οἱ μὲν κατὰ τὴν
πόλιν ἅπαντες ἀνεβόησαν καὶ τὰ εἰρημένα ἐπῄνουν, ἅμα
μὲν εἰς ὑποψίαν μοχθηρᾶς προαιρέσεως κατὰ τοῦ Πετοσίριδος
κεκινημένοι ἅμα δὲ καὶ τὸν ἐν ὀφθαλμοῖς καὶ ὅσον
οὔπω προσδοκώμενον κίνδυνον αὐτός τις ἕκαστος εἰς τὸν
δι´ ἑτέρων ἀγῶνα διώσασθαι δοκιμάζων. Οἱ πολλοὶ δὲ
Βησσαέων ἐῴκεσαν οὐκ ἀρεσκομένοις οὐδὲ ἐκδοῦναι
προκινδυνεύειν σφῶν τὸν ἔξαρχον βουλομένοις, ἄχρις οὗ ὁ
Θύαμις ἔπεισε συγκαταθέσθαι, τό τε ἀσθενὲς καὶ τὴν εἰς
πολέμους ἀπειρίαν τοῦ Πετοσίριδος καταμηνύων καὶ ὡς
ἐκ πολλοῦ τοῦ περιόντος ἔσται ἑαυτῷ τὰ τῆς μάχης
ἐπιθαρσύνων, ἅπερ ὡς ἔοικε καὶ ἡ Ἀρσάκη λαβοῦσα ἐνθύμιον
τὴν μονομαχίαν προὔθηκεν, ἀνύποπτον ἑαυτῇ κατορθωθήσεσθαι
τὸν σκοπὸν συνορῶσα καὶ ὡς ὁ Πετόσιρις
ἀραρότως αὑτῇ δίκην ὑφέξει πρὸς πολλῷ γενναιότερον
τὸν Θύαμιν διαγωνιζόμενος. Ἦν οὖν καὶ λόγου θᾶττον
ὁρᾶν τὰ τῆς προστάξεως περαινόμενα, τοῦ Θυάμιδος
προθυμίᾳ πάσῃ τὴν πρόκλησιν ἐπισπεύδοντος καὶ τὰ λειπόμενα
τῶν ὅπλων ἐν κόσμῳ τῷ γινομένῳ καὶ γεγηθότως
ἀναλαμβάνοντος, πολλὰ καὶ τοῦ Θεαγένους ἐπιθαρσύνοντος
καὶ τό τε κράνος τῇ κεφαλῇ περιτιθέντος εὔλοφόν τε
καὶ ὑποχρύσῳ μαρμαρυγῇ πυρσευόμενον καὶ τἄλλα τῶν
ὅπλων πρὸς τὸ ἀσφαλὲς διαδέοντος, τοῦ δὲ Πετοσίριδος
καὶ ὑπ´ ἀνάγκης πυλῶν τε ἐκτὸς ἐκ προστάγματος τῆς
Ἀρσάκης ὠθουμένου (πολλά τε καὶ εἰς παραίτησιν βοῶντος)
καὶ πρὸς βίαν ἐξοπλιζομένου. Θεασάμενος δὲ
αὐτὸν ὁ Θύαμις «Ὦ ´γαθέ» ἔφη «Θεάγενες, οὐχ
ὁρᾷς ὅπως τῷ δέει πάλλεται ὁ Πετόσιρις;» «Ὁρῶ»
ἔφη, «ἀλλὰ πῶς χρήσῃ τοῖς προκειμένοις; οὐ γὰρ
ἁπλῶς πολέμιος ἀλλὰ καὶ ἀδελφὸς ὁ ἐναντίος.» Ὁ δὲ
«Εὖ λέγεις» εἶπε «καὶ τοῦ σκοποῦ τῆς ἐμῆς διανοίας
ἐστοχασμένως. Νικῆσαι δὴ οὖν θεοῦ νεύοντος, οὐκ
ἀποκτεῖναι προῄρημαι· μὴ γὰρ οὕτω ποτὲ ὀργὴ καὶ
μῆνις ἐφ´ οἷς προπέπονθα κρατήσειεν ὡς αἵματος αὐταδέλφου
καὶ φόνου μιάσματος ὁμογαστρίου ἄμυναν μὲν
ἐπὶ τοῖς παρελθοῦσι τιμὴν δέ τινα ἐπὶ τοῖς μέλλουσιν
ἀλλάξασθαι.» «Γενναίου τὰ ῥήματα» ἔφη ὁ Θεαγένης
«καὶ γνωρίζοντος εὖ τὴν φύσιν· ἀλλ´ ἐμοὶ δῆτα τί
παραφυλάττειν ἐπιστέλλεις;» Καὶ ὃς «Ὁ μὲν προκείμενος
ἀγὼν εὐκαταφρόνητος, ἀλλ´ ἐπειδὴ πολλὰ καὶ παράδοξα
πολλάκις αἱ κατ´ ἀνθρώπους τύχαι καινουργοῦσιν, εἰ
μὲν κρατοίην συνεισελεύσῃ τε εἰς τὸ ἄστυ καὶ συνοικήσεις
ἐπὶ τοῖς ὁμοίοις· εἰ δέ τι τῶν παρ´ ἐλπίδας ἀποβαίνοι,
Βησσαέων ἡγήσῃ τούτων εὔνοιαν πρός σε πολλὴν ἐχόντων
καὶ τὸν λῃστρικὸν διαθλήσεις βίον ἕως ἄν τι τέλος τῶν
κατά σε δεξιώτερον ὑποφήνῃ θεός.»
| [7,5] Lorsque Arsacé eut parlé, les gens de la ville
poussèrent des acclamations et approuvèrent ce qu'elle
avait décidé, à la fois parce qu'ils soupçonnaient Pétosiris
de manoeuvres criminelles et aussi parce que chacun
d'entre eux se disait qu'il allait se tirer d'un danger
imminent autant qu'imprévu, grâce au combat que
d'autres allaient se livrer. La foule des gens de Bessa, au
contraire, semblait peu satisfaite et peu disposée à
permettre à leur chef de s'exposer à leur place, mais à la
fin il les persuada d'y consentir, en leur expliquant le peu
de vigueur de Pétosiris et son manque d'habitude des
armes, et les rassura en leur disant qu'il combattrait
lui-même avec des avantages considérables. Ce sont
apparemment, ces mêmes avantages qui avaient suggéré
à Arsacé l'idée du combat singulier, comptant atteindre
sans éveiller les soupçons, le but qu'elle se proposait
et pensant bien que Pétosiris serait infailliblement puni
pour ce qu'il lui avait fait s'il devait combattre contre
Thyamis, qui était beaucoup plus vaillant que lui. On
se mit donc, plus vite qu'on ne saurait le dire, à exécuter
les ordres d'Arsacé : Thyamis, plein d'ardeur, se hâtait
de se préparer pour répondre au défi et achevait tout
joyeux de s'armer convenablement. Théagène lui prodiguait
les encouragements, lui mettait sur la tête un
casque surmonté d'une belle aigrette, et dont l'or lancait
mille feux et vérifiait le reste de son armure; Pétosiris,
lui, était poussé de force hors des portes, sur l'ordre
d'Arsacé — en dépit de ses cris et de ses supplications —
et armé malgré lui. A cette vue, Thyamis dit : « Mon
cher Théagène, ne vois-tu pas comme Pétosiris tremble
de peur? — Je vois, répondit Théagène, mais comment
comptes-tu agir? Car ce n'est pas un ennemi ordinaire,
l'homme que tu as en face de toi est ton frère. » Et lui :
« Tu as raison, dit-il, et tu as entièrement pénétré ma
pensée. Si un dieu m'accorde la victoire, je suis décidé
à ne pas le tuer; puissent la colère ni le ressentiment pour
ce que j'ai subi n'être jamais assez forts pour me faire
acheter, au prix du sang d'un frère et du meurtre abominable
d'un être sorti du même sein que moi, la vengeance
des injures passées et l'acquisition des honneurs pour
l'avenir. — Paroles d'un homme de coeur, dit Théagène,
et qui sait la puissance de la nature; mais n'as-tu pas
quelque recommandation à me faire? » Et Thyamis
répondit : « Le combat qui va commencer ne sera rien,
mais comme souvent le sort réserve aux hommes des
surprises singulières, si je suis vainqueur, tu viendras
avec moi dans la ville et tu vivras dans les mêmes conditions
que moi; mais si mes espérances sont trompées,
tu prendras le commandement des gens de Bessa qui
sont là, et qui te sont tout dévoués, et tu mèneras une
vie de brigandages, jusqu'à ce que la divinité te montre
une issue plus favorable pour toi. »
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